07.11.21 17:28

NON RESIDENTS - "Against Police Brutality"

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Si le titre de leur premier album n’est pas suffisamment équivoque, nul doute que leur premier titre, simplement baptisé « Intro », va vous mettre au parfum : ça gueule « ACAB » d’emblée, et pendant près d’une minute ! C’est qu’on n’a pas manqué de malheureux exemples de violence policière américaine ces dernières années, et pour des chiliens fraîchement expatriés, on ne peut qu’imaginer que la vie new-yorkaise n’a pas dû diminuer ces mauvaises impressions, que du contraire. Sans surprise, lorgner du côté du hardcore pour exprimer injustices et colères n’est pas fortuit.

Si le premier « vrai » morceau se place comme une présentation de ce juvénile quatuor (là aussi, « We Are Non Residents » laissant peu de place au doute, même pour quelqu’un qui parle anglais comme une vache espagnole), très vite, on se rend compte du poids qui pèse sur nos comparses : « Resilience », « Comfortably Tied », « Not For Me » sont autant d’appels à l’aide que de brûlots nécessaires. Et si le clin d’œil au titre controversé de Childish Gambino « This Is America » est possiblement une affabulation personnelle, l’occasion serait que trop belle que pour croire qu’il ne s’agisse que d’une coïncidence.

Et musicalement alors ? Et bah ça envoie pas mal, comme il est attendu sitôt que l’on joue avec ses tripes et avec toute l’honnêteté du monde. Rapide et puissant, leur musique ne se prend pas les pieds dans le tapis comme certaines formations qui, certes, ont beaucoup sur le cœur, mais une formation musicale peut-être encore trop faiblarde. Ici, c’est carré et endiablé, tout en n’oubliant pas d’être appréciable en tant qu’objet auditif, en tant que chanson que l’on veut gueuler autant que l’on veut voir nous titiller les tympans. On veut cogner autant que l’on veut taper du pied, et cerise sur le gâteau : on se tape en plus une idée plus géniale qui consiste à rajouter des rythmiques traditionnelles Mapuche (peuple autochtone du Chili et d’Argentine) à l’ensemble. Si aux oreilles du non-initié (dont je fais partie), cela ressemble à de la flûte, cela ne doit pas vous faire fuir pour autant, que du contraire : cela n’a rien d’un gadget ou d’une simple volonté de se démarquer. C’est une part que l’on imagine importante de leur identité, personnelle comme musicale, et on ne peut que leur implorer de garder cette idée sur de futures productions. « Brutal Caeca » et « Preludio » en sont ainsi garnis, et ça fait prendre de la grandeur à ces morceaux. Peut-être aurait-on aimé voir cela également au début de l’album, mais la sensation de surprise et de fraîcheur en aurait sûrement pâti. On se retrouve néanmoins avec des rythmiques entêtantes et quelques bridges bien thrashouilles qui font plaisir.

Je peux le dire sans trop sourciller : ce projet me touche énormément. Et c’est d’autant plus admirable que la forme est au moins aussi bonne que le fond. On aurait apprécié une poignée de chansons supplémentaires, mais pour un premier album, concocté en pleine pandémie en plus alors qu’ils espéraient tourner un peu avant… C’est de l’excellent travail. Hâte d’en entendre plus de la part de cette nouvelle référence de colère débridée, parce qu’assurément : le climat très tendu aux States aura au moins permis une résurgence punk de premier ordre, et de haute qualité.

Informations supplémentaires

  • Points: 4/5
  • Genre: Hardcore/Punk
  • Pays: USA
  • Maison de disque: Autoproduction
  • Date de sortie: 10.10.21
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Ale