22.05.20 09:26

NIGHTWISH - "HUMAN. II: NATURE"

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La sortie d’un nouvel album de Nightwish est incontestablement un événement attendu avec impatience. Cinq ans après “Endless Forms Most Beautiful”, Tuomas Holopainen dévoile la nouvelle et dixième œuvre du groupe, "HUMAN. II: NATURE”. Un concept ambitieux composé d’un double opus avec ces deux thématiques respectives évoquant l’humain et la nature. La première partie est dirigée par l’Homme sur laquelle les voix sont mises en avant, tandis que la seconde partie est un voyage au travers de la nature avec une pièce orchestrale grandiose. Un projet ambitieux saisissant et attisant les curiosités par ces subtilités. Maître dans leur genre de Metal Symphonique, Nightwish a repoussé leurs retranchements au-delà de leur genre pour offrir un album varié et grandiose qui va faire voyager les esprits.

Concentrons-nous sur la première partie de l’album qui démarre là où “Endless Forms Beautiful” nous a laissés. “Music” ouvre le bal progressivement entre des cris d’animaux et une délicate épopée symphonique qui prend de la hauteur au fur et à mesure et avec une magnifique interprétation vocale de Floor. Les compositions sont solides et accrocheuses, elles n’ont pas une structure basique, mais plus complexe, originale et recherchée. Ce qui peut rebuter à la première écoute, cependant, il faut prendre du recul et de la hauteur pour en saisir toutes les subtilités. Ce schéma désarticulé se retrouve sur l’efficace et accrocheur single “Noise”, dénonçant l’utilisation abusive des nouvelles technologies. Poursuivant avec “Shoemaker”, divisé en deux parties avec son final saisissant, Floor dévoile des hautes vocalises et exploite sa voix lyrique comme jamais elle ne l’avait fait auparavant dans Nightwish. Un grand moment d’émotion et de frisson. La voix de Floor est, enfin, exploitée à sa juste valeur sur cet album, elle offre toute sa polyvalence avec une aisance remarquable. Les voix de Troy, Floor et Marco sont mises en valeurs et s’harmonisent à leur juste valeur dans les compositions et les chœurs. Troy s’affirme au chant en plus d’accompagner sur les chœurs, il possède sa propre chanson en lead vocal, “Harvest”, marquée d’une touche celtique, joyeuse et entraînante. Tout comme l’air celtique de “How’s The Heart” dans la même veine mais le titre est un peu simplet. Cependant, c’est le single par excellence avec son refrain entêtant qui va nous faire chanter en live. Dans les pépites, il y a “Procession”, cette semi-balade est une véritable douceur, elle décolle dans une intensité crescendo avec une prestation des plus émouvantes de Floor et ne nous laissant pas insensibles. Le point fort, c’est que chacun des membres à son propre morceau sur lequel il est mis en avant et ça se ressent dans l’instrumentalisation des deux pointures de l’album, “Pan” et “Tribal”. Commençons avec “Pan” sur lequel Emppu retrouve sa place et sa virtuosité avec des riffs heavy et incisif comme au bon vieux temps de Nightwish. C’est un des titres les plus aboutis de l’opus, progressif et atmosphérique avec des airs de douce comptine. “Pan” nous plonge dans la pénombre d’un univers décadent aux chœurs et refrains glorieux. Poursuivons avec “Tribal” qui se suffit à lui-même pour se décrire, ici c’est l’agressivité mise en avant par les percussions de Kai avec une section rythmique percutante et saccadée. C’est le titre le plus heavy de l’album, qui met à nouveau les riffs saturés d’Emppu en évidence accompagnés de voix à limite du growls pour Floor. Et concluant sur un final survolté marquant les esprits. Si on se demande où est passé Marco à l’exception des chœurs, on le retrouve ici sur son propre titre “Endlessness” concluant l’album dans une atmosphère sombre au tempo lancinant et pesant convenant à son timbre de voix. Même si le morceau est bon, il est peu convaincant pour fermer un album surtout après la fin saisissante de “Tribal”. "Endlessness” se laisse écouter, mais surtout ça se traîne durant sept minutes dans la même dynamique lente et se concluant sur une légère et subtile mélodie de violons.

La seconde partie de l’album, “All The Works Of Nature Which Adorns The World”, évoque la nature dans toute sa splendeur. Cette composition orchestrale et instrumentale de trente minutes est divisée en huit parties pour saisir les différents passages. Ici, les esprits s’apaisent afin de s’évader dans un voyage autour de notre belle planète bleue. Aucune voix ne règne à l’exception de léger chœur et chuchotement cohabitant en harmonie avec l’instrumentalisation. Dans ce projet ambitieux, on retrouve la virtuosité de Tuomas Holopainen, accompagné de Troy aux instruments celtiques ainsi que des orchestres du The London Session Orchestra et celui de Hans Zimmer à Hollywood. Ces sonorités sont très cinématographiques, nous amenant à fermer les yeux et à nous immerger dans notre propre voyage. Parcourant la nature qui s’émerveille avec les océans, des jungles aux forêts, de la grandeur des aurores boréales et de la douceur des paysages enneigés… Cette symphonie est décrite par Tuomas comme “une lettre d’amour pour la planète”. Elle se clôt avec “'Ad Astra”, délivrant un dernier message percutant avec une célèbre citation ("The Pale Bue Dot") de l'astrophysicien Carl Sagan : “That's here, That’s home, That’s us” résumant parfaitement cette pièce unique décrivant la fragilité et beauté de notre planète. “All The Works Of Nature Which Adorns The World” est une pièce symphonique unique, grandiose et émouvante. 

"HUMAN. II : NATURE” est un album palpitant rempli de multiples facettes difficiles à saisir en une seule écoute. Les compostions sont riches et variées, elles s’harmonisent de plusieurs ambiances entre des morceaux percutants et d’autres, plus singuliers. Certes, il m’est difficile de boucler cette conclusion, l’album m’a saisie, c’est certain. Cependant, il me manque ce soupçon de magie que je ressens avec la plupart des autres albums. Est-ce que c’est en autre dû à l’absence d’un morceau d’une durée d’une dizaine de minutes comme Nightwish nous a habitués depuis longtemps ? Mais, Tuomas Holopainen, la tête pensante du groupe, réussi comme toujours à saisir par sa virtuosité et pour nous délivrer des compositions toujours plus grande et ambitieuse. Ce qui me pose une interrogation sur la splendide pièce “All The Works Of Nature Which Adorns The World” : est-ce que sa place est dans Nightwish ou serait-elle plus adaptée pour un projet solo de Tuomas ? Finalement, cette composition reste indéniablement un magnifique cadeau. "HUMAN. II : NATURE” est un album étonnant et vibrant dans lequel il faut se plonger pour en saisir ces subtilités.

Informations supplémentaires

  • Points: 4/5
  • Genre: Symphonic Metal
  • Pays: Finlande
  • Maison de disque: Nuclear Blast
  • Date de sortie: 10.04.20
Lu 1561 fois Dernière modification le 22.05.20 09:30