Ale

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Une grande qualité de la musique de Bombus c’est de parvenir à insuffler une grosse dose émotive à leur musique sans tomber dans les travers du screamo/nü-metal un peu pleurnichard du début des années 2000. Ce résultat s’obtient en grande partie par les voix de Matte et Feffe, qui offrent un chant tantôt tranchant, tantôt doux… presque grungy !  Mais les accords très mélodiques qui arpentent chacune des chansons de l’album apportent beaucoup à l’ambiance qui s’en dégage, à la fois puissante et mélancolique. Les exemples ne manquent pas : « A Ladder – Not a Shovel », « Mama » ou encore « It’s All Over » (qui se retrouve étrangement au centre de l’album, alors qu’il aurait fait un somptueux épilogue). Cela n’empêche pas le quatuor de proposer aussi de la technique aussi efficace que costaude, que ce soit par l’intro et le bridge de « You Are All Human Beings » et ses riffs mémorables, « Two Wolves and One Sheep » et son rythme plus mesuré, alternant entre impact et douceur, et bien sûr le délire presque black de « We Lost a lot of Blood Today » et sa batterie qui nous fracasse à chaque mouvement de Peter. Un nouveau sans faute pour les suédois, ça en devient presque indécent !

Une pochette affichant un monstrueux forgeron, un sobriquet des plus épiques et des titres de chansons aussi équivoques que « Wizards and Witches » ou « King Without a Crown »… On ne sera pas étonné de voir nos compatriotes s’engouffrer à nouveau dans leur genre de prédilection que consiste le power. Et après vingt ans et cinq albums, y’a clairement de la maitrise dans ce qu’ils cherchent à proposer ! Un petit coup de cœur pour « In The Den Of The Mountain Troll », semblant tout droit destiner aux rôlistes tant son ambiance médiévale-fantastique est entraînante. Le morceau d’ouverture, « Unleash the Dragon », pose très bien les bases aussi, avec un morceau aussi long que badass, aux paroles simplistes mais efficaces et guerrières ! Accompagnés de chœurs et de riffs bien lourds. Autre intro marquante : celle de « Wizards and Witches » qui place la basse en son centre… Instrument souvent boudé au sein du power. Et c’est sans doute là la plus grande force de cet album : sa grande versatilité malgré un genre aux codes si essorés qu’ils relèvent presque de l’auto-parodie. « Just A Good Man » est une balade des plus sympathiques, tandis que « Temple Of No Gods » ressemble presque à une épopée, tant par sa longueur que sa capacité à alterner les rythmes durant ces (presque) sept minutes. Qu’on se le dise : y’a pas qu’en Scandinavie qu’on sait faire du power ! Ce nouvel opus des belgo-belges de Magic Kingdom le prouve.

Sorte de petite praline offerte aux fans des vétérans de Blitzkrieg (qui sévissent depuis 1980 quand même !), ce nouvel EP doit véritablement être considéré comme une sorte de « bonus » après le solide « Judge Not ! » sorti l’année dernière. On y retrouve d’ailleurs « Loud and Proud », incroyable banger au refrain diablement efficace semblant tout droit sorti d’un album de glam. Les titres « Without You » et « Falling Into Darkness », apparus également sur leur dernière galette, bénéficient de menus changements pas franchement révolutionnaires, mais offrant une variante sympathique. Les morceaux qui suivent, « Together (We Are Strong) » et « « After Dark » rentrent encore plus dans cette dimension « fan-service » puisque leur relative obscurité dans la discographie du groupe les destine aux fans les plus acharnés. Deux chansons de très bonne facture qui demeureront certainement assez rares dans les setlists du groupe. Le titre final en revanche nous gratifie d’une cover d’un morceau résolument mythique d’Alice Cooper : « School’s Out ».  Sans briser les fondations du titre pour mieux les réinventer, ça reste une cover sympa… pour un morceau toujours plaisant à écouter 47 (!!!) ans après. On ne prétendra pas que ce nouvel EP soit un must : le manque d’inédits en fait un objet de fan absolu. Les néophytes se tourneront plutôt vers le reste des albums du groupe… Plus fournis et complets.

 

Nostalgie des débuts ou simple envie de ressortir quelques titres des cartons, Artillery semble parti pour ressortir ses classiques en atteste la sortie combinée de cette compilation et « Deadly Relics ». Celle-ci semble avoir bénéficié d’une plus grande attention, alors que la plupart des titres sont également issus de démos. Le seul bémol majeur résidant dans les vocals, abusant toujours de la reverb et donnant un côté caverneux pas forcément agréable. Le reste parvient, certes pas à briller, mais au moins à se débrouiller suffisamment bien pour donner des morceaux vraiment cools. La basse possède ainsi un son plus pur et plus agréable, loin de l’espèce de bruit de gastro que l’on pouvait retrouver sur Deadly Relics. Le rythme parait aussi plus maitrisé, plus soutenu et plus mémorable. « Day of Doom », malgré un milieu un peu trop long, se démarque pas mal par sa gestion des riffs à la fois calibrés et bien disposés au headbang. On a aussi « Bitch » où l’on peut se taper des vocals lorgnant presque vers les aboiements et la folie, ça passe plutôt bien ! « Let There Be Sin » représente aussi un chaos jubilatoire hyper représentatif d’un Thrash que l’on sort de ses gonds. On reprochera peut-être aussi une batterie qui aurait gagnée à être un poil plus percutante (ha ha), mais ce serait chipoter. Le résultat donne un album peut-être un peu chancelant qui n’ébranlera ni le Thrash, ni la discographie des danois… Mais qui a le mérite d’être suffisamment honnête pour épancher sa soif en attendant un futur nouvel album.

Se parant d’un nouvel artwork pour l’occasion, cette ressortie du véritable patchwork des débuts d’Artillery offre une nouvelle occasion aux fans de se faire les crocs sur plusieurs titres issus de multiples premières démos du groupe. Mais ce beau packaging et le remastering de rigueur ne suffisent pas vraiment à pallier les quelques maladresses juvéniles d’un groupe qui n’avait pas encore acquis son plein potentiel alors. Tout n’est évidemment pas à balayer de leur discographie : on retient notamment quelques riffs plutôt sympas par leur côté mélodique ainsi que des « KHOMANIAC ! » beuglés avec un certain cachet. En fait, le problème vient surtout de leur incapacité à savoir sur quel pied danser : le morceau qui suit « Don’t Believe » se veut plus doux, presque langoureux, rendant l’interlude thrash et brute au milieu du morceau clairement malvenu. Notamment parce que les transitions sont trop sèches et nettes.  Le reste de l’album se poursuit malheureusement sur ces impressions de demi-teintes : que ce soit des paroles trop plates, sauvées par un solo tonitruant (« Out of the Sky »), des vocals plutôt mauvaises (« Deeds of Darkness ») ou des changements de rythmes parfois hasardeux (presque tout l’album). Même les deux morceaux bénéficiant d’une « V2 », à savoir « Hey Woman » et « All for You » sont finalement sympa sans plus… aidés principalement par sa hargne (pour le premier) et son côté légèrement groovy (pour le second). C’est donc non sans amertume qu’on ne pourra conseiller cette ressortie qu’aux fans les plus absolus du quintet, souhaitant découvrir leurs balbutiements. Les autres se pencheront plutôt vers la discographie récente du groupe, valant bien plus la peine.

Nouvel album du quintet suédois, celui-ci est cependant victime (ha ha) d’une production assez étrange, pourtant chapeautée par le grand Karl Daniel Lidén ayant déjà fait ses preuves auprès de Katatonia et Bloodbath. Les vocals semblent ainsi caverneuses, les riffs étouffés… Et compte tenu de la forte dimension contestataire et anarchiste de leur musique, c’est dommage. Car matière il y a : « There’s Blood on the Street » et « The Sea and Poison » sont deux pralines énervées, gratinées de riffs costauds qui témoignent pleinement des talents du groupe et de leur propension à proposer des compositions sympas lorgnant autour des deux minutes. De même, le morceau « We Fail » se veut presque doom… et troque une bonne partie des vocals pour un extrait pré-enregistré de Stephen Cheney, traitant notamment du climat et de la sécurité… Des bons enjeux politiques actuels qui épousent à merveille le nihilisme ambiant que véhicule « The Horse and Sparrow Theory » tout au long de sa petite demi-heure. Ce septième album démontre que Victims n’a plus rien à prouver. Dommage, cependant, qu’il ne soit pas plus plaisant aux oreilles, en plus d’être partisan d’un message fort.

Fantaisie du genre du Label, ce nouvel album de Tungsten se montre pourtant bien plus ambivalent dans ses sonorités, offrant une musique aux composantes pratiquement bicéphales. Si le début de l’album se pose clairement comme une balade médiévale revisitée à la sauce power (avec bruits ambiants de ruisseau à la clé !), la seconde moitié s’inscrit beaucoup plus dans le power bien hardos, parfois véloce… tantôt épique, pour ne pas dire grandiose, quand les orgues daignent caresser nos oreilles. «The Fairies Dance» commence, ainsi , presque comme un conte, pour rapidement dégringoler en une marche militaire des plus brutale et survoltée. «It Ain’t Over» ne s’embarrasse même pas d’une intro douillette et propose directement une cavalcade de riffs violents qui ne nous quitte pas tout au long. «As I’m Falling» est du même acabit, tandis que la ligne de basse de «Sweet Vendetta» nous prépare à un nouvel assaut aussi puissant que mystique. Mais le groupe sait aussi s’amuser, notamment sur le titre «Impolite», révélant un comportement beaucoup moins… chevaleresque ! Rien à redire, Tungsten sait étirer les règles du power pour y apporter un twist fort sympa.

Trois ans après un album qui semblait signer l’apogée du groupe grec, le quatuor revient avec un album des plus féroces, à la fois impeccablement mixé et écrasant de vitalité. Rien n’est à jeter dans cette boîte de pralines maculée de sang et de haine, traitant autant de guerres, de mort, de sang… avec l’allégresse d’un monster truck bardé de piques. Le tout jonglant avec les rythmes et les sonorités sur chacun des neuf titres : un nombre certes mesuré, mais oh-combien bien choisi. Tout parait frais et unique. Un « Bloody Ground » bien long et tortueux, suivi immédiatement par un « D.I.V.A. » court et intense… Sans parler de « Roof of Rats » qui enchaîne les riffs telle une mitrailleuse ou « Order of Death », véritable ode au headbang par son rythme soutenu et sa batterie presque surhumaine. Le morceau le moins bon (et encore c’est par défaut) reste sans doute celui qui clôt l’album : une balade un peu mollassonne qui, bien que techniquement réussie, pâlit face au déluge proposé par les huit morceaux précédents. Y’a pas à dire, après des soucis de line-ups, la nouvelle bande à Nick Melissourgos fait des miracles. En espérant qu’ils nous apportent encore bien d’autres sulfureux joyaux à l’avenir.

Déjà un deuxième album pour Schattenmann, véritable petit laboratoire à idées. Cette polyvalence apporte une palette plutôt riche à l’ensemble, malgré des morceaux qui ne fonctionnent pas toujours (tels que « Schlag für Schlag », trop mou en comparaison au reste des titres). Néanmoins, on ne boudera pas son plaisir à l’écoute d’autres titres des plus réussis : « Kopf durch die Wand » est entrainant dès son intro très électro et le reste dans ses refrains, même constat pour « Wahrheit oder Pflicht ! » dont les chorus endiablés donneront envie de gueuler les paroles sans même les comprendre. Bien qu’un titre comme « Schwartz = Religion » soit suffisamment équivoque… On appréciera aussi les expérimentations entre les rythmes, les styles. Comme sur « F.U.C.K.Y.O.U. », très simple dans sa construction mais puissant et mémorable dans sa gestion de la rythmique. Même le morceau débutant l’album, « Schattenland », offre un véritable plaisir coupable tant il s’inscrit comme earworm. La musique de Schattenmann est un délicieux cocktail mêlant Gothic, NDH, Industriel et même un peu de nu-metal, du genre de celui qui sent bon la colère adolescente du début des années 2000.

Moins connus que leurs homologues américains, mais tout aussi prolifiques, les groupes de Thrash allemands restent une excellente pioche pour les amateurs de morceaux qui cognent. Et ça tombe très bien, puisque Repent (qui n’en est pas à ses premières armes) s’inscrit directement dans cette lignée. On retiendra principalement de cet album une violence et une technique allant crescendo. La première moitié est ainsi très modeste, très pure. Les riffs sont discrets et les bridges mesurés, laissant pleinement sa place à une ligne de basse et une batterie presque distillées pour briller sans fioriture. Ce n’est que dans la seconde moitié que le plein potentiel de Repent se révèle en une machine féroce et puissante, notamment sur le morceau « Scientific Ideals » qui lorgne clairement vers le bridge très mélodique aux riffs nous caressant les oreilles, comme une pause au milieu d’un océan de violence. « Wimpreaper » continue vers des riffs plus doux… contrastant avec des percus solides. Mais attention, simple ne veut pas dire simpliste... . Car même la première moitié de l’album castagne, comme sur « Hypocrite’s Tears » et son intro invitant au headbang bien douloureux. Simple et efficace !

 

La musique de Kaosis représente un amalgame assez sidérant de plusieurs styles très disparates et pas forcément très concordants de prime abord. Si des vocaux très nu metal se marient sans trop de peine à des sonorités plus indus, voire electro. Difficile de feindre la surprise en entendant du dubstep s'acoquiner à notre metal adoré. Le résultat est pourtant largement à la hauteur, et cette particularité parfaitement assumée se distille finalement avec assez bien de cachet. "Bullet Hole" rajoute même une dimension presque rap-rock, à la "Prophets of Rage" (ou RATM, pour les vétérans). Et que dire du bordélique et pourtant tellement jouissif "Zombie", véritable pétard nous hurlant à la gueule par ses riffs lourds, semblant traîner au sol, tandis que "Who's Your Daddy" tire à fond sur la corde du vulgaire, mais cela se veut si entraînant qu'on ne peut s’empêcher de gueuler le refrain. Le seul bémol réside dans la lassitude qui s'installe progressivement au cours de la seconde moitié de l'album : la recette s'essouffle et peine à se renouveler malgré une base très créative. Il n'empêche que Kaosis brillent par leur violence extrême et le savant (et fracassant) cocktail d'electro, d'horreur et de metal indus bien lourd.

Célébrant leurs 30 ans de carrière cette année, il n’est pas hasardeux de prétendre que le groupe ne s’est jamais vraiment aventuré hors de leur Allemagne natale. La faute à un genre qui s’y prête mal : la comédie et les blagues ne fonctionnent que si elles sont comprises finalement… On esquissera peut-être un sourire en entendant le titre éponyme, parodiant « Who let the Dogs out », ou « Weil’s Quatsch Ist », s’occupant de « Can’t Touch This ». Mais cela ne suffira sans doute pas à en faire un fleuron humoristique comme peuvent l’être Steel Panther ou Nanowar of Steel (y compris en italien !). Il reste l’instru donc : celle-ci s’amuse de nombreux styles, souvent pensés pour être des plus entrainants. Que ce soit du ska ou un simili-beatbox, aucun morceau ne ressemble à l’autre. Ironiquement, c’est peut-être la partie metal qui représente la plus grande part de faiblesse du quintet. Une rythmique assez pauvre et répétitive, des riffs sans panaches… Ce n’est clairement pas là-dessus que le groupe s’illustre, affichant plutôt une attitude « décontractée » (mais authentique) à leur musique. Et c’est peut-être là le plus important : s’amuser de manière décomplexée. Tant pis pour les non-germanophones.

Un artwork aussi criard que minimaliste cache une musique étonnamment complexe, devenue signature du groupe bordelais aux morceaux aussi longs que riches et cosmiques. Le trio ayant judicieusement choisi leur sobriquet, tant leurs sons oniriques semblent provenir d’un autre monde, extraterrestre et trippant. Déjà bien rodés par leur présence sur de nombreuses scènes de renom (festivals ou autres), ce quatrième opus offre huit tracks, ni plus, ni moins, comportant leur style caractéristique, toujours aussi hypnotique et ancré dans la science-fiction. «Crazy Heart» se veut presque mélancolique avec son rythme lancinant, nous prenant aux tripes dès ses premiers riffs. «Recast» fait aussi durer le plaisir au long de ses 7 minutes et ses riffs lourds et percutants. Mais la galette commence avec le même aplomb, par des accords lourds et puissants accompagnés de sons venus des abysses. Les vocaux restent au second plan, comme souvent dans le genre, et semblent sortis des grandes heures du rock psyché. Le bouquet final se veut plus mesuré, presque mélancolique avec «A Far Cry», tout en poésie. Un album conférant au rêve ; à écouter au casque et le plus relax possible…

Supergroupe fraichement formé et fort de leurs origines power/heavy, doublé d’une belle union entre Etats-Unis et Suède, qui vient nous apporter un album assez singulier. Bien sûr, les codes du genre sont respectés : des bridges incroyablement épiques, un chant clair puissant et une production léchée. La petite digression vient de l’écriture elle-même, préférant jouer sur les émotions et la sensibilité plutôt que les chants guerriers et les légendes scandinaves. Des titres telles que « Everyone’s a Star », « Time to Rise » ou encore « The Rythme of Life » traduisent impeccablement cette volonté d’apporter plus de bienveillance et de sentiments à un genre souvent gentiment moqué pour ses récits mythologiques et éculés. Mais la technique n’est bien sûr pas en reste : comme dit au-dessus, chaque morceau est accompagné de son bridge, parfois bien long et riche en riffs tonitruants. « Siren’s Fall », « Higher » ou « Follow Me » sont autant d’excellents exemples du savoir-faire des zickos de NORTHTALE. Si le tout ne rend pas l’album indispensable, encore moins novateur, ce sont les petites touches perso apportées par des pontes du milieu qui renforce un album de très bonne facture.

Après un premier EP déjà fort prometteur, nos voisins de chez Anger Machine en imposent grave pour leur première production (sans label de surcroît !). On aime la démarche expérimentale ne virant jamais à l’outrance, tant les morceaux s’enchaînent avec facilité tout en proposant à chaque fois ce petit quelque chose d’innovant. « Loss of Solace » est ainsi plutôt lent pour un morceau thrash, mais sa lourdeur, sa brutalité lui donne des airs de PanterA (« 5 minutes Alone » ou « Drag the Waters » en tête). L’intro de « Created to Corrupt » sonne presque comme un morceau de chiptune sortant d’une cartouche NES piratée, tandis que le titre « Bittersweet » clôture l’album en mode Power ! Mais loin d’être un assemblage grossier, l’album s’affirme pleinement comme porteur d’un Thrash colérique et injecté de sang, que ce soit par des bridges à la cadence folle, ou par un chant presque exclusivement growl qui rajoute encore de la rage à cette claque dans la gueule. « Conquer All » ainsi que le morceau éponyme tombent tels une pluie de graviers pour nous vriller les tympans. Seul bémol : un final peut-être un brin expéditif, laissant un goût d’inachevé… Un groupe à suivre de très près.

Avec une carrière aussi longue que prolifique, malgré quelques ratés parmi les derniers nés, les sonorités de Destruction se veulent toujours à la hauteur de leur sobriquet avec un seizième (!) album mieux calibré, plus classique mais aussi plus axé sur les riffs… Véritable pièce de résistance de la musique du groupe. Cette avalanche de riffs costauds brille constamment sur chacun des dix titres que contient l’album, mais la folle batterie n’est pas en reste, surtout sur des morceaux aussi résolument empreint de l’ADN du Thrash que « Filthy Wealth » ou « Tyrants of the Netherworld ». Clairement, les vocals tirent à balles réelles ! On saluera aussi des mid-tempos peu nombreux, et finalement bien amenés comme sur « Butchered for Life » (presque sept minutes quand même !) On y ajoute quelques refrains simples et bien hargneux, accompagnés de bridges mélodieux mais péchus par la force des riffs et on se retrouve avec des morceaux diaboliquement entrainants. Alors certes, nous sommes loin de leur jeunesse dorée des 80s et la grande époque du Thrash dans son ensemble… Mais il en reste un honnête album produit par des vétérans de la scène presque aussi vieux que le big four lui-même.

Ceux qui pariaient sur un énième groupe de black/death venu de Norvège (surtout avec un nom pareil), se sont bien plantés. C’est en effet un curieux mélange de rock bien costaud, de rythmes effrénés et même, de relents psychédéliques bien sentis. Le rapprochement le plus évident sera peut-être à trouver chez Queens of the Stone Age, bien que leurs thèmes de prédilection demeurent plutôt éloignés. Le gimmick de New Death Cult se portant plutôt vers le spatial, le cryptique et ce qui nous dépasse… . Même les pseudos de chacun des membres sont peu équivoques ! Le single «Zeitgest» est un beau condensé de leur style : à la fois marquant par sa force et envoûtant par son refrain et ses chorus. Mais le coup de cœur revient à «Moon» qui bénéficie d’une intro aussi épique qu’hypnotique, presque «orientale»… . Aidé par un refrain lancinant et un bouquet final injectant une bonne dose d’adrénaline. On regrettera, peut-être, un petit manque de «folie» avec un tel florilège d’inspirations et d’idées : leur univers mériterait, sans doute, de s’affranchir des canevas maintes fois explorés , pour véritablement aller «au-delà». Mais ce premier opus reste, tout au long, fort sympathique !

17.10.19 06:21

3TEETH - "Metawar"

Il y a des artistes dont l’univers est si riche et intriguant, visuellement et symboliquement, qu’il capte l’attention par sa singularité. 3TEETH, malgré son jeune âge, en fait partie et nous propulse directement dans ses thèmes industriels… pratiquement robotiques et numériques en vérité. Sous ce couvert dystopico-cyberpunk (les qualificatifs ne manquent pas !), le groupe propose tantôt des morceaux d’un impact écrasant aux vocals distordues tel que sur « Altaer » ou un cri de guerre mémorable sur « Sell your face », tandis que « Bornless » rappellera les meilleures heures de l’indus américain des années 90. Les champs lexicaux de la débauche, de la désolation, de la désolation forment également leurs principaux fers de lance… décidément pas une once de lumière pour nos chastes oreilles. On n’ira pas jusqu’à parler de revendications rageuses, mais il y a un petit spleen chaotique qui se dessine tout au long de l’album… qui s’achève par une cover de « Pumped Up Kicks », dont le thème central épouse merveilleusement le style de 3TEETH. Déjà prolifique et savamment réfléchi, le projet du groupe s’affirme comme renouveau de l’indus… Et pourquoi pas, sa nouvelle direction : plus futuriste.

Il serait hasardeux de classifier la musique de Dialith dans une petite case réductrice, tant leur travail est riche en sonorités s’imbriquant parfaitement ensemble. Une pincée de gothique, une poignée de power et beaucoup de metal symphonique, pour donner onze morceaux grandioses aux proportions épiques. De l’intro au bouquet final, en passant par l’artwork de l’album, tout semble être une main tendue par le jeune groupe pour nous faire plonger dans leur univers. « Libra » nous donne l’impression de pénétrer dans une salle de bal digne d’un jeu d’heroic fantasy. « Where Fire Dwells » propose une intro du tonnerre où chaque instrument se met, un par un, à briller. Tandis que « The Sound of Your Voice » offre six minutes d’une intensité rare, faisant pleuvoir les riffs dans tous les sens et alternant rythme lourd et martial, tempo endiablé, avec une mélodie inspirante et angélique. Ce morceau est si complet et varié qu’il donne véritablement l’impression de vivre une aventure. Et tout ça sur le premier tiers de l’album ! La douce et mélodieuse voix de Krista Sion n’étant certainement pas étrangère à cette appréciation globale. Gageons que ce premier album représente les prémices de quelque chose de grandiose.

Bien décidés à faire varier les plaisirs, Anticosm nous délivre un cocktail détonnant entre deux genres. Au menu : chant guttural, riffs furieux et envolées cosmiques. Que ce soit un « Behold the Venom Crystals » , dont le niveau de riff/minute est totalement stratosphérique au moment du bridge,ou un « Fall Asleep » nous poussant dans nos derniers retranchements par sa rythmique fluctuante et ses cordes semblant se propager dans un écho infini tout du long de ses 5:28 minutes d’extase ! Parce que, oui, la grande majorité des titres de la galette sont d’une longueur généreuse nous laissant pleinement nous imprégner de toute la maestria déployée par le groupe. Ainsi, le titre éponyme prend tout naturellement son temps pour afficher ses meilleures armes :il débute, en toute simplicité, par quelques accords de mandoline , avant de nous cracher sa rage au visage au quart du morceau (qui survient après une minute trente quand même !).  Cette puissance monstre ne nous quitte plus ensuite… . Au contraire, elle s’emballe et s’accentue jusqu’à atteindre son apogée, lors du dernier tiers, tirant judicieusement en longueur. Péché de gourmandise par excellence, ce troisième opus nous a  amplement satisfait !