19.08.20 17:38

Le Skeleton Band

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Le trio français Le Skeleton Band nous fait voyager au travers de leur nouvel album “Aux Cavaliers Seules” aux multiples facettes. Alex Jacob nous en dit plus sur le sujet :

Pour commencer, peux-tu présenter le groupe ? On s’appelle Le Skeleton Band, on existe depuis dix ans et on est un trio. Notre musique navigue entre le Rock, le Post Rock, le Blues et parfois le Baroque. On a fait environ cinq cents concerts depuis qu’on existe. On sort notre cinquième album qui se nomme “Aux Cavaliers Seules”. Dans le trio on retrouve Clément Salles à la batterie et au vibraphone, Bruno Jacob à la contrebasse et moi (Alex Jacob) au chant, à la guitare et au banjo.

Comment te sens-tu à la sortie du nouvel album “Aux Cavaliers Seules” avec le contexte actuel ? Je suis content de le sortir, car c’est l’album pour lequel le temps de préparation a été le plus long que l’on n’a jamais connu. Au début, on a commencé la composition, l’enregistrement puis la sortie et il a mis beaucoup de temps à arriver à maturation. Je pense qu’on a la sensation que c’est génial de le sortir maintenant, car on va pouvoir le faire écouter et nous, dans tous les cas, on va tourner avec pendant un moment. On peut attendre et on a appris à attendre pour faire ce disque.

Comment expliques-tu ce temps de préparation plus long ? Je pense que l'on a mis longtemps avant de savoir où on allait. C’est la raison pour laquelle on a pris plus de temps. Avec le disque précédent, “Tigre-Teigne” (ndlr sorti en 2017), qui est assez brute avec peu d’instruments différentes. On était en quatuor et puis on s’est retrouvé en trio comme à nos débuts. Également, c’était les dix ans du groupe et ça a fait un effet reboot. Il fallait de nouveau inventer quelque chose qui surprend. On a essayé plein de formules d’instruments et des manières de composer différentes, le fait d’inventer tout ça, cela a pris du temps. On est parti d’une base comme si on jouait une musique acoustique que l’on pourrait jouer avec quasiment aucun micro, mais avec les effets que l’on rajoute et que l'on dissémine dans la chanson, ça prend une ampleur différente. Donc ça a pris du temps pour que l’on arrive à trouver cet équilibre.

Est-ce que l’on peut dire le processus de production fut différent pour cet album ? Tout à fait. On est partis sur quelque chose de très acoustique. Plus on a avancé, plus on l’a quitté. Mais tout au début, on était vraiment dans cette idée-là et les effets ont gagné. À force de maîtriser les effets qu’on voulait mettre partout, on y a été franchement et on s’est plaisir.

Comment décrirais-tu “Aux Cavaliers Seules” pour donner envie à nos lecteurs de l’écouter ? C’est un album de Rock qui est cinématographique et intime, car il parle beaucoup des espaces intérieurs et aussi des espaces extérieurs grands comme petits. C’est l’intérieur et l’extérieur qui essayent d’exister en même temps. Le disque navigue entre des éléments plus Folk et des inspirations qui viennent directement du Post Rock. Dans cette idée, il y a beaucoup de chansons progressives qui montent, il y a des chœurs et parfois il y a de plus en plus de bruit qui se rajoute. Sans cesse, on essaye de chercher en soi une histoire. Ce qu’on a réussi à faire cette fois, et peut être pas avant, c’est l’histoire. On nous emmène et on va d’un point à un autre avec parfois des bifurcations dans la musique. En même temps, le disque est assez condensé dans le temps, avec peu de chansons, mais elles sont assez longues. C’est un voyage qui peut paraitre assez long et en même temps qui est dans le temps assez ramassé.

On peut affirmer que le but de vos albums, c’est d’inviter au voyage ? C’est l’idée dans notre musique, il y a tout le temps beaucoup d’images, d’ambiances et de son. Plus on avance dans l'écoute, même si le chant est assez présent, au plus on laisse de l’espace à notre musique quand il intervient, car c’est l’évocation qui nous parle le plus en général.

Était-ce une volonté de mettre davantage en avant le chant en français dans cet album ? On ne se force pas à écrire en français, mais c’est beau quand on arrive à trouver l’endroit où le texte existe avec la musique et sert à s'y plonger ou pas. On peut faire le choix de l'écouter ou pas. J’aime ça et surtout, on a réussi à trouver des mots qui résonnent comme on le voulait avec la musique qu’on joue.

Est-ce qu’on peut dire que la pochette de l’album suit la continuité du voyage ? Tu peux m’en dire plus sur le sujet ? La pochette a été prise par un cinéaste, Léo Lefèvre, qui fait aussi de la photographie. On aime bien cette photo, car elle invite au voyage. Elle représente une grande étendue de rizière et d’herbe où il fait sombre. C’est un peu inquiétant et en même temps, c’est intrigant et attirant. On peut apercevoir des feux au loin, c’est comme des lueurs auxquelles on peut se raccrocher. Également, ça peut raconter l’état interne dans lequel on est, que tout est sombre, mais ce n’est pas perdu. Et quand on a regardé la photo en écoutant l’album, chaque morceau raconte quelque chose de différent et ça s’assemblait donc on a décidé d’utiliser cette photographie.

Est-ce tu peux m’en dire plus sur les paroles ? Est-ce qu’elles invitent également au voyage ? Je crois qu'il y a beaucoup de courage dans les paroles et la tristesse est toujours présente. Je pense au dernier morceau, “Perdu le Rivage”, qui parle de lui-même et quand on est lancé dedans, on ne sait pas ce qu'il se passe. Les paroles essayent de raconter ça et, en même temps, de rester un peu au présent. Ce n’est pas “il était une fois”, mais c’est maintenant "il se passe ça". C’est à la fois quelque chose qui arrive à tout le monde, tout le temps et maintenant cela m’arrive à moi à ce moment présent.

Les morceaux de Le Skeleton Band sont très diversifiés, quelles sont tes influences qui t’inspirent à composer ? Au début du groupe, on écoutait surtout des artistes de Rock comme Tom Waits. Ensuite, on a beaucoup écouté la musique d’ambiance qui s’approche aussi d’une atmosphère latine comme Dead Combo qui est un groupe portugais. Le Post Rock a toujours été présent comme le Doom, on en écoute tout le temps. En Doom, je pense à Earth et en ce moment, on aime beaucoup Big Brave.

Le Skeleton Band a fait beaucoup de concerts dont certains dans des lieux particuliers. Est-ce qu’il y a un concert qui t'as marqué en particulier ? Oui, je retiens surtout les concerts où les gens débarquent sur scène. Ça m’est arrivé deux fois que des mecs montent sur scène pour me rouler une pelle, donc je m’en souviens. Ça, ce sont les anecdotes marrantes. Mais il y a les concerts où tu ressens que tout le monde est présent et il se passe quelque chose surtout quand ce n’est pas donné d’avance. Parfois dans des lieux, dans des endroits particuliers comme des clubs, je pense à un endroit au Portugal tout le monde écoute et là on ne sait pas ce qui se passe mais tout le monde en ressort un peu purgé et c’est génial. Également, il y a les moments quand on a joué devant d’énormes foules, on s’en souvient, on a joué une fois devant trois mille ou quatre mille personnes. On n’a pas l’habitude donc ça nous fait bizarre.

Quels sont les prochains projets après la sortie de l’album ? On espère tourner à partir de septembre, c’est certain on va passer du temps sur la route. On va également faire un clip pour l’album très prochainement. On a fait la musique d’un film qui s’appelle “Douce France” qui sortira au cinéma bientôt. Le but est surtout, dès que c’est possible, de jouer et de reprendre la route.

Vous avez déjà écrit des musiques pour un film auparavant ? On l'a déjà fait assez souvent, on nous a déjà demandé de faire de la musique pour le théâtre ou la radio. C’est très différent la façon de composer, car on travaille avec les images et on dialogue avec le réalisateur. C’est un travail qui est intéressant, car souvent on fait des choses qu’on ne ferait pas dans nos chansons. Donc, on s’essaye à de nouvelles choses et souvent ça permet de nourrir le disque suivant.

Pour finir, je te laisse le mot de la fin : Je suis très content de sortir ce disque “Aux Cavaliers Seules”, même si on ne peut pas tourner tout de suite. C’est quelque chose qui a pris du temps pour se faire et je crois comme il est aujourd’hui, on n’aurait pas pu mieux faire. C’est vraiment un disque qui nous ressemble et je suis content d’avoir fait quelque chose proche de nous.

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  • Crédit photo: J-B Senegas
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