Morbid Domi

Morbid Domi

Mais quel bonheur de retrouver nos Basques de Numen pour ce 4ème opus de leur carrière. A l’écoute des 8 pistes de cette œuvre nouvelle, nous retrouvons le remarquable univers musical caractérisant le groupe. Leur régularité de travail est époustouflante tant on retrouve leur âme folklorique vouée à l’amour des terres de l’Euskadi, amplement chargées d’histoire. « Iluntasuna soilik » ouvre le feu dans une pétulance fort appréciable qui est transcendée par les superbes riffs mélodiques de Jabo et de Xabier. En une écoute, tout le génie de nos artistes parvient à vous captiver totalement en imprégnant votre esprit non sans une solide efficacité. « Lautada izoztuetan » poursuit dans cette dynamique à la manière des meilleures inspirations de Dark Funeral. Un souffle glacial se dégage de l’ensemble et la prestation vocale torturée d’Aritz transporte en toute cohérence l’auditeur. Un petit côté « Mayhemesque » virevolte sur « Pairamena » qui vous apparaît plus pausé mais tout en allant bien creuser dans la profondeur. « Iraganeko errautsak » est une véritable perle de Black dans un  style croisé entre MARDUK et IMMORTAL. L’album est excellent et d’une efficacité technique sans faille.

19.10.19 07:34

KOSMOS - "L’envol"

Nekros poursuit sa quête initiatrice et nous sort le 5ème opus d’une carrière riche de 9 années. Travaillant toujours dans un cadre de pure liberté, ce nouvel album porte les traces d’une évolution. A l’écoute des 9 pistes, nous sommes frappés par la sérénité qui se dégage de l’ensemble. Point de Black cosmique comme le nom de l’entité pourrait laisser penser mais bien plus que cela… En effet, c’est un Black introspectif neutre qui se dégage de la musique assez apaisante. Point de mélancolie, point d’agressivité forcée. Les longues pistes nous emmènent plutôt dans ce que je qualifierais être une quête chamanique de la découverte des mystères de la nature. En démarrant avec « La Brèche », nous campons d’emblée une haute dimension spirituelle, c’est là, à mon sens que s’ancre « L’envol ». Il n’y a pas de destruction mais un voyage métaphysique dans la création. Nous sentons les multiples influences dans cette œuvre qui n’est plus vraiment au noir. Ecoutez donc l’explosion vers la félicité, accessible par cette brèche ouverte dans les ténèbres passées. Le lien est fluidique entre les morceaux en suivant un fil conducteur sacré.  La progression est fulgurante et l’album est plus qu’agréable d’écoute.

19.10.19 07:23

BELENOS - "Argoat"

Belenos, c’est près de 24 ans de carrière dédiés à la culture Pagano-celtique et la griffe intemporelle de Loïc Cellier, véritable maître d’œuvre qui nous offre un 8ème album. Nous retrouvons tous les ingrédients qui font la force du projet, riffs incisifs teintés d’espaces mélodiques, une puissance de feu, des chœurs graves et un chant frontal habité.  Les 9 titres en langue Bretonne semblent plonger leurs références dans la nuit des temps de cette superbe région. Sur le très énergique « Karv-den », je déduis sans doute un très bel hommage à Cernunnos, ancien Dieu que nous avions en commun avec les Gaulois. « Bleizken » nous revêt d’une peau de loup pour nous prodiguer une assez puissante énergie guerrière dans une atmosphère bien mélodique et donc ancrée dans la mesure. Le titre éponyme, plus qu’un simple hommage, renvoie aux mystères des bois de la Bretagne intérieure. A ce stade, je ressens une musique aussi spirituellement profonde que celle véhiculée sur « Hospodi » de Batushka. L’imparable coup de cœur m’envahit sur le superbe « Nozweler ».  A l’instar d’« Huelgoat », le black de Belenos porte dignement un somptueux témoignage à la Beauté profonde de la Bretagne.

Déjà un quatrième album pour nos Bordelais rendant digne hommage au célèbre H.P. Lovecraft. Force est de constater que nos artistes restent bien ancrés dans leur univers spécifique du fantastique/épouvante, ne perdant rien au niveau de l’inspiration. Il est vrai que l’œuvre de leur mentor est assez riche pour laisser encore place à quelques explorations musicales. Nous retrouvons la griffe éthérée sur les morceaux assez atmosphériques que sont « The Omniscient » et « Of Dementia » et qui gardent un caractère assez percutant tant leur mordant est vif. Le chant de Benjamin est très aérien et colle à merveille dans ce brouillard musical se levant pour laisser place à l’indicible horreur. Nous pouvons aussi être déstabilisés sur des airs assez dissonants comme le terrible « Lost Carcosa ». Mine de rien, ce groupe prend aux tripes et capte votre conscience pour l’embarquer loin des standards habituels du black. La pétulance est aussi présente sur le morceau assez typé fusion, « A Thousand Young ». Coup de cœur sur le superbe « Dreams of the Nuclear Chaos » qui vous ouvre le cerveau, vous faisant perdre tout repère spatio-temporel. THE GREAT OLD ONES, ça se vit avant tout et ça secoue.

Si le black à tendance mélodique semble récolter moins de suffrages parmi les adeptes du black pur en général, force est de constater que vous trouverez toujours quelques groupes capables de vous remettre en question quant à cette position très tranchée. Le quatuor Britannique composant Necronautical fait partie des formations capables d’amener une haute perfection musicale dans leur univers spécifique. Nos Anglais sortent leur 3ème opus en 9 ans de carrière. Ils avaient totalement séduit avec leur seconde galette en 2016. Nous restons véritablement ancrés dans leur magnifique atmosphère mélodico-symphonique. Chaque titre possède sa véritable personnalité, boosté par une excellente production permettant de jouir pleinement de la moindre note. « All Is Vanity », 1er titre vous capte l’attention d’emblée, « Lure Of The Abyss » scintille dans sa construction habile et envoûtante.  « Totentanz » nous montre un visage bien plus mystique. Vous pensez que chaque titre qui vient de passer vous semble être le meilleur… entre orchestrations sublimes, chœurs inspirés, ambiances profondes. L’album porte bien son nom et nos Anglais nous montrent qu’ils possèdent un véritable génie.  

Pointure mondiale du Black progressivo-Folk, l’extraordinaire entité musicale norvégienne qu’est Borknagar, s’en allant mine de rien sur 25 ans de règne, nous sort la perle ultime de leur carrière en ce très surprenant 11ème opus. Il y a fort à parier que les fans les plus exigeants seront totalement déstabilisés vu la tournure prise. En effet, si nos artistes excellent dans les joutes titanesques voix claire/voix criée, riffs envoûtants, racines folkloriques parcimonieuses mais dosées, force est de constater que la maturité atteinte nous propulse cette fois dans un univers bien plus Post Rock avec nettement moins de parties agressives. Ne crions pas au scandale, mais souvenons-nous que là était le but visé lors de la création du groupe : jouer un registre mélodique et sans doute partir en quête vers l’ultime Beauté, par une sorte de transcendance. L’objectif est amplement atteint. Dans les parties dures, « Thunderous » et « Mount Rapture » vous garantiront les sensations auxquelles nous sommes habitués. Des morceaux comme « Tidal », « Up North » et « Lights » déstabiliseront tant le travail mené est énorme avec un rendu hors-norme. Et que dire de ce magnifique « Voices » ? Epoustouflant !!!

Denial of God, c’est 28 ans d’expérience et, à mon sens, une des valeurs sures du Black Danois. Nous les retrouvons 7 ans après leur très correct second album « Death and the Beyond », cette fois, pour un 9ème E.P. Dès la première écoute, vous risquez tout simplement d’être foudroyés par la beauté de la création. Il n’y aura que 4 titres à se mettre dans les oreilles, mais la qualité compense largement l’apparente faible quantité. Les 2 premières pistes sont littéralement subjugantes. Le titre éponyme nous promène en mid tempo dans un black assez old school et finement thrashisé. Le chant rugueux d’Ustumallagam balance une solide énergie, cadencé par une rythmique totalement captivante avec des riffings bien mélodiques. Le refrain est superbe et la vitesse d’exécution ne manque pas dans la 3ème minute qui nous décolle du plancher. « The Statues are Watching » poursuit dans ce créneau et à ce moment vous réalisez déjà être pleinement séduit.

Vous vous réjouissez de redécouvrir une bonne interprétation de Bathory sur « Call from the Grave » mais le meilleur reste à venir avec le coup de génie joué sur la reprise d’un vieux morceau folk sombre d’Exuma des Années 70s. Fabuleux !!!

Nous retrouvons Morbius et Vilhelm, Sibériens paganistes éclairés, unis comme les 2 faces d’une seule et même pièce. Leur complicité transpire dans ce 3ème album qui captivera très certainement les amoureux du Black atmosphérique à haute envolée mélodique. C’est un pur bonheur que de pouvoir s’imprégner de ce travail titanesque. « Shrouded in Darkness », « Leshiy » constituent des pierres angulaires de ce 3ème opus, en à peine 5 ans de carrière. Tout y est, des riffs spatiaux, de la batterie solennelle, des claviers envoûtants, un chant crié mais congruent dans son essence. Grima vous prend la main pour parcourir les contrées sauvages et rugueuses si chères au cœur du duo. Dès lors, vous avez le sentiment d’être invités à un véritable voyage où vous découvrez toute la richesse de leur terroir porteur aussi d’éléments folkloriques assez prenants. Même dans les côtés plus mélancoliques, à l’instar de ce superbe morceau « Enisey », les artistes apportent une forme de félicité vous permettant de passer aisément tout écueil. Les 2 instrumentaux vous plongent dans une véritable contemplation et bien des images fuseront en votre esprit. Cet album est magnifique. À découvrir impérativement !

16.10.19 22:28

BATUSHKA - "Hospodi"

Revoici Batushka, entité sous conflit depuis fin 2018 mais qu’on le veuille ou non, qui a marqué l’histoire du Black metal par son approche liturgique orthodoxe nimbées d’art noir. Loin de moi la tentation de céder au débat passionnel visant à proclamer qu’il y aurait un vrai Batushka et un faux selon que l’on supporte le guitariste Krzysztof Drabikowski ou le chanteur Bartlomiej Krysiuk. Le superbe 1er album était bel et bien construit à partir de l’énergie de ces deux protagonistes. C’est l’œuvre de Bartlomiej Krysiuk que j’évalue ici. Ma foi, après quelques écoutes, nous réalisons toute la quintessence de cet opus magistral avec les fleurons que sont « Wieczernia », « Polunosznica » et « Tretij Czas ». La musique est hautement spirituelle et évoque toute la tradition folklorique des chants aux défunts. Entre mélancolie et superbes mélodies, nous sommes littéralement transportés par nos artistes. Cette rituélie glauque nous invite au voyage et à la méditation. Les riffs sonnent le black n’roll de bon aloi, les chœurs sont superbes, rien n’est à jeter sur cet essai hautement inspiré. « Liturgiya », en slow tempo, nous ramène dans l’ancrage à la terre, tout en profondeur. Cet album très atmosphérico-spirituel est énorme.