28.11.19 14:44

Redemption

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Redemption c’est avant tout une affaire de famille, avec un groupe composé d’un père et de ses deux fils. Après avoir fait parler deux en tant que grand gagnant du tremplin du Hellfest et par leur passage remarqué sur la Main Stage, lan dernier, le combo à la formation atypique nous présente leur premier EP “Angel”. Au fil de cette interview, on nous en apprend plus sur eux :

Pour commencer je vous laisse présenter Redemption, comment l’histoire du groupe a débutéJS: Il faut tout d’abord que je te dise que, dans notre famille, jouer dans un groupe, c’est quelque chose de normal. Rod et Mat fréquentent les concerts et les salles de répétitions depuis qu’ils sont bébés… Ils ont toujours eu accès au matériel et aux conseils des nombreux professionnels qui forment notre entourage. Très tôt, ils ont monté leur premier groupe (8 ans et 13 ans) avec un de leurs copains à la basse. Au bout de quelques mois, ça n’a plus fonctionné avec ce bassiste, alors ils m’ont demandé de le remplacer le temps d’en trouver un nouveau. C’est un intérim qui est devenu un poste fixe en fin de compte. Tout s’est ensuite enchaîné très vite : premier concert, puis deuxième, etc... jusqu’au premier événement qui a marqué la jeune carrière de Redemption, notre sélection au Hellfest Mainstage 2.

On peut dire que le line-up de Redemption est atypique! Le fait de jouer en famille est une force pour vous ? Mat: Évidemment, jouer en famille c’est un atout très important. Autant au niveau de la stabilité du line-up, de la communication entre nous, et des disponibilités de chacun. Quand on est ensemble, c’est-à-dire tous les jours, on ne parle que du groupe, de nos concerts passés ou à venir, des projets, etc... Entre nous, il y a une véritable symbiose qui dépasse la musique. Je pense que ça s’entend et que ça se voit sur scène. De plus, notre mère, elle aussi, est toujours avec nous. Nous nous déplaçons tous les quatre comme une petite tribu. Le fait d’être ensemble nous apporte une sérénité, une énergie et une force incroyable.

D’ailleurs, est-ce facile pour Rod et Mat de réussir à allier cette carrière musicale et leur vie dado ? Rod: On ne parle pas trop de la musique à l’école, même si tout le monde sait ce qu’on fait. J’ai une vie normale avec de bonnes et de mauvaises notes, des potes avec qui je fais du skate ou du vélo, des petites chéries, mes copains hallucinent que je joue au même endroit que Koba la D ou Cabalero, Jean Jass… pour les uns, Iron Maiden ou Judas Priest pour les autres… Patti Smith pour mes grands-parents. C’est vraiment drôle en fin de compte.

L’an dernier, vous avez eu lopportunité de jouer au Hellfest. Quels souvenirs gardez-vous de cette expérienceMat: Cette sensation incroyable de constater que des milliers de personnes sont arrivées en courant pour voir notre concert à 10 h 30. Le truc le plus dingue, c’est à la fin de notre premier morceau quand les gens ont crié et ça faisait comme une énorme clameur ! C’était plus fort que nos retours et je t’assure que sur scène, on joue très très très fort. C’est à ce moment-là que l’on a réellement mesuré le truc incroyable que l’on était en train de vivre tous les trois…

J’imagine que fouler la Main Stage 2 alors que lon a 11 et 16 ans est une sensation très étrange. Non ? Rod: J’avais encore 10 ans… Mat: On s’était vraiment bien préparé. En fait ce n’était pas étrange. On savait que tout le monde aurait quelque chose à dire sur nous. On avait reçu beaucoup de messages géniaux, mais on se mettait aussi à la place de tous ces super groupes qui n’avaient pas été sélectionnés par Hellfest. On se devait d’être à la hauteur de l’événement. C’était vraiment ça qui nous mettait sous pression. Respecter l’honneur qui nous était fait.

JS, avec ce point de vue de papa quest le tien, dirais-tu que tu vis l’aventure Redemption de la même manière que Mat et Rod ? JS: Tu imagines bien que pour un papa, jouer avec tes fils devant des centaines, voire des milliers de personnes, c’est un kiff incroyable. Parfois, pendant que l’on est sur scène, je regarde Mat et Rod et je me dis que je rêve… Avec eux, j’ai redécouvert la musique. Ils sont beaucoup plus performants, réguliers, endurants, sérieux et enthousiastes que la plupart des adultes avec qui j’ai pu jouer. On dirait que les kids n’ont pas de limites. Je souhaite à tous les parents de vivre une aventure collective avec leurs enfants. Que ce soit dans la musique ou n’importe quoi d’autre.

En plus du Hellfest, vous avez eu lopportunité de jouer de nombreuses dates avec beaucoup de groupes (Phil Campbell & The Bastard Sons, DeadKennedys, Nashville Pussy, Ultra Vomit). Avez-vous un concert qui vous a marqué particulièrementJS: Pour des Motörheadbangers comme nous, tu imagines bien qu’ouvrir pour Phil Campbell, lui parler, partager un dîner avec lui et ses fils, c’est un peu toucher la main de Dieu…  jusqu’à présent, nous avons eu la chance de nous produire à chaque fois dans des conditions super avec des artistes que nous adorons et dont nous écoutons les disques depuis toujours… chaque concert est une fête différente, une relation différente avec chaque public… . J’aurais tendance à dire que c’est le prochain concert qui va nous scotcher… nous préparons tous nos concerts comme si c’était le premier. Chacun est unique et on espère tous les trois que ça va rester comme ça.

De même, après le Hellfest vous attaquez désormais dautres festivals comme le Cabaret Vert ou le festival ArtSonic ! Mat: Oui, ça, c’est vraiment génial ! Ce sont les premiers festivals généralistes dans lesquels nous allons nous produire. Nous sommes vraiment impatients de jouer devant le public de ces festivals, aux côtés d’artistes qui sont en fin de compte très loin musicalement de ce que nous faisons. Nous sommes persuadés que nous sommes en mesure de faire la jonction entre le public metal / hard rock et un public plus généraliste. Nous sommes pressés d’y être !

Parlons maintenant de votre second EP “Angel” qui vient de sortir, pouvez-vous men dire plus à son sujetMat: Nous tenions à ce que notre premier CD (Live&Loud) soit un Live. À tort ou à raison, nous avions envie de montrer d’abord du live. Pour nous, la vérité est sur scène ! Cependant, le public nous a réclamé rapidement un CD studio, après le Hellfest. Nous avions un certain nombre de morceaux qui étaient prêts à être enregistrés, mais nous voulions aussi proposer des morceaux inédits que nous n’avions même pas encore joués sur scène. JS: Nous avons été extrêmement choqués, en août 2018, par le meurtre d’une femme, au Brésil, par son conjoint. Il avait commencé à la tabasser dans la voiture, ensuite dans l’ascenseur pour finalement, la jeter par la fenêtre de leur appartement. Elle n’a pas réussi à s’enfuir, personne n’était là pour l’aider, elle a été massacrée par quelqu’un qu’elle aimait… Il y a eu 120 femmes, mamans, filles, grand-mères, sœurs assassinées l’année dernière (2018) en France. La violence domestique est un poison qui détruit les familles sur plusieurs générations. La chanson « Angel » est notre manière de dénoncer cette violence qui concerne malheureusement beaucoup trop de monde.

L’EP contient notamment « GetRid » qui avait débuté votre set Clissonnais ! Est-ce le seul clin d’œil de cet EP à votre passif avec le Hellfest ? Mat: Nous avons aussi enregistré « Let it Die » et « I’m Not Afraid » qui sont deux chansons qui ont été composées peu avant notre passage au Hellfest et qui ont beaucoup plu. On adore l’énergie incroyable qu’elles dégagent quand la batterie rentre avec la basse. Ce sont vraiment des morceaux qui représentent bien Redemption.

Pour cet EP vous avez collaboré avec Sylvain Masure et Magnus Lindberg pour la production. Comment cela sest-il dérouléJS: Je connais Sylvain depuis plusieurs années. En plus d’être un des meilleurs ingé son que je connaisse, c’est aussi quelqu’un d’adorable, patient et curieux. Quand nous lui avons demandé de prendre en charge notre son en concert, il a accepté tout de suite malgré son emploi du temps extrêmement chargé. Au moment de choisir un studio, nous lui avons parlé du projet, car nous souhaitions lui confier le mix et le mastering. Nous n’imaginions pas que nous pourrions trouver un créneau avec lui pour réaliser les prises de son. En fin de compte, Sylvain a trouvé le studio, le temps pour nous enregistrer et nous mixer. De la magie ! Mat: Sylvain nous a parlé de Magnus et nous a suggéré de le contacter pour lui proposer de réaliser le mastering d’Angel. Après quelques échanges d’emails, nous étions convaincus qu’il serait la bonne personne pour apporter la touche finale à notre EP.

Pourquoi ce choix de faire appel à Magnus Lindberg et Sylvain Masure ? Un rapport avec le fait quils aient produit des groupes français tels que Tagada Jones qui vous influencent certainement ? JS: Dans tout ce que nous faisons, nous essayons vraiment de choisir avec un grand soin les personnes avec qui nous travaillons. Rod est encore petit et il est indispensable de nous entourer de personnes qui sont, non seulement, très compétentes, mais qui sont aussi capables de travailler avec un enfant. Nous travaillions déjà avec Sylvain depuis plusieurs mois et, humainement, ça fonctionnait déjà très bien avec Rod et Mat. Pour Redemption, il est assez évident de s’entourer autant que possible des meilleurs spécialistes du gros son. Aujourd’hui, Sylvain et Magnus sont des références, je pense. Ne pas travailler avec eux, alors que nous en avons la possibilité serait une erreur.

Comment décrire votre son ? Peut-on dire quil sagit dun mélange de thrash et de rockMat: Je crois que tu as vraiment pointé du doigt les deux mots qui décrivent bien le son de Redemption. Entre nous, nous disons thrash’n’roll ! Nous utilisons un mélange de matériel assez particulier qui nous apporte je pense ce son thrash et rock.

Quels sont les groupes qui vous inspirent dans vos compositionsMat: C’est assez large… ça va de Johnny Cash à Slayer, en passant par les Ramones, Motörhead ou Monster Magnet, que j’aime particulièrement. On est tous très curieux en musique. On nous compare souvent à Metallica, ce que je prends comme un très grand compliment. Par contre ce n’est vraiment pas un de mes groupes favoris ni un modèle. Nous tentons avant tout de faire des chansons. Des refrains que le public prend plaisir à chanter ou à entendre. Nous essayons de faire une musique accessible et qui puisse être facilement mémorisée. Nous jouons surtout pour faire plaisir au public.

Pour finir, quels sont les projets à venir pour Redemption? L’album est-il déjà envisagé Mat: Nous affectionnons vraiment le format EP qui permet d’installer une certaine régularité dans la composition et la production. Nous sommes déjà en train de préparer le prochain, qui sortira en juin 2020. Je pense cependant que nous ne sortirons pas d’album sans le soutien d’une maison de disques.

« We Are Redemption&We Play Rock’n’Roll », ça fait quand même Mötorhead dans l’âme, non ? JS: Il y a 40 ans, Motörhead m’a donné l’amour du rock. C’est le groupe qui m’a accompagné toute ma vie dans les bons, et les mauvais moments. Mes fils, tout comme moi, ont pris Motörhead en pleine face dès leur plus jeune âge. « We Are Redemption&We Play Rock’n’Roll », c’est un hommage plus qu’appuyé de notre famille à Lemmy et son gang. Un état d’esprit à entretenir et à célébrer.

Finalement, et pour résumer notre échange, le heavy metal est une affaire de famille chez les Kuhn ? Mat: Rien n’est plus important que la musique chez nous. Mais ça, tu l’as compris.

Je vous laisse le mot de la fin. En chœur: We Are Redemption & We Play Rock’n’Roll !

Lu 1984 fois Dernière modification le 28.11.19 14:51
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