27.12.21 14:47

SWALLOW THE SUN - "Moonflowers"

Écrit par
Évaluer cet élément
(0 Votes)

Déchirant. "Moonflowers", véritable dissection du deuil, est une œuvre bouleversante d’honnêteté. Une mise à nu magnifique de la douleur de Juha Raivio. Le guitariste-compositeur exprime dans ce chef- d'œuvre la souffrance indicible ressentie au décès de sa compagne. La magnifique pochette, des fleurs ramassées par le musicien surplombées d’une lune rouge tracée avec son propre sang, est comme le reflet des chansons : « les écrire m’a fait penser aux fleurs de lune qui fleurissent à l’heure la plus sombre de la nuit », explique-t-il. Ces morceaux traduisent les sentiments qui hantent leur auteur. Les arpèges de guitares, les délicates mélodies et un violon, fil rouge de mélancolie, évoquent une douce nostalgie, le regret des heures heureuses aujourd’hui envolées. La lourdeur des guitares exprime le poids de l’absence et du manque. Les hurlements death, voire black,sur le terrifiant « This House Has No Name», plongée dans les abysses suicidaires de la solitude, transcrivent la colère face à la perte brutale de l’être aimé. Naît ainsi, à l’image de vocaux variés, capables d’une grande délicatesse, un maelstrom de sentiments, une tempête émotionnelle d’où, à travers les mots de Cammie Gilbert (Oceans Of Slumber) sur le sidérant « All Hallow’s Grieve», émerge le fantôme de la disparue : Behind the dark / I still had heart / Hold on to / Behind the lines Where / I’m torn apart. Juha Raivio affirme détester cet album. C’est l’album qui se serait imposé à lui. « Save me ! From myself », implore-t-il ainsi dans « The Void ». Créé, comme seul remède, comme seule issue.  Et laisser les vers du  « Recueillement » de Baudelaire résonner en écho à ce « Moonflowers » déchirant.

 

Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.

Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici :

Une atmosphère obscure enveloppe la ville,

Aux uns portant la paix, aux autres le souci.

 

Pendant que des mortels la multitude vile,

Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,

Va cueillir des remords dans la fête servile,

Ma douleur, donne-moi la main ; viens par ici,


Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années,

Sur les balcons du ciel, en robes surannées ;

Surgir du fond des eaux le Regret souriant ;

 

Le Soleil moribond s'endormir sous une arche,

Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,

Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.

Informations supplémentaires

  • Points: 4.5/5
  • Genre: Doom Death
  • Pays: Finlande
  • Maison de disque: Century Media
  • Date de sortie: 19.11.21
Lu 699 fois