Shades of God

Shades of God

ColdCell n’est peut-être pas un groupe dont vous aviez entendu parler jusqu’à maintenant, ce qui est un peu normal étant donné que les Suisses ont pour le moment écumé surtout la scène underground. Mais la donne va changer, et ce, pour deux raisons, la première : une signature chez Les Acteurs de l’Ombre, un label connu et reconnu pour son excellent travail. La seconde : la qualité du Black Metal proposé par ColdCell, tout simplement. "The Greater Evil" est un album puissant, multifacette, brutal quand il le faut, sombre et atmosphérique aux bons moments, qui plonge l’auditeur dans une sorte de spirale hypnotique mêlant l'obscurité, l'étrange et l'extrême. Les Suisses connaissent bien leur affaire, chaque titre est une pièce qui construit un édifice solide, rustre, parfois dérangeant tant l’ambiance générale est délétère. Une ambiance délétère accentuée par des vocaux très profonds qui dégagent un réel sentiment de mal-être, dont la douleur se perçoit, se matérialise à chaque parole. Dans son ensemble, "The Greater Evil" est un album qui répond plus qu’aux simples standards du Black Metal, qui est très travaillé, ne laisse rien au hasard et épate autant par sa force musicale que dans l’atmosphère imposée avec autorité par un groupe qui doit offrir des performances live incroyablement immersives.

La France est un pays qui a beaucoup de défauts, les énumérer serait très fastidieux et très ennuyeux à lire, surtout si vous êtes Français. Son histoire est glorieuse, c’est vrai, cependant son présent est une blague et son avenir ne s’annonce pas franchement radieux. Par contre, le pays possède pléthore de bons groupes, dans tous les styles de l’extrême, notamment dans le Black Metal avec une scène très active, inventive, et particulièrement élargie. Dans la catégorie Black « traditionnel », Les Chants de Nihil occupe une jolie place, leur style à la fois brut et raffiné n’a cessé de se peaufiner au fil des albums même s’il est vrai que leur carrière n’a pas été un long fleuve tranquille. Avec "Le Tyran et l'Esthète", Les Chants de Nihil emmène l’auditeur dans une aventure où « le protagoniste passe du pouvoir à l’exil, puis à la vengeance et au sacrifice ». Un concept épique porté par un Black Metal haut de gamme, à la fois violent et mélodique, moderne et vieille école qui met en valeur la langue française grâce à des textes très travaillés. Parce que oui, les textes, ça compte, ils ne sont pas simplement là pour faire beau. Dans son ensemble, "Le Tyran et l'Esthète" s’avère être une bête hargneuse, parfois hystérique, qui ne laisse aucun répit, mais qui en même temps offre de somptueuses mélodies, des variations de tempos dingues, et fait la part belle à l’audace ! Il aura fallu du temps aux Français pour revenir sur le devant de la scène, mais soit, le résultat est fabuleux, autant dans la musique que dans les paroles vengeresses, à ce jour la France n’a que peu de raisons pour bomber le torse, mais elle peut le faire pour son Black Metal. Parole de Français.

Au même titre que la peinture, la sculpture, l’écriture ou encore le cinéma, la musique est un excellent moyen de faire ressortir de nous toutes les émotions qui nous habitent. Qu’elles soient positives ou négatives, il y a un moment où elles doivent impérativement sortir, prendre forme, pour ne pas détériorer encore plus notre corps et notre esprit. Blurr Thrower est avant tout un projet qui a la vocation de matérialiser les sentiments d’un homme, de leur donner une autre forme de vie, et quelque part, pourquoi pas, les exorciser, mais pour avoir la réponse, il faudrait directement lui poser la question. Quoiqu’il en soit, "Les Voûtes" se révèle être un album parfois difficile à écouter tant il prend aux tripes, un Black Metal tantôt violent, tantôt atmosphérique, mais qui transpire toujours le vrai. Poussé par des ambiances hypnotiques et mélancoliques, on constate sans peine que "Les Voûtes" ne triche pas, qu’il exprime des sentiments humains souvent durs, amers, torturés, mais réels et c’est ça qui compte. Plonger dans l’univers de Blurr Thrower, c’est oser une expérience dangereuse, qui met votre moral à rude épreuve, mais c’est également pénétrer dans l’intimité d’une âme tourmentée dont les démons ont pris une forme musicale qui s’étale sur quatre longs titres.

Asphodèle n’est plus, qu’importe puisque Jours Pâles est né. La vie est faite de désillusions, d’aléas, c’est vrai, mais l’essentiel est de toujours se relever, de trouver le courage d’avancer pour ne pas gâcher le temps qui nous est imparti. Spellbound, leader de Jours Pâles l’a bien compris et à peine Asphodèle terminé, le gaillard est reparti là où il s’est arrêté pour créer ce projet très intime dont le premier album surprend (ou pas vraiment) par sa qualité. Difficile de poser une étiquette sur "Éclosion" tellement celui-ci regorge d’influences diverses, emprunte diverses routes et multiplie les émotions. Pour sûr, "Éclosion" possède un vrai aspect Black Metal avec des rythmiques soutenues, une violence viscérale où se mêle des sentiments comme la haine et la frustration, mais pas seulement puisqu’il explore également un côté Rock avec des lignes de basses et de guitares absolument admirables. Le spectaculaire intervient dans la manière où Jours Pâles fait cohabiter tous ces éléments, "Éclosion" peut se révéler très dur, tout comme il peut être une véritable source de beauté extrêmement touchante. Aux grosses guitares et blasts en tout genre s’opposent des sons plus cristallins, réverbérés qui imposent en un quart de seconde un climat apaisant, presque rayonnant. L’autre grande force d’"Éclosion" est cette cohérence de chaque instant qui fait de lui un album qui une fois lancé ne peut être stoppé, il n’y a pas de titres plus réussis que d’autres, l’ensemble est un bloc que rien ne peut désunir. Quand on prend du recul, on constate simplement qu’avec "Éclosion", Jours Pâles lâche un petit bijou à l’essence mélancolique, certes, mais rempli d’espoir et de lumière grâce à une musique et des textes de très haute qualité. Un dernier mot pour souligner qu’une fois de plus le travail de Frédéric Gervais du Studio Henosis, et du label Les Acteurs de l'Ombre font qu’un bon album devient un superbe album.

Lundi 8 mars 2021, il est environ 11h quand le groupe de Death Metal suédois Entombed A.D. annonce que son leader, le chanteur Lars-Göran Petrov, est décédé la veille, des suites d’une forme de cancer incurable à l’âge de 49 ans. Si l’émotion est instantanée, le choc ne l’est pas, puisqu’il y a déjà plusieurs mois que Lars-Göran Petrov avait annoncé sa maladie, son combat, et surtout que ses jours étaient comptés. S’en suit immédiatement une pluie d’hommages venant de partout : groupes, musiciens, labels, et évidemment les nombreux fans à travers le monde.

C’est dans les années 80, alors qu’il est encore adolescent que Petrov entame une carrière incroyable, d’abord comme batteur avant de devenir l’une des voix les plus connues du Death Metal. Il fait ses premières armes avec Morbid puis Nihilist qui sera rebaptisé Entombed, dont le premier album "Left Hand Path", sorti en juin 1990 sur le label anglais Earache Records devient l’une, si ce n’est la référence absolue du Death Metal suédois. Le succès est au rendez-vous, les albums s’enchainent et Entombed s’impose comme un incontournable du Death Metal scandinave, notamment grâce au charisme de son chanteur qui est une vraie bête de scène. Mais après presque 20 ans d’existence pour un bilan de 9 albums studio, plusieurs lives et EPs, les tensions sont ingérables et font imploser ce groupe culte qui a non seulement créé un genre, mais aussi influencé toute une génération de musiciens. Commence alors d’interminables disputes autour du nom Entombed et il faut attendre 2014 pour qu’une nouvelle entité voie le jour, Entombed A.D. qui est formée par Lars-Göran Petrov et 3 autres dissidents. Cette formation sortira 3 albums, dont "Bowels of Earth" en 2019, qui sera malheureusement le dernier. En plus d’Entombed A.D., Petrov aura un side-project, Firespawn, qui sortira aussi 3 albums, entre 2015 et 2019.

Si la carrière discographique de Petrov est un quasi sans faute, c’est sur scène que le gaillard fera aussi sa légende. Un frontman incroyable qui vit les concerts intensément, qui éclabousse de son charisme chaque performance de ses groupes, n’hésitant jamais à mettre une touche d’humour entre deux morceaux. Les anecdotes sont incalculables, comme en 2015 lors d’un concert en France où il a vu une bouteille de vodka circuler dans le pit, ni une, ni deux, celle-ci est arrivée à lui, il en a pris une bonne gorgée avant de la remettre en circulation. Ou encore quand il s’est amusé qu’une fréquence radio était allumée près de la scène, qu’elle parasitait les amplis entre les titres avec les commentaires d’un match de rugby. Beaucoup de "stars" auraient vu rouge, pas Lars-Göran Petrov qui a trouvé ça très drôle et a même demandé de ne pas couper la radio.

Le 7 mars 2021, c’est plus qu’un artiste qui nous a quittés, c’est Lars-Göran Petrov. C’est un homme au talent indéniable, à la gentillesse naturelle, à l’humour contagieux, au courage fantastique devant la maladie. Le 7 mars 2021, Lars-Göran Petrov s’en est allé, laissant derrière lui un héritage colossal, il est en quelque sorte devenu immortel en passant de l’autre côté. Bon voyage, Monsieur Petrov.

« Dead - Deceased, but life goes on, I will be the one who won, My charred body will decay, But my soul will be floating anyway* ».  

Metal’Art présente ses sincères condoléances à la famille et aux proches de Lars-Göran Petrov, et les accompagne dans cette douloureuse épreuve.

*But Life Goes On, "Left Hand Path", paroles : Nicke Andersson. Published by - Earache Songs U.K, 1990.

 

 

 

 

13.03.21 16:07

Conviction

Olivier Verron n’est pas seulement le leader du groupe de Black Metal Temple of Baal, et le guitariste / chanteur de Conviction. C’est aussi un homme dont la passion pour la musique l’a amené jusqu’à la Sorbonne pour étudier cet art qui nous fait tant rêver. Le temps d’une interview, Olivier nous raconte comment un concert de Cathedral a fait germer une idée en lui, une idée qui s’est transformée en rêve, puis qui est devenue une réalité. Passion, abnégation, intelligence, streaming, Queen et Doom Metal, voilà ce qu’il vous attend dans cette longue et passionnante entrevue.

Olivier, peux-tu nous expliquer comment est né ce projet, Conviction ? Ce projet est né en plusieurs temps. Je découvre le Doom Metal vers 1994/1995, lorsque je reviens en France après plusieurs années passées à l’étranger. C’est à ce moment-là que je plonge dans le Metal underground, jusque-là j’en écoutais, mais du plus traditionnel avec Metallica et Iron Maiden, par exemple. Après une période Death Metal, je tombe sur le Doom et notamment sur Cathedral, que je vois sur scène lors d’un concert où il y avait à l’affiche Deicide et Brutal Truth. Je m’intéresse immédiatement à eux, et dans le livret d’un de leur album, il y a une longue liste de groupes qu’ils remercient, ce qui m’aide à creuser le genre puisqu’il y a des noms comme Saint Vitus et Pentagram. Même si j’écoutais des formations émergentes dans les 90’s qui avaient un style plus Doom/Death comme My Dying Bride, c’est vers le Doom à l’ancienne que j’ai naturellement été porté. À ce moment, l’envie de monter un groupe dans ce style me vient, sauf qu’aucun musicien n’est intéressé, ils sont tous branchés Death ou Black au mieux du Doom/Death, mais pas celui que j’ai envie de jouer : le Doom old school. Chemin faisant, j’ai monté mon groupe de Black Metal, Temple of Baal, tout en gardant dans un coin de ma tête que le moment se présenterait forcément un jour de jouer du Doom à l’ancienne.

Au final, tu as été patient et ça s’est fait… Exactement. En 2013, un matin, j’ai branché ma guitare et sur une journée j’ai composé et enregistré la démo de Conviction. J’ai mis en ligne la démo sur Bandcamp, uniquement en format digital, les retours ont été très bons d’ailleurs. J’ai ensuite publié un peu plus tard un deux titres, toujours sous forme de one-man-band. Le tournant a été le projet tribute à Cathedral initié par la scène française, mais ça m’embêtait d’enregistrer un titre pour ce tribute sans un vrai batteur. Après quelques recherches, Rachid Trabelsi me contacte en me disant qu’il est très intéressé, de là je me dis autant monter un groupe complet d’autant que je voulais jouer live, j’ai fait appel à deux vieux amis, qui sont des musiciens extraordinaires, Frédéric Patte-Brasseur et Vincent Buisson et le line-up de Conviction est né autour d’un barbecue entre potes.

Pour réussir un album aussi bon et ancré dans l’esprit Doom old school, faut-il forcément avoir une vraie culture du style ? Oui je pense, ce groupe est issu de ce genre et qui plus est de la vieille école. C’est différent de ce que propose la scène actuelle avec un Doom orienté Stoner, ma culture du style vient des vieux groupes, je peux citer comme ça Count Raven, les premiers Cathedral, ou les groupes de l’écurie d’Holy Records avec Serenity ou Godsend, par exemple. J’ai énormément écouté "Forest of Equilibrium", qui est un peu la genèse de Conviction comme "A Blaze in The Northern Sky" est celle de Temple of Baal. J’ai écouté pas mal de groupes très underground, qui restent encore inconnus malheureusement maintenant.

Comment est né le son de Conviction ? J’ai pris une habitude qui est de chercher des sons, de les travailler avec mon matériel. Pour Conviction, j’avais un son en tête, Frédéric Patte-Brasseur également et on a conjugué les deux pour obtenir le résultat. Je travaille beaucoup avec du matériel de la marque Orange qui est connu dans le milieu du Doom et du Stoner. On a trouvé la bonne combinaison avec les amplis et la pédale d’effet Fuzz Big Muff et du matériel Laney singature Tony Iommi, le tout passe dans un Two Notes Torpedo qui est un simulateur d’enceintes et de micro de grande qualité. On cherchait un son à la fois brut et à l’ancienne, pas un truc cliquant comme il se fait beaucoup aujourd’hui, on voulait un son proche du live, c’est pour ça qu’on l’a traité au minimum. Le but en somme a été d’avoir un son un peu moderne, mais très influencé par celui de Tony Iommi notamment celui des années 80, ce qui dans l’absolu ne sont pas compatibles au départ. Quand tu as passé une grande partie de ta vie à faire de la musique, que tu possèdes du matériel, que tu le connais, tu sais quelles combinaisons sonores associées pour obtenir ce que tu veux. 

Est-ce qu’il y a un thème en particulier qui se dégage dans l’album ? C’est ce qu’on peut imaginer quand on constate la forte identité du groupe. Je pense qu’on peut parler d’identité visuelle surtout. La pochette de l’album a été réalisée par Kax, elle a redessiné la photo d’une statue qui se trouve dans la collégiale de Gisors, cette statue représente un habitant de la ville au 16e siècle. Quand j’ai visité cette église j’ai été frappé par cette statue et l’expression du visage. Au-dessus, il y a un texte et une expression en particulier qui dit « fay maintenant ce que voudras avoir fait quand tu te mourras ». Cette expression m’a réellement frappé et a contribué à donner naissance à Conviction, ce visage fait partie de l’identité du groupe, il sera peut-être réutilisé par la suite, sous quelle forme, je ne sais pas, mais je pense qu’il sera toujours là. En ce qui concerne les morceaux, il n’y a pas de liens directs, je les ai écrits et utilisés pour la démo puis j’en ai ajouté deux de plus pour l’album. C’était important pour moi que ces morceaux soient réenregistrés et présents sur l’album, certains diront qu’on ne s’est pas foulé, mais quand tu retournes dans un passé pas si lointain, c’était la coutume de réenregistrer les démos pour la sortie du premier album. Metallica l’a fait, pourquoi pas nous. Les paroles sont quant à elles inspirées d’émotions très sincères que tu ressens au cours de ta vie. Le titre "Outworn" parle d’une histoire personnelle où un matin je me suis regardé dans un miroir et j’ai pleinement réalisé que je n’avais plus 20 ans, ce sentiment est commun à beaucoup de personnes, j’imagine. On grandit, on vieillit, on murit, on vit en croyant toujours avoir 20 ans puis un jour tu t’aperçois que non, ça peut mettre une grande claque. Je compose souvent sous le coup de l’émotion, si tu lis les paroles attentivement tu verras que des choses peuvent correspondre, en les réinterprétant, à des moments de ta vie.

Tu n'as pas hésité à traiter de sujets intimes, en somme ? Oui, c’est vrai. Pour rappel, la démo a été enregistrée en une seule journée, en une fois. Les deux morceaux supplémentaires ont demandé eux, plus d’élaboration et cela s’entend avec l’ajout de chœurs par exemple. Mais oui, j’y exprime des choses personnelles que je n’ai pas envie de développer et tu le comprendras sans peine, mais ces sentiments peuvent être partagés par une multitude de gens. Probablement passé un certain âge, mais pas seulement, il y a de jeunes personnes qui ont un parcours de vie puissant, fort, triste, et qui interprèteront les textes à leur manière puisque ce sont des émotions humaines ! J’ai cette réelle impression que ces textes parlent d’eux-mêmes et c’était le but.

Tes parties vocales sont étonnantes également. Quand on connait ton registre dans Temple of Baal, on ne peut qu’être surpris, tu avais déjà utilisé ce style de chant ou tu l’as travaillé ? Plus jeune, quand j’étais étudiant en musicologie, je faisais partie du chœur de la chorale de la fac à la Sorbonne, j’étais pupitre de basse et j’ai beaucoup bossé ma voix en chœur. Mais tout ça remonte à longtemps, même si dans mon esprit tout ça c’était hier. J’ai énormément travaillé ma voix durant cette époque et je suis passé pendant une vingtaine d’années quasi uniquement sur du chant Black Metal, qui tu en conviendras n’est absolument pas la même utilisation de la voix. Le placement n’est absolument pas le même sur du Doom que sur du Black Metal, il m’a fallu un peu retravailler ça, mais les prises définitives de l’album de Conviction se sont faites de manière spontanée, je me suis remis dans les conditions exactes que pour celles de la démo. J’étais seul face au micro, j’ai fait le boulot et j’ai envoyé le résultat à Fred pour qu’il mixe. Je concède que ma voix a des imperfections, les profs de chant me diraient qu’il faut retravailler pas mal de trucs, mais j’ai fait ça avec mon feeling, mes tripes, en exprimant des sentiments sincères. Du reste, il n’y a pas que ma voix, nous avons également mis des chœurs, tentés des choses, sur le dernier titre Fred à fait remonter ses influences du guitariste de Queen, Brian May, ponctuellement, on a des parties à quatre voix. Fred a une sacrée formation musicale qui a permis de faire des choses intéressantes.

L’album est sorti sur Argonauta Records, un label connu pour ce genre de productions, c’était un choix délibéré ? C’est un choix de ma part, je suis le travail de ce label, j’ai discuté avec des musiciens signés chez eux et tous m’ont dit qu’ils y sont bien. C’est un label qui travaille bien, qui ne fait pas de promesses qu’il ne peut pas tenir, qui dit les choses franchement. Je voulais vraiment signer avec une structure qui connait le Doom et tout le circuit qui va avec pour la promotion. Les choses se sont passées rapidement et simplement, j’ai envoyé la démo au boss d’Argonauta Records, le lendemain il me répondait qu’il sortirait l’album quand il serait prêt, sans mettre de pression. Jusqu’ici tout va très bien, s’il y a un deuxième album, ce que j’espère, il sortira également chez eux. Mais pour l’instant je profite des bons retours, et Argonauta Records également qui est très proche de nous.

Quel regard portes-tu sur l’industrie musicale actuelle ? Entre ventes physiques, digitales et plateformes de streaming, où se situe l’avenir selon toi ? Je pense qu’il y aura un mixe de tout ça, tout simplement. Cela dépend des styles musicaux néanmoins, dans le Metal une majeure partie de l’auditoire sera toujours intéressée par le physique, du moins c’est ce que je pense. Notre album se vend très bien, nous avons même des demandes pour une sortie sur support vinyle. Maintenant de mon expérience personnelle, je sais que les jeunes ne sont pas attirés par le physique, ils se tournent vers le streaming et spécifiquement YouTube ! Le problème, on le connait tous : la rémunération des artistes par les plateformes, aujourd’hui ce n’est plus un secret, la plus grosse part du gâteau, ce n’est pas les artistes qui la touchent. Les gens passent beaucoup de temps devant leur ordinateur, que ce soit au travail ou chez eux, et forcément ils écoutent de la musique de cette façon, c’est un fait, une réalité, a va être difficile de changer ça sauf si les plateformes font faillite ou qu’il y ait une implosion du système informatique mondial, ce que je ne souhaite pas, ce serait une drôle d’apocalypse. Le streaming a de beaux jours devant lui, notamment sur certains styles musicaux. J’ai vu un clash entre deux artistes de variétés, l’un de l’ancienne et l’autre de la nouvelle génération, et l’artiste de la nouvelle génération ne comprenait pas que l’ancien soit là, lors d’une émission pour recevoir un prix. Ce que cet artiste ne comprenait pas, c’est qu’il existe des ventes physiques, des concerts dans des salles et pas seulement un classement du streaming ! C’était hallucinant. La musique mainstream résonne en termes de classement streaming, elle ne vend quasiment rien en physique, mais ce n’est pas gênant parce que dans leurs stories Instagram ou autres, elles font du placement de produit. Ou alors les vrais artistes ouvriront leur propre plateforme, une dédiée à eux uniquement et toucheront tous les droits. Mais tu te vois t’abonner à 10 ou 20 artistes par mois, franchement ? Mais retenons que pour le Metal, le physique reste important, même s’ils écoutent de la musique sur les plateformes, ça ne les empêche pas d’acheter des disques.

Pour conclure cette interview, je vais te poser une question plus personnelle. Tu n’écoutes pas que du Metal, je sais que tu adores le vieux Rock, les grandes pointures comme Queen par exemple. Une époque formidable, pas vrai ? Mais Queen au Live Aid ou à Wembley en 1986, c’est magique ! C’était 4 mecs, 4 mecs pour un stade plein à craquer et un spectacle de dingue pour l’époque. Attention, c’était des musiciens incroyables, puis Freddie Mercury au-delà de ses capacités vocales emmenait le public avec lui par un simple geste, il le tenait, tu t’imagines toi tenir 80.000 personnes, comme ça ? Il avait un magnétisme très spécial. Queen et d’autres comme Led Zepplin, sont des géants de l’industrie musicale, une époque faite de gigantisme, c’était incroyable. J’ai vu au début des années 90 Metallica ou encore les Guns N’Roses dans des stades, au milieu d’une foule énorme. Imagine les musiciens sur scène, comme ça doit être fort pour eux ! Peut-être qu’au bout d’un moment ça devient un moment « normal », mais moi quand je voyais ça, je voulais devenir musicien forcément. Cette époque est un peu révolue malheureusement, la faute au streaming, à internet, au téléchargement… je ne sais pas trop, mais cette époque était formidable.

 

Pourquoi faire compliqué quand on peut faire ultra simple ? Franchement ? Wayward Dawn l’a bien assimilé et propose en cette fin d’année un EP deux titres qui répond au doux nom de « House Of Mirrors ». Au menu un death metal boosté à la HM-2, des riffs dingues, sales, une basse qui l’est tout autant et forcément une batterie qui cogne à mort, le tout surplombé de vocaux gutturaux. Du classique certes, mais du classique propre qui satisfait aux codes usuels du genre, pas besoin de développer plus, le mieux c’est d’écouter avec le volume à fond, évidemment.

Gérer un label indépendant est sans aucun doute une aventure humaine et artistique merveilleuse : signatures de groupes, liens amicaux, la joie de la première écoute des nouvelles oeuvres de « ses » artistes et plus encore. Mais ça demande aussi un travail titanesque pour la gestion, la promotion, et la motivation des groupes, sans compter les contraintes financières d’un milieu où faire du pognon ne serait-ce que pour en vivre décemment est presque une utopie. Tout ça peut vite devenir épuisant si la passion et l’abnégation ne sont pas au rendez-vous, ça tombe bien, le boss de Xenokorp est habité (sans mauvais jeu de mots) par ça depuis de nombreuses années.

Xenokorp, la suite de feu Kaotoxin, est spécialisé dans le Death Metal et quelques-uns de ses dérivés comme le Grindcore. "Multiverse War Kult II" est une compilation qui présente les groupes du label, et quels groupes ! On y retrouve entre autres Savage Annihilation, Mithridatic, Dehuman, Pestifer, Ad Patres, Mortuary et quelques autres pour un total de 18 morceaux dont deux inédits et pas des moindres : Putrid Offal et Mercyless. Deux formations cultes et pionnières dans leurs styles qui doivent sortir leur nouvelle réalisation courant de l’année. Si effectivement la grande attraction de "Multiverse War Kult II" réside dans ces inédits, il ne faut surtout pas sous-estimer le reste, Xenokorp est un label qui fonctionne non seulement au coup de coeur, mais aussi avec beaucoup de discernement pour emmener avec lui des formations dont la qualité, l’engagement, le talent et l’envie ne sont plus à prouver.

Alors oui, on peut voir "Multiverse War Kult II" comme une « simple compilation », mais c’est bien plus quand on connait l’histoire du label, le travail de dingue réalisé par le boss et surtout la valeur des groupes qui composent l’écurie Xenokorp. Si vous êtes fans de Death Metal aussi bien new school que old school, vous allez passer un moment des plus festifs et probablement découvrir quelques pépites. Sur ce, bonne écoute !

 

À la première écoute, il est quasiment impossible de ne pas se dire « tiens, un clone d’Amon Amarth », tant l’esprit général de "Die Wilde Jagd" ressemble à ce que font les Suédois. Puis on fouille, on tend l’oreille, on laisse les préjugés de côté et on découvre qu’Asenblut fait plus qu’un simple Viking Metal inspiré par la bande de Johan Hegg. Alors oui, effectivement, il y a un aspect guerrier, un Death Metal Metal robuste, des plans mélodiques, voire des parties épiques, mais il y a aussi de bonnes doses d’autres courants qui parcourent le nouvel opus des Allemands, comme le Black, le Thrash, mais également le Heavy Metal. Des touches çà et là des styles mentionnés qui apportent de la diversité et beaucoup d’impact aux compositions de "Die Wilde Jagd", le tout en étant cohérent, sans s’éparpiller dans un grand n’importe quoi (ça, c’est assez fort). Au fur et à mesure, on oublie la première impression d’être une vulgaire copie d’Amon Amarth, on entre dans l’univers d’Asenblut qui revisite les classiques de la mythologie à sa façon en élargissant un spectre musical au-delà du simple Viking Metal. Sans être au-dessus de la masse ou innovant, Asenblut parvient à séduire sur certains points et continue tranquillement son chemin entamé il y a presque 15 ans.

Le Death Metal old school se porte bien ces dernières années, pas mal de groupes se sont lancés dans cette branche avec plus ou moins de succès. Plus ou moins, parce que pour faire du bon Death Metal old school comme le fait Savage Annihilation, il faut plus qu’un simple réglage de matériel et écouter en streaming les classiques du genre sur Spotify. Déjà, Savage Annihilation, c’est presque 20 ans de carrière et ça, ça calme. Ensuite, c’est un groupe qui possède une vraie culture du genre et forcément, ça aide à faire de la bonne musique. "Soumises à la Procréation", le nouvel EP des Français s’inscrit directement dans la lignée du tonitruant "Quand s'abaisse la croix du blasphème" paru en 2017, 6 titres efficaces, gras, violents, directs, avec une pure qualité d’écriture et de production. Un univers gore, apocalyptique, hérétique où les riffs se succèdent à vitesse canon surplombés par des vocaux très gutturaux. Le gros bonus de cet EP outre les participations de sommités comme Max Otero (Mercyless) ou encore de Sybille Colin-Tocquaine (Witche), et Déhà (qu’on ne présente plus), c’est le titre hommage à Jeff Hanneman, "When the Slayer Bangs His Head" qui dégage sec les oreilles. Quoi de mieux pour étayer ces propos que de cliquer sur le lien juste en dessous ? Rien ! Allez, on se fait plaisir, on s’écoute un extrait de l’excellent "Soumises à la Procréation".

Blaze Bayley aime son public, et celui-ci le lui rend bien. L’ancien chanteur d’Iron Maiden est un homme qui a vécu de terribles désillusions et drames dans sa vie personnelle et professionnelle et pourtant il en a toujours tiré de la positivité pour avancer. Au-delà de la musique et des images de "Live in Czech", enregistré à Brno en République tchèque, c’est aussi ce qu’il transparait. Un live fait des titres de la trilogie enregistrée entre 2016 et 2018, de classiques et évidemment de morceaux de sa période Maiden ("Virus", "Man On The Edge", "The Clansman") joués avec beaucoup de maitrise et d’émotion. Si les moyens financiers sont limités, l’énergie, elle, ne l’est pas, Bayley et ses comparses se donnent à fond (excellents solos de guitare, basse et batterie sur "The Day I Fell To Earth"), balancent un Heavy Metal haut de gamme supporté par la sublime voix de ce chanteur « maudit ». Régulièrement, entre les titres, Blaze Bayley s’adresse à la foule pour raconter quelques anecdotes et surtout lui dire que s’il est toujours là, heureux de jouer, c’est grâce à eux, uniquement à eux, la communion est réelle, elle est vraiment belle. Sans rien ajouter de nouveau sous le ciel du Heavy Metal, Blaze Bayley offre tout de même 18 titres de qualités pour presque deux heures de musique et franchement, ça le fait. Si certains artistes déchus ont décidé de pleurer sur leur sort, de vomir sur les réseaux sociaux et dans la presse leur dégout pour leurs anciens confrères, Blaze Bayley lui, vit sa passion, peut-être pas dans les grands stades, mais il le fait avec panache, honneur et amour du public.

La dénomination « super-groupe » est très souvent utilisée de nos jours lorsque plusieurs pointures d’un même milieu se rejoignent pour former une entité. Le succès n’est pas forcément toujours au rendez-vous, puisqu’au-delà des qualités techniques des musiciens, il faut également qu’une alchimie prenne pour un résultat détonnant. Pour Sons of Apollo, côté alchimie, pas de doute, ça prend bien, pour preuves leur premier album "Psychotic Symphony" (2017) ou encore le sublime "Live With The Plovdiv Psychotic Symphony" (2019). Quand on est sur une bonne lancée, autant en profiter, ce que font Portnoy, Sherinian, Ron "Bumblefoot" Thal, Sheehan & Soto avec la sortie de leur deuxième album, sobrement intitulé "MMXX". Au programme, un Metal Prog haut de gamme avec des influences Hard Rock, une maitrise de tous les instants, un groove sans pareil ("Resurrection Day") et évidemment une technique irréprochable. Si le côté Dream Theater ne passe pas inaperçu, il serait très réducteur de voir la nouvelle œuvre de Sons of Apollo uniquement par ce prisme, l’aspect Hard Rock étant ultra présent ("King of Delusion"), avec des titres très rentre-dedans, et évidemment une sacrée dose de virtuosité qui leur donne une classe monumentale avec des solos de guitare et claviers ("Goodbye Divinity") totalement dingues. Sans forcément être très éloigné de son premier opus, Sons of Apollo la joue un peu plus directe sur "MMXX" tout en étant exubérant quand le moment s’en fait sentir, bref, du travail de pros mais quand on voit le line-up, on se dit que c’est logique.

02.12.19 21:42

VOLTUMNA - "Ciclope"

L'Italie n'est pas forcément très réputée pour ses groupes de Metal, hormis évidemment Lacuna Coil et Fleshgod Apocalypse. Pourtant la scène underground de ce si beau pays compte bon nombre de groupes intéressants comme Voltumna, qui livre son dernier méfait en cette fin d'année 2019, "Ciclope". Au menu de ce brûlot, 10 titres de Black Metal traditionnel, qui ne s'encombrent ni de palabres, ni de superflus. Voltumna va droit à l'essentiel en distillant sa musique de manière sèche et crue sans pour autant rester dans le minimalisme. Rapide, puissant, occulte, "Ciclope" s'exprime aussi bien en anglais qu'en italien, le tout entre accélérations fulgurantes ("La Furia Dei Ciclopi") et passages plus atmosphériques ("Divine Bloodline") où les solos de guitares et nappes de claviers donnent de la profondeur à l'ensemble. Pour sûr, "Ciclope" ne fait pas dans le détail, mais répond à ce qu'on attend de lui : un album de Black Metal froid, direct, diversifié, qui dégage énormément de personnalité. Si vous êtes fans du bon vieux Black qu'on faisait jadis au début des années 90, il se pourrait bien que cette nouvelle œuvre de Voltumna vous plaise, en tout cas chez Metal'Art, on l'apprécie énormément.

Nile est incontestablement l’un des groupes de Death Metal les plus connu et respecté de la planète. Leur carrière faite d’opus puissants, de concerts dantesques, et surtout d’une régularité dans l’excellence ne peut qu’épater du reste. Quatre ans après « What Should Not Be Unearthed », les Américains reviennent avec « Vile Nilotic Rites », qui une fois encore conjugue à merveille la brutalité et la technique pour un rendu détonnant. C’est un tabassage dans les règles qui s’opère au travers de rythmiques violentes et effrénées comme sur « Snake Pit Mating Frenzy » ou « Oxford Handbook of Savage Genocidal Warfare », du Nile autant sur le fond que la forme : solos de guitares, vocaux ultras gutturaux, blasts en tout genre, la palette est large et tout en maitrise. Nile est également vicieux, malsain, en ralentissant le tempo, « Seven Horns of War » prouve qu’ils sont aussi monstrueux sans jouer la carte de la vitesse. Si à cela on ajoute des atmosphères dont eux seuls ont le secret ainsi qu’une production en béton, on obtient l’un des albums de l’année dans le genre.

Certains groupes gagneraient à être connus, pourquoi ? tout simplement parce que la musique qu’ils font est excellente. Aucune autre explication n’a besoin d’être apportée. Patronymicon en fait partie, malgré deux bons albums en 2011 et 2013, les Suédois n’ont pas franchi la barre de l’underground et leur Black Metal reste pour le moment assez confidentiel. Gageons qu’avec ce nouvel opus, "Ushered Forth By Cloven Tongue" la donne change puisqu’il sort chez Osmose Productions qui dans les années 90 a abreuvé la Terre entière avec les premiers méfaits de sommités comme Immortal, Marduk ou encore Impaled Nazarene. "Ushered Forth By Cloven Tongue" est simple à résumer : du Black Metal de souche, violent, bourré d’atmosphères glaçantes. Du pur Black délivré avec une élégance couplée à une puissance incroyable d’où se démarquent les excellents "Lightless Flames" et "From The Depths Of Damnation" pour ne citer qu’eux. Le difficile cahier des charges du Black scandinave est rempli haut la main, amateurs du genre, ne vous privez pas d’un tel album.

Même si on sait d’avance à quoi s’en tenir avec 1349, l’annonce d’un nouvel opus est toujours une bonne nouvelle pour les fans de Black Metal froid et direct. Une fois encore la bête ne déçoit pas, "The Infernal Pathway" c’est du 1349 pur et dur, du Black 100% maitrisé où règne un chaos digne de l’enfer lui-même. Un véritable déferlement de puissance couplée à une hargne dévastatrice se dégage des 11 ogives balancées par les Norvégiens, tout est carré, millimétré, joué avec une fureur qui n’a d’égale que la noirceur omniprésente. Que ce soit le tonitruant "Abyssos Antithesis" en ouverture ou le maléfique "Enter Cold Void Dreaming", la punition est semblable : 1349 écrase tout sur son passage ne laissant derrière lui que ruines et désolation. On notera tout de même outre la technique irréprochable des musiciens de nombreuses mélodies s’immiscer dans les compositions ainsi qu’une effarante lourdeur ne faisant qu’accentuer le sentiment de mal-être qui domine "The Infernal Pathway". Le Black norvégien est bien vivant, plus que jamais serait-on tenté de dire.

02.11.19 06:58

SARKE - "Gastwerso"

La Norvège, cette terre inépuisable de Metal en tout genre qui depuis plusieurs décennies n’a de cesse de nous abreuver en excellents albums chaque mois. Novembre 2019 ne sera pas uniquement marqué par la sortie du nouveau Mayhem, puisque Sarke est également de la partie avec sa toute dernière réalisation, "Gastwerso". Au menu, un Black / Thrash de tradition ("Ghost War"), avec un léger côté Punk ("Ties of Blood") qui s’appuie sur des rythmiques soutenues et la voix inimitable du légendaire Nocturno Culto. Du grand classique pourrait-on croire sauf que, Sarke n’est pas une jeune formation et sait prendre le contre-pied quand il le faut en introduisant dans "Gastwerso" des titres plus mystiques, mi-tempo, proche des musiques classiques norvégiennes. Il suffit de jeter une oreille sur le génial et très éthéré "The Endless Wait" pour comprendre ces propos. Voix féminine, arpèges de guitare, ambiance lancinante, Sarke est au top même quand il sort de son séculaire Black / Thrash. Mais ne prenez pas peurs, surtout pas, "Gastwerso" reste un album majoritairement autoritaire, simple et authentique, il se permet simplement de mettre un poil d’éclectisme et sincèrement, c’est remarquablement fait.

02.11.19 06:52

MAYHEM - "Daemon"

S’il y a un groupe dont la légende dépasse le cadre de la musique, c’est bien Mayhem. Il faut dire qu’entre meurtre, suicide et autres mystères entourant la première partie de leur carrière, les Norvégiens ont bâti un épais voile de fantasmes en tout genre autour d’eux. Mais depuis le début des années 2000, c’est bien musicalement que Mayhem fait parler de lui, en bien ou en mal d’ailleurs tant leurs albums ont pu parfois surprendre. Avec "Daemon" c’est une sorte de retour aux sources pour les Scandinaves, puisque ce nouvel opus n’est pas sans rappeler le culte "De Mysteriis Dom Sathanas" par bien des aspects à commencer par la noirceur et l’occultisme qui l’habitent. C’est un Mayhem gonflé à bloc qui délivre un Black Metal à la fois froid, violent et très naturel qui durant près d’une heure passe en revue tout son savoir-faire. Que cela soit "Bad Blood", "Malum", ou encore "Daemon Spawn" la punition est la même, Mayhem impose sa loi. Parfois brutale, parfois ésotérique, chaque composition est habitée par la terreur, autant dans la musique que dans les vocaux d’Attila Csihar, il se dégage de "Daemon" une autorité et une puissance incroyables qui font de lui l’une des meilleures réalisations du groupe toute époque confondue, sans le moindre doute. Le temps à beau passer, la légende reste debout, surprenante et splendide, ne faites pas trop vite votre classement de fin d’année, "Daemon" pourrait y occuper une place de choix.

Pour son nouvel album, "The Sound of Scars", Life of Agony s’est lance un sacré défi : écrire la suite de "River Runs Red" paru en 1993. Un défi audacieux quand on connait le concept et l’intensité de cette œuvre devenue culte au fil des années. En 26 ans, énormément de choses ont changé, ne serait-ce que le style de Life of Agony qui à l’époque était un groupe de Hardcore ne faisait pas dans le détail. Aujourd’hui la donne n’est plus la même, la formation est dans un registre Metal Alternatif / Crossover, mais ça ne l’empêche pas d’offrir une suite incroyable à "River Runs Red". Oscillant entre le Nu-Metal ("Scar"), le Grunge ("Lay Down") et ses racines HxC ("My Way Out"), c’est un groupe sûr de son fait et ultra créatif qui offre une prestation incroyablement intense. "The Sound of Scars" est plus que certainement l’une des meilleures réalisations de Life of Agony, autant dans la puissance que l’émotion, il ne fait pas un doute qu’avec cet opus, le groupe débute un nouveau chapitre de son existence.

Décidément, Greg Mackintosh ne tient pas en place. Outre son agenda déjà bien fourni avec Paradise Lost, le Britannique s’offre de nouveau un passage dans le Death Metal avec son nouveau projet, Strigoi, qui sort son premier album, "Abandon All Faith". Après la fin brutale de Vallenfyre qui était un projet très intime à valeur curative avec une durée de vie limitée, Mackintosh remet le couvert avec deux bons amis, Chris Casket (basse) et Waltteri Väyrynen (batterie), pour un opus 100% Death Metal qui transpire le old school par tous les pores. Grosses guitares, blasts, vocaux gutturaux, la panoplie est complète avec en plus une réelle science du vieux Death crade pour donner vie aux compositions. La démonstration faite par Strigoi est tout simplement terrible, on est littéralement soufflé par la puissance de "Nocturnal Vermin" ou encore "Throne of Disgrace" (qui possède un petit côté Punk) tellement celle-ci est intense et brut de décoffrage. Mais Greg Mackintosh possède plus d’une corde à son arc et n’oublie pas qu’il a également des racines Doom, "Abandon All Faith" propose aussi des titres très lents à l’image de "Carved Into The Skin" qui est d’une lourdeur effarante et malsaine. Faire du Death Metal est à la portée de bien des groupes, en faire un d’aussi bonne facture n’est certainement pas donné à tout le monde.