Rosie

Rosie

On débute cette écoute en légèreté avec la première track de cet opus de 9 morceaux : « Blowback ». Au premier coup d’oreille, le quintet de musiciens semble être dans un genre hybride se baladant entre le rock psyché, progressif et alternatif. La présence de la basse ici est très bien placée, alternant entre discrète et plus présente (lors de deux moments se transformant presque en solos de Jo Rauber, le bassiste). Le troisième morceau quant à lui, « Assimilation », est semblable au premier. Il regorge de petites variations rythmiques qui font la richesse d’un morceau. La chanson suivante, Parasomnia, me fait davantage penser à la structure rythmique typique du rock psyché : riffs lents jusqu’à la moitié du morceau avant la montée en puissance composée d’un tempo plus soutenu.

Le style d’arpège du guitariste, Toufik Bougherara, est très oriental et teinté d’effets sphériques, tandis que celui de Jo Rauber puise directement son inspiration de la musique afro-américaine des sixties et des seventies. Comme vous l’aurez sans doute remarqué, KHAIMA s’inspire de grands noms tels qu’Alice In Chains, King Crimson, My Sleeping Karma ou encore Tool. Formé en 2013 par Sven Hill (chant), Toufik Bougherara et Markus Scherer (batterie), ils sont rejoints en 2015 par Jo Rauber et Andreas Becker (clavier). C’est après leur premier EP « Khaima » en 2016, que nos musiciens ont commencé à enregistrer le début de « Owing To The Influence » que voici, avec l’aide du producteur Mike Balzer à Saarbücken. Les chansons ont été masterisées par le batteur de « Cult of Luna », Magnus Lindberg (voir « Refused », « Dool », « Russian Circles »). Pour que vous faire une idée : on est à la croisée de plusieurs genres déjà tellement riches quand ils ne sont pas mélangés qu’une fois mêlés, ils donnent un résultat éblouissant.

DEEP RIVER ACOLYTES renaît des cendres de DELIVRANCE (ancien nom de groupe du quatuor finlandais) en 2011. On pourrait commencer par analyser le brillantissime artwork qui constitue la pochette d’album. C’est la cerise sur le gâteau, en parfaite cohésion avec l’esprit et l’ambiance musicale qui nous submerge ici. Cet album est à la croisée entre le doom, le metal, et le blues. L’opus démarre en beauté avec « At the Crossroads ». Tandis que le 2e titre, Under Her Spell, me fait plutôt penser à du rock psyché assez sombre dans les premières minutes, avant de monter en puissance vers la fin, penchant désormais vers le metal. J’ai un faible pour le dernier morceau : « Cemethery Earth ». Instrumentalement parlant, c’est étoffé : beaucoup de variations & de riffs différents. Il y a une touche mélancolique qui pourrait représenter la fin de quelque chose (comme l’achèvement de l’album, si on pousse notre imagination). « Alchemia Aeterna », c’est un paradoxe réussi de finesse tout en puissance.

Virtual Symmetry, à la croisée entre la musique classique et le metal contemporain, trouve son inspiration chez des artistes tels que Dream Theater. Ils reviennent en juin 2020 avec ce nouvel album qui nous transporte dans un conte, avec tous ces éléments ayant l’air extraits d’une pièce de théâtre ou d’un film. D’ores et déjà, attaquons-nous au titre « Entropia » qui n’est pas une réussite pour moi, en toute honnêteté. Pour la simple raison qu’il n’y a pas de partie chantée dans cette chanson, ce qui peut fonctionner lorsque la partie instrumentale se suffit à elle-même; or ici, je trouve qu’elle n’aurait certainement pas été de trop. Heureusement, nos quatre musiciens suisses et italiens se ressaisissent avec « XI », qui comprend ici une partie vocale. Le morceau démarre tout feu tout flamme, pour ensuite s’apaiser afin de repartir de plus belle. L’ambiance est assez triste, elle nous emporte dans une agréable mélancolie. Ce qui nous amène à « Odyssey » qui au premier coup d’oreille, a des similitudes avec « Angel » de Judas Priest, mais fort heureusement par la suite le morceau se singularise, avec un déchaînement vocal et instrumental à la fin. Virtual Symmetry aime nous prendre par les tripes avec des titres très travaillés et plutôt longs la plupart du temps (ce qui ne nous donne pas pour autant l’occasion de nous ennuyer). « Exoverse » est un condensé de symphonie et d’audace (surtout pour le fait de placer des instruments tels que le saxophone en plus de l’orchestre dans cet opus).

Faire vivre une expérience immersive et transformatrice aux auditeurs ? C’est l’objectif visé par Turtle Skull, groupe qui avant même de se faire connaître, avait déjà publié son premier album éponyme. Le processus d’enregistrement de ce dernier a provoqué un passage spirituel pour les membres du groupe, et a donné naissance à leur actuel et très respecté live show. Je vous propose de s’intéresser au titre de cet album qui désigne un monolithe ; bloc de pierre massif monumental de grande dimension, constitué d'un seul élément, naturel ou taillé, éventuellement déplacé. Il symbolise le principe de verticalité qui mène à l’homme, à la conscience. Je vous propose de nous diriger vers l’essentiel : leur musique. Les membres du groupe ont l’art de rendre leurs riffs presque tendres, tout en étant secs et pointus. La voix du chanteur quant à elle, a cette beauté cristalline capable de nous faire oublier que nous ne sommes pas dans un paradis imaginaire. « Monoliths » est le faisceau d’éclaircies dans un ciel couvert ou autrement dit : une caresse auditive.

21.08.20 14:02

TUPLE - "Wooden Box"

C’est à 50 ans que Tommi Salmela alias TUPLE prend la grande décision de produire son premier album solo. Ce dernier est conceptuel et résulte de l’initiative du protagoniste à y faire participer ses amis musiciens. Il y parle de sa vie, les chansons sont semblables à une séance de projection de flashbacks. Après avoir fait partie intégrante de groupes comme Tarot, Lazy Bonez et Raskasta Joulua, c’est du haut de ses cinquante ans que ce finnois décide de sortir « Wooden Box ». C’est une sorte de quête spirituelle envers lui-même qu’il effectue en nous présentant les 11 titres qui s’y trouvent. Le point qui m’apparaît le plus décevant est la « sobriété » des morceaux, si je puis dire. Ils sont tous construits de la même façon, et racontent à peu près tous la même histoire. C’est nostalgique en étant vivant, mais on peut malheureusement très vite se lasser, car il n’y a pas réellement de surprises. Heureusement, la voix du chanteur est malgré tout indéniablement mélodieuse, en plus de sa maîtrise instrumentale.

Délicieuse mise en bouche avec ce premier titre : « Gonna Let You Go », qui commence par un solo guitare idyllique à la Pearl Jam. À la première écoute, on se rend vite compte des racines 70’S-80’S telles qu’ACDC, Foreigner, ou encore Metallica. Vous remarquerez comme moi que ce boys band norvégien aime ajouter des touches électroniques à leurs morceaux. L’expertise des musiciens dans leurs instruments nous met la puce à l’oreille : le Rock n’est pas mort. Ces artistes nous font divaguer, au cours de 11 chansons, vers un petit bout de paradis qu’ils ont créé grâce à des sonorités ayant le don d’être délicates… Sans être fades ni ennuyeuses. Je vous propose qu’on s’attarde sur ce 4e titre plutôt (positivement) intrigant : assez rythmé, notamment par des riffs de guitare rapides, mais articulé subtilement pour concorder avec des sons artificiels par moments. Stoneflower, c’est typiquement le genre de groupe qu’on pourrait mettre dans une playlist pour les fins de soirées d’été, histoire de se détendre en faisant du bien à nos tympans.

Gramma Vedetta, c’est avant tout une association de plusieurs genres de rock et de science-fiction. À propos de cet album dont l’enregistrement a commencé fin 2019, les trois membres du groupe ont déclaré : « Et nous avons écrit notre propre chanson de blues spatial à propos de cet étrange et continuel rêve lucide. ». Ils parlent ici bien sûr de la 4e chanson, « A Lucid Dream (Lockdown Blues) » faisant référence à la pandémie mondiale. Malgré leur univers visuel faisant référence à l’espace (je parle ici de leur pochette d’album, en plus de leurs déclarations à propos de cet album), je n’entends pas vraiment le côté « musique intergalactique » en toute honnêteté. Cependant, ce n’est pas un problème étant donné que cet EP est une réussite, malgré moi. Pourquoi, me direz-vous ? Par le côté rock psychédélique plutôt flagrant dans le morceau « Porthole », et le côté hard rock dans « Hangup My Boots »... Mais aussi et surtout par le mélange de styles (heavy, stoner, et psyché rock), additionné au fait que malgré leurs sources musicales d’inspiration reconnaissables à l’écoute des quatre titres de cet EP, c’est loin d’être une copie de celles-ci.

20.08.20 16:17

ELDER - "Omens"

Faisant un retour aux sons psyché des seventies, Elder nous ramène à l’essence même du flower power avec ses vibes colorées et apaisantes. Le quatuor américain nous fait voyager avec des sonorités d’une ère différente de celle dans laquelle nous vivons. Leur musicalité est un subtil et succulent mélange de doom, psyché et stoner. On pourrait naturellement faire une analogie avec les riffs de guitare tout à fait singuliers de leur prédécesseur Jimi Hendrix. Je tiens à mettre en lumière le troisième titre : « Halcyon » qui commence tout en douceur, pour ensuite glisser vers des sonorités plus rapides et cadencées, cependant toujours jouées en finesse. L’ingéniosité d’« Omens » se trouve aussi dans la diversité des instruments, tout comme les différentes ambiances sonores exploitées au fil des cinq chansons. Celles-ci nous transportent dans les expérimentations artistiques des cinq membres du groupe et l’écoute de celles-ci peut vous faire revivre de beaux souvenirs, ainsi que peindre un tableau dans votre esprit en fermant les yeux, sans omettre de laisser ces 54 minutes vous emporter.

Je remarque d’emblée des touches de rock psyché, de stoner rock et de heavy metal dans cet album. C’est un mélange réussi teinté de chaleur, à l’instar des discrètes notes mélancoliques qui l’agrémentent. Feu sur ce 4e titre, « Untitled », particulièrement intrigant puisqu’il alterne entre plusieurs sous-genres rock, une fois de plus. Il débute par une magnifique montée en puissance et fait planer le suspense quant à la suite de la composition du morceau. Ce 6e morceau, « Enter the blue » représente à mes yeux énormément de potentiel… Malheureusement ici pas assez exploité : faute de la durée du morceau qui s’avère trop courte et de façon injustifiée. Je ne pourrais pas parler de « Rover » sans parler de la 11e et dernière chanson: « Not Enough For You » qui fait en toute sincérité office de cerise sur le gâteau. Le but de nos quatre artistes parisiens à la musicalité travaillée (sans être barbante pour autant) est de nous emmener au large d’un voyage introspectif d’une personne qui prend conscience de ses émotions à travers ses expériences de vie et son environnement… Et c’est plutôt réussi!

Avec des inspirations du rock groove des seventies comme Black Sabbath, Led Zeppelin ou Fu Manchu, Black Rainbows ne pouvait que revenir avec un 3e album full-length haut en couleur en 2020. Entrons dans le vif du sujet avec le 6e morceau, « The Great Design », qui a de toute évidence une influence rock psychédélique de par la rythmique lente et le pattern instrumental que vocal. Cela établit un beau contraste avec le morceau suivant, « Master Power Rocket Blast » qui tend beaucoup plus du côté hard rock. L’album touche à sa fin en nous mettant la tête dans les étoiles avec « Searching For Satellites Part 1&2 ». « Cosmic Ritual Supertrip » est véritablement la crème de la crème dans mes dernières découvertes, de par sa diversité (chansons du groove en passant par le psyché au hard rock pur et dur comme on l’aime), mais aussi de par la maîtrise technique de notre trio italien et bien sûr, le fil conducteur de l’album qui nous laisse autant de rebonds d’énergie que de répit.

Ce quintet nous fait découvrir un metal qui inclut des touches « contemporaines » dans leur musique : des notes instrumentales électroniques çà et là. Bien que l’on puisse distinguer les sources d’inspiration du groupe (Korn, Distrubed, Faith No More, Slipknot, Thy Art is Murder), ce n’est pas pour autant du plagiat forcené. Lumière sur ce troisième titre ; « Wasting my time » qui se distingue des deux premiers par son originalité : par exemple, lorsque le morceau touche à sa fin, on peut nettement entendre une mélodie de boîte à musique - ce qui, entendons-nous bien- est très audacieux dans un album de metal. Quant à la cinquième chanson, chantée par Alexander Soules (chanteur du groupe) et Anneke van Giersbergen (chanteuse de « Agua de Annique » et anciennement de « The Gathering » en guest), est assez décevante par sa platitude, malgré que les deux voix s’accordent harmonieusement. Heureusement, la chanson suivante vient totalement contrecarrer le titre précédent : en effet, « Treat me bad » is a blast. Étant sans doute la perle rare de cet album malgré moi, elle se démarque de par la construction instrumentale principalement (riffs de guitare, basse et batterie puissante), mais aussi vocale (moments de scream & solos plus calmes). Scarlean, en bref, ce sont des morceaux assez obscurs, voire parfois nostalgiques, tout en étant énergiques à souhait. Sans oublier comme cerise sur le gâteau, l’excellence maîtrise technique du chant et des instruments.

Ce groupe, maîtrisant dignement toutes les cordes à son arc, est originaire de Cleveland. Ses membres sont présents sur la scène depuis 1993, nous en met plein la vue durant ses shows en mêlant art et hard rock, d’une part par la recherche artistique, et d’autre part par cette théâtralité bien à eux. Au niveau des compositions musicales, nous nous trouvons dans un majestueux croisement : chant jonglant entre death et grind, instrumentaux heavy et mélodiques, scansion rap, claviers ambiants inspirés du gothique, et samples rythmiques penchant vers l’indus. Dans le champ lexical des paroles, la mort, les guerres et la religion sont souvent évoquées, ce qui apporte une intrigue indéniable. Ce 8e album de Mushroomhead débute avec « A Requiem For Tomorrow », sublime entrée en matière mise en lumière par ce chant de chorale mélodique a capella. Il introduit la suite du morceau, qui se transforme en metal alternatif poignant. Je vous propose désormais de nous attarder sur « Heresy », chanson encore une fois très réussie où il est sujet notamment d’une guerre qui se prépare, de Poséidon (étant le dieu de la mer dans la mythologie grecque), de marée et d’avenir. Personnellement, j’ai jeté mon dévolu sur le 6e track de l’album, « Pulse ». Mystérieuse et envoûtante, la voix de Jackie aka Ms. Jackie (une des vocalistes) nous berce pendant l’introduction du morceau accompagnée d’un piano durant les premiers instants. Le groupe a cette délicieuse habitude de démarrer ses chansons en douceur par le biais de mélodies intrigantes, pour ensuite nous déverser un flot de jolie violence musicale.

Groupe à penchant rock des sixties, Electric Boys revient en 2020 avec ce « twelve inches single » (vinyle avec 1 voire 2 titres sur chaque face uniquement, a contrario d’un « long play ») de 2 titres endiablants. Prenant ses racines en slalomant du groove à la pop, ce quartet suédois fait un clin d’œil à toute la période Woodstock de par leur côté rock psychédélique. On sent également l’influence de groupes tels que Blue Öyster Cult, Aerosmith, Black Crowes, Backyard  Babies, Firebird ou encore Mötley Crüe. Le groupe a notamment eu la chance et l’honneur de prendre part à l’édition de 2017 du « Monster of Rock Cruise » sur un port ensoleillé de Floride aux côtés entre autres de Vince Neil « The Voice of Mötley Crüe », Cinderella’s Tom Keifer, Queensrÿche, Night Ranger, Saxon, Stryper, etc. Au fil des années, nos 4 musiciens sont partis en tournée avec de grands noms : Metallica, Alice Cooper, Mr Big, Hardline, Vixen et Thunder. Alors Electric Boys, en résumé, c’est quoi ? Une boys band classic rock qui s’éclate, avec de diverses touches musicales échantillonnées de groupes américains ayant émergé dans les années 60-70 voire 80… remises au goût du jour.