26.01.20 13:43

THY CATAFALQUE - "Naiv"

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Découvrir un nouvel opus de Thy Catafalque, c’est d’emblée s’attendre à être surpris. Notre prodigieux et sympathique génie hongrois, Tamás Kátai, âme pensante et cheville ouvrière de l’entité musicale qui nous occupe, reste toujours imprévisible. Ce serait un peu sortir de mon devoir de neutralité éthique que d’avouer que j’adorais les premiers albums de cet artiste hors-normes, porteurs, à l’époque, d’un black metal avant-gardiste totalement captivant. Puis en 2015, sur son 6e album, « Sgùrr », Tamás allait nous mettre face au mur. La presse spécialisée allait vivre un schisme considérable, les uns criant à l’hérésie face à l’orientation musicale de l’époque et les autres, toujours aptes à évaluer le fond « Catafalquien ». Qu’on le veuille ou non, en 2018, le 8e album «Geometria » allait nous apparaître comme étant un véritable chef-d’œuvre. Pour ma part, soucieux de combattre le repli identitaire musical du large monde du Black metal, j’ai fait mon deuil de ce qu’était Thy Catafalque jadis. Il fut, il est et sera. Le génie, ce n’est pas dans les titres de l’artiste que je le perçois, mais bien dans sa personnalité, aussi fantasque soit-elle. J’établis par ailleurs un corrélat entre l’évolution du travail de Tamás avec celui de Mirai Kawashima (Sigh). Oui, le changement fait peur… à certains plus que d’autres. N’avons-nous pas plus à gagner que de vivre la découverte d’un album à l’instant présent ? Au diable le passé, le futur reste un point fixe comme le disait si bien Rainer Maria Rilke. Et ce présent, que dit-il ? À l’écoute de «Naiv», je retrouve bien la personnalité de Messire Kátai. Il nous immerge toujours bien dans son propre univers avant-gardiste, teinté de progressif ancré dans un syncrétisme musical assez diversifié. On aime le lourd, qu’à cela ne tienne, «Vető » lâche un riffing Heavy Thrash à la Slayer, teinté de folk de type « Artrosis » pour ensuite nous promener dans des sonorités electro World. Dans le même registre, comment ne pas succomber au charme de l’excellent « A valóság kazamatái » ? Ce morceau joue sur la dualité émotionnelle, tantôt mordant sous des auspices industriels, tantôt apaisant via ses ambiances « Transe ».  Si j’évoquais un lien indicible avec Sigh, à l’écoute du très surprenant  « Kék madár (Négy kép) », nous découvrons une atmosphère Folk épique versant ensuite dans un cadre totalement relaxant, évoquant une musique de générique de feuilleton. Il est aussi question de fusion et en ce sens, « Számtalan színek » illustrerait à merveille une chorégraphie de danse contemporaine. Une amorce très swing-Jazzy vous percute sur « Tsitsushka » à la pétulance très mesurée.

Une dimension introspective nous est aussi donnée avec le superbe morceau qu’est « Embersólyom », véritable tremplin vers la vacuité. Au final, ce qu’on peut retenir de Thy Catafalque, c’est sa propension à vous remettre totalement en question, par-delà les clivages qui existent dans le monde musical. Tamás Kátai transcende toute frontière possible en remettant au centre l’essence même que ce que peut porter la musique. Son apport est avant tout une fonction réunificatrice. Ce 9e album possède en lui toute cette force. Le découvrir vous fera évoluer d’une manière ou d’une autre.

Informations supplémentaires

  • Points: 4.5/5
  • Genre: Metal avant-gardiste
  • Pays: Hongrie
  • Maison de disque: Season of Mist
  • Date de sortie: 24.01.20
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