Soirée suédoise
Après Amon Amarth qui faisaient leur apparition au Rockhal à Esch-sur-Alzette (L) le mois dernier, l’invasion suédoise continue avec d’autres vétérans du tir de salve gutturale : In Flames et At the Gates, accompagnés des jeunes d’Orbit Culture et d’Imminence comme ouvreurs du champ de bataille.
La soirée commence avec une surprise : les portes de la grande salle sont fermées, les concerts ont donc lieu au petit Rockhal Club ! Et une deuxième surprise suit directement en y entrant puisqu’un balcon qui n’existait pas encore lors du concert de Cradle of Filth six semaines auparavant se fait apercevoir ! A 18.30 heures, le show d’Orbit Culture commence ponctuellement. Une bonne occasion pour ma femme et moi de découvrir ce groupe qui n’a que très rarement joué en dehors de leur territoire nordique, mais semble néanmoins déjà avoir gagné une certaine notoriété puisque deux filles au premier rang crient « We love you ! » lorsque la troupe monte sur scène. Le quatuor joue un mélange rafraichissant d’un son brutal, mais très mélodieux, et quelques passages plus soft et atmosphériques, le tout accompagné par des growls ultra bas et plaisants de Niklas Karlsson. C’est pas mal du tout pour un groupe qui n’a pas encore signé avec une maison de disques. En plus, leur performance en live semble déjà très pro quand on sait que leur toute première tournée avait lieu juste avant la pandémie. Il faudrait par contre dire au roadie hyperactif que ce n’est pas la peine de monter trois fois sur scène juste pour ajuster un peu le microphone de Niklas !
Après cette ouverture réussie on découvre Imminence, une formation de Malmö qui se mettent eux-mêmes l’étiquette de Post-Metalcore mais qui à mon avis ne sonnent pas vraiment comme du Core puisque les breakdowns et changements de rythme typiques manquent ; c’est plutôt du Melodic Death Metal avec certaines libertés comme l’usage d’un violon. Oui, vous avez bien lu, c’était la troisième surprise du jour lorsqu’Eddie (pas la figure fameuse d’Iron Maiden, mais le chanteur, Eddie Berg) monte sur scène avec un violon dont il se sert maintes fois pendant le show. Comme pour le premier groupe, on entre facilement dans leurs univers de son, c’est un style assez facile d’accès si on ne connaît pas les tubes. Le son est impeccable grâce à un mixage bien nuancé qui n’étouffe pas les guitares comme c’est parfois le cas au Rockhal. La lumière est assez bonne pour prendre des photos et après la troisième chanson je quitte la rangée des photographes et le gars costaud de la sécurité m’ordonne de quitter la salle afin de remettre mon équipement photo à l’accueil ! Ce nouveau règlement d’ordre intérieur est très chiant puisque je dois me frayer un chemin à travers une audience venue en masses et je rate en plus une partie du concert.
Et l’organisation suboptimale continue avec le concert d’At the Gates qui commence quinze minutes plus tôt qu’annoncé. Quand le groupe monte sur scène, je me précipite donc vers l’accueil pour récupérer mon appareil photo, tout comme d’autres photographes et on doit tous traverser une salle pleine pour accéder à la rangée photo devant la scène - bref, le grand n’importe quoi ! Il me reste que deux chansons pour faire des photos et de retourner encore une fois à l’accueil. Le concert remonte heureusement mon humeur puisque le gars au micro vêtu d’une casquette et d’une chemise de bûcheron me semble familier ; c’est Tomas Lindberg avec qui j’avais fait une interview pour Metal’Art l’année passée. L’ambiance dans la salle monte d’un cran, soit par la notoriété de ce groupe pionnier du Melodic Death Metal, soit par le simple fait que Tomas sait bien les animer. Et le son assez brute et répétitif par moments anime plus au pogo que celui des deux groupes précédents. Quand ils commencent à jouer leurs vieux tubes du milieu des années 90, je me rends compte que bon nombre des spectateurs n’avaient probablement pas encore vu la lumière du jour. Le fait que quatre des dix chansons du concert sont tirées de l’album-phare « Slaughter of the Soul » de 1995 montre bien l’importance que le groupe accorde à cette galette. Par contre, seule la toute première chanson du concert (« Spectre of Extinction ») est issue du dernier album « The Nightmare of Being ». J’aurais bien aimé l’entendre plus longtemps que quelques petites secondes, mais vous devinez pourquoi ce n’était pas possible…
Je me méfie du timing et pour le dernier concert, je récupère mon équipement bien avant le concert. J’avais déjà vu In Flames ici à la grande salle il y a cinq ans quand ils tournaient avec Five Finger Death Punch. J’étais donc curieux de voir comment l’atmosphère serait dans le petit Club avec le nouveau balcon. Et pour le dire tout de suite : c’était génial ! J’ai rarement vu un public aussi actif, c’était en plus un lundi, le moshing et les surfers ne s’arrêtaient plus et un circle pit après l’autre et se laissait bien apercevoir de ma place tranquille au balcon. Lorsque toute la salle commence à crier le nom du groupe, le chanteur, Anders Fridén, commente : « I don’t know what’s going on, we fucking love you guys ! ». Il annonce en même temps le nouvel album « Foregone » dont ils ont présenté trois chansons. La setlist était d’ailleurs excellente puisqu’après le nouveau morceau « The Great Deceiver » comme ouverture, In Flames continuent directement avec les grands classiques « Pinball Map » et « Cloud Connected » qui apportaient peut-être dès le début cette superbe ambiance. En tant que dixième chanson, « Wallflower » avec son début lent et purement instrumental donnait un petit repos pour les tympans et le temps à Anders pour boire un coup. D’une manière générale, le concert peut être vu comme un best of des trois décennies du groupe avec seize morceaux choisis parmi onze albums. Le groupe conclut un show musicalement irréprochable avec « Take This Life ». J’ai hâte de les revoir au prochain Summer Breeze Open Air !
Après deux ans d’absence, le BetizFest est de retour pour nous en mettre pleins les oreilles avec une édition 100 % française concoctée sur une seule journée qui va être riche. L’occasion est parfaite pour mettre en lumière des nouveaux talents (Yarotz, Traquenard, AutoThune) et de voir (ou revoir) les groupes incontournables dans l’hexagone (Black Bomb A, Lofofora, Punish Yourself et Benighted).
Les débuts des festivités commencent avec le gagnant du tremplin local, Auto Tune, dégageant des ondes positives avec ses mash-up à prendre au second degré puis Traquenard qui nous saisit avec son mélange de Metal et de Punk énergique. Nous enchaînons avec Yarotz qui nous présente son tout premier concert et déverse son post-hardcore puissant et percutant avec des morceaux extraits de son premier album « Erinyes ». Tandis que le public commence à être davantage mouvementé et les premiers pogos de la journée vont se faire ressentir.
Nous arrivons en fin de journée et les festivités s’intensifient dans les alentours de 18 h avec Benighted qui va tout terrasser sur son passage avec l’intensité de son brutal death. La scène se retrouve aux couleurs de leur dernier album « Obscene Repressed » qui va être majoritairement représenté pendant tout le set. Nous assistons à quelques surprises avec l’apparition de Arno (Black Bomb A) sur « Cum With Disgust » et Sven (Aborted) sur « Slut ». Ce chaos musical s’orchestre tantôt entre le groupe et le public totalement réceptif qui se donne à cœur joie dans la fosse avec un circle pit ! Benighted a tout retourné sur son passage et la suite de la soirée s’annonce bouillonnante… !
Nous poursuivons avec Loudblast, la référence du Death Metal français, ils sont des habitués du festival avec leur dernière venue qui remonte en 2017. Ils sont venus aujourd’hui défendre leur nouvel album « Manifesto » sorti en 2020. Comme à leur coutume, Loudblast nous délivre une prestation cadrée aux riffs trancheurs et ravageurs qui conquit la foule. Nous continuons la soirée avec une seconde pointure locale : Black Bomb A qui va tout emporter sur son passage avec son hardcore frénétique caractérisé par ses deux chanteurs Poun et Arno. Pendant une heure de prestation, le combo nous livre ses meilleurs classiques « Human Circus », « Mary » ou encore « Civil War » face à une foule complètement électrisée. Après deux prestations fougueuses, nous changeons de registre toujours avec du dynamisme avec le Metal Fusion engagé de Lofofora. Les discours de Reuno vont résonner ce soir sans filtre dans la thématique des prochaines élections présidentielles française qui approche à grand pas. Tandis que les morceaux s'enchaînent durant une heure avec aisance entre les nouveaux issus de leur dernier album « Vanités » et les classiques. Une prestation assurée qui permet de reprendre ses esprits et de savourer un moment simple et convivial. Pour les plus téméraires, les coups de minuit retentissent quand le dernier groupe de la journée foule la scène… Punish Yourself nous plonge dans son univers entre sonorité punk et indus rempli de décors entre des néons et d’autres bizarreries fluorescentes. Un dernier point culminant qui referme cette riche journée !
Le BetizFest nous régale avec cette édition 100% française qui est une totale réussite ! La saison des festivals est officiellement lancée ! Un grand merci aux organisateurs !
Nous nous retrouvons un mardi soir dans une salle comble à l’Aéronef pour savourer la double affiche partagée entre Zeal & Ardor et Meshuggah. Après plusieurs reports nous pouvons enfin profiter de cette soirée sous le signe de la technicité et qualité sonore avec deux nouveaux albums fraîchement sortis pour chacun des groupes présents.
Avec son Black Metal avant-gardiste aux influences diverses et variées, Zeal & Ardor ouvre les hostilités avec du lourd ! Le set débute alors sur le solennel “Church Burns”, suivi de l’agressivité de “Götterdämmerung” ceci marque le tempo d’une performance des plus endiablées. Effectivement, nous pouvons souligner que le nouvel album éponyme, davantage sombre, permet d’apporter une nouvelle dimension plus dantesque en concert. Nous pouvons citer l’intensité de “Run”, “I Caught You”, “Row Row” ou encore “Death To Holy” acclamé par le public, ce qui prouve l’excellent accueil réserves aux nouveaux morceaux. Le tout se mélange avec les classiques toujours autant appréciables avec “We Can’t Be Found” qui fait monter la pression, le classique “Devil Is Fine” sur un tempo plus léger ou encore “Baphomet” qui referme la performance. Manuel, toujours de nature réservée, remercie tout de même son public et fait quelques efforts pour échanger en français puis son sourire tout le long de la prestation nous montre son enthousiasme. Tandis que la cohésion avec les deux choristes Denis Wagner et Marc Obrist est toujours aussi appréciable, ils sont notamment déchaînés durant la prestation, ce qui permet d’apporter des bonnes ondes et une bonne énergie qui est déjà très bouillante. Cinquante minutes de prestation sont fort appréciables pour une première partie et permettent de savourer seize morceaux du répertoire dense de Zeal & Ardor. Effectivement, sans cacher mon admiration pour ce groupe qui me surprend toujours autant sur album et en concert, je savoure cette nouvelle set-list. Le placement des morceaux est vraiment judicieux afin d’alterner entre les plus récents qui sont plus sombres et ceux issus de leurs premiers albums parfois plus sages pour un rendu totalement percutant. La prestation apporte un bon échauffement avant le plat de résistance qui va frapper dans le lourd.
Voici le moment tant attendu, les suédois de Meshuggah franchissent la scène pour tout détruire sur leur passage. La prestation commence fort avec “Broken Cog” qui va faire monter la pression en s’amplifiant au fur et à mesure tandis que le groupe se positionne devant des panneaux lumineux rouge vif. La couleur de la prestation est donnée avec une entrée fracassante qui va faire échos au chaos musical dont nous allons être témoins.
Dès les premières notes du saisissant “Light the Shortening Fuse”, la fosse se transforme en véritable boucherie et se donne à cœur joie dans des pogos bien musclés. Si les morceaux du nouvel album “Immutable” résonnent avec fracas, nous savourons tout autant la technicité des classiques : “Rational Gaze”, “Born in Dissonance” ou encore “Pravus”. Notons aussi l’enchaînement de “In Death – Is Life” et “ In Death – Is Death” fut fortement acclamé par un public qui en redemande encore. Effectivement, la setlist permet de retracer la danse de la discographie de Meshuggah avec leurs morceaux les plus percutants. Ce chaos est orchestré, dans les moindres détails, avec un lightshow qui accompagne avec minutie leurs sonorités dévastatrices. La prestation touche à sa fin avec deux classiques tout aussi ravageurs : “Demiurge” et “Future Breed Machine” qui permettent de savourer une dernière fois cette technicité chirurgicale.
Meshuggah à frapper fort avec une finesse du détail au millimètre près accompagnée d’une technicité dévastatrice qui a fait trembler les murs de l’Aéronef. Le public est conquis et ne ressort pas indemne de ce chaos.
Comment ça… vous n’étiez pas au Panic Fest cette année ? J’en suis bien désolée pour vous… Voici un live report qui ne pourra QUE vous donner envie de vous rendre à la prochaine édition !
Pour commencer, le Panic Fest, ça se passe à Saint-Félix dans le 74 (la Haute-Savoie pour les moins calés en géographie française). Situé à 15 minutes d’Annecy, (et accessoirement une bonne heure de Lyon), le cadre est idyllique, entre lacs et montagnes. Le fest se déroule sur 2 jours (22 et 23 juillet en l’occurrence) et propose une affiche canon made in France, parmi laquelle on retrouve entre autres Loudblast, Bukowski, Psykup, Shaârghot ou encore Pogo Car Crash Control. Ces têtes d’affiche sont accompagnées de groupes locaux que le public a pris plaisir à découvrir ! Franchement, vu le prix (défiant toute concurrence) : rien à redire ! Et incroyable : il n’a quasiment pas plu en cette cinquième édition (High Five à tous ceux qui avaient fait Black Bomb A sous la pluie en 2019…)
Côté organisation, cette année, le fest a déménagé sur un site plus grand. L’équipe organisatrice s’est visiblement démenée car tout le monde est aux petits soins avec les festivaliers (encore GG à l’armée de bénévoles surmotivée). Tout y est vraiment bien pensé : des points d’eau, au camping gratuit, au Village des exposants, à l’organisation du parking en passant par la bouffe (#DiotsForever. Non, je ne parle pas de Ronnie, mais bien de la saucisse savoyarde. Vous avez qu’à venir gouter au prochain Panic Fest si vous ne connaissez pas) : tout fonctionne à merveille !
Bon, parlons quand même de ce qui nous intéresse le plus : les concerts ! Le fest s’est sympathiquement ouvert vendredi sur Southside Inc., groupe de rock local composé de membres franco-britanniques ! L’ambiance est british / folk et les festivaliers profitent du début de soirée pour savourer un verre sous les derniers rayons de soleil. Honnêtement, le public est encore timide aux abords de la scène, mais le groupe assure une ambiance bien sympathique. Arrivent ensuite les Celtic Hangover. Le groupe de rock celtique (comme son nom l’indique…) a enflammé la scène du Panic avec ses guitares, sa basse, sa batterie, ses percussions, son violon et sa flûte. Après une première partie de set folk, le groupe enchaine avec des chansons plus rythmées. Celtic Hangover a rassemblé les festivaliers et les a embarqués dans un mood particulièrement festif. Même si je dois reconnaitre que j’ai été un peu surprise de la place imposante des percussions pour un groupe celtique, j’ai adoré le super solo puis le battle de percu. Bukowski arrive ensuite. Là, on entre dans le dur ! La nuit est tombée, la foule s’est densifiée et on a clairement changé d’ambiance. La setlist se déroule et le groupe nous fait le plaisir de retourner fouiller dans son répertoire d’antan pour nous jouer une vraie bonne setlist de festival. L’émotion est à son comble quand le groupe rend hommage à Julien… La soirée se termine avec Ze Grand Zeft, concert auquel je n’ai pu assister et dont je ne pourrai donc pas vous parler. Le premier jour du Panic Fest est en tout cas une réussite et, si la soirée s’est passé dans un mood relativement chill, la journée du lendemain s’annonce tout aussi intense !
Samedi, le fest commence en milieu d’après midi mais… il fait chaud ! Je n’arrive donc sur place que pour Psykup à 19h30, groupe que je ne voulais surtout pas manquer. En live, les Toulousains ne déçoivent pas. L’autruche est à la hauteur de sa réputation. Le show est dynamique et les gars sont souriants ! Les festivaliers sont encore plus nombreux que la veille et Psykup met l’ambiance (cheese man, si tu passes par là…). Ensuite, c’est au tour de Pogo Car Crash Control d’entrer en scène. Le groupe était déjà à l’affiche du Panic Fest en 2019, mais cette fois-ci, PCCC a pris de l’ampleur. On les sent davantage matures et le public est très réceptif à la folle énergie déployée sur scène. Il est 22h30 bien tassé (quelques groupes ont pris un peu de retard), mais tout le monde attend de pied ferme Loudblast. La fosse est pleine à craquer. On entend crier « Stef » à droite à gauche dans le public pendant que le groupe termine ses réglages. Et là… Loudblast arrive sur scène et envoie du lourd. La voix de Stef est grave, mais le type reste léger (il pense même à saluer les « poivrots » du bar). Bref, le metal est à son apogée… Le show passe vite, c’est déjà la fin et il est l’heure de clore le magnifique Panic Fest avec Shaârghot. Pour être honnête, je n’ai jamais vu le groupe sur scène et moi qui suis très black / death, je ne sais pas trop à quoi m’attendre, même si je n’ai entendu que du (très) bien sur Shaârghot en live. Vu l’heure (minuit passé), le public s’est un peu clairsemé, mais ceux qui restent ne sont pas là pour enfiler des perles. Beaucoup de t-shirts à l’effigie du groupe, de maquillage et autres effets en tous genres vert fluo sont apparus ! Le groupe sait rassembler ses fidèles… et entrainer les autres : la prestation scénique (pourtant à son minimum comme nous l’a confié le groupe) est superbe. Entre lumières, fumée, maquillage, feu et étincelles, le show vaut vraiment le coup d’œil… et le coup d’oreille ! Le chanteur n’hésite pas à descendre dans le public pour partager un peu de son maquillage. Bref, Shaârghot a mis le feu au Panic Fest (ok, le jeu de mot est pourri, mais j’assume) et a clos en beauté deux jours de festivité qu’on attendait avec impatience. Au cours des deux jours, l’ensemble des groupes que j’ai vus a été proche du public et a interagi avec les gens. Du côté des festivaliers, l’ambiance était super bon enfant : des circle pit, des petits wall of death, de la place dans la fosse, beaucoup de danse, beaucoup de bière, de la bienveillance avec les plus jeunes, etc. J’aime autant vous dire qu’après 11 jours dans l’antre de l’immense Hellfest et 2 soirs de Rammstein au sein d’un Groupama Stadium lyonnais surpeuplé, le Panic Fest a su me réconcilier avec les fests à taille humaine.
Pour moi, c’est clairement un sans-faute. On imagine pourtant que l’équipe organisatrice a sué comme des oignons dans une poêle bien bien chaude (à lire avec l’accent toulousain de nos copains Psykup) suite à deux ans de pandémie. Alors GG à eux, à tous les bénévoles, à tous les groupes, à tous les exposants du Village et à tous les partenaires qui ont rendu tout ça possible. Et moi je vous dis à l’année prochaine !
Premier concert de l’année accompagné de la levée des restrictions sanitaires, la date du GROS 4 à Lille s’annonce bouillonnante ! Le plateau est composé de Mass Hysteria, No One Is Innocent, Tagada Jones et Ultra Vomit qui se réunissent pour une tournée des Zéniths de France. Cette tournée folle est inédite et dispose d’une règle simple : il n’y a pas de tête d’affiche. Effectivement, chacun dispose du même temps de jeu d’une heure et l’ordre de passage est tiré au sort tous les soirs. Cette série de concerts est aussi l’opportunité de voir ces différentes formations jouer dans une configuration de scène optimale accompagnée de visuels diffusés sur un grand écran ainsi que des effets pyrotechniques.
Nous nous retrouvons sur la seconde date de la tournée qui se déroule au Zénith de Lille. Celle-ci s’est produite sous des conditions météorologiques plutôt anodines et glaciales pour une fin de mois de mars entre de la pluie et de la neige. Néanmoins, l’ambiance va bouillonner à l’intérieur pendant quatre heures de concert qui sont joués dans l’ordre suivant : Mass Hysteria, No One Is Innocent, Tagada Jones puis pour conclure Ultra Vomit.
Mass Hysteria inaugure la soirée, malheureusement la moitié du public est encore dehors alors que le concert commence en raison de soucis indépendants de la salle. Une très mauvaise circulation et des parkings complets les uns après les autres dans Lille vont mettre beaucoup de personnes en retard … J’accède enfin à l’intérieur du Zénith sous les sonorités de « Tout est Poison » alors que le set est déjà entamé. L’ambiance est bouillante sur la scène et dans la fosse et les classiques s'enchaînent avec « Contraddiction », « L’Enfer Des Dieux » ou encore « Chiens De La Casse ». Mouss par son dynamisme communicatif entraîne la foule dans un joyeux bordel. Comme d’habitude des wall of death se produisent sur «Plus Que Du Metal » tandis qu’une chenille se forme par la suite sur « Furia » qui conclura le set. Mass Hysteria ouvre le bal en grande pompe pour une soirée qui s’annonce prometteuse.
C’est au tour de No One Is Innocent d'enchaîner la soirée. La formation défend essentiellement son dernier album « Ennemis » sorti en octobre dernier avec des titres comme « Forces Du Désordre », « Dobermann » ou « Polit Blitzkrieg ». Même s’il faut avouer que la fougue présente durant la prestation de Mass Hysteria est redescendue d’un cran, cela continue de pogoter dans la fosse notamment sur les classiques comme « Nomenklatura », « La Peau » ou encore « Charlie ». Tandis que sur scène le groupe continue à bondir dans tous les sens avec un set centré sur l’efficacité. Je trouve que comparé aux autres prestations, les visuels présents sur les écrans ne sont pas totalement utilisés, néanmoins cela reste un détail. No One Is Innocent nous livre une prestation dynamique qui terminera avec un wall of death sur son classique « Silencio » ainsi que « What The Fuck » qui conquiert la foule qui chante en cœur.
La soirée se poursuit avec les bretons de Tagada Jones avec leur Punk Rock enragé et engagé. Leur nouvel album « À feu et à Sang » est mis à l’honneur avec des morceaux comme « Nous Avons La Rage », « Elle Ne Voulait Pas » ou encore « De Rires & De Larmes », tandis que les effets pyrotechniques flambent, notamment sur le tube en devenir « Le Dernier Baril ». Si ces nouveaux morceaux, futurs tubes de punk fédérateurs, ont conquis la foule, nous retrouvons évidemment les classiques comme « Zéro De Conduite » ou encore « Je Suis Démocratie ». Un court moment d’accalmie et d’émotion retentit avec « Vendredi 13 » qui rend hommage aux personnes ayant perdu la vie dans les attentats… Le groupe ne se laisse pas abattre et nous partage sur scène une énergie survoltée qui se transmet dans la foule qui n’arrête pas de pogoter. Il faut avouer que le public du nord est toujours bouillonnant et ceci se prouve une fois de plus ce soir. Niko nous partage sa bonne humeur d’être présent et que le projet du GROS 4 prenne enfin les routes, sept ans après la naissance de l’idée. Assurément, un concert de Tagada Jones ne peut pas se finir sans leur hymne « Mort Aux Cons » (ou plutôt « Antisocial » des temps modernes comme je le surnomme) que le public commençait déjà à chantonner bien avant le moment attendu. Ce morceau conclut le set sur des ondes positives tandis que le public bouillonne encore. De nouveau, Tagada Jones nous prouve son efficacité et sa vivacité sur scène. De plus, c’est un plaisir de les voir dans des conditions optimales avec les écrans géants qui permettent de mettre en avant les illustrations de leurs différents morceaux. Alors que le concert est terminé, le public rejoint le hall pour se désaltérer tandis que l’air de « Mort Aux Cons » continue d’être chanté. Heureusement que l’énergie du public est encore présente car le dernier concert de la soirée avec Ultra Vomit va être tout aussi mouvementé.
Nous assistons au dernier concert avec la crème de la crème d’Ultra (putain de) Vomit qui débute son set sur le traditionnel générique des Looney Toons. Si leur dernier album « Panzer Surprise » est sorti depuis cinq ans, le groupe trouve toujours le moyen de se renouveler et de nous divertir. Ici, la diffusion d’animations sur les écrans géants va permettre de donner vie à un concert totalement déjanté. Ultra Vomit nous régale de ses classiques comme « Un chien Géant », « Calojira », « Je ne t'es jamais autant aimé » … Tandis que les riffs à la sauce d’AC/DC retentissent sur « Jésus », ce dernier en personne viendra en chaise roulante pour ressusciter sur scène. Puis, Jésus va avoir l’honneur de séparer la fosse en deux pour le wall of chiasse de qualité pour le classique « Pipi Vs Caca ». Tandis que la fameuse minute Manard nous réserve un « magnifique » moment qui va être autant désagréable pour lui que pour la foule (si je reprends ses propos) avec une reprise de “Désenchantée” de Mylène Farmer. Le set continue avec un nouveau morceau « Mouss 2 Mass » évidemment destiné à Mouss de Mass Hysteria dans lequel nous pouvons clairement distinguer l’air de la chanson de Brice de Nice. Le groupe renoue avec ses morceaux les plus sombres de la première heure comme « I Like To Vomit », « Une Souris Verte » ou encore « Phoned to Death ». Pendant tout le set, Ultra Vomit reste très communicatif comme à son habitude tandis que la foule est totalement déchaînée. Mais toutes les bonnes choses ont une fin, le concert se conclut sur le morceau culte « Je Collectionne Des Canards (Vivants) » avec le monsieur des canards en personne. Ultra Vomit comme à son habitude mélange avec brio sa virtuosité et surtout son humour décalé qui séduit la foule.
Le GROS 4 est une belle initiative qui réussit à rassembler le temps d’une soirée des groupes français de qualité. Ces derniers peuvent mettre leur virtuosité en avant et présenter des concerts de qualité avec des visuels et des effets pyrotechniques qu’ils n’ont pas l’habitude d’avoir sur des petites salles. Il est temps de quitter le Zénith avec des souvenirs plein les oreilles et plein les pattes pour les plus téméraires dans la fosse.
C’est dans le très classieux théâtre de Denain que nous avions rendez-vous le 05 mars dernier pour le festival d’un jour In Theatrum Denonium organisé par l’association Nord Forge. Un cadre chic pour une musique qui ne l’est pas toujours et ce pour notre plus grand plaisir. Mais le décalage entre l’endroit et ce qui y était proposé a clairement eu l’effet escompté pour ce 6e acte qui arrivait à point nommé après une édition 2021 reportée pour des raisons sanitaires qu’il n’est plus nécessaire de détailler. Compte-rendu.
Ce sont les Grenoblois d’Aluk Todolo qui entamaient les hostilités. Une excellente idée pour débuter puisque le trio instrumental français emmène son public dans son univers où se mélangent en permanence noirceur, lourdeur mais aussi douceur. Fort de passages qu’on devine en totale improvisation, le rock occulte du groupe se montre maîtrisé de bout en bout. L’ambiance qu’il parvient à distiller sur scène est énigmatique. Avec un effet aussi simple qu’une ampoule trônant au milieu de la scène pendant le set, et avec laquelle le guitariste s’amusera en fin de concert, les 3 musiciens ouvrent le festival par une sorte de rituel auquel le spectateur peut s’inviter s’il le souhaite.
L’une des bonnes idées de la soirée aura été de faire jouer The Path Of Memory juste après, dans la petite salle située à l’étage et réservée au merchandising. Projet d’un vétéran de la scène black suisse, leader du groupe Borgne, The Path Of Memory nous donne rendez-vous pour une prestation intimiste orientée neo dark folk à la Death In June avec quelques bougies pour seul éclairage. Un moment suspendu et envoûtant qui ne manque pas de charmer un public amassé en nombre dans mais aussi hors de cette pièce pour grappiller quelques notes depuis le couloir.
Retour à la réalité. Les Suisses de Bölzer ayant dû annuler leur venue, ce sont les Nordistes de Hats Barn qui auront eu la lourde tâche de les remplacer au pied levé et de fouler les planches du théâtre pour distiller leur black metal crasseux. Si les décors et la mise en scène un peu kitchs ne laissent aucun doute sur la teneur musicale, celle-ci est on ne peut plus classique et malheureusement pas toujours parfaitement exécutée. Ajoutez à cela de multiples problèmes de son (pauvre batteur) et vous obtenez un côté bancal qui se fait ressentir tout au long du set. Le côté « true » voulu par le groupe (notamment par un chanteur dégoulinant de faux sang ou de corpse paints et portant fièrement chaînes et ossements sur lui ou sur son pied de micro) ne sauvera pas la prestation d’un certain ennui. Pas génial donc.
On attendait beaucoup mais pas autant de la formation suivante, Seth. Si les qualités des Bordelais sont connues et reconnues aussi bien en studio depuis leur premier album « Les Blessures de l’Âme » (1998) que sur scène, le groupe nous a encore une fois prouvé qu’il était un des piliers du black français. Fort d’une setlist faisant essentiellement honneur à leur dernier album en date, « La Morsure du Christ », Seth a ravi son public en offrant un concert majestueux, d’une précision quasiment chirurgicale sans être une simple reproduction de ce qu’il propose sur album. Les titres se voyaient dotés d’une réelle plus-value. Et même si une partie de la mise en scène finale voyant une muse à moitié nue se délecter d’un calice de sang aurait pu être passable, force aura été de constater que la forme générale et les différents jeux de lumières amenaient une réelle ambiance soufflant le chaud et le froid. Une réussite presque totale.
Pour la mise en place et le soundcheck, la tête d’affiche du soir, Taake, a fait évacuer la salle. Avec le retard pris dû à leur vol, cela aura malheureusement eu pour effet pour eux d’écrémer dès le départ une partie du public ayant préféré regagner ses pénates ou simplement écluser quelques verres au bar. Quoiqu’il en soit, l’assistance qui s’est présentée avait pris rendez-vous pour un concert de pur black metal des familles assaisonné de punk comme savent si bien le faire les Norvégiens. Ce côté punk qui sera d’ailleurs un peu plus présent qu’à l’accoutumée cette fois-ci de par l’état du chanteur qui aura, dans une certaine mesure, assuré le show à lui tout seul. En effet, dans un état second voire carrément troisième, peut-être dû aux longues heures d’attente à l’aéroport, le leader Hoest assure certes ses parties vocales d’une manière plus que correcte mais semble se demander à plusieurs reprises où il est, s’écroule parfois sur les moniteurs de retour ou encore manque de flageller aussi bien les spectateurs du premier rang que ses musiciens en jouant allègrement avec le câble de son micro. Musiciens qui d’ailleurs ne trouvent pas toujours ça drôle comme en témoigne de temps à autre l’attitude de l’un des guitaristes. Quoiqu’il en soit, le concert se passe et on se console en se disant que le côté parfois foutraque de la chose fait partie du style et du côté « je m’en foutiste » d’un musicien à la carrière longue comme le bras, ayant collaboré avec la moitié de la scène culte norvégienne et n’ayant plus rien à prouver à qui que ce soit. À la sortie de la salle, certains des fans de Taake sont absolument conquis, d’autres, comme nous, se disent que même si ça tenait la route, un peu moins d’alcool dans le sang aurait probablement délivré un surplus d’énergie qui n’aurait pas été déplaisant.
Malgré tout cela, notre bilan du 6e acte du In Theatrum Denonium (le premier pour nous) se veut positif. Un cadre décalé mais efficace, une organisation des plus sympathiques et sérieuses et de très belles surprises musicales nous font dire que nous y reviendrons sans déplaisir.
Texte : GuiGui et Greg
Après le passage d’Igorrr à L’Aéronef de Lille en décembre dernier, la formation est de nouveau de passage dans les Hauts-De-France, cette fois-ci au Métaphone de Oignies.
La soirée commence avec une foule très clairsemée devant la prestation du one man and Otto Von Schirach qui va nous faire découvrir son univers parallèle. Il est difficile de décrire cette expérimentation musicale classifiée de Breakcore influencée de musique électronique, de hardcore et Drum and Bass. Le public arrive au fur et à mesure et se laisse emporter par cette curiosité. Il faut avouer que passé le stade de la stupéfaction, les morceaux sont accrocheurs comme « Triangle Pit » ou encore « Salpica (Miami) ». Pourtant, seul l’artiste arrive à occuper l’espace sur scène tantôt en se baladant ou en mixant derrière son ordinateur et ses platines. Si nous pouvons penser qu’Otto est venu d’une autre planète puis des pays nordiques avec sa tenue empruntée à un extraterrestre et à un esquimau, il vit toutefois aux États-Unis. Cette curiosité nous plonge dans le triangle des Bermudes pour une prestation atypique qui arrive à nous transporter dans son monde. Il est certain pour ceux qui ne connaissaient pas Otto Von Schirach, que cette première partie a marqué les esprits.
Passons au plat de résistance de la soirée avec Igorrr. En 2021, le groupe a connu des changements de line-up avec Aphrodite Patoulidou au chant lyrique et JB Le Bail au chant guttural qui rejoignent les rangs. Tandis que le guitariste Martyn Clément vient apporter une nouvelle texture plus solide aux morceaux. Si malheureusement j’ai raté le passage du groupe à Lille en décembre, je me fais enfin ce plaisir de découvrir le nouveau line-up mais aussi les morceaux du nouvel album « Spirituality and Distorsion » en live.
La prestation commence avec Gautier Serre, le chef d’orchestre du projet, il se place derrière ses platines avec un solo de breakcore pour faire monter la tension. Ceci s’enchaîne sur « Paranoid Bulldozer Italiano » qui met en lumière le potentiel d'Aphrodite Patoulidou et JB Le Bail. Les deux solistes se complètent parfaitement autant musicalement qu’humainement. Nous retrouvons parfois un jeu de la belle & la bête sur les morceaux « Cheval » ou encore « Opus Brain ». Chacun exprime son talent et sa personnalité au travers des morceaux qu’ils se sont réappropriés avec aisance. Tandis qu'Aphrodite apporte une touche de folie remplie d’énergie, mais aussi un côté très théâtral, notons au passage que sa prestation du « Tout Petit Moineau » est tout à fait saisissante. Sa capacité vocale permet vraiment d’apporter une certaine vigueur supplémentaire dans les morceaux comme « Downgrade Desert », et « Himalaya Massive Ritual ». Alors que JB amène une dimension plus sombre sur des morceaux notamment sur « Parpaing », « Viande » ou encore « Pavor Nocturnus ».
Nous ne pouvons qu’apprécier la qualité du concert autant musicalement que visuellement. Les jeux de lumières ne laissent aucun hasard et accompagnent toutes les harmonies. Effectivement, un concert d’Igorrr permet de savourer toutes les ambiances amenées au travers de leurs différents albums entre les sonorités Metal « Parpaing », électroniques (« Very Noise »), orientales « Camel Dancefloor », baroques « Cheval » … Ce chaos musical ne nous laisse pas insensible et nous transporte ailleurs pendant plus d’une heure et demie de concert.
Igorrr est l’OVNI musical qui fait l’unanimité et prouve qu’aucune frontière n’existe entre les genres avec une expérience unique. Nous avons hâte de découvrir un nouvel album studio avec cette nouvelle formation qui redouble d’efficacité en live.
Après des mois de disette point de vue concerts et festivals pour les raisons que tout le monde connaît, une reprise de ces activités chères à notre cœur mais surtout à nos oreilles a pu se faire ressentir durant l’été. Parmi ces évènements se tenait le modeste mais néanmoins sympathique Miracle Metal Meeting le 11 septembre dernier dans le centre de la ville flamande de Deinze. À taille humaine, le festival nous aura permis de retrouver nos marques et sensations dans une ambiance plutôt tranquille. L’occasion aussi de (re)découvrir certains groupes parfois avec surprise.
Bien entendu, l’entrée en matière fut quelque peu malheureuse puisque les embarras de circulation nous ont fait rater d’entrée de jeu les Zultois de Turpentine Valley. Une première déception puisque sur le papier ce trio post-metal instrumental n’aurait probablement pas été pour nous déplaire. Ce n’est que partie remise et le nom du groupe est d’ores et déjà inscrit sur notre « to do list ».
Cette seconde édition du Miracle Metal Meeting a donc commencé, pour notre part, avec Carneia, autre formation post-metal issue du nord du pays. Mais si les recherches effectuées en amont sur le groupe faisaient état de performances live à absolument découvrir, et d’un véritable mur de son délivré par ce quatuor s’inspirant de Tool ou de Faith No More, nos impressions ne sont malheureusement pas allées dans ce sens. S’il n’y avait pas grand-chose à dire sur l’exécution musicale en tant que telle, Carneia nous a semblé manquer de la pêche qu’il aurait fallu.
Dyscordia a assuré la suite du programme avec un heavy metal moderne qui semblait ravir le public. On ne comptait d’ailleurs plus les fans arborant les t-shirts et autres patchs de toutes les tailles aux couleurs de la « Dyscordia army ». Si le sextet (oui, 3 guitaristes quand même) n’était pas la tête d’affiche du MMM, il en était à coup sûr l’une des vedettes et peut-être l’un des groupes les plus attendus par une frange de spectateurs amateurs de heavy prog mélodique. Les Courtraisiens, menés par leur chanteur assurant son rôle de frontman, s’en sont donné à cœur joie. Si le style ne nous parlait pas de prime abord, reconnaissons tout de même à Dyscordia un sens du riff qui fait mouche et de la mélodie qui accroche.
La suite du MMM nous replongeait plusieurs années en arrière avec le groupe hardcore Liar. Quel plaisir de revoir ce groupe qui, fort de ses années d’expériences, garde l’intensité qui l’a toujours caractérisé. Si ces dignes représentants de la scène H8000 (scène hardcore de Flandre Occidentale des années 90 ayant eu un retentissement même à l’international) n’ont plus sorti d’album depuis 2005, ils n’ont jamais vraiment disparus. Les réactions du public du festival ont bien démontré qu’il fallait encore compter sur eux et que l’âge n’avait pas d’importance. En effet, même si on peut détecter une attitude un peu plus « sage » que dans le passé, la virulence et l’implication des musiciens restent au rendez-vous. C’est ainsi qu’on a pu voir un Hans Verbeke en communion avec son audience, qui n’hésite pas à fédérer et à aller à la rencontre d’un public qui a commencé à s’amasser dans les premiers rangs pour pouvoir pousser la gueulante. Liar a assuré de bout en bout et a encore une fois démontré un savoir-faire hardcore old school authentique.
Venait ensuite Spoil Engine. Et autant dire tout de suite que la surprise aura été de taille. Mené par sa chanteuse Iris, dont le charisme en ferait pâlir plus d’un, les Flandriens nous ont un peu laissé sur le cul si vous me passez l’expression. Avec une recette alliant metalcore et death mélodique, le quatuor a enchaîné les titres d’une efficacité désarmante avec une bonne humeur incroyablement communicative. Nous connaissions déjà la bande de réputation et à travers l’un ou l’autre titre glané ça et là sur les plateformes mais il s’agissait ici de la première fois en live. La sauce a pris, c’est le moins que l’on puisse dire. Un véritable régal et une excellente découverte scénique.
Alors que la nuit pointait doucement le bout de son nez, La Muerte a investi la scène et a posé l’ambiance tout de suite comme à son habitude. Aidé d’un éclairage minimaliste en arrière-scène, les Bruxellois ont balancé leur death rock heavy blues et presque hypnotisé un public certes plus dispersé mais complètement acquis à la cause. La tête couverte de sa toile de jute, comme à son habitude, Marc Du Marais et sa bande n’ont encore une fois fait aucun compromis et étaient venus pour faire du bruit, leur bruit fait de guitares crasseuses au service d’un rock’n’roll enivrant, véritable bande-son d’un film angoissant dont on a du mal à décrocher.
Seul groupe étranger du festival, les Italiens de Cowboys From Hell ont fait office de tête d’affiche. Avec un nom comme celui-là, vous aurez bien compris qu’il s’agissait d’un tribute band de Pantera engagé pour faire headbanger l’ensemble du public sur une setlist best of du regretté groupe américain. Et si, de base, l’idée d’un groupe de reprises du genre nous laissait perplexe, il a bien fallu admettre que CFH maîtrisait son sujet quasi à la perfection en termes de son et de technique. Tant et si bien que par moment, si nous fermions les yeux, on aurait pu croire en la résurrection de Dimebag Darrell. Quoiqu’il en soit, la tâche fut accomplie et le public conquis par les titres les plus emblématiques de Pantera. Une bien belle manière de terminer ce festival.
Heureux qui, après des mois confinés et sevrés de concerts, prennent la route cap vers l’ouest jusqu’au confluent de la Maine et de la Loire ! Mais du balai Du Bellay, point de douceur angevine ici, car ce beau week-end d’octobre accueille une horde d’énervés qui ont dû lire en anglais le nom de la ville voisine : ANGERS, « haines » dans la langue de Shakespeare.
L’OMEGA SOUND festival est une nouvelle création, dont la première édition devait avoir lieu en novembre 2020, mais a été annulée pour les raisons qu’on sait et qu’on en a marre. Organisé par les associations AMC prod et CROM (pour « Chevelus Rassemblés pour Orgie Métallique » !) à l’Espace Jean Carmet de la petite ville de Mûrs-Erigné, il prend la suite du MEGASOUND festival qui avait réuni en 2009 la crème de la scène française : Bukowski, les Ramoneurs de menhirs, Dagoba, Tagada Jones, No one is innocent, Ultra vomit entre autres.
CROM avait déjà organisé auparavant des concerts metal à Angers, puis les tremplins « Angers likes Metal » qui permettent aux groupes locaux de se produire sur scène et dont les finalistes jouent au festival d’ailleurs.
Cette affiche 2021 est finalement assez différente de celle annoncée pour 2020 : demeurent Black Bomb A, Sidilarsen, Smash Hit Combo, ainsi que les régionaux Arcania, Grand Master Krang et Nervous decay, mais pas de Benighted, Sales Majestés, Lofofora et Fatals Picards. A la place, on a droit à The Great Old Ones, Blackrain, Betraying the martyrs, Tagada Jones et les grecs de Rotting Christ, seul groupe non français à l’affiche.
Les deux assos ont fait les choses très bien pour pérenniser le festival, avec un logo et des visuels soignés, ainsi qu’une exposition dans la médiathèque voisine de la salle. Cet événement, intitulé « Contraste – Plongeons dans les arts sombres », met en lumière six artistes peintres, illustrateurs, plasticiens ou photographes affiliés à la scène metal. Superbe initiative qui prolonge l’expérience du festival pendant trois semaines, les six artistes étant présents le samedi pour des dédicaces et échanges.
Au niveau des installations, l’Espace Jean Carmet est une salle de taille moyenne, que les organisateurs ont eu la bonne idée de prolonger avec un espace extérieur dans lequel on trouve un bar supplémentaire et des stands de restauration ainsi que des tables. Une impression d’open air en automne !
Les groupes se succèdent sur la scène avec une vingtaine de minutes entre chaque groupe, devant un public démasqué qui (moyennant un Pass sanitaire valide) retrouve le temps de quelques heures le monde d’avant, celui de la fraternité metal vécue sans distanciation sociale.
VENDREDI 15 OCTOBRE
SIDILARSEN (21 h 30 – 22 h 30)
On a raté les deux premiers concerts, ceux de Grand Master Krang (thrash crossover d’Angers) et Smash Hit Combo (rap metal alsacien), mais le public répond présent pour Sidilarsen, groupe toulousain de metal indus engagé dont les dernières sorties ont marqué les esprits. Un set très énergique appuyé sur deux écrans en fond de scène qui diffusent des images et des textes raccord avec la musique à la fois brutale et dansante du combo. Les deux vocalistes se donnent la réplique et mènent la troupe. On retient de cette heure de concert l’enthousiasme des musiciens, heureux de retrouver la scène : leur classique « Comme on vibre » met le public en transe avec un son proche des premiers Mass Hysteria, tandis que l’hymne final « Des milliards » est repris par la foule et poursuivi après la fin du morceau. Sur cette chanson d’ailleurs, le chanteur Didou fait s’asseoir le public qui s’exécute rapidement, avant de sauter comme un seul homme. Gimmick maintenant peu original mais qui fait toujours son petit effet ! En somme, une prestation remarquable servie par un très bon son.
BLACK BOMB A (22 h 55 – 23 h 55)
Changement de registre avec Black Bomb A, qui balance son hardcore / groove metal et laisse peu de répit au public. La frappe du batteur Hervé Coquerel (également membre des parrains du death français Loudblast) propulse la décharge de violence, avec le duel des deux chanteurs Arno (voix gutturale) et Poun (voix criée aiguë). Le premier arrive sur la scène avant les autres et blague avec le public, alors que le second commence le concert encagoulé et dévoile son sourire béat constant dès le deuxième morceau. Amusant d’ailleurs de voir le contraste entre les deux hurleurs à la banane et les deux gratteux qui tirent une tronche badass pas commode à la Kerry King. L’énergie impressionnante déployée par les cinq types sauteurs donne une irrésistible envie de bouger, même si la mélodie est plutôt absente du tableau : dans le public, ça headbangue, ça saute, ça chante (sur « Mary », leur hymne à eux), ça slamme, et ça finit même en wall of death ! On partage sa sueur, et diable que ça fait du bien ! Quand le son s’éteint et que le public se dirige les yeux hagards vers les bars, on entend ce commentaire éclairé : « ça commence à sentir le fennec ! ». Bien analysé, camarade, et sacré défouloir.
TAGADA JONES (0 h 20 – 1 h 30)
Les Rennais sont en tête d’affiche du jour, et ont soigné leur décor de scène : des barils enflammés reprenant les lettres du nom du groupe « TGD JNS » sont positionnés devant un grand backdrop avec le logo de la bande. Les punks font une entrée fracassante sur la scène en jouant le premier morceau éponyme de leur dernier album en date, « A feu et à sang », dont la sortie remonte à octobre 2020. La setlist fait d’ailleurs la part belle à cette dernière livraison avec pas moins de six morceaux, soit presque la moitié des titres interprétés ce soir. Voilà une constante chez Tagada, qui met toujours très en avant son dernier opus, quitte à laisser perplexe une partie du public peu familière avec la nouveauté (on entend d’ailleurs un voisin de foule s’écrier : « Ah ça c’est du vrai Tagada » quand résonnent les premières secondes de « Cargo », presque le seul titre pré-2014). Il faut toutefois reconnaître que les torpilles de la cuvée 2020 sont excellentes et très variées, du punk à roulettes « Elle ne voulait pas » à l’indus heavy « Le dernier baril » en passant par le mélodique et émouvant « de rires et de larmes ». On retiendra aussi de ce show le ministryen « La peste et le choléra », la reprise de Parabellum « Cayenne » en hommage aux membres de ce groupe partis trop tôt, et le punk revendicateur et nostalgique « Mort aux cons », hymne final qui referme un gig hyper énergique mais desservi par un son trop fort et sale. Quel dommage de ne pas entendre les chœurs de Stef et Waner qui s’époumonent pour soutenir le chant de Niko, leader évident ! Au final, c’est donc sur une impression mitigée que s’achève cette première soirée de festival, Tagada Jones ayant produit une setlist courageuse mais laissant une partie du public sur la touche, d’autant que le son ne permettait pas d’apprécier à leur juste valeur des morceaux inconnus. La folie à laquelle on s’attendait a pété sur Black Bomb A, mais a attendu les deux derniers morceaux de Tagada Jones pour éclater réellement. Pas grave, les quatre coreux se montrent chaleureux au moment de quitter la scène, le batteur Job restant même faire des blagues pour ponctuer le discours de Camilo, représentant de CROM qui vient remercier le public et promettre une nouvelle édition en 2022. Tant mieux, mais il reste une journée en 2021, à demain !
SAMEDI 16 OCTOBRE
ARCANIA (19 h 10 – 19 h 45)
En ce deuxième jour de festival, nous ratons le premier groupe Nervous Decay, death metalleux de Nantes, pour cause d’interviews (présentes en ces pages), et la soirée commence avec les angevins d’Arcania. Le quatuor local propose un thrash d’école mélodique et technique, pouvant rappeler les travaux de Testament. Les morceaux speed succèdent aux titres mid-tempo, avec quelques incursions plus atmosphériques voire post. Le chanteur Cyril Peglion (sosie de Pepper Keenan de COC, si si !) montre une certaine classe (même face aux traditionnels « À poil ! » du public un brin taquin) et un chant assuré dans un registre mélodique autant que rageur, tandis que le guitariste Niko Beleg impressionne par ses soli fluides et inventifs. Les deux derniers morceaux joués méritent les éloges : le premier, forcément récent, est introduit par un discours de confinement du président Macron et un détournement de la Marseillaise, et le second « No end » est très prenant et varié avec ses accélérations black. Le combo est soutenu par ses amis venus en nombre, qui lancent même un circle pit, léger mais énergique. Solide et convaincant.
BLACKRAIN (20 h 00 – 21 h 00)
En cette journée typée metal extrême, les savoyards de Blackrain paraissent un peu en décalage avec leur hard rock mélodique (on pourrait aussi dire sleaze ou FM) et leur look plus exubérant que leurs camarades de jeu. Mais le groupe sait y faire pour fédérer et faire bouger un public qui ne le connaît pas forcément : chaque morceau est un tube potentiel, et que ça fait gueuler chaque côté de la salle pour voir qui hurle le plus fort, et que ça sollicite des « hey hey hey » (sur leur classique « Rock your city »), et que ça sourit en continu, et que ça communique avec les membres de l’assistance. Le groupe met en avant son dernier album en date, « Dying breed » (2019), mais aussi des titres issus de toute sa carrière de 20 ans. On peut d’ailleurs constater l’évolution du look des quatre musiciens, bien moins sophistiqué qu’il y a une dizaine d’années, plus dans le trip biker dorénavant que hair metal androgyne. Autrefois très influencés par Mötley Crüe, comme l’atteste la voix à la Vince Neil du chanteur / leader Swan, les morceaux ont pour dénominateur commun d’envoyer un bon hard rock n’ roll groovy et facile à chanter, comme l’ACDCien « Blast me up », le speed « Overloaded » ou le radiophonique « Rock my funeral ». Les soli du guitariste Max sont gorgés de feeling, et il se montre comme ses compères très mobiles, donnant à cette heure de concert des airs de fête. Blackrain parvient à faire chanter toute la salle avec sa reprise très efficace du « We’re not gonna take it » de Twisted Sister, entonnée par le bassiste Matt. Première grosse claque du jour, merci messieurs !
BETRAYING THE MARTYRS (21 h 20 – 22 h 20)
Changement de registre avec les parisiens de Betraying The Martyrs, qui vivent ce soir un moment important de leur histoire. Le groupe, qui avait déjà accusé le coup en perdant tout son matos dans un incendie lors d’une tournée californienne en juillet 2019, puis avait subi (comme tout le monde) le confinement de 2020 après la tournée en support à « Rapture » (2019), a encaissé le départ de son chanteur emblématique Aaron Matts, annoncé début 2021. Cette date unique de l’année est donc l’occasion de présenter leur nouveau chanteur, Rui Martins, dont le nom n’a été dévoilé que deux jours avant le show, en même temps que la vidéo du nouveau titre « Black hole ». Nous vous invitons à lire l’interview en ces pages pour en savoir plus sur la période de préparation de ce grand retour… Car grand retour il y a ! Dès le début du concert, la folie est présente autant sur scène que dans la fosse : le metalcore du combo évite les écueils inhérents à ce genre, et joue la carte de l’énergie et de l’intensité. Le nouveau frontman est tout de suite adopté, montrant qu’il peut tenir la scène et growler comme son prédécesseur, et il aspire tous les regards, autant que Victor Guillet qui se charge des parties de chant mélodiques et headbangue derrière ses claviers, quand il ne saute pas comme un damné avec son instrument en bandoulière. C’est lui qui s’adresse au public pour dire l’importance de cette soirée pour le groupe, Rui ne parlant pas français (ce dernier glisse d’ailleurs à l’assistance que, si les autres membres disent du mal de lui, il faut le prévenir !). C’est lui aussi qui, sourire débordant de sincérité accroché au visage, se jette dans la foule à plusieurs reprises. Et dans la foule, impossible de résister à la puissance du metal technique mais très accrocheur de la bande : les furieux sont de sortie et ça se lâche à fond, avec des circle pits, des walls of death, des pogos. Le public saute et headbangue comme un seul homme. Quelques titres de morceaux ressortent du lot, comme le génial « Lost for words », « Parasite », « Imagine » (joué pour la toute première fois) et le susnommé et bien né « Black Hole », mais qu’importent les chansons, la musique de BTM est homogène et s’avère une véritable démonstration de maîtrise et de puissance… qui se termine par un bizutage en règle du petit nouveau avec une bouteille de Jägermeister apportée sur scène par le manager du groupe. Bienvenue, Rui !
ROTTING CHRIST (22 h 45 – 0 h 00)
Après ces deux gros cartons, pas facile de se mettre dans l’ambiance pour la fin de la soirée sous le signe d’un black metal plus contemplatif et mid tempo. Bon, Rotting Christ, c’est quand même le seul groupe international à l’affiche, et un groupe qui assume une carrière de trente ans et une place honorable dans l’histoire de la deuxième génération du black. Les Grecs bénéficient de lumières soignées, dans les tons bleus, et la pénombre sur scène ne laisse entrevoir que rarement leur superbe backdrop représentant la pochette de leur dernier rejeton,«The Heretics»(2019). Le leader Sakis Tolis (au chant et à la guitare) et son frangin Themis (à la batterie) mènent la barque de Charon, installant une ambiance grandiloquente et occulte, avec des références claires à l’illustre histoire de leur pays d’origine. Le propos est généralement plutôt lent, même si quelques accélérations et blast-beats surgissent parfois entre les incantations spartiates à trois voix. A droite et à gauche de la scène, George Emmanuel et Vangelis Karzis restent statiques mais font tournoyer leur longue chevelure, ce qui constituera la principale attraction visuelle de cette cérémonie païenne. Côté setlist, le groupe pioche dans toute sa longue carrière, mettant l’accent sur ses dernières productions… mais pas de nouveauté, un futur album n’étant pas prévu pour l’instant. Le public est tout acquis à la cause des Hellènes, et réclame un rappel après leur sortie de scène… qu’il n’obtiendra pas.
THE GREAT OLD ONES (0 h 35 – 1 h 35)
A cette heure avancée de la nuit, les rangs se clairsèment face à la scène, mais les courageux encore présents vont pouvoir prolonger l’expérience mystique Black Metal avec un fier représentant du genre français, The Great Old Ones. Ce groupe bordelais existant depuis une dizaine d’années tire son nom, son concept visuel et ses textes de l’univers de l’écrivain américain H. P. Lovecraft. Tout est fait pour installer une ambiance hostile et malsaine dans l’Espace Jean Carmet : backdrops représentant des créatures lovecraftiennes, pieds de micros métalliques illustrant une tête de pieuvre nommée Cthulhu, costumes (chaque musicien porte une robe de bure avec large capuche) qui maintiennent l’anonymat, aucune communication avec le public à l’exception de discrets « horns » entre les morceaux. La musique du collectif est hypnotique, avec de longs passages post metal, mais aussi des déflagrations black brumeuses d’obédience norvégienne. Alors que nos forces nous abandonnent, on peut ressentir face à ces Grands Anciens cette sidération que Gojira inspire aussi sur scène, dans un autre registre : un monstre effroyable se meut devant nous, créature sonique autant que physique, et nous ne pouvons que rester médusés. Une expérience saisissante, qui vient achever un jour 2 éclectique, et un festival qui a tenu toutes ses promesses. Longue vie à L'Oméga Sound !
Merci à Alexandre Saba, Camilo et toute l’équipe du festival.
Occasionnellement, les murs du théâtre d’Anzin résonnent sous des sonorités Rock et Metal avec des groupes comme Trust, Black Bomb A, Le Bal Des Enragés … En cette soirée de février, c’est Lofofora qui va enflammer le théâtre avec sa bonne humeur communicative pour défendre leur nouvel album “Vanités”.
Afin d’échauffer la foule, une première partie est assurée par Scrtch, un duo local venant de Maubeuge. Les deux musiciens délivrent leur musique décrite de Noise Punk avec passion et énergie. On ressent les influences de post hardcore dans ces morceaux aux passages rythmés et ambiants s’associant à un chant crié. Cette vigueur percute le public encore parsemé, mais captif et conquis au vu des applaudissements réservés à Scrtch en fin de set, ouvrant cette soirée sur de bonnes vibrations.
C’est maintenant au tour de Lofofora de ravir le public. Après leur album acoustique “Simple appareil”, on repasse à l’énergie de l’électrique avec “Vanités” qu’ils sont venus défendre ce soir. La force de Lofofora se dégage dans l’ardeur de ces morceaux entremêlés à une aisance à communiquer avec le public. Reuno démontre comme toujours son savoir parlé à la foule et balance quelques blagues (parfois un peu bancales) se transmettant toujours dans la bonne humeur. Le set met évidemment “Vanités” en valeur (“La Bonne Guerre, “Le Futur”, “Les Fauves …) sans oublier leurs classiques (“Les Gens, “Weedo” …) défilant à toute allure dans cette vigoureuse énergie. Cependant il est difficile de passer en revue toute leur discographie après 30 ans de carrière. L’ambiance monte d’un cran dans cette énergie et dans l’excitation des pogos. Pendant que certains ne se priveront pas de monter sur scène pour slammer ou faire l’accolade au chanteur. Reuno les accueille bras ouverts et n’hésite pas à vanner sur certains slammeur ne sachant pas s’y prendre et à les encourager. On assiste à une véritable convivialité et échange sans barrière entre lui et la foule tandis que les titres s’enchaînent entre deux prises de parole. Alors qu’on se rapproche de la fin, Reuno nous prévient “le rappel c’est maintenant”, préférant rester sur scène pour offrir plus de titres confirmant leur générosité avec le public. Quelques acclamations plus tard, le rappel est imminent et sans temps mort, on enchaîne en passant par le classique comme “Buvez Du Cul” qui sera repris en cœur et se termine avec “La Surface” toujours dans la bonne humeur et l’énergie percutante.
Lofofora nous fait partager une belle soirée au rythme de ces morceaux remplis de vigueur et de conviction qui se sont enchaînés dans une atmosphère conviviale et de partage.
Et si c’était la dernière fois ?
Samedi 7 mars. J’ignore encore la situation que l’on s’apprête à vivre actuellement.
La menace sanitaire, ce confinement historique… La fin du monde tel que nous le connaissons.
Samedi 7 mars. Je me rends aux Isnes afin de vivre ce qu’il allait être, sans le savoir, mon dernier concert avant un moment. C’était au Pulse, salle spécialement rebaptisée pour l’événement, dans le parc Créalys que nous nous retrouvons. Habituellement, cette salle accueille des dîners spectacles et quelques « éléments de décors » à l’entrée nous rappellent à ce souvenir que « non, nous ne sommes pas dans une salle de concert ».
Malgré tout, les organisateurs sont parvenus à maintenir l’illusion. Tout était parfait.
Mis à part Shaârghot, ce genre d’événement ne rentre absolument pas dans mon cadre musical, mais voilà… Mes chouchous passent en dernier alors… Allons explorer un peu.
Faust Project a l’honneur d’ouvrir le festival. Tâche ardue cependant pour cet artiste qui se dévoile devant un public très clairsemé à cette heure. Mélange de darkwave et de punk, il donne le ton de la soirée. Les changements de plateaux me semblent longs alors que dans les faits, ils sont plutôt rapides. Je me dis que l’on aurait pu facilement « resserrer » les passages des groupes.
À cent mille lieues de ce qui régale habituellement mes écoutilles, Interfront m’envoie un gros son electro et me balance un jeu de light… ça plait certainement aux amateurs du genre, mais je n’y arrive vraiment pas…
Les Français de Katcross seront malgré tout une belle découverte, car bien que demeurant dans un registre très electro, je suis séduite par la musicalité et la voix de la chanteuse.
Vient maintenant la tête d’affiche, Front242. Les pionniers de l’electro démarraient leur nouvelle tournée internationale. À presque 40 ans de carrière, nos compatriotes remplissent toujours les salles. Jouant une setlist assez variée, le public était conquis et même avant d’avoir commencé !
Tels des devins de l’Apocalypse que nous vivons aujourd’hui, le monstre Shaârghot et ses Shadows nous invitent une dernière fois à faire la fête avant le « Doomsday ».
Sans retenue, ils nous emmènent dans leur univers punk/indus empli de noirceur et d’ironie malsaine. J’en ai plein les yeux, jeu de scène, maquillage, toute leur imagerie colle parfaitement à un tel point que je me sens transportée à m’en briser les vertèbres.
Alors si la fin du monde est proche et si tout est fichu, j’aurai eu cette dernière fête avant que tout ne s’écroule et Shaârghot aura été (oh destinée… !) mon tout dernier concert. « Now Die », il n’y a pas de hasard dans cette histoire.
Il faut dire que l’environnement du paysage minier d’Oignies concorde bien avec l’univers industriel des Tambours du Bronx. Après leur dernier passage remontant à 2014, la troupe fait son retour au Métaphone avec leur nouveau concept et représentation Metal. Plus vigoureux et percutants, ils vont faire trembler la salle à grands coups de percussions et de riffs.
Sur les coups de 20h, il est temps de prendre possession de la salle avec la première partie Stengah. Face à un public encore clairsemé, les Lillois nous délivrent un mélange de Metal moderne aux influences prog et djent issus des morceaux de leur premier album “SOMA/SEMA”. Les rythmiques sont brutes et plaisantes nous permettant de passer un bon moment pour ouvrir la soirée.
Le moment tant attendu retentit avec Les Tambours Du Bronx, trente ans que la troupe cogne sur ces emblématiques bidons que nous voyons se dresser en arc de cercle sur la scène. Il fut le temps du renouveau en 2018 avec leur fracassant concept “Weapons of Mass Percussion” mélangeant le Metal avec les percussions. Cette nouvelle facette va faire raisonner avec fracas des sonorités captivantes et lourdes.
Les hostilités s’ouvrent avec “Mirage Eternal” et “Never Dead”, deux titres phares du dernier opus “W.O.M.P” qui est évidemment mis en valeur pour ce show Metal. Les parties vocales sont assurées par Stéphane Buriez (Loudblast) et Renato (Trepalium), se partageant le micro avec complicité. Ils apportent une hargne supplémentaire aux morceaux grace à leurs textures vocales saturées. En plus de la dizaine de percussionnistes présents, on retrouve Franky Costanza (ex Dagoba, Blazing War Machine) venant les appuyer à la batterie. Cette multitude de percussions va redoubler d’efficacité et va dégager une vigoureuse énergie brute et authentique. Très rapidement l’ambiance va chauffer avec le medley « Refuse/Resist » et « Roots Bloody Roots » de Sepultura, nous emmenant tout droit au Brésil. La cadence effrénée par la rythmique des tambours continue à nous transporter grace à ses influences très diversifiées entre l’industriel, le tribal et de légers passages électro. Le tout est mélangé et intégré avec cette formule Metal (guitares, basse et batterie) venant soutenir avec une lourdeur mélodieuse les percussions. Dans cette ambiance bouillonnante, nous assisterons à un seul morceau des Tambours Du Bronx en format classique permettant de prendre conscience de toute l’intensité délivrée par les fûts. Le set est diversifié également avec des reprises “The Day Is My Enemy” rendant un hommage à The Prodigy et “Dragula” (Rob Zombie) qui conclura cette performance en grande puissance.
Une puissance et une intensité pure, voilà comment résumer simplement une représentation des Tambours Du Bronx derrière toute sa technicité. Un concept audacieux avec cette représentation Metal qui réussit à convier un public diversifié de tout horizon et âge. Un déversement d’énergie envoyé avec conviction et une véritable expérience live qu’on vit cadencé par l’énergie de la troupe.
La quatorzième édition du Hellfest va offrir une journée supplémentaire avec la toute première venue en Europe du festival itinérant de Slipknot : Le Knotfest. Une nouvelle journée, le jeudi qui a rencontré son succès avec un sold out. Tandis que le Hellfest est comme à son habitude sold-out avec ces 180.000 festivaliers présents sur les trois jours. Comme tous les ans, le festival apporte ses petites améliorations pour le confort de ses festivaliers avec de nouveaux écrans immenses situés sur les Mains Stages qui va donner toute sa dimension à certains concerts et l’aménagement et le pavage du coin de repas. Cette édition a mis deux grandes journées en valeur avec le vendredi 100% groupes français et le dimanche 100% Thrash sur la Main Stage 2. Cette édition rencontre aussi son lot d’imprévu avec l’annulation le matin même de Manowar remplacé par Sabaton, qui est une longue affaire à débat où chacun se fait son avis sur le sujet. On est parti pour résumer quatre jours de décibels intenses :
Jeudi – Knotfest :
La toute première édition du Knotfest européen s’ouvre en grande claque avec la légende du Hardcore new-yorkais : Sick Of It All qui va tout retourner sur son passage. Le groupe balance la sauce et une énergie nerveusement contagieuse partagées avec le public grâce à des titres hargneux et agressifs qui vont défiler à une vitesse folle. Dix-sept titres sont interprétés avec une setlist qui a des allures de best of, sans oublier le dernier album « Wake The Sleeping Dragon » dont quatre morceaux seront mis à l’honneur en plus du backdrop à son effigie. On se prend une dernière claque et le set se conclue sur le classique « Set Down ». Sick Of It All ouvre cette journée en grande puissance sous les meilleurs auspices.
Prochain groupe et changement de cap avec Amaranthe et sa Pop Metal acidulée. La formation atypique va attirer les curieux par son mélange de style mis en avant avec ses trois chanteurs qui se partagent entre les voix cleans et les growls. Pas facile de faire cohabiter autant d’éléments et de mélanges sur scène, le son va résonner brouillon se transformant en une cacophonie… La voix d’Elize se retrouve trop mise en avant et devient vite insupportable. Pourtant c’est elle qui va sauver la situation quand les balances de Ministry vont se mélanger au son d’Amaranthe. Le reste du groupe quitte la scène après s’être mis en colère, laissant Elize seule. Elle va interpréter « Amaranthine » en a capella et sauver les pots cassés avant que le concert reprenne et vivement vite se terminer.
Behemoth va livrer une cérémonie frappante avec une messe noire dantesque s’ouvrant sur la surprenante introduction « Solve » et ses chœurs d’enfants. La prestation des Polonais est une valeur sûre pour s’en prendre plein les yeux avec ses visuels soignés, des animations sur les écrans et surtout ses effets pyrotechniques qui vont accentués la rythmique blasphématoire de leurs morceaux. L’atmosphère macabre monte d’un cran et devient presque hypotonique à l’interprétation de « Bartzabel », Nergal apparaît avec son magnifique couvre-chef présent dans le clip et fait chanter le public sur le refrain. Nergal nous confie son attachement pour le Hellfest « qui est le meilleur festival d’Europe ». La prestation se termine sur la bande-son « Coagvla », Behemoth livre un concert court, mais très intense et puissant, on est époustouflé, le seul bémol c’est dommage de voir cette mise en scène en pleine lumière du jour.
Les concerts s’enchaînent et ne ressemblent pas, on passe de l’obscurité à la lumière avec Papa Roach et son Metal Alternatif rempli de bonnes ondes. Les Américains frappent fort et entament le set avec un grand classique « Last Ressort » et s’enchaîne dans la même veine avec « Blood Brothers ». Jacoby et sa bande font preuve d’une bonne humeur et d’une énergie survoltée communicative partagées avec le public. Malgré que la fougue redescende d’un cran petit à petit, le public semble moins adhérer aux titres plus récents issus du dernier album « Who Do You Trust », cela n’entache pas le dynamisme de Papa Roach qui nous garde en haleine. Dans ce mélange d’anciens et de nouveautés, on a une reprise de « Firestarter » (The Prodigy) en hommage à leur chanteur Keith Flint. Le set se conclut avec « … To Be Loved », Papa Roach nous a livré une performance explosive respirant la joie de vivre.
La grande messe du Heavy Metal kitch est offerte par les Allemands de Powerwolf. Toujours aussi efficaces et grandioses avec une scénographie soignée, on retrouve un nouveau backdrop représentant une cathédrale en ruine sans oublier les effets pyrotechniques qui vont illuminer la prestation. Attila Dorn en vrai prêtre de cérémonie s’adresse dans un français quasi parfait et va chauffer la foule pour les faire chanter ses refrains catchy et entêtant. On ne peut pas résister à l’envie de reprendre en cœur les classiques « Amen & Attack » ou encore « Armata Strigoi » dans cette ambiance électrique. Les nouveaux titres comme « Demons Are a Girl's Best Friend » rencontrent aussi un grand succès. Powerwolf c’est la garantie d’une prestation efficace malgré un concert qui reste sans grande surprise … C’est l’ambiance et la communion créer avec le public qui font de leurs concerts une vraie réussite.
Alors que la nuit est tombée sur le festival, les Vikings d’Amon Amarth font leur entrée sur scène. On attaque avec deux hits « Pursuit of Vikings » et « Deceiver of the Gods » qui mettent en avant l’efficacité de leur Death Mélodique. La setlist est essentiellement composée des titres de leurs deux derniers albums « Berserker » et « Jomsviking ». Au niveau du visuel, on s'immerge dans leur univers avec un grand drakkar en forme de casque de Viking au milieu de la scène et les effets pyrotechniques vont embellir le tout entre deux combats de Vikings. Le frontman Johan Hegg impose par sa prestance et sa voix, il va transporter la foule avec lui. On conclut avec le classique « Twilight Of The Thunder God », Amon Amarth met tout le monde d’accord avec l’efficacité et la vigueur de ses morceaux.
Voici le moment qu’on attend tous, les maîtres de cérémonie de ce Knotfest : Slipknot, la bande des neuf va nous partager une prestation des plus folles dans leur nouveau décor toujours aussi dantesque. Dès les premières notes de la violence de « People = Shit » le public est complètement survolté dans l’enchaînement de cette setlist best-of : « Before I Forget », « Psychosocial » ou encore « Duality » va nous remuer durant plus de 1 h 30. Un seul titre du nouvel album « Unsainted » sera interprété et repris en cœur et également le single « ‘All Out Life ». Le groupe fait preuve d’une énergie furieuse et c’est une vraie fusion qui se créer avec cette foule complètement en délire. C’est intense, violent une prestation fulgurante qui va dans tous les sens musicalement et scéniquement, Slipknot nous a tous retourné. Ce fut un grand moment !
Après ce grand déversement d’énergie, je décide ne pas rester pour Sabaton et de privilégier le sommeil, car encore trois jours intenses de festivals vont se poursuivre. Le lendemain, je constaterai qu’au final le hasard fait bien les choses …
Vendredi - JOUR 1 :
En début de matinée, on apprend que la prestation de Manowar est annulée, le Hellfest communique que c’est pour des raisons indépendantes de sa volonté. Deux points de vue bien différents se contredisent entre le groupe et le festival et entre les explications rationnelles et les théories les plus folles qui circulent sur le sujet à nous de nous faire notre propre avis … On évitera d’exposer aussi les très très nombreuses blagues qui vont découler sur Manowar … On nous annonce dans la foulée que Sabaton va les remplacer et donc assurer un second concert en tête d’affiche et je me réjouis finalement de pouvoir les voir.
On entame cette journée à la Warzone dans une ambiance conviviale avec les Australiens de The Rumjacks et leur Punk Celtique très dynamique. Entre les guitares, on rajoute du banjo, de la mandoline, des flûtes entraînant les mélodies folks qui rythment leurs morceaux plaisants et mélodieux. Cette énergie s’imprègne dans la fosse, on danse, on chante en cœur et on pogote dans une ambiance festive digne d’un pub irlandais. Un bon échauffement et une première gorgée de Folk bouillant de bonne humeur avant le passage de Dropkick Murphys plus tard dans la soirée.
Changement d’ambiance sous la Temple avec les Américains d’UADA nous envoûtant dans leur univers sombre avec leur Black Metal atmosphérique. Une part de mystère plane sur ses musiciens encapuchonnés tout en noir avec une prestance stoïque venant surplomber la noirceur de leurs sonorités. Il se dégage une ambiance malsaine sous ces guitares dissonantes, ces mélodies hargneuses et intenses agrémentées d’un côté mélodique. Une prestation qui mise sur la sobriété et nous permet de nous concentrer sur ces sonorités glaciales et puissantes. UADA réussit à nous emmener dans des terrains lugubres ne nous laissant pas indifférents.
La Main Stage 1 va accueillir les Américains de Godsmack qui vont nous livrer le meilleur de leur Heavy US avec énergie et efficacité. Sully Erna fait preuve de charisme et nous impressionnera encore plus quand il prend la place derrière les futs. Également batteur, il va assurer avec Shannon Larkin un remarquable duel de batterie sur « Batalla de los tambores » très bien exécuté. Le set est un mélange bien dosé entre leur nouvel album « When Legends Rise » et de leurs grands hits « Bulletproof » ou encore « I Stand Alone » qui conclue leur prestation devant une foule conquise.
Sur la Main Stage 2 une journée « 100% française » est mis à l’honneur après les passages de Fallen Lillies (gagnante du Tremplin), Klone, Black Rain et Lofofora c’est au tour de No One Is Innocent de prendre possession de la scène. Une sirène retentit et annonce le début du concert avec « À La Gloire Du Marché », le dynamise du groupe proliféré et Kemar motive la fosse qui est déjà bien bouillante. Les titres issus du dernier album « Ali (King of the Ring) » et « Frankenstein » sont tout aussi efficaces que leurs classiques « Silencio » et « La Peau » qui va faire sauter la foule. Kemar fait souvent des coupures entre deux titres pour nous interpeller sur le caractère engagé de leurs musiques comme le prouve « Nomenklatura » et « Chile ».
On finit sur « What The Fuck » avec Niko (Tagada Jones) et un wall of death se déclenche et conclut la prestation dans cette folle énergie.
Le soleil tape fort sur la Warzone, les conditions sont parfaites pour accueillir The Interrupters, la bande des petits protégés de Tim Armstrong composée des frères Bivona et d’Aimee Interrupter. Leur Punk Ska va faire vibrer un concentré de fun et de bonne humeur explosive. Le set s’ouvre avec « A Friend Like Me » et on ne peut pas résister à chanter en cœur, la tonalité festive est lancée. La fosse va se transformer en un grand terrain de danse où on se donne à cœur joie de chanter ses refrains entêtants et fédérateurs. Le groupe est ravi d’être présent et de recevoir un tel accueil positif et il nous le partage par sa bonne humeur communicative. Les regards seront surtout rivés sur la charismatique Aimee qui nous séduit par son grand sourire et son dynamisme, elle descend régulièrement au contact du public pour partager ce moment de communion. La prestation est parfaitement exécutée sans prise de tête, on est venu pour s’amuser et prendre une bonne dose de fraîcheur joviale (sous cette chaleur). Le set se conclut avec « Family », un dernier moment pour nous fédérer les valeurs de partage et de respect qui sont importants à The Interrupters.
On retourne à la Main Stage 2 et en cette fin d’après-midi la chaleur va monter encore plus d’un cran avec les marseillais de Dagoba. Dès le premier titre « I, Reptile » un circle pit se forme, on le sait leur performance va être tout aussi intense que leur son massif et ça va faire des ravages. On notera sur scène l’apparition d’un écran qui diffusera leur logo en sobriété et de quelques effets pyrotechniques. Revenons au cœur de cette explosion de Metal intense accentué par l’énergie du groupe et d’une fosse en fusion avec des slameurs à profusion. Shawter communique souvent entre deux morceaux et amène la foule à se donner à fond. Le point culminant arrive sur « The Sunset Curse » ou le groupe demande de faire un Wall Of Death toujours de plus en plus grand de la scène jusqu’à la régie, cet impact fut mémorable ! Et parce qu’on n’est pas fatigué, le set se conclut avec « The Things Within » ou un autre wall of death toujours aussi impressionnant se forme. Dagoba a tout balayé sur son passage dans une énergie fulgurante partagée avec une foule en délire.
Il est temps de faire une pause calme sous la Valley avec les Suédois de Graveyard. Un moment agréable avec leur Hard-Rock aux influences bluesy et années 70’s qui nous envoutent et séduit facilement.
On repart sur les Mains Stages pour le reste de la soirée où une grande affluence attend la venue des bostonnais de Dropkick Murphys venus nous enivrer avec son Punk Rock Celtique. Le set débute sur le classique « Cadence to Arms » dès lors la fosse se transforme en une ambiance festive de pub irlandais où de nombreux pogos vont se déclencher. Le groupe nous fait partage sa bonne humeur communicative sur des rythmes endiablés accompagnés de mandoline, de flûte et de cornemuse. Leur prestation est accompagnée d’animation vidéo, de pyrotechnique, de confettis et serpentins festoyant le tout. Ken Casey et Al Barr occupent l’espace sur scène avec énergie par laquelle ils nous transmettent leurs chants prenants et conviviaux. Ces morceaux joviaux et fédérateurs comme « The Boys Are Back », « Johnny, I Hardly Knew Ya » ou « encore First Class Loser » nous font chanter en cœur. On conclut avec les incontournables « Rose Tattoo. Et “I’m Shipping Up to Boston” dans une ambiance des plus festives alors que le soleil se couche sur Clisson dans cette énergie folle respirant l’alcool.
Cette journée 100 % frenchie va monter d’un cran avec des incontournables de la scène : Mass Hysteria. Dès l’ouverture sur « Reprendre mes esprits », le public bouillonne et va se donner à fond durant cette prestation qui va être des plus explosive. La claque est tout aussi sonore que visuelle grâce aux immenses écrans utilisés à leurs avantages pour illustrer et animer les morceaux et la pyrotechnie qui va faire flamber le tout notamment sur « World Of Fire ». Un concentré d’énergie et d’intensité fait vibrer le pit sous l’efficacité de leurs nouveaux titres « Se Brûler Seulement », « Nerf de Bœuf » et des classiques « L’enfer Des Dieux » ou encore « Plus Que du Metal » avec son grand Wall Of Death. Mass Hysteria a tout ravagé sur son passage et offre un de ces plus grands concerts qui a marqué les esprits et qu’on retrouvera immortalisé en DVD.
Il n’a pas vraiment de commentaire à faire sur l’absence de Manowar… On fait place à la nouvelle tête d’affiche de la soirée avec Sabaton. La prestation sera bien sûr à l’identique d’hier soir avec son décor de champ de guerre grandiose avec ses barbelés, ses tranchées et son tank accompagné d’effets pyrotechniques et la diffusion de vidéos sur ces écrans immenses pour une immersion totale. Cependant la prestation va prendre une tournure particulière, déjà affaiblie vocalement hier soir Joakim fait face à des difficultés et une extinction de voix. Il passe les armes à ses guitaristes Tommy Johansson et Chris Rörland qui vont assurer et se départager le chant dès le quatrième « Fields Of Verdun ». Également, assuré avec la présence du chœur militaire, présent déjà au Knotfest à ma plus grande surprise. Malgré ça Joakim ne se laisse pas abattre en soutenant son groupe, en essayant parfois de reprendre le micro tout en motivant et communicant avec la foule. Les Suédois ont assuré une prestation honorable, qui mérite du respect et Joakim est reconnaissant de cet accueil et compréhension si formidable. Il est sur ce soir Sabaton a conquis la foule et même les plus réfractaires à leur musique.
On assiste au point culminant de cette soirée avec Gojira et c’est avec plaisir de voir un groupe français au sommet de la tête d’affiche et malgré l’heure tardive c’est une foule massive qui se regroupe devant les Mains Stages. Il va être difficile de décrire l’intensité de la prestation qui va suivre, on en prend plein les yeux et les oreilles et c’est époustouflant. Gojira nous plonge dans l’intensité d’un son très puissant et organique avec une setlist best-of « Silvera », « L’Enfant Sauvage », « Love » ou encore « Flying Whales » qui fut un réel plaisir de l’entendre en live. Cette intensité est renforcée par le côté incisif de la batterie amené par Mario complément déchaîné derrière ces fûts. Une prestation soignée dans les moindres détails avec le lightshow, les effets pyrotechniques (feux d’artifices et rideau d’étincelles) et les vidéos renforcent ce côté immersif. Gojira frôle la perfection si j’ose dire, je suis restée en administration et en joie de les avoir enfin en live c’était grandiose. Cette journée se conclut en beauté.
Jour 2 – Samedi :
Une nouvelle journée commence en douceur à la Warzone sous une forte chaleur, où l’on retrouve les Canadiens de The Creepshow qui vont nous faire swinguer sur leur Psychobilly. Les regards seront autant tournés sur Sean avec sa contrebasse imposante et sur la charismatique chanteuse Kenda à la voix enjôleuse et rocailleuse. Une contrebasse, du clavier et des guitares vont mener le rythme de leurs morceaux Punk, Country et Rock’n’roll, c’est pêchu, plaisant et festif, on passe un bon moment pour démarrer la journée.
On rejoint de nouveau un esprit festif sous l’Altar avec les Français de Trepalium et leur mélange de Death Mélodique à la fusion jazz. Un concentré de brutalité au chant saturé s’alliant à un esprit groovy qui va nous faire swinguer, c’est orignal et pourtant très efficace. Leur nouveau chanteur Renato est très à l’aise sur scène et reprend les anciens tubes avec aisance et on profitera d’entendre deux nouveaux singles « Everything's Supposed to Be OK » et « …To The Sun ». Dans la fosse on s’amuse, c’est un sacré bordel et même une chenille se forme sur le dernier titre « Vesania » concluant ce set redoublant d’efficacité sous de bonnes ondes.
On s’éclipse à la Temple sous les ondes sombres de Dool (composé d’anciens membres de The Devil's Blood), ils viennent défendre leur tout premier album « Here Now, There Then ». Leur Dark Rock est un mélange subtil d’une lourdeur envoutante aux riffs éthérés et dissonants. La voix singulière de la charismatique Ryanne van Dorst enterre encore plus cette atmosphère si particulière. Au fil de leurs morceaux, on est transporté dans un univers obscur, saisissant et mélancolique qui nous séduit et déstabilise.
On retourne sur les Mains stages et ATTENTION GROS COUP DE CŒUR EN APPROCHE ! FEVER333 est un groupe de Rapcore composé de Jason Butler (ex-Letlive) au chant, de Stephen Harrisson (ex The Chariot) à la guitare et d’Aric Improta (Night Verses) à la batterie. L’entrée sur « Burn It » est des plus fracassante, on est directement saisi par l’énergie et l’intensité qui va se dégager durant toute la prestation. On est face à des piles électriques, on ne sait plus où donner de la tête avec leur hyperactivité entre Jason parcourant la scène de long en large en sautant partout et Aric qui semble difficilement tenir assis derrière ses fûts. Leur son de Rapcore aux influences Hip Hop, Trash et Hardcore est une parfaite fusion de l’énergie déconcertante qu’ils dégagent. Cette puissance concentrée de brutalité furieuse et joviale résonne dans la fosse toute aussi en délire. À noter le groupe a que deux ans existence et un seul album « Strength in Numb333rs », c’est par leur efficacité et vigueur débordante qu’il transporte la fosse dans leur folie. Une des révélations de ce Hellfest à suivre de très près.
Avec Eisbrecher, on passe à un autre registre, les Allemands font partie de la catégorie de la « Neue Deutsche Härte » et il est difficile de ne pas citer Rammstein en comparaison. Cependant sous leur Metal Industriel martial on déniche des influences électros assez marquées. Ils font aussi preuve d’un côté décalé, leur chanteur Alexx Wesselsky fait son entrée avec une doudoune et une chapka sur scène qu’il va retirer après le premier morceau « Verrückt », quelle idée sous ses trente degrés … Il va aussi s’exprimer en français avec un accent assez marqué pour divertir le public. Sous ses riffs lourds et entrainants, Eisbrecher séduit par son efficacité et son côté drôle.
Sous l’Altar, les Portugais de Moonspell vont faire résonner leur Metal Gothique. On s’évade dans les sonorités de leur dernier album concept « 1755 » chanté en portugais évoquant les tremblements de terre de Lisbonne. Il est mis en avant avec cinq titres sur neuf joués, cependant les classiques comme « Alma Mater » ou encore « Em nome do medo » ne sont pas oubliés. Moonspell livre une prestation efficace qui conquit en toute simplicité.
On retourne sur les Mains Stages pour le reste de la soirée, ma curiosité se porte sur le set de légende dans leur genre de Classic Hard Rock avec Whitesnake. Ils sont venus passer un bon moment et défendre leur nouvel album « Flesh & Blood » dont deux titres seront joués « Hey You (You Make Me Rock) » et « Shut Up & Kiss Me ». Le set sera surtout composé de grands classiques « Is This Love », « Love Ain't No Stranger », « Here I Go Again » ou encore « Still of the Night » … Entremêlé d’un solo de guitare et de batterie permettant sûrement à David Coverdale de reposer sa voix affaiblie malgré ça il assure le show pleinement. Whitesnake nous fait passer un moment convivial qui fut certainement rempli de nostalgie pour certains.
On passe à un registre différent avec Within Temptation venu défendre leur nouvel album « Resist » qui m’avait déçu par son côté Main Stream cependant il va se révéler explosif sur scène et va me faire changer légèrement d’avis sur ma déception. Difficile de ne pas évoquer Within Temptation sans le lier au côté personnel, le groupe m’a suivi durant une grande partie de mon adolescence et c’est avec de l’émotion que je les vois à nouveau. Passons au concert qui s’ouvre en grande puissance sur deux nouveaux titres « Raise Your Banner » et « The Reckoning » avec une scène décorée dans un thème futuriste reflétant parfaitement l’esprit de l’opus. Si l’ambiance est déjà bien embrasée, ça continue avec « In the Middle of the Night » qui va faire flamber la pyrotechnie. L’atmosphère continue de monter en puissance avec les classiques comme « Faster » et « Paradise (What About Us ? » ou à ma plus grande surprise je commence à retrouver dans des pogos, circle pit et un semblant de wall of death. Petite parenthèse avec « Stand My Ground » qui va me saisir avec beaucoup d’émotions. Sur scène, la bonne ambiance est aussi présente surtout avec Sharon toujours aussi radieuse et en forme. Elle communique et dynamise la foule comme sur « Mad World » ou elle nous demander de sauter tous ensemble. La performance va se conclure sur l’incontournable « Mother Earth » (outre la regrettable absence de « Ice Queen » …), mais ça fait plaisir d’entendre un morceau des premières heures qui fait raisonner leur vrai côté symphonique. Ce concert se conclut dans un mélange de bonheur et d’émotion de revoir Within Temptation dans une ambiance des plus électriques.
La soirée des groupes cultes des années 70’s/80’s se poursuit sur les Mains Stages après le passage de Def Leppard on fait place aux Texans de ZZ Top. Le Trio Frank Beard, Billy Gibbons et Dusty Hill fêtent leurs cinquante ans cette année et durant une heure de set et vont aller droit à l’essentiel avec une setlist best of de qualité : « Got Me Under Pressure », « Gimme All Your Lovin’ », « Sharp Dressed Man », « Tush » sans oublier la « Grange » pour en citer quelques morceaux. La machine est bien huilée leur Blues Rock est efficace et on passe un moment sympathique.
La grande tête d’affiche et les stars de la soirée sont bien sûr les Américains de Kiss, en tournée supposée d’adieu nommé « End Of Road », un passage par les terres clissonnaises s’impose pour un dernier au revoir. Durant deux heures de concerts Paul Stanley, Gene Simmons, Eric Singer et Tommy Thayer vont nous livrer une prestation cadrée au millimétre près des plus remarquables, un gros show à l’américaine qui va en mettre pleins les yeux. Le rideau tombe et un feu d’artifice explose avec une entrée des plus détonantes, le groupe descend sur scène sur des plateformes et attaque avec un de leur classique "Detroit Rock City". La setlist survole leur discographie avec leurs incontournables « I Love It Loud », « Lick It Up », « I Was Made for Lovin' You », « Crazy Crazy Nights » … Mais deux heures de Kiss sont autant too much que leur prestation et je finis vite par me lasser, préférant aller voir ce qu’il y a d’intéressant ailleurs. Cependant, Kiss fait le show et assure une prestation grandiose aux décors riches et à la liste longue d’excentricités pour un effet « waouh » et une claque garantie. Alors que pendant ce temps je vais faire un tour devant les prestations de Cradle Of Filth avec son ambiance malfaisante et de Bloodbath avec son Death Metal brut et puissant.
JOUR 3 – Dimanche:
En ce dernier jour alors que la fatigue se fait plus que se ressentir, on commence les festivités sous un soleil de plomb à la Warzone pour un concert particulier. Brutus est inévitablement mon gros coup de cœur depuis un long moment et c’est avec joie que je les vois fouler le Hellfest. Le trio belge est sur les devants de la scène depuis la sortie remarquée de leur second album « Nest » et va donner un concert des plus saisissants et nous ébahir avec son Post Hardcore/Rock/Punk aux multiples facettes. Alors que les premières notes du set retenti sur « War », je me retrouve submergé par l’émotion. Je constate autour de moi ce mélange de puissance et de fragilité qui va en émouvoir plus d’un et certains jusqu’aux larmes. Les regards sont surtout rivés sur Stefanie qui livre une prestation remarquable entre son énergie fougueuse à la batterie et son chant qui est un mélange de rage et de sensibilité profonde. On est séduit par les riffs entêtants, cette hargne et cette puissance harmonieuse chargée en sentiments déchirants. Leur musique est une vraie décharge émotionnelle qui nous saisit les tripes. Ce bonheur partagé par la foule et le groupe ému par l’accueil qu’on leur réserve avec une communication timide, mais sincère, Stefanie nous dira : « Je t’aime, merci beaucoup » presque aux bords des larmes. En quarante minutes, la magie a opéré, Brutus me conquit encore et toujours. Cet instant fût comme hors du temps, c’est inévitable. Brutus est une magnifique découverte pour certains et un des temps forts du festival.
Sous la Valley, les Italiens de Messa vont nous envouter avec leur Doom contrasté de passages puissants et doux nuancés parfois teintés de Jazz. Leur son résonne massif, ambiant et grâce à leurs titres d’une durée longue tel que « Leah », on plonge au fur et à mesure de leur prestation dans leur univers, on se prend au charme de leur musique toute en subtilité et en noirceur.
Sous la Temple, une prestation des plus remarquables va se produire avec le Metal pré-hispanique et tribal de Cemican. Les Mexicains vont marquer les esprits avec leur musique et mise en scène qui met à l’honneur la culture aztèque. Leur son est un mélange de Death Metal brut et de Folk Metal aux sonorités marquées d’instruments assez surprenants entre des flûtes diverses, d’un sifflet de la mort et un didgeridoo. Leurs costumes et maquillages renforcent cette culture aztèque dans les moindres détails. La mise en scène sera des plus saisissantes, un des membres est entièrement consacré à ses rituels de cracheur de feu, de dance et même une sorte de sacrifice humain qui nous en met plein la vue. La notoriété de Cemican augmente au fur et à mesure de ces prestations des plus percutantes et l’ovation qui leur sera rendue durant le final le confirme.
Le reste de cette journée va se passer entre les deux Mains Stages alors que la chaleur va devenir de plus en plus écrasante, ce qui n’aide en rien à la fatigue… Pourtant, c’est un vrai marathon qui va se déchaîner tantôt d’un côté avec des groupes variés et tantôt d’un autre avec la journée Thrash après les passages en début de journée des prometteurs Alien Weaponry, Insanity Alert, Municipal Waste et Death Angel, on continue avec Trivium… La bande de Matt Heafy va balancer du lourd avec son Thrash Metal aux nuances d’Heavy et va nous faire bouger dans une fougueuse énergie. Les Américains sont venus défendre leur dernier album « The Sin and the Sentence » sorti en 2017 avec quatre titres sur huit joués de ce dernier. Le public est au rendez-vous face à une prestation efficace et explosive sous un déluge de pogo et de slameur.
Alors que les lances incendie sont de sortie pour rafraîchir la foule, la chaleur va monter d’un cran. Les Américains de Cluth vont nous faire swinguer avec leur Stoner teinté d’un côté groovy qui va envoyer un concentré de bonne onde. La foule est emportée à danser sous ce soleil de plomb avec une setlist variée : « Ghoul Wrangler », « X-Ray Visions », « Electric Worry » … La voix chaude de Neil Fallon rajoute un certain charme à cette musique groovy. On prend du bon temps, le set est court, efficace et va à l’essentiel je n’aurai qu’une chose à rajouter « Vamanos, vamanos ».
Le soleil frappe aussi fort que le Thrash sur la Main Stage, on fait place à une autre pointure du genre avec Testament. L’entrée remarquable sur « Brotherhood of the Snake » va donner la cadence d’une musique redoublant d’intensité. On va se prendre une bonne dose de Thrash efficace et redoutable dans la face. La setlist démente est taillée pour les festivals avec que du bon et du lourd : « Practice What You Preach », « Disciples of the Watch », « The New Order » … Chuck Billy est en grande forme et nous donne le meilleur de sa voix et quoi de mieux de souffler ces cinquante-sept bougies sur scène par la même occasion. Malgré quelques problèmes techniques avec le son, Testament à livrer une prestation cadrée, massive et efficace qui a conquis la foule.
Alors que la foule se dissipe devant les Mains Stages, on accueille pour la toute première fois sur les scènes du Hellfest : Stone Temple Pilots. Le groupe de Grunge Alternatif a connu un destin tragique après la perte de ces deux chanteurs Scott Weiland et Chester Bennington … Cependant ils sont revenus au-devant de la scène avec un album éponyme en 2018. La bonne surprise du jour sera la découverte de leur nouveau chanteur Jeff Gutt qui a été révélé dans l’émission X-Factor avant de rejoindre le groupe. Dans l’énergie de cette prestation, Jeff s’approprie le répertoire du groupe avec conviction. Le set se plonge dans leurs deux albums cultes « Purple » et « Core » avec efficacité. Stone Temple Pilots prouve son retour sur scène avec conviction et a dû ravir les fans de la première heure sur son passage.
On continue sur la seconde Main Stage avec un autre grand nom du Thrash américain : Anthrax. Toujours en efficacité et en intensité, Joey Belladonna fédère son public et les mosh-pit vont aller de bon cœur dans cette bonne humeur communicative. Anthrax mise sur des valeurs sûres avec quatre titres sur huit issus de leur album culte « Among the Living » : « Caught in a Mosh », « Efilnikufesin (N.F.L.) », « I Am the Law » et « Indians ». Avec un passage obligé par l’incontournable reprise « Anti Social » qui fait toujours son effet. Anthrax livre un set carré et percutant qui ravit la foule.
On passe à un registre différent avec Lynyrd Skynyrd, son Rock sudiste va être la bande-son idéale pour accompagner le soleil qui se couche sur le festival. On retrouve dans la formation un seul et unique membre fondateur, le guitariste Gary Rossington, rescapé du tragique crash d’avion qui marquera le groupe en 1977. Les Américains sont venus nous offrir un moment d’émotion, un concert d’adieu et un dernier hommage à ces membres disparus. La prestation va à l’essentiel avec leurs morceaux cultes « Simple Man », « That Smell », « Gimme Back My Bullets » … Tous issus de leurs albums précédant la tragédie à l’exception de « Skynyrd Nation ». Le tout est efficace et enchante la foule qui chante en cœur sans oublier l’incontournable « Sweet Home Alabama » qui va être un des temps forts. Le second point culminant est le final du set avec l’interprétation de « Free Bird » tout en émotion et intensité, le morceau va être rallonger et dépasser les dix minutes (commençant à créer du retard …). Il est certain Lynyrd Skynyrd à livrer une prestation saisissante, émouvante, ce dernier un au revoir qui a marqué les esprits.
Dès les dernières notes de « Free Bird », pas le temps de faire une trêve et Lamb Of God déboule sur scène et va tout retourner sur son passage avec son Groove Metal. Les Américains livrent une prestation remarquable fulgurante d’énergie et de riffs dévastateurs. À la batterie, Chris Adler est remplacé Art Cruz (Winds of Plague et ex Prong) qui assure la section rythmique avec maîtrise et dynamisme. Le son puissant et intense va envahir le public qui se déchaîne à coups de pogo, wall of death et un immense circle pit sur « Red Neck ». Le set va dans le lourd et se concentre sur deux albums « Ashes of the Wake » et « Sacrament » pour le plus grand plaisir de la foule. Lamb Of God livre une prestation démesurée d’intensité, d’énergie et d’efficacité.
Alors que le set de Slash feat. Myles Kennedy and the Conspirators m’inspire peu d’intérêt malgré la virtuosité de ses musiciens, sûrement dû au manque de spontanéité qui a rendu cette prestation fade, je fais l’impasse en attendant le grand clou de la soirée.
Le public est présent en masse pour le grand moment de la soirée, la légende du Trash, Slayer, va nous donner un dernier concert des plus mémorables. Tom Araya, Kerry King, Gary Holt et Paul Bostaph foulent pour la dernière fois la scène française et le Helffest pour un adieu grandiose. Les premières notes de « Repentless » retentissent et la puissance saisissante des riffs incisifs va faire trembler tout Clisson. La setlist survole presque tous les albums des incontournables (« War Ensemble », « Payback ») aux raretés (« Evil Has No Boundaries », « Gemini » on est conquis. La scénographie est des plus remarquable, elle transforme la scène en une entrée des enfers jaillissants une quantité de flamme des plus remarquables. Le tout est agrémenté subtilement de pentagramme, des croix inversées et d’aigles reflétant le logo du groupe. Alors que le mythique « Raining Blood » retentit, les rares gouttes de pluie de ce week-end nous tombent dessus, la coïncidence est des plus parfaite. Durant quatre-vingts minutes, on vit un concert dantesque se concluant sur « Angel Of Death » sous une pluie de feux d’artifice. Tom Araya reviendra pour nous remercier, on ressent que l’émotion est palpable autant sur scène et dans le public. Slayer fait ses adieux avec une prestation cadrée et touchante qui restera marquée dans les mémoires.
Les rangs des Mains Stages se désemplissent, pourtant pour clôturer le festival on accueille un événement : le grand retour de Tool. Le groupe est réputé pour sa rareté avec l’annonce de son nouvel album « Fear Inoculum » treize ans après « 10,000 Days » et leur retour en France environ depuis dix ans, c’était l’événement à ne pas manquer. Tool mise sur la sobriété pour qu’on se concentre sur l’essentiel, leur musique de Rock progressif qui est captivante et belle. Aucune image du groupe ne sera retransmise sur les écrans et sur scène, il est très difficile de distinguer ce qui se passe et surtout d’apercevoir le chanteur Maynard totalement plombé dans l’ombre à l’arrière de la scène. Cependant, les écrans géants des Mains Stages seront utilisés à leur plus beaux avantages et vont nous plonger tout en sobriété dans leur univers psychédélique comblé de lumières et de lasers. Le public est très attentif à ce qui passe et se plonge malgré la fatigue dans ces mélodies planantes. « Parabola », « The Pot » ou encore « Schism » nous conquis tout comme les nouveautés « Descending » et « Invicible ». Tool referme cette quatorzième édition toute en légèreté et en beauté.
Cette quatorzième édition du Hellfest se conclut toujours plus grand, toujours plus éclectique. Le festival plait pour son grand nombre d’artistes dans des styles divers et variés et pour être à l’écoute de ses festivaliers. Même si le format de quatre jours ne sera pas retenu pour le futur, le Knotfest était une expérience intéressante et qui sûrement les inspirera dans un autre futur pour suivre cette tendance des quatre jours se retrouvant de plus en plus dans d’autres festivals … On se retrouvera l’an prochain pour fêter la quinzième édition du Hellfest en espérant un lot de surprise !
Pour sa treizième édition, le Motocultor s’articule désormais sur quatre jours. Le jeudi est une journée plutôt spéciale centrée sur le thème celtique permettant de mettre des groupes régionaux en valeur. Durant cette période on retrouvera un village médiéval et des stands artisanaux. Les trois autres reprennent comme toujours des groupes divers et variés qui vont rythmer la cadence d’un festival mouvementé par les dégâts de la météo.
Jeudi :
Le festival débute sous la Massey Ferguscene avec Corus Corax qui va lancer la rythmique celtique du jour. Les Allemands nous partagent leur musique de Neo Folk Metal dynamique et prenante sous une bonne humeur communicative. Les sept musiciens sont vêtus de tenues de guerriers de l’époque accentuant cette thématique médiévale. Les sonorités des percussions, de la cornemuse et des flûtes sont d’une vigueur énergique efficace. La foule est réceptive et transportée dans une ambiance festive captivante. Corus Corax inaugure idéalement cette première journée sous des ondes positives.
On se dirige vers la Dave Mustage et on observe un détail : l'ajout d’une allée centrale qui servira dans la soirée pour la prestation d’Excalibur. Pour le moment, on retrouve les Occitans de Stille Volk qui vous nous enchanter dans leur univers. Leur folk médiéval est accompagné de chants et d’instruments populaires (cornemuse, vielle à roue, mandoline…). La musique reste simple, plaisante, entraînante et crée une sorte d’ambiance intimiste. Parmi ces morceaux traditionnels, on trouve ceux du nouvel album “Milharis”. Stille Volk réussit à captiver le public, conquis par cette prestation, dans une atmosphère singulière et planante.
Un des pères de la culture bretonne, Alain Stivell est venu nous partager les coutumes de la région, escorté de sa harpe et de ses musiciens. Ils nous font vivre les classiques bretons sous des airs de Rock Celtique dynamique en communion avec un public très diversifié. On y retrouve tous les âges, des jeunes comme des moins jeunes et pas uniquement des metaleux. Cet artiste est complètement en accord avec le thème de cette journée permettant de faire découvrir le festival à un nouveau public. Un moment de partage se crée entre les musiciens qui nous transportent avec leurs chants traditionnels devant un public ravi. Alain Stivell fait honneur à la Bretagne et emporte la sympathie de la foule qui acclamera l’hymne “Tri Martolod” à tue-tête (dont Eluveitie ,qui jouera plus tard la soirée, s’est inspiré pour son fameux “Inis Mona”).
On accueille sur la Dave Mustage le grand opéra celtique d’Excalibur fonde par Alan Simon, c’est la tête d’affiche et l’événement de la veillée qui suscite et attire toutes les curiosités. Ce projet ambitieux regroupe plus de cent vingt artistes, il se compose de nombreux invités prestigieux de formation celtique et rock, avec des membres de groupes comme Supertramp, Saga, King Crimson, Pentangle et Fleetwood Mac… On embarque dans plus de trois heures de représentation accompagnées d’un orchestre, de danseurs, d’une chorale d’enfants et des chœurs. Les petits plats sont mis dans les grands pour nous offrir un événement très spécial en festival.
Ce concert de trois heures est divisé en deux parties. La première célèbre les vingt ans d’Excalibur au travers une setlist survolant l’entièreté des projets et spectacles d’Alan Simon: L’histoire se déroule devant nos yeux et oreilles attentives qui vont, personnellement et comme beaucoup d’autres, décrocher petit à petit. On constate que cette prestation n’échappe pas à des soucis et un manque de rigueur. Ce concert grand et ambitieux s’avère cacher des vices un peu trop visibles. On observe qu’au fil de son déroulement, c’est décousu et mal organisé donnant un résultat brouillon. Ce qui bien sûr ne remet pas en cause la virtuosité des musiciens présents qui se relient au fur et à mesure de l’histoire tout en profitant de cette longue avancée de scène pour être mis en avant. La seconde partie “The Origins”, dernier album d’Excalibur en date, évoque la légende du Roi Arthur. Cette seconde prestation plus théâtrale est constituée d’actes différents, on retrouve le chanteur d’Ange, Christian Décamps dans le rôle d’un grimé rythmant les interludes entre chaque morceau. Cependant cette partie est moins dynamique et prenante, on apparaît vite lassé, il est difficile de capter vivement l’intérêt et l’attention surtout pour les plus courageux qui sont présents depuis le tout début du set. Pourtant un tel événement mériterait d’être vu dans d’autre condition dans une salle en place assise pour capter avec plus de facilité le spectateur dans cette aventure.
Ces prestations d’Excalibur, laissent un sentiment mitigé … Le projet donne bien sur papier, mais sur scène on constate qu’il est délicat de coordonner tous ces éléments et artistes présents. Cependant, le concept reste ambitieux et le rendu fut respectable. Peut-être se limiter à la première partie pour célébrer les vingt ans d’Excalibur aurait rendu l’événement plus digeste.
La soirée se termine sous la Massey Ferguscene avec une foule compacte qui attend avec impatience le seul groupe Metal de la journée… Les Suisses d’Eluveitie sont toujours aussi imparables et efficaces avec leur mélange de Death et Folk Metal percutant. Le concert s’ouvre avec “Ategnatos”, titre éponyme du nouvel album qu'ils sont venus nous présenter. Le contraste entre les hurlements de Chrigel s’harmonise à la délicatesse et puissance de la voix de Fabienne. La setlist est bien équilibrée entre les titres les plus durs “King”, “Deathwalker” (…) et les plus doux “Epona” ou encore la ballade “Artio” sur laquelle Fabienne va nous offrir une prestation remplie d’émotion, sans oublier le surprenant “L'Appel des Montagnes” chanté en français. On constate que tous ces changements de line-up laissent place sur scène à une cohésion et une bonne humeur conviviale, alors que dans la fosse, on se donne à cœur joie dans les mosh-pit et les slams. Le set se conclut sur le traditionnel “Innis Mona” face à une foule qui chante en choeur, la boucle est bouclée pour la journée celtique !
Vendredi :
Après avoir joué sur la scène du camping hier soir, Mars Red Sky nous offre leur second concert cette fois-ci matinal sur la Dave Mustage. Le trio français joue un Stoner psychédélique puissant et mélodique nous transportant dans une ambiance planante. Ils profitent pour nous interpréter une nouveauté, “Collectors”, issue de leur prochain opus “The Task Eternal”. Un réveil en douceur dans une atmosphère conviviale qui permet de commencer cette seconde journée sur de bonnes ondes.
On continue avec les Suédois de Mustatch qui vont nous proposer un mélange explosif de Rock’N’Roll et d’Hard-Rock. Leur musique pêchue est à l’image de ses interprètes totalement survoltés et débordants d’énergie. Un dynamise communicatif se partage avec le public grâce à ces morceaux prenants taillés pour le live. Une prestation qui va mettre tout le monde d’accord, on s’amuse autant sur scène que dans la foule. Mustatch a frappé fort avec son Hard-Rock efficace et une vitalité bouillonnante.
Un changement total d’ambiance s'opère sur la Massey Ferguscène avec les Lituaniens d’Au-Dessus. Ils font partie de la catégorie des groupes (post) Black-Metal à capuche et sont signés sur le label “Les Acteurs de l’Ombre”, quelques indications qui laissent présager la couleur sombre de leur performance. Vêtus de noir et encapuchonnés, Au-Dessus amène un jeu de scène froid et statique, ne délivrant aucune émotion et communication pour nous permettre de nous imprégner de leur univers. L’atmosphère est lourde et délivre des ondes d’une noirceur plombante nous transportant ailleurs. On voyage dans une ambiance assez particulière très envoûtante sous des riffs et des hurlements tantôt sombres et malsains tantôt mélodiques. Au-Dessus dispense une prestation saisissante dans une sphère obscure qui aura pour effet de marquer nos esprits.
Le Stoner semble être mis à l’honneur sous toutes ses formes durant cette journée. On retrouve sur la Massey Ferguscène les Grecs de 1000 Mods avec leur Stoner psychédélique énergique et prenant. L’ensemble est efficace sous des riffs captivants et mélodiques qui délivrent de bonnes ondes et une intensité communicative. 1000 Mods propose des titres d’une durée prolongée de plus de cinq minutes, de fait la setlist paraît assez courte et on ne voit pas le temps défiler, on aurait voulu en entendre plus.
Sous la tente de la Dave Mustage, il y a de l’affluence pour accueillir les vétérans du Thrash Metal, Death Angel. Ils vont livrer une prestation très efficace, énergique et qui balance la sauce avec une puissance scénique impressionnante. Trente ans de carrière retranscrits au travers une setlist variée entre “Voracious Soulse”, “ Thrown to the Wolves” ou encore “The Moth” pour le plus grand bonheur de tous. Les Américains n’oublient pas leur dernier album “Humanicide” dont le titre éponyme conclut le set. Death Angel est une valeur sûre du Thrash Metal Old School et nous offre une prestation de qualité qui a su nous ravir et nous convaincre par son intensité vivifiante.
Le prochain concert m’amène à mon premier passage par la Supositor Stage, la seule des trois scènes non couvertes, un détail qui aura son importance au vu des caprices de la météo qui vont nous tomber dessus dans la soirée …
Tribulation connaît une ascension depuis la sortie de leur album “Down Bellow” et se relève être la curiosité et la découverte live de beaucoup de monde. On est plongé dans leur univers mêlé de Black et Death mélodique prenant toute son ampleur dans leur esthétisme gothique. Les musiciens sont maquillés, habillés en noir et blanc et mènent un jeu de scène aux mouvements désarticulés, apportant tout son charme à leur prestation. Les regards sont surtout rivés sur Jonathan Hultén, guitariste androgyne, il se livre à une danse remarquable tel un ballet très hypotonique. Tribulation crée une atmosphère troublante, psychédélique et sombre qui nous envoute.
On est reparti sous la Dave Mustage avec les Suédois de Soilwork qui sont venus défendre leur nouvel album “Verkligheten”. Leur Death Mélodique puissant et efficace nous séduit grâce à ses mélodies faciles, ses bons riffs et ses refrains entêtants. Une prestation de qualité bien exécutée charmée par leur aisance scénique surtout par Björn qui nous offre une belle palette de son coffre vocal dans les growls et la voix claire. Soilwork met tout le monde d’accord par la beauté et l’accessibilité de son Death Mélodique redoutable et émouvant.
On assiste à un changement radical de style et d’ambiance à la Supositor Stage alors que la pluie commence doucement à tomber avec The Casualties, les incontournables du Punk old school. En service depuis trente ans les punks n’ont pas dévêtu leurs crêtes et on en prend toujours de la graine avec leur énergie saisissante et leurs messages percutants. Leur nouveau chanteur David Rodriguez s’impose naturellement sur la scène tout comme les titres de leur dernier album "Written In Blood”. Le set se conclut sur leur fameux “We Are All We Have”, un hymne punk par excellence.
Alors que les conditions climatiques se dégradent, il y a de l’affluence à la Supositor Stage pour venir découvrir Gaahl dans son récent projet Gaahl’s Wryl. Son Black Metal atmosphérique va prendre une tout autre dimension et un côté mystique sous cette pluie battante. On est surtout captivé par la prestance très théâtrale et imposante de Gaahl, il restera stoïque de longues minutes sous l’averse lorsque le set se retrouve coupé à plusieurs reprises par les trombes d’eau qui noient le matériel technique. Le déluge continue à s’abattre et malgré tous les efforts mis en place la prestation sera interrompue avant la fin. Cependant, la foule est restée comme subjuguée par cette prestation hors du temps.
Il est temps de se mettre à l’abri sous la Dave Mustage et de prendre une bonne dose de fantaisie avec Nofx et leur formule efficace de Punk aux influences rock et reggae, comblé d’humour. Comme à son habitude Fat Mike fait son entrée dans une robe ridiculement remarquable. Le set est entremêlé de blagues qui défilent tout comme leurs morceaux dans une solide ambiance communicative. Nofx amuse la foule, on passe un bon moment sans prise de tête.
On retourne dans la réalité du déluge à la Supositor Stage, l’attente sera longue pour Watain après vingt minutes de retard dû aux conditions techniques difficiles, on est rassuré quand on voit s’éclairer la scène de toute flamme. La pyrotechnie est un élément central qui illumine leur performance et la transforme en un grand rituel, prenant une dimension particulière sous cette pluie qui continue de s’abattre. Première fois que j’assiste à un concert de Watain est c’est une vraie claque visuelle et sonore, qui sera malheureusement de courte durée: c’est complément noyée et gelée que je décide de partir avant la fin du show et de faire une croix également sur Turbonegro qui sera le dernier concert de cette soirée …
Jour 3 :
Après les intempéries de la nuit précédente, la météo est plus calme, cependant le site s’est transformé en une mare de boue. On commence cette journée dans la Dave Mustage sous les rites chamaniques des Russes de Nytt Land. Ils nous transportent dans une atmosphère épique et planante sous l’influence de leurs instruments traditionnels, d’une voix féminine arienne aux vastes envolées lyriques et d’une voix masculine tribale. Dans la lignée de Wardruna et Heilung, c’est le style de musique très ambiante qui nous emmène dans une sorte de transe. Un peu de douceur qui fait plaisir dès le matin.
Un petit détour s’impose sur la Supositor Stage pour découvrir le groupe à l’identité anonyme Undead Prophecies, sous leurs costumes de grande faucheuse, ils sont venus défendre leur nouvel album “Sempiternal Void”. Leur Death Metal old school délivre une puissance massive. C’est efficace et le public arrivé par curiosité les découvrir se laisse porter dans leur monde obscur.
Sous la Dave Mustage, les Canadiens de Cancer Bats vont tout ravager sur leur passage avec leur Punk hardcore. C’est explosif, énervé et énergique pour le grand bonheur du public qui se donne à fond dans ce joyeux bordel.
La Supositor Stage va accueillir un groupe des plus “what the fuck” avec Gronibard. Réputé pour leur non-sérieux, on s’attend à un concert complément barré. Dès leur arrivée remarquée sur scène, la couleur est donnée avec des déguisements ridicules: un habillé en princesse ou un autre à moitié à poil … Leur Grindcore va faire résonner une belle déconnade dans la fosse où les mosh-pit sont nombreux et où on voit voler des objets de toutes sortes comme du PQ … La performance frôle le grand n’importe quoi quand une bataille de boue éclate entre le groupe et le public se donnant à cœur joie. Il est sûr qu'on ne s’attendait à rien de sérieux avec Gronibard, on est venu s’amuser et cette bataille de boue restera mémorable vu l’état déplorable de la scène après leur passage. On adhère ou pas à ce genre de groupe décalé et complément déjanté.
Je préféré me diriger sous la Massey Ferguscène dans une atmosphère totalement contraire avec Wolvennest qui nous emmène dans un univers sombre avec un Post rock ambiant teinté de Doom et Sludge. La scène est décorée comme un autel orné de bougies et de crânes, le tout embrumé par de l’encens accentuant un côté intimiste et gothique. Leurs thématiques obscures s’accordent avec leur musique prenante, lourde et mélodieuse avec Sharon qui apporte une voix envoûtante. Une pointe d’originalité vient appuyer leurs sonorités avec un instrument mystérieux : le thérémine. Un soupçon de magie et une ambiance ensorcelante nous charment, Wolvennest fait partie de mes belles découvertes live.
Une bonne partie de l’après-midi est consacrée aux découvertes: on commence par la puissance et technicité du Brutal Death des Brésiliens de Krisiun qui vont faire vibrer la Supositor Stage. On passe ensuite à la Dave Mustage pour une trouvaille des plus plaisante avec les Suédois de Freak Kitchen qui vont nous partager dans la bonne humeur leur Heavy Metal singulier à la pointe progressive.
Sous la Dave Mustage, le dépaysement est garanti avec les Islandais de Sólstafir qui nous font voyager dans leurs terres désertiques et sombres. Une escapade qui commence peu à peu avec “Ótta” et nous laisse s’évader vers une musique atmosphérique, contrastée de douceur et de lourdeur, chargée en émotions déchirantes grâce au chant particulier d’Addi. Même si parfois sa voix manque de rigueur, elle est appuyée par les autres musiciens, dont Ragnar Zolberg, présent en remplacement à la basse. Un instant suspendu dans le temps se concluant avec le percutant “Goddess of the Ages” où Addi vient à la barrière partager un ultime moment en communion avec le public.
On poursuit avec Trust qui va faire résonner son Hard Rock engagé: en service depuis quarante ans la bande de Bernie et Nono continue d'écumer les scènes. Leur prestation ne m’a pas du tout convaincue, elle est centrée sur leur dernier album “Dans le même sang”, fade au premier abord et ça se ressent en live. Les grands classiques semblent être mis au placard, juste l’exception pour “Antisocial” qui va finir par réveiller la foule, venue, il faut bien l'avouer
chez certains pour entendre ce morceau culte …
Malgré des conditions météo chaotiques … On attaque un autre cru avec les festivités finlandaises de Korpiklaani, et leur Folk Metal imbibé de bonne humeur et d’alcool va mettre tout le monde d’accord. La scène est aux couleurs de leur album “Kulkija qu’ils sont venus célébrer, sans oublier leurs classiques “Beer Beer” et “Vodka”. Un set doublement efficace et une belle ambiance communicative vont transporter la fosse dans une vague jovialement festive.
Alors qu’on assiste à un vrai déluge, entre averses et vent, digne d’une tempête, je pars m’évader à la Massey Ferguscène sous la douceur des mélodies d’Anathema. Leur Rock progressif est un mélange de tonalités planantes et entrainantes remplies d’émotions fortes qui vont prendre une dimension toute particulière avec le son de la pluie qui s’abat durant tout le set. Vincent Cavanagh est d’humeur bavarde ce soir et à notre surprise il s’exprime dans un français approximatif et va sortir toute sorte de banalités : “fuck la pluie, fuck le Bretix” …. Revenons sur la prestation qui est accentuée avec les écrans diffusant des images ou vidéos de paysages qui renforcent ce côté immersif. La voix de Lee Douglas apporte toujours son charme supplémentaire dans cette douceur qui s’entremêle à la pluie battante et ce mélange va être des plus marquant sur “A Natural Disaster”. Cette émotion et subtilité pure va nous faire vibrer durant tout le set qui se conclura en beauté sur “Untouchable, Part 1”. Anathema fait vivre un moment rempli de passion comme à son habitude, on est conquis. On apprendra notamment qu’un album est en cours de préparation pour 2020.
Jour 4 :
La nuit fut courte et certaines tentes, tonnelles ou toute autre panoplie du bon campeur n’auront pas tenu le choc durant cette soirée très agitée par un climat capricieux. On retrouvera le site du festival dans un terrain vague de boue, mais c’est avec plaisir qu’on voit enfin le beau temps revenir pour attaquer cette dernière journée !
Le réveil va être des plus percutants avec Get The Shot, ils vont tout retourner sur leur passage et secouer la foule avec leur Hardcore accentué de Thrash. Jean-Philippe Lagacé (chant) ne reste pas en place et dans cette énergie débordante il saute et se balade de long en large sur scène en enchaînant les allers-retours à la barrière et motive le public dans ce rythme effréné. On ne sait plus où donner de la tête dans ce concentré de puissance délivrée par cet Hardcore efficace. Dans la foule les mosh-pit frappent fort, on assiste même au slam d’une tente Quechua (rescapée très probablement du camping) et un immense circle-pit. Get The Shot a tout retourné sur son passage, on commence fort ce début de journée.
Sous la Massey Ferguscène, on participe à la curiosité du jour avec Vampillia et leur Metal expérimental qui va retenir toute mon attention avec une musique qu’on peut classifier de Post hardcore complètement déchaîné de violence et de douceur. Les éléments traditionnels (guitares, batterie, basse) se mélangent aux sonorités de violons, clavier et le chant hurlé de Mango, créant une musique contrastée. Cette dissonance auditive est intéressante et déstabilisante, je reste dubitative durant tout le set à savoir si j’aime réellement ce que j’entends. Chaque morceau a une construction percutante et complètement désarticulée, nuancée de violence et de délicatesse. L’invité surprise du jour Neige (Alcest) venu prêté son chant hurlé pour quelques morceaux rajoutant un vrai plus. Quant à Mango, ce personnage est aussi haut en couleur que sa musique il est totalement déchaîné sur scène et se laissera porter par le public alors que la prestation n’a même pas débuté, il fait une entrée remarquée en hauteur sur un pilier du chapiteau. Pour conclure, Vampillia livre une prestation des plus percutantes et originale qui fait sensation.
Sous la Dave Mustage, on se prépare à assister à l’étrange cirque de Pensées Nocturnes, leur Black Metal avant-gardiste résonne avec une pointe de festivité malsaine accompagnée d’instruments en cuivres trombones, trompette … Vaerohn (chant) va nous transporter dans cet univers macabre et à la rythmique sombrement folle. Il est conseillé pour les phobiques de Clown de prendre leurs distances. La troupe joue grandement sur la mise en scène avec des éléments rappelant le cirque dans les moindres détails: de leurs costumes à leurs maquillages ou des corpse paint effrayants. Les sonorités sont dissonantes et pourtant la rythmique est efficace, énergique et surtout très joviale. La horde de Pensées Nocturnes offre un spectacle orignal, sombrement décadent et festif qui nous saisit.
On change complètement d’ambiance et de style sous la Massey Ferguscène: les Islandais The Vintage Caravan vont frapper fort avec leur Rock classique et psychédélique inspiré des années 70’s. Le trio va balancer avec puissance des sonorités rock remplies de bonnes ondes issues principalement de leur dernier album “Gateways”. Les musiciens, malgré leur jeune âge, font le show et transportent avec aisance la foule dans leur dynamisme et bonne humeur communicative. L’impact se crée, la musique est pêchue, forte et prenante, The Vintage Caravan séduit avec efficacité.
Toujours sous la Massey Ferguscène, les Italiens de Ufomammut vont nous faire vibrer avec leur Doom aux nuances de Sludge psychédélique. Le trio nous envoute avec le bourdonnement de leurs riffs dans une ambiance lourde et oppressante. Même si le groupe a déjà vingt ans d’existence, je découvre seulement leur univers et ce que j’entends me satisfait, c’est percutant et captivant.
Le chapiteau de la Dave Mustage est plein à craquer pour accueillir l’OVNI de cette programmation tant attendu : Henri Dès. Du haut de ces soixante-dix-hit-ans il a créé son groupe Henri Dès & Ze Grands Gamins avec son fils Pierrick Destaz (batterie) et Raphaël Ortis (guitare) pour revisiter sa discographie dans un registre électrique plus rock/Metal. Alors que le concert n’a même pas commencé, la foule s’impatience et acclame “Henri, Henri, Henri” comme une vraie rock star ce qui en dit long sur l’ambiance électrisante qui va suivre. Les festivaliers sont dans un délire des plus total et on va battre tous les records de pogos à profusions, de slammeur des petits et grands et des chenilles-pit (c’est comme les circle-pit mais en plus fun)! On chante à pleins poumons ces morceaux cultes de notre enfance : la mélasse”, “Ohé le bateau”, “La Petite Charlotte” ou encore “Les bêtises à l’école” … Et on retombe dans nos jeunes années avec une atmosphère complètement hystérique, festive et contrastée par cette musique plutôt soft mais qui a transformé le pit en un vrai champ de bataille. Henri Dés restera sans voix face à l’ovation qui lui sera réservée à la fin de cette prestation remarquable. Le pari est réussi, Henri Dès & Ze Grands à fait revenir une horde de metalleux en enfance dans une ambiance complément déjantée.
Retour à la brutalité sur la Supositor Stage avec Aborted qui va tout déchirer sur son passage avec leur Brutal Death Metal violent et puissant. Les Belges sont venus défendre leur dernier et excellent album “TerrorVision” dont la scène est habillée à son effigie. L’introduction retentit et on enchaîne les morceaux dans une énergie explosive aux riffs ravageurs. Sven de Caluwé (chant) délivre beaucoup d’intensité et interagit avec une foule complément déchaînée se donnant à fond et qui déclenchera un circle-pit tout autour de la régie. La prestation est puissante et violente, on ne voit pas les morceaux défiler dans cette furie, Aborted a frappé fort.
Sous la Dave Mustage, les Suédois d’Avatar sont très attendus pour leur grand Freak-show. Nous assistons au dernier concert de l’ère d’Avatar Country en Europe et le groupe est très enthousiasme de partager ce moment avec nous. Le charismatique Johannes Eckerström se comporte en vrai maître de cérémonie et va se mettre l’assistance dans la poche en partageant son humour et sa bonne humeur communicative. Leur musique puissante et joviale rythme avec efficacité, ce grand spectacle millimétré et cadré, mais totalement burlesque. On est transporté dans le pays d’Avatar avec une setlist qui nous ravit par ses incontournables : “Hail the Apocalypse”, “Paint Me Red” ou encore “Bloody Angel”, chantée en cœur par le public. Dans cette énergie fougueuse, Avatar nous en met plein les yeux et les oreilles, on a hâte de les revoir avec leur nouvel album en préparation pour 2020.
La soirée se poursuit et on va frapper fort avec Hatebreed venus célébrer leurs vingt ans sur scène. L’ouverture est des plus fracassantes sur l’incontournable "Destroy Everything” qui va marquer la rythmique vigoureuse et saisissante dégagée par leur Hardcore. En ce début de concert déjà bien agité, on assiste à un slam d’une personne dans une poubelle … Jamey Jasta (chant) déborde d’énergie et va communiquer avec le public pour les faire bouger et sauter aux rythmiques dans cette énergie redoutable. Hatebreed délivre une prestation retentissante du pur Hardcore “in your face” qui a tout retourné sur son passage.
La fin du festival approche et la journée se termine dans une des ambiances les plus festives avec Carpenter Brut, qui va nous transporter sous les sonorités de sa sombre Synthwave. Je prends du recul pour profiter des jeux de lumière et des lasers qui accentuent le côté hypnotique donnant toute sa dimension à la prestation appuyée avec la diffusion sur l’écran d’extrait de films gore, rétro et des paroles des morceaux. Le set est carré et envoi du lourd. On est transporté dans cette expérience électrisante, dans une ambiance des plus bouillonnante. On se défoule et danse à cœur joie sur “Leather Teeth” ou encore “Le Perv” et on chante à tue-tête sur “Beware The Beast” et “Cheerleader Effect”. La prestation va se conclure à son apogée et en hystérie collective avec la reprise de “Maniac” (Michael Sembello) transformant la fosse en un karaoké géant reprenant ce titre culte à pleins poumons. Carpenter Brut a électrisé la fosse dans une ambiance survoltée. C’est, sous ces ondes de joie et de bonne humeur, que s’achève parfaitement cette édition du Motocultor. (Même s’il reste le passage de Bloodbath sur Dave Mustage pour les plus éveillés et téméraires)
Cette treizième édition rencontre un franc succès avec 45 000 personnes présentes sur les quatre jours. Malgré une météo qui a mis les festivaliers à rude épreuve et quelques soucis d’organisation, le négatif est vite oublié pour se centre sur le positif. Le Motocultor a réussi à nos offrir une programmation riche avec des groupes de style divers et variés. Le format quatre jours sera encore au rendez-vous l’an prochain avec l’annonce d’Heilung pour le jeudi promettant une nouvelle journée à thème … On remet ça en 2020 pour la quatorzième édition !