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09.05.21 20:50

NEIL MERRYWEATHER AND THE SPACE RANGERS - "Space Rangers"

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Cette ressortie d’album ne pouvait que difficilement mieux tomber, avec le décès en mars dernier du très productif, créatif et éclectique Neil Merryweather. Actif pendant plus de cinq décennies, plutôt avant-gardiste, flirtant avec le gratin des 70s tout en continuant son bout de chemin au point de sortir encore quatre albums entre 2018 et 2020, l’album « Space Rangers », l’un de ses plus connus, et issu de sa période la plus riche et fastueuse. De quoi en faire un hommage parfait, pour un artiste souvent éclipsé par ses contemporains.

Première pensée en finissant l’album : le space rock, ça avait tout de même du bon. C’est dommage que la fantasy soit toujours aussi populaire dans le rock et assimilé (surtout dans le heavy, le folk et le power, soyons francs) alors que la science-fiction semble être restée au siècle dernier, même si ça englobe tout de même au moins quatre décennies entre les années 1950 et 1990. On a bien la synthwave et ses sous-genres pour nous faire un peu rêver de machines et d’extraterrestres, mais cela s’arrête ici. Heureusement, Merryweather et sa bande sont là pour nous rappeler qu’il y a une époque pas si lointaine où les étoiles et le cosmos étaient encore en vogue pour nous faire rêver. Avec un goût aujourd’hui kitsch qui à l’époque devait être le summum de la technique et du bruitage. On parlerait aujourd’hui de « neo-retro » pour qualifier ce qui s’apparente à la bande-son d’un film familial un peu cheapos prenant pour cadre l’espace.

Seconde pensée : les albums composites sont tout de même vachement bien. Tant pour découvrir un artiste que pour explorer de nombreuses facettes et ne jamais succomber à l’ennui. Un peu cliché ? Peut-être, mais c’est tellement agréable d’écouter la première moitié de l’album et d’avoir l’impression de ressentir des émotions contrastées et des atmosphères, voire des scénarii sans vrais liens entre eux, si ce n’est l’esprit fantasque de leur créateur. On comprendra que certains préfèrent les albums avec un début et une fin, dont les morceaux forment un tout cohérent et qui s’enchaînent avec aisance. A titre personnel, la préférence va au contraire aux albums surprenants, qui peuvent partir dans un sens puis dans l’autre. J’en prends pour exemple le titre ouvrant le disque : « Hollywood Blvd » et son parfum de mélancolie. Il est suivi directement par le nettement plus positif « Step In The Right Direction » dont les paroles semblent donner une leçon de vie accompagnée d’instruments résolument funky …  S’en suit « Eight Miles High », aux relents plus psyché avec une basse survitaminée. « King of Mars » rajoute un côté mélancolique, mais davantage typé ballade, et semble tout droit sortir de l’album « Sad Wings of Destiny » de Judas Priest… alors qu’il est de deux ans son ainé ! Sa montée en puissance et son bridge sont particulièrement savoureux. Autre comparaison ? Le titre suivant « Neon Man » fait penser à The Who, et plus particulièrement l’intro mythique de « Baba O’Riley ». On ne va pas tous les faire, mais l’essentiel c’est que chaque titre apporte sa pierre à l’édifice et permet d’avoir un album où chaque titre peut avoir le pouvoir de vous captiver, même si les deux précédents n’ont pas fait mouche.

Cette critique demeure très éparse et je m’en excuse. Mais il fallait bien ça pour rendre justice à un album qui lui aussi est très polymorphe. À la fois profondément ancré dans son époque et manquant terriblement aujourd’hui. Et qui rajoute le parfum un peu triste de l’hommage imprévu, de l’ultime cadeau d’un artiste que l’on découvre bien trop tard. Mais comme le dirait si bien mon paternel : « peu importe l’âge d’une œuvre, elle paraitra toujours neuve lorsqu’elle nous était jusque-là inconnue ».

Informations supplémentaires

  • Points: 4/5
  • Genre: Prog Hard Rock
  • Pays: Canada
  • Maison de disque: Regain Records
  • Date de sortie: 15.04.21
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Ale