14.05.22 18:03

VARIOUS ARTISTS - "Forever Reigning - A Tribute To Slayer"

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Les covers, c’est rarement mon truc. Non pas qu’elles soient toutes nulles bien sûr, mais simplement parce que l’accès à l’original est désormais si évident par le biais du net et de ses nombreux outils que je n’y vois pas bien d’intérêt. Pour m’appâter dans ce genre d’exercice, il faut une plus-value. Une relecture des paroles par exemple, qu’il s’agisse d’une parodie ou d’une modernisation. Un changement complet de genre éventuellement, transformant le plus bruyant morceau de metal en sympathique chanson de jazz lounge. Ou encore, pourquoi pas, plonger pleinement dans la fracture d’image, en voyant de gros bonshommes plus proches du guerrier viking que de la pop-star reprendre un titre mielleux et dégoulinant de couleur. « Forever Reigning » ne va pas si loin, mais il ne se contente pas non plus du best of du pauvre.

Certains éléments choquent et d’autres non. Tout d’abord, il s’agit du premier projet lancé par « Satyrn Studios », une idée assez saugrenue. Si surfer sur l’aura incassable des maîtres du Thrash paraît pertinent pour se lancer, il paraît étonnant que personne n’ait trouvé à redire là-dessus, et que l’idée ne provienne pas de Nuclear Blast ou autre label ayant travaillé avec la clique à Tom Araya. Puisqu’on évoque ce dernier, on crève l’abcès tout de suite : aucun des groupes présents ne peut se targuer d’arriver à son niveau. Simple question d’habitude ou élitisme toxique, vous en serez juge. On se contentera de parler d’une différence de style, et du simple fait que personne ne peut chanter du Slayer que Slayer lui-même. Dernier élément au rang des surprises : la plupart des groupes présents sont relativement peu connus de la communauté metalleuse. Même avec ma casquette de chroniqueur, seul « Over Enemy » me disait quelque chose, après avoir remis une critique il y a quelque temps sur un album que j’avais trouvé simplement correct. Les sept autres m’étaient totalement inconnus, mais il n’est pas impossible que j’aille y tendre une oreille curieuse. Ce choix de line-up est enthousiasmant, mais ce qui aurait été encore plus formidable aurait été d’être plus international encore, à la manière d’un « Dirt Redux ». La musique de Slayer et leur rôle de fer de lance du genre auraient mérité de laisser leur chance à des groupes talentueux issus de contrées oubliées. Mais je chipote. C’est déjà cool d’avoir opté pour des groupes aussi diversifiés et méritants ce coup de projecteur. D’autant plus que les États-Unis, pays déjà gigantesque, n’ont déjà pas dû faciliter l’entreprise.

Quant aux côtés moins choquants, il y a déjà la setlist : on commence par South Of Heaven, on termine par Raining Blood. L’évidence même donc, mais qu’est-ce qu’on aurait pu inclure d’autres ? Les dix titres du milieu sont plus variés : il y a du connu et du plus obscur. Toujours une bonne idée pour un album « best-of » que j’appelle aussi parfois « album synthèse ». Certes on ne peut faire sans les classiques, mais présenter 2-3 fonds de tiroir permet justement d’ouvrir le grand public (et aussi les fans « de surface » !) à un catalogue plus large. Bon point donc. Le style des différents groupes se marie aussi plutôt bien au thrash de Slayer : il y a un peu d’indus avec Skrog, de sludge avec « Eulogy in Blood », de death avec Disinter et inclassable avec « Slokill ». Et tout fonctionne plutôt bien, sans trancher de trop avec les originaux (pas de jazz lounge au menu donc). Mentions spéciales pour « Spill The Blood », « Divine Intervention », « South Of Heaven » et le somptueux « Delusions of Savior ». Assurément, mes deux pépites à surveiller de l’album sont Skrog et Distal Descent (et par chance, ils reprennent deux et trois morceaux respectivement !) Mais rien n’est honteux, même sur les morceaux plus anecdotiques ou tout simplement « moins bien » (désolé à Skull Fuckers Inc., mais Raining Blood est vraisemblablement intouchable).

Pour finir, à qui s’adresse l’album ? Ôtez-vous l’éventuelle idée d’une compilation du pauvre, on est loin de ça ! La plupart des reprises sont de bonnes factures et permettent la redécouverte, à défaut de se réapproprier pleinement les différents titres. On est dans l’hommage, pas la réinterprétation. Cela devrait donc plaire aux fans absolus de Slayer ayant déjà tout écouté mille fois, autant qu’aux nouveaux venus ne sachant pas trop par où commencer.

Informations supplémentaires

  • Points: 4/5
  • Genre: Punk Rock
  • Pays: Multiple
  • Maison de disque: Satyrn Studios
  • Date de sortie: 29.04.22
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Ale