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21.11.21 17:49

ÜLTRA RAPTÖR - "Tyrants"

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Après un premier EP qui m’était totalement inconnu, Ültra Raptör revient avec son premier vrai album qui propose plus de … tout en fait. Plus fou, plus beau, plus épique, plus déconneur. Avec un nom pareil, on s’attendait déjà à un délire assumé, tandis que la pochette (nettement plus belle que celle de l’EP éponyme, il faut bien le dire) donne le ton : ce sera de la bonne grosse référence à la pop-culture des années 80 comme elle a été mille fois parodiée au cours de la dernière décennie. Il n’y a rien de plus cool que des cyber-dinosaures, si ce n’est des guerrières peu vêtues et les vaisseaux spatiaux. Au risque de vous spoiler encore plus, les titres se présentent à peu près comme suit : « Cybörg-Rex », « Nightslasher », ou encore « Caustic Shower ». Autant de combinaisons de mots des plus évocateurs, façonnant immédiatement une image mentale forte à celui qui s’apprête à les découvrir.

Pour autant, ce « Tyrants » m’a surpris par ce processus que j’ai tendance à appeler « l’élastique », qui est une variante de la trajectoire « en cloche » : dans ce dernier cas, la sauce grimpe progressivement jusqu’à culminer pour ensuite doucement redescendre. Dans le cas de l’élastique, cela signifie plutôt que le début de l’album m’a un peu ennuyé. Certes, c’est de la grosse réf’ présentée comme telle. OK, ça va très vite et ça pète de partout. OK, ça joue un peu plus dans la cour du speed/power que du speed/heavy à la Judas Priest (époque Painkiller), et ça confère un aspect épique à la moindre ânerie que pourrait balancer le chanteur. Mais il faut bien le dire… Même si c’est bon délire et pêchu, cela manque d’un petit je-ne-sais-quoi pour que vraiment les morceaux nous accrochent. C’est marrant tout en étant bon. C’est bien foutu tout en étant drôle… Alors qu’est-ce qui dérange ?

Et bam ! «Gale Runner» se met à jouer et là, l’élastique part ! On croirait que le niveau final ou qu’une boss fight s’est enclenchée. Le chant de Phil T. Lung paraît soudainement un brin plus grave, un peu plus éraillé, et son refrain semble parler non plus d’un supervilain comme sur «Nightslasher» mais au contraire plutôt d’un anti-héros sorti de l’imaginaire détraqué d’un dessinateur anglais des 90s. Au côté épique et fou-fou se rajoute des éléments plus incisifs, un ensemble plus lourd. Le heavy tant promis ? Peut-être ! La guitare semble « moins propre » et plus audacieuse. Même chose sur le titre qui suit : « The Quest for Relics », qui semble presque former un diptyque. Une guitare plus crasseuse encore, un rythme toujours plus fou…Il passe enfin le nitro pour continuer leur course ! La guitare de «Winds of Vengeance» fait presque orientale, tandis que le chant prend presque des airs d’opéra. Son bridge, plus long que les autres, fait aussi belle figure. « Caustic Shower » devient pratiquement Thrash ! C’est furieux, inarrêtable. On attend fébrilement que le dixième et dernier titre se lance, sans trop savoir à quoi nous attendre. Malheureusement, il peine à aller encore un cran au-dessus dans le registre de la surenchère… Il revient même un peu à ce côté un peu ringard, mais touchant d’adulescence du début de l’album : c’est là où l’élastique pète. Mais pas sans avoir encore quelques belles vocalises et un chouette bridge passant un peu par toutes les émotions. De la cavalcade de riffs survoltés à une rythmique plus doucerette et annonciatrice de la fin approchante. Il ne rehausse pas le niveau, certes… Et peut-être fait-il bien pour ne pas nous laisser sur notre faim avec un plaisir à son apex sans possibilité de retrouver ses esprits. En tout cas, il reste sympa ce Spacefighter, on espère qu’il reviendra dans notre système solaire.

Alors oui, toute cette review se base beaucoup sur le ressenti. Sans doute plus encore que d’habitude alors que c’est déjà le cœur de mon style de chronique, la technique me faisant parfois défaut. Mais qu’on se le dise : les québécois nous proposent bien davantage qu’une blague ou un énième hommage. L’album met un peu de temps à démarrer, mais il ne nous lâche plus du tout dans sa seconde moitié, et ça laisse déjà présager de belles choses. Et venant de quelqu’un qui en a un peu sa dose… Cela devrait vous donner matière à creuser ! Poussez le délire encore plus loin les gars : même humour, avec plus de férocité encore… Cela ne peut que donner des merveilles.

Informations supplémentaires

  • Points: 3.5/5
  • Genre: Speed/Heavy
  • Pays: Canada
  • Maison de disque: Fighter Records
  • Date de sortie: 09.11.21
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Ale