12.05.22 19:53

ANIMALS AS LEADERS - "Parrhesia"

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La musique classique déployait déjà des morceaux colossaux. Longs, grandioses, tout en démesure et alternant judicieusement les rythmes et les sons pour nous faire vivre un récit. Chaque titre devenant alors une microhistoire, s’imbriquant souvent au sein d’un concert entier. Par cette construction, les compositeurs pouvaient alors nous émouvoir sans pour autant faire usage de la parole. Ce drôle de préambule n’apprendra strictement rien aux fans de musiques progressives, de post-rock et autres stoner-ies, mais il paraît important de le rappeler. Notamment pour les quelques mélomanes pensant encore qu’un morceau de plus de cinq minutes est un titre chiant. Ou que toute la musique électronique n’est « que du bruit ».

Fort heureusement, si vous êtes lecteur de Metal’Art, j’ose croire que votre curiosité et votre ouverture d’esprit sont suffisamment grandes que pour balayer ces préconceptions éculées. Car dans ce cas, le nouvel opus d’Animals As Leaders vous attend pour un fabuleux voyage.

Les fans de la première heure ne seront pas dépaysés. Si j’ai eu la « chance » de ne découvrir le groupe qu’il y a quelques mois à peine, les fans auront dû attendre six longues années pour retrouver le trio, pourtant si prolifique à ses débuts (quatre albums en sept ans, c’est propre !). À ce sujet, il y aura sans doute les deux catégories habituelles : celles et ceux ravis de retrouver quelques nouveaux titres à ajouter à leurs playlists. Et les autres, un peu déçus d’avoir attendu si longtemps pour voir une formule presque inchangée. Difficile néanmoins de croire que toute personne amatrice de leur musique restera sur sa faim face à cet album qui s’écoute tout seul.

On y retrouve du pur flex à la basse, source d’admiration autant que de jalousie pour tout bassiste en herbe (dont je fais partie !). C’est de rigueur dans tous les genres instrumentaux « post-quelque chose », mais ça fait toujours plaisir après avoir avalé divers albums plus mainstream où elle est si discrète. AAL ne lésine pas sur la virtuosité et nous régale pleinement. Les différents titres, aux noms évocateurs, ne tranchent pas non plus avec la tradition du groupe. Ne rêvez-vous pas de découvrir ce qui se cache derrière « Monomyth » ? Ou bien l’énigmatique « The Problem of Other Minds » ? Des exemples où l’on verrait bien des longues tirades lorgnant entre la thèse académique et le discours effrayant d’un culte fou. On se contentera ici de faire parler la musique, et elle le fait impeccablement bien. Le non moins surprenant « Asahi » se veut très ambiant, presque réconfortant. Donnant l’impression d’être paisiblement en train de contempler le ciel ou la mer. « Gestaltzerfall » et son nom plutôt inquiétant (« chute de la forme », ou « décrépitude de l’être », si on le traduit de manière approximative) tranche avec son rythme bicéphale. Il s’emballe parfois dans un cataclysme de percussions, pour revenir ensuite à une relative accalmie avec quelques riffs à la fois entêtants et qui groovent.

Alors, comment conclure tout cela ? Sans doute en vous réclamant de vous munir du plus grand confort d’écoute possible, de limiter les distractions au maximum et de simplement vous vider la tête en vous préparant pour ce beau périple. Ce n’est pas trop osé que de parler de la musique d’AAL comme d’une expérience. Ils sont incontournables si le genre vous parle, et ce nouvel album est autant une porte d’entrée impeccable qu’une occasion de replonger dedans.

Informations supplémentaires

  • Points: 4/5
  • Genre: Prog metal
  • Pays: USA
  • Maison de disque: Sumerian Records
  • Date de sortie: 25.03.22
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Ale