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02.11.19 12:39

Death Angel

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J’ai rencontré le guitariste Ted Aguilar du groupe légendaire Death Angel juste avant leur concert au Rockhal. Il nous révèle des infos d’initié sur la scène du Bay Area, leur nouvel album « Humanicide » et des pensées presque philosophiques sur la musique.

Content de te revoir au Luxembourg ! La dernière fois que je t’avais vu jouer ici c’était il y a deux ans au Kufa. Je me souviens, on y était avec Warbringer. C’était un concert amusant!

Lors des dernières décennies, Death Angel a fait des tournées avec les plus grands du Thrash : Metallica, Slayer, Testament, Exodus, Overkill, Megadeth et, comme aujourd’hui, avec Anthrax. Mais il y a deux semaines en Pologne vous venez d’ouvrir la soirée pour Arch Enemy. Et Alexi Laiho de Children of Bodom a fait une apparence pour vous. Peut-on dire que le Death Metal Mélodique influence votre musique en quelque sorte ? Pas en terme musical, mais peut-être en ce qui concerne leur énergie et leur façon de jouer ou de faire une production. Mais je ne pense pas qu’ils nous ont influencé musicalement. Je ne le dis pas d’une manière négative. Michael Amott et Jeff Loomis sont inspirants à voir comme guitaristes, on veut donc être comme eux ! Donc ce type d’inspiration. Regarder Arch Enemy, c’est regarder un spectacle vraiment bien fait ! Ceci nous pousse à être comme eux ! Ils font un show super pour leurs fans et c’est ce qu’on devrait faire aussi.

En fait, j’ai rencontré Amott et Loomis avant leur concert à Saarebruck. Je confirme, ce sont des musiciens d’exception. Mon dieu, oui ! Des guitaristes talentueux et des mecs sympas.

Ce weekend vous allez jouer au Graspop et au Hellfest, donc des festivals énormes avec presque 100.000 visiteurs. Préfère-tu jouer devant de grandes masses ou préfères-tu des petites salles comme celle-ci avec un nombre de spectateurs plus modeste, mais qui sont tous venus pour entendre du Thrash ? C’est une question difficile ! Les festivals que t’as cités sont de gros monstres en quelque sorte. Une scène énorme, une foule énorme et tu t’exposes à eux, ce qui est bien. Et dans cette atmosphère de festival, tu joues à côté d’autres groupes, peut-être de très connus où tu n’aurais jamais cru jouer avec !

Tu rencontres aussi des amis je suppose ? Qui, de bons amis ! Aussi la logistique, la restauration, tous ces trucs sont excellents. Mais jouer à des petits endroits est bien aussi puisque tu es très proche des fans, un sentiment intime que tu n’auras jamais aux festivals. J’aime donc bien les deux, mais pour des raisons différentes. A ce moment, mon favori sont les salles de concert. 

Je me souviens d’une interview où ton cousin Rob (NB : Rob Cavestany est l’autre guitariste du groupe) disait que son tout premier concert de rock était KISS à San Francisco en 1979 quand il était un petit gosse. Et suite à ce concert il voulait apprendre à jouer un instrument. Maintenant, 40 ans plus tard, vous partagez la scène avec Gene Simmons et Paul Stanley de KISS au Graspop. Une histoire bien belle ! Oui, c’était Rob et Mark. Ils ont vu KISS la première fois lors de la tournée « Dynasty ». A cette époque, KISS était non seulement une grande influence pour eux, mais aussi pour beaucoup de personnes au monde entier. Je veux dire qu’à ce moment, ils avaient l’air de super héros jouant du rock ‘n’roll. Et ouais, c’est une histoire cool ! Un groupe très influent, ils ont laissé leurs marques dans l’histoire de la musique. Sans eux, un bon nombre de groupes n’existeraient pas !

La formation initiale de Death Angel était très jeune. Votre batteur Andy n’avait que 14 ans ! Dans le temps, vous étiez donc plus jeune que vos adeptes tandis qu’aujourd’hui c’est probablement le contraire puisque vous avez de nombreux jeunes supporters. Pouvons-nous dire qu’après le déclin du Thrash dans les années 90, il est plus fort que jamais aujourd’hui ? Je ne dirai pas plus fort, mais plus populaire. Surtout grâce à l’internet, tout le monde peut découvrir le Thrash metal, ce qui n’était pas le cas dans les années 80 où il vous faudrait quelqu’un qui vous prête une cassette ou un magazine.

C’était de la musique underground ! Tout a fait, très underground ! Et maintenant on est sur facebook ou instagram. Un click suffit pour quelqu’un au bout du monde vous découvre. Je dirai donc que le Trash est plus accessible, pas plus fort, mais il est devenu beaucoup plus populaire à cause du web je crois.

C’est une bonne opportunité. Absolument ! C’est de cette manière que les gamins découvrent la musique maintenant. Et toi aussi ! Je suis certain que si tu regardes une vidéo sur youtube, tu regardes ensuite une deuxième, puis une autre, encore une autre… et c’est comme ceci que les groupes se font découvrir. Et c’est ainsi que le Thrash est bien connu maintenant, contrairement aux années 80.

La dernière chronique que j’ai écrite fut sur Maniac Abductor, un jeune groupe Finlandais. Ils viennent de sortir un premier album plein d’éléments Thrash classiques qui me rappellent votre premier disque « The Ultra Violence » de 1987. Y a-t-il aujourd’hui mois d’évolution dans le Thrash que dans le temps ? Je dirai même que votre troisième album « Act III » de 1990 fut moins old school que ce disque finlandais actuel ! Les nouvelles formations Thrash font de la bonne musique mais je préfère voir des groupes qui osent plus ! Il ne faut pas oublier qu’entre « The Ultra Violence » et le très différent « Act III » il n’y avait que trois années.

On y trouvait même des éléments funk et groove. Oui, du très brutal vers ceci ! Je pense que c’est bien. Ça montre que tu progresses, que tu ajoutes d’autres styles musicaux au Thrash. C’est pourquoi j’aime « Act III » et je voudrais bien voir d’autres groupes faire pareil ! Si chaque disque ressemble au précédent, tu ne progresses pas. Essaye donc au moins de bouger les frontières un peu !

Tu veux dire que certains groupes savent que leur style fonctionne et ils restent collés à lui ? Oui, comme peut-être AC/DC. Comme Cannibal Corpse. Il n’y a rien de faux, certains gens aiment ceci, mais personnellement je préfère quelque chose de nouveau ! Garde le même son de base, mais prend des opportunités, essaye quelque chose de différent ! Si ça fonctionne, ça fonctionne. Et si ce n’est pas le cas, essaye autre chose, mais garde le fondement.

Tu connais certainement la voie que Metallica a entamée dans les années 90… Exactement ! « Ride the Lightning », « Master of Puppets » et « Justice » sont des albums remarquables mais s’ils auraient fait un quatrième album comme ceux-là… Quand le « Black Album » est sorti, c’était quelque chose de rafraîchissant pour moi ! Sois plus créatif, tu ne vas pas plaire à tout le monde, mais tant que t’es satisfait et que tu progresses c’est bien. Si les autres ne l’apprécient pas, ils ne l’apprécient pas !

Parlons du nouvel album « Humanicide ». Il a reçu beaucoup de bonnes critiques. Peux-tu le présenter à nos lecteurs ? Les gens me demandent s’il est lourd. Bien sûr il l’est ! C’est du lourd de Death Angel. Nous pouvons faire du heavy dans une voie Thrash ou Rock ‘n’Roll, acoustique ou très Punk. L’album a beaucoup de variété dans son enregistrement, il a des hauts et des bas, ce n’est pas un style monotone. Je pense que tu peux mieux entendre la personnalité de chaque membre qu’auparavant. Nous aimons faires des trucs différents mais gardons l’esprit Death Angel.

Ce serait donc un risque de confronter vos supporters fidèles avec des changements trop importants? Oui, c’est un risque d’ouvrir trop, mais c’est aussi un risque de ne rien ouvrir. Il y a une fine ligne. En fin de compte, nous sommes contents avec le disque et c’est le plus important ! Nos accros et la presse semblent également satisfaits.

Je cite vos textes : « armageddon », « black plagues », « true mayhem ». A-t-on perdu tout espoir sur terre ? Le monde est différent aujourd’hui. Ne considérons que la politique, les religions, le chauffage climatique… t’allumes la télé et tu vois que des mauvais trucs ! Si le monde continue à faire ce qu’il fait, l’humanité sera anéantie ! Protégeons donc le monde. L’homme est le virus !

Dans l’époque d’or, il y avait le sacré « Ruthie’s Inn » où les musiciens Thrash faisaient la fête ensemble. Votre chanteur Mark y a rencontré Kirk Hammett de Metallica qui a même produit votre deuxième cassette démo et apparemment ils sont toujours de bons potes. Comment la scène du « Bay Area » est aujourd’hui ? Eh bien, il reste une certaine scène. Les années 80, c’était une autre époque. Tout était nouveau et on était jeune, même très jeune. La radio fut dominée par le Rock, le Soul, le Country ou quoi que ce soit. Et soudainement tout était flambant neuf ! Les gens découvraient la musique d’Europe et l’aimaient. Ils écoutaient la radio des lycées où une personne collectait tous les disques et les jouait. Ainsi, ils voulaient faire la même musique et formaient de nouveaux groupes. On s’aidait d’une manière réciproque : Diamond Head, Saxon, les jeunes Def Leppard, Blitzkrieg... Nous adorions aussi les groupes européens comme Kreator, Destruction ou Artillery. On ressentait tous de la même manière. Mais maintenant, c’est tout simplement une autre époque, tout est en ligne. Dans les années 80, tout tournait autour des disques, des concerts, de la radio, du skateboard et des boums.

Est-ce que Dave Mustaine faisait partie de cette scène ? Ouais, c’était bien le cas même s’il était de Los Angeles. Il savait où aller à San Francisco, c’était là où le Thrash était grand. Beaucoup de groupes originaires de L.A. venaient à San Francisco : Megadeth, Hirax, Slayer, Dark Angel... c’était l’endroit branché !

Avez-vous entendu que Dave Mustaine vient d’annoncer hier qu’il est atteint du cancer de la gorge ? Oui, c’est très triste. On lui souhaite tout le bien ! C’est un très grand musicien. Il était un pionnier, un des très grands de la scène Thrash. Il y était toujours avec James Hetfield, Gary Holt, Kerry King et Jeff Hanneman.

Tu étais déjà au Grand-Duché de Luxembourg et en Belgique. Te reste-t-il des souvenirs de ces deux pays ? Eh bien c’est la deuxième fois que je suis au Luxembourg. C’est difficile d’y être !

Dans quel sens ? On jouait souvent en Europe, mais ce n’est que la deuxième fois ici. On est content d’être de retour puisqu’on avait un excellent concert la dernière fois. Je pense qu’on aura du plaisir ce soir ! La Belgique ? On y avait de superbes apparitions, non seulement au Graspop, mais aussi à l’Alcatraz, au Biebob à Vosselaar, au Trix… on passait de bons moments là-bas et on a hâte de jouer au Graspop, ça fait déjà sept ans qu’on y était ! La Belgique est un super pays, je l’aime bien !

Merci pour l’interview et je vous souhaite un bon concert ce soir ! Pas de problème !

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  • Crédit photo: Dean G
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