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17.04.20 12:39

United Guitars

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United Guitars, comme l’évoque son nom est un projet collaboratif 100% guitares. Il réunit une vingtaine de musiciens petits et grands tels que Gus G, Rick Graham, Axel Bauer, Richard Daudé, Quentin Godet (…) autour d’un premier double album instrumental guitare : United Guitars Vol 1” ... Ludovic Egraz, rédacteur en chef du journal Guitar Xtreme et fondateur du projet, a répondu à nos questions.

Pour commencer, peux-tu me dire comment l’aventure United Guitars a débuté ? L’aventure a débuté il y a environ deux ans. Je m’occupe d’un magazine qui s’appelle “Guitare Xtreme” pour lequel on fait des vidéos et on en a fait une avec Axel Bauer, Fabrice Dutour et il y avait cinq/six autres guitaristes. On s’est dit que ça serait bien d’aller plus loin et éventuellement de faire un album. Le projet a démarré de cette façon, mais il est resté en suspend jusqu’à il y a trois mois. Ma compagne Olivia Rivasseau est productrice et s’occupe du label Mistiroux Productions, elle a travaillé administrativement sur le projet. Elle a vu comment monter l’enregistrement et quelles subventions on pourrait demander pour le faire… Et à un moment, elle m’a dit qu’il faut le commencer maintenant, c’est le bon moment et j’ai tout enclenché. J’ai réuni les guitaristes, on a composé des morceaux et tout s’est enchaîné très vite. Trois mois après, on avait fini l’album.

Est-ce que tu peux te présenter ? Quels sont les projets que tu as faits avant United Guitars ? Je suis guitariste depuis le collège donc ça fait très longtemps. J’ai commencé une carrière de guitariste professionnel dans le cadre d'un groupe de Rock avec lequel je suis parti en tournée durant plusieurs albums. Parallèlement, je suis devenu journaliste et je me suis réorienté dans la presse guitare. J’ai travaillé pour plusieurs magazines comme Guitare & Claviers et maintenant je suis rédacteur en chef de Guitare Xtreme Magazine. Aujourd’hui, on va dire que je ne pratique pas la guitare professionnellement, dans le sens que ce n’est avec ça que je gagne ma vie. Mais, je joue toujours énormément de guitare dans des projets, des groupes de reprises notamment un de Black Sabbath et j’enseigne aussi la guitare.

Est-ce que le but de tous les artistes qui y ont contribué à United Guitars, c’est de faire transmettre votre passion pour la guitare ? Oui, c’était plutôt de faire un état des lieux de la guitare en France en 2019. Il y a beaucoup de personnes qui ont du talent et qui s’expriment chacun dans leur coin dans le cadre de leur album, de leurs concerts et d’autres qui ont leur chaîne YouTube. Il n’y a pas vraiment quelque chose qui fédère tout ça et c’était une manière de les mettre en avant et de leur offrir une tribune.

Comment perçois-tu l’évolution de la guitare et des guitaristes en France depuis quelques années ? Je trouve ça intéressant, car il y a différent niveau et avec internet, YouTube et la mondialisation, les informations circulent beaucoup et aujourd’hui il y a un niveau plus fort qu’avant. Par contre, j’ai le sentiment que la guitare est un art un peu vieillissant dans le sens que les personnes qui s’y intéressent réellement ont entre trente et septante ans. Alors que, les plus jeunes ne s’y intéressent un peu moins peut être. C’est aussi une raison d’être pour cet album, essayer de dynamiser la guitare auprès des audiences plus jeunes.

Est-ce qu’on peut dire que vous avez produit un album collaboratif en apprenant et collaborant les uns sur les autres ? Il y a vingt-trois guitaristes, dont quinze qui ont apporté une composition originale. Ensuite, on a défini des équipes et, sur chaque morceau, il y a trois, quatre guitares qui interviennent. C’est une façon de partager et de créer une interaction entre les différents musiciens.

Comment s’est déroulé le processus de composition ? Vous avez réussi à tous vous rassembler en même temps ? Non, les quinze guitaristes compositeurs ont enregistré des maquettes courant du mois de juin. Ensuite, on a discuté et réarrangé certaines choses. Une fois les maquettes finalisées, on les a envoyées pour que tout le monde puisse avoir accès et on a décidé qui allait jouer sur quels morceaux. Il y a eu des échanges jusqu’à ce qu'on arrive à une version plus ou moins finalisée. Après, quand on est arrivé pour l’enregistrement début septembre, les batteurs et le bassiste présent sur le projet avaient travaillé les morceaux et on les a refaits en studio pendant quatre jours.

Dans le projet tu as collaboré avec de grands noms notamment Gus G, comment a-t-il rejoint le projet ? Je connais Gus G depuis longtemps quand il a commencé avec son groupe Firewind et on est toujours resté en contact. C’est une personne que j’aime beaucoup et je pense qu’on s’apprécie. Quand il passe à Paris, on s’arrange pour se voir et passer du temps ensemble. Donc, naturellement, je l’ai appelé pour le projet. Et pour le second intervenant étranger, Rick Graham, c’était un peu différent. C’est deux des intervenants du disque, Pierre Danel et Quentin Godet du groupe Kadinja, qui sont amis avec lui et me l’ont présenté. C’est un musicien vraiment intéressant qui est en plus très suivi sur Instagram et YouTube. C’était très plaisant de l’avoir sur l’album.

Je trouve que l’album est très diversifié. Était-ce une volonté que tous les musiciens puissent apporter leur patte ? Oui, au travers de la sélection que j’ai faite des guitaristes, c’était important pour moi de réunir des personnes avec des sensibilités musicales et des univers différents. C’est de cette façon qu’on arrive à avoir des morceaux Metal, Hardpunk, Prog, ambiant … Il y a même un guitariste, Yoann Kempst, qui a composé un titre un peu afro. C’était important que ce ne soit pas juste un disque avec des démonstrations de guitares, mais que ce soit un voyage à travers plein de sensibilités musicales différentes.

Pour finir, que dirais-tu pour nous donner envie d’écouter l’album ? La guitare, c’est chouette. Elle peut être aussi expressive que la voix d’un chanteur. C’est aussi un instrument unique qui existe dans toutes les cultures, qui traverse tous les styles de musique et qui est, pour moi, l’expressivité quasi inégalée. Quand tu tires sur une corde et que tu la touches, tu peux faire ressentir une infinité d’émotions. On a essayé de montrer ça à grande échelle avec cet album. Et encore une fois, ce n’est pas juste un album de performance guitaristique, c’est un album avec de vrais morceaux et je pense que même quelqu’un qui n’est pas ultra-sensible à la guitare instrumentale peut apprécier cet album et l’aimer en l’écoutant.

Pour plus d’informations : https://united-guitars.fr

16.04.20 13:08

Burning Witches

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Au cours des dernières semaines, Laura Guldemond a déjà donné de nombreuses interviews à propos de son engagement comme chanteuse chez les Burning Witches. Raison pour nous d'aller un peu plus loin en lui posant non seulement des questions sur la musique, mais aussi sur sa vie privée. Dans les prochaines lignes, elle va vous livrer des détails inédits sur son monde intime en parlant de son passé, de sa vie quotidienne et de sa maladie, le tout d'une manière très ouverte et honnête !

Commençons par une question à propos du dernier album de Burning Witches "Dance with the Devil" qui est sorti il ​​y a peu. Comment le décrirais-tu par rapport aux deux premiers opus ? C'est toujours du Burning Witches, c'est du métal mélodique des années 80 avec beaucoup de variations. Je pense que c'est l'album le plus diversifié jusqu'à présent. Les styles vont du très lourd à la ballade. Nous avons tous grandi en tant que musiciens et Sonia a développé son propre style que j'adore. En studio, nous avons accordé beaucoup d'attention aux détails. Je suis une chanteuse différente donc ce n'est pas complètement pareil par rapport aux premiers albums. Auparavant, Seraina écrivait ses paroles et mélodies pour ses lignes de chant et maintenant j'écris les miennes. Mais bien sûr, je voulais rester dans le style des années 80 et des Burning Witches. 

L'écriture a-t-elle été adaptée à ta voix ? La chose qu'ils ont toujours gardée à l'esprit, c'est que je peux aussi bien chanter dans les registres graves et que ma voix est un peu plus chaude. Mais en fait, tu devrais demander à Romana !

Je sais que tu chantes non seulement le soprano, mais aimes aussi les tonalités graves. Oui, j'aime les deux, il faut juste voir ce qui correspond le mieux à une chanson. Nous écrirons peut-être une chanson qui commence bas et finit haut pour le prochain album, donc du genre typique de power ballade. Cette fois-ci, c'était un peu difficile à faire parce que nous n'écrivons pas ensemble. Romana m'a envoyé ce qu'elle écrivait à la maison. Mais cette année-ci, nous avons prévu de partir ensemble en vacances pour quelques semaines, peut-être en Croatie. Mais puisqu’il y a le corona maintenant, je ne sais pas si ce sera possible. 

En parlant de la pandémie : que fais-tu au quotidien chez toi à Eindhoven ? Pour le moment, je ne suis pas autorisée à travailler comme professeur de chant, car je serais proche de quelqu'un qui pourrait me cracher dessus (rires). Je ne peux qu’enseigner par Skype. Mais là, je n'ai pas autant d'étudiants que dans la vraie vie. À part cela, je viens de déménager chez mon nouveau petit ami. L'autre chose que j'ai faite pour gagner ma vie a été la vente à domicile qui n’est actuellement pas possible puisqu’elle propagerait le virus. Je suis heureusement toujours en bonne santé et ma famille et mes amis aussi !

Tu es jeune et fais beaucoup de fitness, tu peux donc bien y faire face ! C’est vrai, j'aime bien faire du fitness, mais tous les centres sont fermés. Je profite donc maintenant de mon temps libre pour écrire des chansons.

Qu’est-ce que tu vends quand tu fais du porte-à-porte si je peux demander ? Je ne veux pas trop en parler. Mais c’est amusant, car j’aime parler aux gens !

Quand tu dis que tu écris des chansons : écris-tu non seulement des paroles, mais aussi des mélodies ? J'écris mes propres mélodies de chant et les paroles. Nous travaillons uniquement sur des détails et certains effets en studio et puis nous voyons ce qui en résulte. Nous avons eu beaucoup de plaisir à le faire, c'était tellement génial de tout entendre venir ensemble ! Quelques paroles ont dû être changées, car nous avions modifié les mélodies un peu. C'est une bonne chose que Schmier, qui nous a aidés, est un chanteur, il était confiant et disait : “apportez tout ce que vous avez, nous le mettrons ensemble !“

Il y a quelques années, lorsque j'ai vu les Burning Witches avec Alea et Seraina, le groupe jouait déjà à un très haut niveau, mais le public était plutôt restreint. Maintenant, le nombre d’adeptes s'agrandit de jour en jour et votre batteuse Lala m'a dit il y a quelques jours que vous employez une merch girl maintenant (Karen), donc les choses deviennent de plus en plus professionnelles ! Tu as rejoint le groupe il y a moins d'un an, as-tu remarqué une croissance de popularité ? Ouais, ouais, c'est vraiment cool ! Je pense que tu peux aussi le voir dans les statistiques que cet album est entré plus haut que la dernière fois. Je pense que c'est parce que de plus en plus de gens commencent à nous connaître. Au début, il était difficile pour les filles d'être prises au sérieux. L'année dernière, nous avons fait beaucoup de grands festivals et je pense que cela a aidé beaucoup de gens à nous découvrir. Et nous sommes très satisfaites des critiques que nous avons reçues pour l’album.

En effet, j'ai vu une foule immense au Summer Breeze Festival ! En principe partout ; parfois les organisateurs nous ont même dit qu'ils n'avaient jamais vu une telle foule sur la scène où nous jouions ! 

Je pense que cette année, vous serez sur les mainstages ! Oui, voyons ce qui se passe, je suis curieuse ! 

Tu avais l’expérience sur scène avec Shadowrise, Generation Lost et quelques autres groupes, mais juste après avoir rejoint le groupe, ton premier concert a été immédiatement au Sweden Rock Festival ! Quel sentiment y avais-tu en montant sur scène ? J'étais super excitée et un peu nerveuse, mais aussi très concentrée. J’étais bien préparée, les chansons étaient toutes nouvelles pour moi donc il n'y avait pas d'autre moyen que de les écouter tous les jours avant le concert !

Tu n’avais en effet pas beaucoup de temps pour apprendre les chansons et pour mémoriser les paroles. Cela m'a demandé beaucoup d'efforts. J'étais donc un peu nerveuse, mais ça allait après cinq concerts. C’étaient tous de grands concerts de festivals et c'était vraiment cool, j'en rêvais depuis longtemps ! Et à Wacken c'était mon anniversaire !

Oui, j'ai vu sur YouTube que la foule chantait un happy birthday pour toi ! As-tu une chanson préférée sur scène ? Euh, question difficile… je ne peux pas vraiment le dire pour les nouvelles chansons puisque nous avions fait qu’un seul concert avec quelques nouvelles chansons avant l’arrêt dû au coronavirus. Pour les anciennes chansons, c'est difficile à dire parce que dans chaque chanson, il y a des choses que j'aime. J'aime bien entendre les gens chanter, par exemple pour Bloody Rose, même si c'est une des chansons les plus difficiles à chanter.

En parlant des anciennes chansons, Seraina les a toutes écrites. L'as-tu déjà rencontrée? Non, je ne l'ai pas fait.

Voudrais-tu ? On se suit sur Instagram, et ceci déjà avant qu'elle quitte le groupe.

J'ai fait une interview avec elle il y a quelque temps où elle me disait que les Burning Witches auraient trouvé un bon substitut pour elle, c'est donc un beau compliment. Ah, merci ! 

Passons aux questions personnelles ! Quand tu étais jeune, as-tu toujours cru gagner ta vie en faisant de la musique ou quel était ton plan B ? Eh bien, quand j'étais adolescente, j'ai dû cacher ma musique parce que mes parents étaient hagards ! Ils pensaient que ce n'était pas bon, ils sont très religieux ! Alors, quand j'étais jeune, j'essayais de terminer mes études universitaires, mais je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire après. 

Qu'as-tu étudié ?  Oh, c’est une longue histoire ! J'ai commencé par l'anthropologie culturelle. Je m’intéresse aux autres personnes. Pour la même raison, je pensais étudier la psychologie, mais mes parents m'ont dit que je ne devrais pas, car je deviendrais folle moi-même ! En anthropologie culturelle, il faut beaucoup écrire, mais je ne suis pas un bon écrivain. Je veux dire que je peux écrire des paroles de chansons, mais l'une de mes pires branches au lycée était le néerlandais. Je ne savais pas vraiment quoi faire et ainsi la motivation me manquait. Je me suis reconvertie au design industriel, c’est quelque chose de créatif et de technique. J’ai fini ces études, mais après cela, je suis allée au conservatoire. Aux Pays-Bas, nous avons le premier conservatoire de musique metal et quand j'ai commencé, c’était la toute première année, c'était vraiment cool ! Je l'ai mené à bien il y a quelques années.

As-tu d'autres intérêts dans ta vie à part la musique et le fitness ? J'ai des geckos léopards. Ils sont parfaits pour l’élevage et ils n'ont pas besoin de beaucoup d'attention. Ils peuvent donc bien passer leur temps sans moi quand je suis occupée.

As-tu des routines quotidiennes ? Je me lève, je me lave le visage, je me maquille, je prends mon petit déjeuner et un café. Si j'ai le temps, je vais câliner mes chats, mon copain a deux chats vraiment adorables. Et j'ai mon gecko préféré que je peux prendre sur mon épaule. J'ai aussi un dragon barbu, il est assez grand pour ne pas se perdre, il peut donc se promener dans la chambre. 

Quelles petites choses te rendent heureuse ? Café, biscuits, chantilly, crêpes… 

Que de la bouffe ? J'aime les câlins et les baisers de mon copain, le Martini, le whisky et le soleil !

Je te vois toujours rire de toutes tes dents, mais quand as-tu pleuré la dernière fois et pourquoi ? C'était quand j'étais déprimée. J'ai reçu des médicaments et j'attendais qu’ils fassent effet. Ou... attends, en fait c'était il y a plus longtemps. Oh... la dernière fois que j'ai pleurée ? (rires) J'ai toujours tellement voulu avoir un serpent et je pensais que mon petit-ami n'avait aucun problème avec eux, alors j'en ai eu un. C'était un serpent vraiment mignon. Puis il s'est avéré que mon copain avait un problème avec et j'ai dû m'en débarrasser à nouveau ! Vous pouvez donc pleurer pour des trucs stupides comme ça ou réellement. Pendant des années, j'ai eu un problème lorsque l'hiver arrivait, quand il fait de plus en plus sombre à l'extérieur, j'ai un peu de blues hivernal. Mais cette fois, c'était très intense, j'avais un travail exhaustif à faire et je suis devenue vraiment déprimée. Je suis allée voir un médecin qui m'a donné des médicaments. J'ai reçu un diagnostic de trouble de déficit de l’attention l'année dernière. Lorsque vous souffrez de TDA, vous êtes plus susceptible de souffrir de dépression. J’aurais aimé le savoir plus tôt, car pour la première fois depuis des années, j’ai traversé l’hiver sans trop pleurer. Mais normalement, je suis une personne plutôt heureuse.

Tu as un groupe de fans sur Facebook. Es-tu fan de quelqu'un ? Qui aimerais-tu rencontrer ? (rires) Laisse-moi réfléchir, c'est une question difficile ! J'ai déjà rencontré mes chanteurs préférés en metal, ou beaucoup d'entre eux en fait. Mais je voudrais rencontrer Noora Louhimo de Battle Beast ! 

Quelle est la chose la plus stupide que tu aies jamais faite ? Il y a beaucoup de choses stupides que j'ai faites, mais une belle histoire est la suivante : j'ai raté mon dernier train pour rentrer chez moi après un concert de Dragonforce et j'ai essayé d'appeler des amis pour voir où je pouvais rester, mais personne n'a décroché, j'étais donc un peu dans la merde ! Mais à la fin de la nuit, j'avais cinq endroits pour dormir, mais aucun de mes amis ! En fait, j'ai rencontré Sam Totman après leur concert, il était super drôle, il a fait beaucoup de blagues stupides ! Nous sommes également allés dans le backstage, dans la pièce des Dead Kennedys et nous avons eu tout leur alcool, nous avons bu toute la nuit !

Si tu ne t’étais pas rendue en voiture : n’as-tu pas de permis de conduire ? Non, je n’en ai pas. À cause de mon TDA, j'ai beaucoup de problèmes avec le multitâche. Si j'ai assez de temps pour faire quelque chose, je peux le faire bien. Mais pendant une leçon de conduite, beaucoup de choses se produisent à la fois et un moniteur perd vite sa patience. Cela ne fonctionne tout simplement pas parce qu'alors je suis stressée et quand je suis stressée, je suis distraite, car ma tête ne peut pas le maîtriser et ensuite je fais encore plus d'erreurs ! Cette année, je pensais cependant obtenir mon permis de conduire, car je cherchais un emploi à temps plein. Mais maintenant, je suis avec les Burning Witches et je voyage beaucoup, donc je n'ai pas vraiment besoin d'une voiture. Et cela ne ferait que prendre de l'argent que je peux utiliser bien mieux ailleurs parce que la musique ne me rapporte pas beaucoup d'argent. Mais peut-être plus tard dans la vie.  

Le tatouage que tu as sur ton ventre a-t-il une signification particulière ? Oui, il fait partie de mon ancien costume de Shadowrise et j'aime les tatouages ​​bleus du film Atlantis de Disney. Connais-tu Luis Royo ? Il peint des filles et certaines portent des tatouages ​​tribaux bleus. J'aime son style et ces tatouages. Un de mes amis l'a tatoué. C'était l'un des premiers qu'il a fait et c'était aussi le premier tatouage que j'avais. 

Et la tournée ? Quand commencera-t-elle enfin ? La tournée européenne est reportée à l'automne, mais j'espère que nous pourrons refaire quelques concerts en juin ou juillet pendant les festivals. Et j'espère que nous pourrons faire une tournée au Royaume-Uni et peut-être une autre tournée en septembre ou octobre, mais je ne sais pas encore où exactement. J'espère toujours que nous pourrons aller aux États-Unis, mais nous devons voir s'il y a une bonne opportunité - je l'espère ! 

Je te souhaite alors bonne chance pour le reste de l'année ! Merci pour l'interview ! Et je suis vraiment curieux à propos de votre magazine, il a l'air tellement cool parce qu'il a deux choses que j'aime : la musique et les arts !

31.03.20 13:58

7 Weeks

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Les Français de 7 Weeks n’ont pas toujours connu un long fleuve tranquille dans leur carrière et ils ont failli disparaître ... Tel un phénix ou plutôt un bison, ils ont, à force de persévérance, remonté la pente pour nous présenter en janvier un nouvel album « Sisyphus ». Julien Bernard (chant & basse) nous en dit plus à son sujet :

Pour commencer est-ce que tu peux me faire une petite rétrospective de 7 Weeks ? Oui bien sûr, le groupe a sorti son premier album « All Channels Off » en 2009, depuis on a pas mal tourné en France, en Europe et en Angleterre. En janvier est sorti notre 5e album « Sisyphus ». Nous sommes nos propres producteur et label sauf sur l’avant dernier, on y reviendra ...

Comment s’est déroulé le processus de création de votre nouvel album « Sisyphus » ? Après la tournée du précédent album « A farewell To Dawn », on a fait une sorte de pause qui correspondait à un besoin de réflexion sur ce qu’on faisait et une lassitude face aux soucis de changement de line-up et de problème avec le label qui avait sorti l’album. On a même pensé arrêter le groupe. Puis, on s’est remis à composer durant 2018 pour enregistrer l’album en 2019. C’est toujours ce qui nous a sorti du trou la création, c’est notre moteur.

Nouvel album et également nouveau line-up ? En 2018, on s’est, une fois de plus, retrouvé sans guitariste donc on a beaucoup répété et composé avec moi à la guitare, c’est ce qu’on a souvent fait dans 7 Weeks. Quand on a jugé bon de commencer à préparer le terrain pour reprendre les concerts, on a fait des auditions et on a rencontré Fred avec qui ça s’est bien passé, on a décidé de l’inclure sur la fin du processus de composition. 95 % des morceaux étaient déjà écrits, mais ça nous permettait d’enregistrer en live et d’apporter une autre couleur dans le son.

Est-ce que vous pouvez expliquer la signification du titre de l’album « Sisyphus » ? Celui-ci se rattache à la mythologie grecque ? Bien sûr, cela découle de notre réflexion sur notre condition d’artiste, voire d’homme tout simplement. C’est ce qui nous pousse à « porter un projet » et ce quelques soit les conditions. Ça ne peut pas toujours être simplement "fun’ de faire du rock autoproduit, ça demande de l’abnégation et de la ressource. Et puis on a beaucoup été marqué par le « Mythe de Sisyphe » de Camus qui a une approche plus philosophique et qui explique, entre autres, que la création est plus importante que l’œuvre.

Pouvez-vous m’en dire plus sur ce que signifie la pochette de l’album et qui l'a réalisée ? C’est Gilles Estines qui l’a réalisée, on a souvent travaillé avec lui sur les albums, il a fait « Dead of Night », « Carnivora » et « Bends ». C’est lui qui est parti dans ce trip, on lui avait dit qu’on voulait plutôt quelque chose de photographique et il a mélangé plusieurs éléments. Elle n’a pas un sens particulier au premier degré, c’est plus un ressenti. Mais on peut trouver dans le bison, une sorte de parallèle avec 7 Weeks. Le Bison a failli disparaître, il évoque la puissance, la lourdeur, il fonce droit devant, quitte à aller vers un précipice. Bref c’est nous.

Le style Stoner est généralement rattaché à des groupes américains. Que pensez-vous du développement de ce style en France ? Ce qui est terrible pour nous, c’est qu’on ne veut pas être considéré comme Stoner. On aime le Stoner, il nous a influencés, aucun problème là-dessus, mais en tant que fan de Stoner (même si je ne sais pas si ça a un sens tellement les appellations diffèrent suivant les protagonistes), je ne pense pas que l’on soit un groupe de Stoner. On fait appel à tellement plus d’influences et pourtant tout le monde dit, : « 7 weeks, le groupe de Stoner »… Ma réponse favorite sur ce sujet est qu’aujourd’hui un des plus grands albums de Stoner serait « Superunknown » de Soundgarden et pourtant personne ne classe Soundgarden dans le Stoner. C’est un mode de pensée propre à la France, ça n’existe pas à l’étranger.

Vous avez fait un grand nombre de concerts et de festivals. Avez-vous un souvenir qui vous a marqué en particulier ? Les meilleurs souvenirs quand tu fais de la tournée sont souvent des petits détails qui ressortent plusieurs mois voir des années après. Ce sont des impressions, des sentiments fugaces, plus que des souvenirs de concerts. Je suis désolé c’est moins glamour que de dire : le Hellfest c’était super, le Hammer fest génial, la tournée européenne incroyable ... Mais pour moi c’est comme ça. Si on cherche vraiment un souvenir de concert alors je pense que c’était pendant les Bars en Trans en 2009, où je n’ai jamais vu un public autant lâcher prise, c’était fou. On se serait cru dans les années 90’ quand les gens venaient au concert pour se déchainer.

Pour finir quels sont les plans pour 7 Weeks ? Vous avez des dates de concerts et de festivals à venir ? Oui, on a les premières dates de concert qui arrivent, du club puis des festivals cet été en France et Belgique avec notamment un passage aux Francofolies de la Rochelle. C’est cool de voir que ces gros Festivals à l’origine inatteignables pour de la musique lourde chantée en anglais s’ouvrent et proposent ça maintenant dans leur programmation.

13.02.20 12:22

Junior Rodriguez

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Le multi-instrumentalise, Junior Rodriguez connu pour ses nombreux projets (Inhatred, Betraying The Martyrs, Darkness Dynamite …), nous présente et nous fait voyager avec son album solo “Stellar Dream” :

Pour commencer, peux-tu résumer ta carrière de musicien jusqu’à présent ? Je suis musicien depuis ma tendre enfance et j’ai eu la chance de jouer dans plein de projets notamment Loudblast, des artistes comme Dick Rivers, j’ai partagé un projet avec Dave Grohl à Los Angeles. Avec ces rencontres et les hasards, je me suis retrouvé dans des canevas différents qui constituent ce qu’on peut appeler une carrière.

Tu commences ton projet solo avec un premier album “Stellar Dream” : par cela voulais-tu vraiment exprimer ton propre art ? Exactement, c’est un premier projet vraiment abouti où j’ai tout réalisé et c’est la chose la plus personnelle que j’ai faite jusqu’à maintenant, j’y ai décidé de m’exprimer pleinement en tant qu’artiste.

Tes projets précédents t'ont aidé à constituer celui-ci ? Bien sûr, c’est ce qui m’a mené jusque-là par les expériences passées avec tous les groupes dans des styles divers et varié. Cet album est une synthèse de ce que je suis, de la musique que je fais et que j’aime, c’est un peu ce que j’ai toujours rêvé d’écouter. Je me suis fait mon album de ce j’apprécie.

Quels sont les sonorités et styles qu’on va retrouver “Stellar Dream” ? On est sur du psychédélique, il y a des personnes qui affirment que c’est du Rock, d’autres du Metal, mais ce n’est ni l’un ni l’autre. Comme je l’évoquais avant c’est ce qui me constitue de par de toutes les expériences et les groupes passés, c’est comme un grand mélange de tout ce que j’aime dans tous les genres et il y a un peu de Metal et de Rock. Un ami m’a dit un jour : “Mais en fait ce que tu fais c’est du Rock Stellar” et j’ai trouvé ça sympa comme description.

Est-ce que ta série web “Starting From Nowhere”est le point de départ qui a lancé l’album ? Par cette expérience d’écrire ce titre en Islande, c’est devenu logique pour moi que ce soit le premier de l’album et de le composer par la suite. Ceci n’était pas prévu au début, mais ça en a découlé tout naturellement quand je suis rentré à Paris, j’ai tout de suite écrit la suite et ça s’est fait très simplement.

Il y a juste l’Islande ou d’autres aventures ont constitué cet album ? C’est l'Islande qui a fait le point de départ, mais je voyage énormément, je fais le tour du monde, c’est donc inspiré par toutes mes expériences, ma musique est une invitation au voyage en soi.

Les expéditions sont-elles ta plus grande source d’inspiration ? As-tu d’autres sujets qui t’inspirent ? J’ai plein de sujets qui m’inspirent, mais c’est juste que les voyages et la découverte du monde sont essentiellement ce qui m’a toujours intéressé et intrigué depuis tout petit. J’ai eu la chance de pouvoir vagabonder quasiment depuis ma naissance grâce à mon père qui est chauffeur de car, il m’emmenait un peu partout avec lui dès que je pouvais et que je n’avais pas école. Les voyages sont une très grande source d’inspiration, ensuite il y a aussi le choc des cultures, d’où l’intérêt que je sois allé en Namibie tourner ce clip à la rencontre d’une des plus veilles civilisation sur terre, ce sont vraiment des choses qui me plaisent.

As-tu des lieux qui t’ont marqué en particulier ? As-tu des endroits que tu rêverais de visiter ? Les lieux qui m’ont marqué il y a bien sur l’Islande et la Namibie et ceux que je rêverais de visiter, il y a en a beaucoup comme l’Amérique du Sud où il y a de nombreuses merveilles à voir. J’ai eu la chance d’aller en Amazonie, mais j’étais en tournée en Guyane donc je suis parti en trip avec des Indiens de là-bas et ça n’a pas duré longtemps, je voudrais bien affiner ça et aller dans les endroits les plus reculés. Ensuite, j’aimerai bien visiter l’Asie, c’est un territoire tellement vaste.

Revenons à l’album “Stellar Dream” , peux-tu me décrire son processus de production en studio ? Jusqu’à peu, j’avais la chance d’avoir mon studio d’enregistrement chez moi, dans ma maison à Paris. Donc, je travaille de chez moi, dans mon studio, dans mon salon et j’écris des bouts de paroles, ce sont des idées qui me viennent à la guitare, parfois à la batterie. C’est une espèce de puzzle que je monte comme ça au fur et à mesure, ce sont des pièces qui s’assemblent jusqu’au moment où tu as l’image qui s’affiche et puis je me dis “en fait, j’ai un album qui est prêt, génial”.

C’est de l’autoproduction à 100% ? J’ai tout joué et produit : c’était mon défi de tout faire par moi-même. Après, j’ai eu de la chance d’être entouré pour le mixage du disque, car c’était l’étape que je n’avais pas vraiment envie de faire moi-même. Je l’ai fait sur mes disques précédents, mais là je désirais avoir du recul et passer par des personnes de confiance avec qui j’ai déjà travaillé. Il y a Remy Boy qui est un de mes mixeurs préférés et Mark Stent aux États-Unis qui m’a fait l’honneur de me mixer un titre “Just Like You”. Cependant, pour le reste j’ai tout fait par moi-même.

Peux-tu revenir sur ta série web et sa création, comment est né le projet ? L’idée n’est pas venue de moi, mais du réalisateur Albéric Jouzeau qui avait ça en tête et un jour il m’a appelé pour me dire qu'il aurait souhaité faire un film avec moi. Il m’explique qu’il aimerait bien m’emmener dans un endroit que je n’ai jamais eu l'occasion de visiter, en pleine nature et de documenter ma façon de travailler, comment me vient l'inspiration, de me mettre un peu en danger en me sortant du format habituel de création en studio. Justement, comme il sait que j’adore les expéditions, il m’a emmené en Islande pour voir ce que le voyage allait m’inspirer, et y joindre directement l’image. Le résultat en chanson de cette expérience et du processus de création se retrouve là:

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Pour conclure, quels sont les projets à venir après l’album ? L’album « Stellar Dream » est sorti en octobre, on a une grande phase de promotion et une date le 26 novembre à Paris pour la release party. Ensuite une tournée est prévue pour 2020 et on a déjà beaucoup de dates qui commencent à s’aligner et surtout j’espère faire beaucoup de festivals l’année prochaine.

16.01.20 10:08

Point Mort

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Point Mort est un groupe français qui s’est forgé son propre style de Lovecore, il nous dévoile leur second EP R(h)ope le 06 septembre. C’est le soir de la première date de leur tournée à Lille le 13 septembre que Sam (chant) et Oliver (guitare) ont répondu à nos questions concernant l’univers du groupe et le nouvel EP :

Pour commencer, pouvez-vous présenter Point Mort :

Sam : Le groupe existe depuis quatre-cinq ans, il s’est formé autour de l'ancien guitariste, il est composé de trois amis et a connu quelques changements de line-up au fil du temps. Moi, Aurélien, qui est le nouveau guitariste et Simon le batteur, nous sommes arrivés par la suite. Pour ma part, je suis dans le groupe depuis trois-quatre ans, pour Simon, deux ans et Aurélien vient d’arriver. Ce soir c’est notre premier concert avec lui.

Peux-tu me décrire le processus de composition du nouvel album R(h)ope ?

Sam : On travaille sur les riffs que chacun d’entre nous apporte et ensuite on les assemble tous ensemble à notre gré.

Oliver : On façonne au fur et à mesure, il n’a pas de schéma prédéfini surtout si en live on ne ressent absolument rien alors, on modifie jusqu’au moment où tous les cinq on sent que cela fonctionne et qu’il se passe vraiment quelque chose. Généralement, on arrive avec des structures qui évoluent en fonction de nos sensations quand on commence à les interpréter en live. Cela évolue beaucoup par rapport à l’EP, car on l’a enregistré un peu en catastrophe, les morceaux ont encore progressé et si on devait les réenregistrer ils n’auraient pas la même tête qu’il y a un an.

Sam : On les a enregistrés il y a maintenant un an donc forcément ça a eu du vécu.

Oliver : Ce processus avait déjà eu lieu sur le premier EP (qu’on avait enregistré en catastrophe). On avait eu, un peu par miracle, un créneau d’enregistrement avec Sylvain Biguet, il avait des morceaux qui n’étaient pas encore totalement finis et on les a terminés à force de les roder en live. C’est aussi ce qui s’est passé avec le deuxième EP, avec lequel on a eu pourtant plus de temps de préparation, mais on aurait dû en prendre plus... Au final, ça commence à se stabiliser et on en voit le bout.

Vous considérez-vous plus comme un groupe live ?

Sam : Je pense que oui, car jusqu’ici, dans tous les cas on a enregistré en live, c’est-à-dire qu'on n’a pas fait de prise séparée avec d’abord la batterie, puis les cordes et le chant. On a toujours fonctionné tous ensemble, on est un groupe live, car on tourne à l’énergie. Ce qui n’exclut pas de fonctionner différemment sur les prochains enregistrements.

Oliver : On essayera de se donner plus de temps pour aller plus loin dans les arrangements et se donner plus de recul au moment où l’on enregistre en live. Je pense qu’on gardera systématiquement ça pour ne pas perdre le côté spontané, mais en ayant plus de réflexion et en s’accordant plus de temps en studio pour avoir plus de recul sur ce que l’on enregistre, c’est la marge de manœuvre qu’on aimerait avoir pour l’album à venir. 

Votre Ep “R(h)ope” est sorti depuis une semaine quels sont les retours que vous avez reçus ?

Sam : Il y a eu des retours et des commentaires assez flatteurs et très positifs, il y a eu de jolies choses qui se sont dites en une semaine et on est vraiment heureux.

Oliver : On est même surpris, car on ne va pas dire que l’album est austère, mais il n’est pas vraiment rigolo, et les premières chroniques qu’on a eues ont bien cerné l’essence du projet: on est content. Les personnes qui ont pris le temps de l’écouter et les retours qu’on a eus correspondent à ce qu’on a voulu transmettre avec l’enregistrement. C’est plutôt flatteur.

Peux-tu m’en dire plus sur l’histoire du clip “Wiara” ?

Sam : On souhaitait garder l’atmosphère du premier clip avec quelque chose de sobre, à l’image de ce qu’on essaye de faire passer en musique. Avec Jess et Damien qui ont eu l’idée du clip, on s’est posé la question de ce qu’on pouvait mettre en scène par rapport au texte. Ils ont pensé travailler sur les cordes et shibari, car l’album s’appelle “R(h)ope ce qui signifie “corde”. Et la thématique de “Wiara” raconte l’histoire de la mort qui vient chercher une personne et lui dit : “il te reste un laps de temps à vivre”. C’est se retrouver confronté à cette situation d’être face à la mort, de comment je vais réagir et connaître mes derniers instants. Par rapport au shibari, on trouvait très fort l’image d’une femme qui vient chercher une personne, qu’elle va encorder et emprisonner.  C’est la mort, il faut se laisser complètement aller à son jugement et à cette décision. C’est ce que la vidéo illustre, elle arrive, elle le prend et elle va l’encoder et lui s’abandonne jusqu’à la fin. C’est l’image que le clip met en valeur avec toujours un côté positif, car “Wiara” signifie “foi” en polonais. Il y a systématiquement une notion d’apaisement même dans le clip, on le ressent peut-être très dur et assez violent, mais, en même temps il y a une idée très forte de douceur. On a désiré garder cette dualité qui ressemble à Point Mort dans la musique et dans les représentations.

Vous avez voulu faire passer un message sombre et positif à la fois ?

Sam : Ce qu’on fait c’est toujours assez sombre, mais il y a une touche de lumière, c’est une palette qui va du noir au blanc avec plein de passages de gris. C’est ce qu’on fait même musicalement et ça correspondait bien que le clip suive ça.

Pouvez-vous m’en dire plus sur votre style musical qui est du “lovecore” ?

Sam : En vrai c’est une blague et puis en même temps ça répond bien à ce qu’on fait. C’est exactement ce qu’on vient de dire, on fait une musique qui est violente et contrastée et l’idée c’est de montrer que dans la cruauté il y a de l’amour. C’est ce qu’on fait avec le lovecore, il y a de la violence, mais ce n’est pas dénué d’amour musicalement. C’est donc de là que l’idée est venue, on trouvait ça sympa de ne pas seulement dire on colle à du Post Metal et du Post Hardcore mais dans ce qu’on fait il y a toujours quelque chose de positif et surtout on le fait avec passion et je pense que cela se sent.

On ressent que dans l’EP il y a plusieurs styles, atmosphères qui s’assemblent :

Oli : Il n’a rien de prédéfini lorsqu'on joue le morceau, il évolue en fonction de nos émotions et au moment où on l’interprète. Parfois, on remarque qu'il y a des directions qu’on n’avait pas prises, quelqu’un va lancer un riff improbable et finalement ça apporte quelque chose de très intéressant. Il y aussi du travail à la maison où l’on peaufine toutes les idées et quand on revient on les perfectionne encore en se laissant une marge, pas d’erreur, mais de surprise. Si tu prends “Wiara” ça part dans tous les coins, on a du Doom, on a un passage un peu valse, on a quelque chose de très mélodique, de très envolé et ça fini en Hardcore de bas plafond new-yorkais. Mais ce n’était absolument pas préparé, il n’a rien de prédéterminé, au final, c’est vraiment en fonction de l’émotion générale qu’on retrouve notre fil.

La pochette est assez mystérieuse, pouvez-vous m’en dire plus à son sujet ?

Sam : C’est moi qui ai conçu la pochette et j’ai une façon de travailler assez spontanée en dessin. Comme sur le premier EP il y a beaucoup de géométrie, c’est quelque chose que j’aime bien et qui me plaît. J’ai mis du symbolisme parce que c’est beau, on était d’abord parti sur le triangle et j’ai voulu conserver cet esprit-là. Sur le verso du CD, c’est peut-être moins géométrique et plus sur mon coup de crayon. Je pense qu’entre le premier et le deuxième opus j’ai un peu progressé et il y a un côté plus fluide dans la conception. L’idée en général ce n’est pas de coller à une thématique, c’est plus me laisser porter par quelque chose qui est évident et qui correspond à Point Mort. Le verso est clairement connoté sur le thème de l’EP, car il s’appelle “R(h)ope” et c’est une corde tout simplement, mais sur le devant c’est une continuité de la première pochette, afin de garder cet esprit et d'avoir une logique entre le premier, le second et peut-être le troisième on verra.

En plus, elle a une couleur assez féminine, comment expliquez-vous ce choix ?

Sam : Je pense la pochette est assez féminine et on trouve ça sympa dans le groupe, car il y a un cinquième féminin et comme c’est moi qui dessine, c'est ma manière de retranscrire. On a choisi une couleur qui n’est peut-être pas très Metal, mais justement ça nous plaît, dès l’instant où cela dénote, c’est quand même une jolie teinte et il y a une idée d’esthétique. J'en suis très contente, car je n’ai pas imposé une couleur et ça convient à tout le monde.

Vous avez déjà fait de belles dates en salles et festivals, avez-vous des anecdotes à raconter ?

Oliver : Au Motocultor on a eu le privilège de jouer sur la Main Stage en milieu d’après-midi, il y avait pas mal de gens, à un moment, j’ai fait une magnifique balayette à Sam qui s’est totalement viandée sur scène. On a eu peur qu’elle se fasse très mal, car je l’ai fauchée assez violemment, mais il y a plus de peur que de mal, ça s’est bien passé. Pour moi, c’est le plus marquant... après les coups de guitare dans les têtes ça peut arriver…

Sam : C’est le risque, car on joue plus souvent dans de petites salles que dans de grandes, avec la proximité que cela implique et forcément on se rentre un peu dedans, mais je trouve qu’on ne s’en sort pas mal.

Oli : Il y a pire que nous, mais c'est suffisant pour être mémorable.

Sam : C’est aussi les cheveux qui s’emberlificotent et les câbles qui s’emmêlent, et il y a encore une anecdote marrante au Toxoplasmose, car on n’avait pas pu mettre le backdrop à ce concert. Durant deux morceaux, j’ai juste dit “comme ce n’est pas marqué derrière nous, je vous le dis on s’appelle Point Mort”. Et une jeune femme a hurlé “je m’en fout, je t’emmerde, je ne vois rien” et en fait elle était aveugle. C’était très drôle et on est parti en fou rire.

Que pensez-vous de la scène Post Metal en général ?

Oliver : Si je prends mon cas, je n’en écoute quasiment pas et c’est assez “rigolo”, car au sein du groupe on aime des genres compléments différents c’est même étonnant qu’on fasse cette musique-là, d’une certaine manière ça s’est formalisé de cette façon. Après, pour ce qui est de la scène, elle est assez fleurissante. Il y a énormément de choses très variées et je trouve ça de plus en plus intéressant. Même si ce n’est pas un style que j’affectionne plus que d’autres, je trouve que c’est relativement riche.

Sam : J’y suis venu un peu grâce à la Belgique. Très sincèrement, c’est une scène très active notamment avec Amenra et la Church of Era, c’est comme ça que j’y suis rentrée. Je n’étais pas spécialement Metal au départ, je venais d’autres types de musique. J’ai voulu m’essayer au chant hurlé et ces groupes m’ont donné l’impulsion, cela correspondait plus à ce que je pouvais faire. En Metal pur, il y a des personnes qui chantent très bien, mais ce n’est pas comme ça que je vis mon chant hurlé. Je trouve que la scène belge est très forte pour ça.

Oliver : Amenra, c’est une référence indéniable qui a influencé beaucoup de groupes. Comme Neurosis, ils sont les successeurs de cette musique très prenante, très ambiante, très austère, avec beaucoup d’introspection et une forme de vérité. Il y a un côté écorché vif et une authenticité dans ces musiques-là.

Sam : C’est une scène positive, il y a beaucoup d’entraide et cela s’inscrit dans les nouvelles scènes. On le retrouve aussi dans le Stoner et le Doom. Je trouve qu’il y a plus de soutien entre les groupes, on se connait, on se parle et on organise ensemble. Il m’arrive d’organiser des concerts, et je remarque parfois que c'est plus difficile dans le Metal "traditionnel", Death ou Thrash. Alors que là, je remarque que c’est une scène “Do It Yourself”, qui fait et essaye de faire des choses. C’est vraiment positif.

C’est un univers plus fermé ?

Oliver : Je trouve que le public est plus attentif et plus exigeant, il recherche une certaine finesse dans l’écriture ou dans la mise scène. J’ai l’impression qu'il est attiré par une certaine forme d’esthétisme, il est très curieux à l’écoute et patient parce que beaucoup de ces groupes font des morceaux de dix-quinze minutes. 

Pour finir, quels sont les projets pour Point Mort ?

Sam : Ce soir, on fait notre première date à Lille, on tourne jusqu’à samedi 21 septembre. On passe un peu partout, aux Pays-Bas, en Allemagne, on revient un peu en France et on repart en Suisse. On partira en octobre avec le groupe Hexis, on a quatre dates avec eux. On est content de les rejoindre, car on a une date en Espagne. Il y a probablement quelques dates à Paris dont la release party de l’EP qui aura lieu le 29 septembre. Je pense que le gros projet c’est de mettre en route le prochain album, et d’essayer d’y mettre toute notre énergie. On espère peut-être aussi jouer dans des festivals pour l’été prochain.

10.12.19 06:47

Infected Rain

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En amont de son concert avec Infected Rain à Sarrebruck, j'ai eu l'occasion de m’entretenir avec Elena Cataraga, mieux connue sous son nom d’artiste « Lena Scissorhands ». Au backstage, elle m’a révélé des tas de choses sur le groupe, leur nouvel album « Endorphin » et quelques particularités personnelles.

Vous êtes en train de faire une longue tournée et ainsi vous pratiquez le chant extrême presque tous les jours. Ma première question est donc de savoir comment va votre voix ? Eh bien, vous pouvez m’entendre, non ? (rires)

Oui, ça sonne bien ! Tout ce dont j'ai besoin, c'est un bon sommeil, pas trop de fêtes (rires), de la bonne nourriture et une atmosphère positive - et je vais bien !

Je demande parce que je sais qu'au début de votre carrière de chanteuse, vous étiez sans voix pendant des jours. Oh oui, je n'avais jamais fait partie d'un groupe auparavant, j'ai dû apprendre tout.

En effet, j'ai entendu dire que vous aviez un professeur de chant. Oui, je l'ai toujours !

Avez-vous donc des techniques spéciales pour ne pas malmener votre voix et éviter la dysphonie ? Eh bien, c'est juste un échauffement vocal spécifique pour mon propre ton de voix et je le fais tous les jours. Cela me prend 20 à 30 minutes et j'ai enregistré mes propres exercices avec mon professeur. C'est donc devenu une routine comme se brosser les dents. Par exemple, si vous allez au club de fitness, vous devez vous échauffer et vous étirer. C’est à peu près ce que je fais avant de monter sur scène.

Parlons de votre nouvel album « Endorphin ». La première chanson « The Earth Mantra », qui est rapide et brutale semble être une métaphore pour les humains traitant mal la terre alors que le dernier morceau « Storm » est l’inverse en étant lent et sensible. Il y a des paroles comme « sauve-moi ». Comment décririez-vous le message de l'album ? Il n'y a pas de message unique. On y trouve différents titres avec des messages différents : des chansons sur la dépression, sur la nature, la stupidité des êtres humains et la surconsommation, des chansons d'amour… bref, il y a des tubes très différents.

En effet, ce n’est pas un album-concept. Absolument pas. J'écris sur ce qui me concerne, ce que j'aime ou ce que je déteste ou ce qui me touche d'une manière ou d'une autre. Les derniers temps, je me suis inquiétée beaucoup à propos de la situation de notre planète et j'essaie de m'améliorer. J'ai donc l'impression que l'humanité a besoin de cette poussée supplémentaire, de ce rappel. Notre maison, notre foyer est en train de mourir et c'est de notre faute ! Mais avec la chanson « Storm », j’exprime notre vie qui est faite une recherche constante. Et pour moi cette recherche concerne l'équilibre entre la nature et les êtres humains ou l'équilibre relationnel entre les gens. Il y a un si grand chaos dans le monde et surtout au domaine de l’intersubjectif. Avec les médias sociaux, on a l'impression que les gens essaient juste d'être quelqu'un d'autre et ils oublient d'être eux-mêmes ; ils oublient les vrais sentiments et les vraies relations ! C'est pourquoi j'ai écrit « Storm ».

C’est donc une sorte de problème écosocial ? Oui! C'est tout à fait cela et c'est très difficile de trouver un équilibre !

En ce qui concerne votre musique, il est difficile pour moi de la décrire. Bien sûr, il y a des influences du Nu Metal, du Metalcore, du Metal Alternatif, du Death Metal Mélodique, du Groove… mais, personnellement, je n'aime pas mettre les groupes dans des catégories. Pareil ! Nous n'aimons pas ça non plus ! Donc, chaque fois que les gens nous demandent : « quel est le genre de votre groupe ? », je ne sais pas quoi répondre ! Peu importe !

Je suis tout à fait d'accord, mais si je devais décrire votre style à un ami, que dirais-je ? Vous devriez le décrire comme une musique émotionnelle, mélodique et dure parfois - mais je pense que c'est comme ça que les émotions sont de toute façon. C'est donc juste une musique très émotionnelle.

« Endorphin » est le premier album que vous n'avez pas autoproduit. Il y a quelque temps, quand j'ai entendu que vous aviez signé avec Napalm Records, je me demandais s'il n'y aurait pas de risque de perdre votre joie expérimentale ou même votre liberté totale… Absolument pas, je vais vous arrêter là, car c'est la raison exacte pour laquelle nous avons signé avec Napalm. Nous avions plusieurs offres. Différentes personnes voulaient nous manager ou être notre maison de disques, mais nous avons été très prudents avec tout cela. Nous avons choisi Napalm, car ils étaient intéressés par Infected Rain dès le début. Il y a environ quatre ans, ils ont commencé à nous écrire et ils n'ont jamais essayé de nous changer. Ils ont accepté tout ce que nous leur avons donné: visuels, audio… tout. Ils nous donnent leur opinion professionnelle, ils essaient évidemment de ramener tout cela à un autre niveau, mais en même temps ils aiment vraiment ce que nous faisons et c'est vraiment cool qu'ils nous prennent juste comme nous sommes.

Vous avez eu une belle évolution d'un jeune groupe inconnu vers un groupe qui s’est fait connaître ! Tout s'est déroulé pas à pas. Cela ne s'est pas produit en un an. Chaque année, nos conditions de travail s'améliorent et notre public devient plus grand. Nous pouvons dire que nous sommes en mesure de partager notre musique avec le monde entier et on a la possibilité de faire des tournées. Et tout cela grâce à nos fans qui nous soutiennent.

Donc, après plus de dix ans que vous avez fondé le groupe avec Vidick, où le voyez-vous dans le futur ? Avec un peu de chance, on continuera de faire le tour du monde et d'explorer de nouveaux pays et villes où nous n'avons jamais été auparavant. Le but est littéralement d'être partout dans l'univers !

Je connais un pays où vous n'êtes jamais allé auparavant, le Grand-Duché de Luxembourg ! Il y en a encore tellement…

Mais vous en étiez proche pour votre concert à Arlon en Belgique. Je vous ai rencontré là-bas et vous aviez signé mon pilon ! Oui, oui! (rires).

J'ai rencontré Jennifer Gervais hier. Son groupe « Dust in Mind » jouait avec vous au cours de cette soirée à Arlon. Ils ont fait un super concert transmis en direct la semaine dernière. Ce serait fantastique de voir aussi Infected Rain en direct sur YouTube. Serait-ce une option pour vous? Pas pour l'instant. Peut-être à l'avenir.

Vous avez fait tatouer toutes vos pochettes d'album sur votre corps. Avez-vous déjà un tatouage d'Endorphin ? Juste le nom (Lena me montre le tatouage sur sa main)

Vous êtes presque une œuvre d'art vivante ! C'était en fait un cadeau pour mon anniversaire.

Quelle importance a l'art pour vous? Les tatouages ?

Non, l’art en général et les beaux-arts. L'art pour moi, c'est la vie. Et c’est tout ce que je peux vous dire, je ne peux pas vivre sans ! J'adore les livres, les films, la musique, le théâtre, la danse… tout. Cela me rend tellement heureuse !

Eh bien, parlons du bonheur : vous faites plaisir à de nombreux fans en signant tout ce qu'ils apportent. Je me souviens d'un gars qui vous a donné ses chaussures à signer et si je me souviens bien, vous avez même signé les fesses de quelqu'un ! (rires) Ouais! J'ai signé des culs, des seins, des vestes, des photos, des chapeaux et tout ce qu'ils veulent - ou presque.

Qu'est-ce qui vous rend heureuse ? Cela me rend heureuse ! Être sur scène et partager la musique et les émotions me rend extrêmement heureuse. C’est ce que je veux faire pour toujours !

Vous avez eu un jour libre hier, qu'avez-vous fait après votre concert à Paris ? Nous avons exploré cette ville (Sarrebruck). A Paris, malheureusement, nous n'avons eu que quelques minutes dans la nuit pour voir la Tour Eiffel de loin. Nous nous sommes amusés, relaxés, j'ai pris un bain.

Si je ne me trompe pas, vous vivez en Californie ? J'habite à Las Vegas.

Et le reste du groupe vit toujours en Moldavie. Alors, comment gérez-vous cette situation? Je voyage beaucoup. Je ne suis pas si souvent à Las Vegas.

Que faites-vous exactement là-bas? J'y habite, je fais beaucoup de mannequinat, je travaille comme maquilleuse - parfois directement pour des mannequins et parfois pour des photographes. Et j'ai des amis là-bas, mais ma vraie vie se déroule quand je suis en tournée.

La Moldavie est bien connue pour son vin. Et il y a de beaux paysages et des gens très chaleureux.

Je viens aussi d'un pays producteur de vin, mais nous avons juste du vin blanc. Donc, comme petite surprise, j'ai du Riesling luxembourgeois pour vous remercier de cette interview. Oh Vraiment? Sans blague ? (rires) Merci ! Il ira dans ma collection, j'adore le vin ! Voulez-vous une photo avec le vin ?

09.12.19 08:11

Seth

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Dimanche, avant que ne débutent les hostilités du second jour du Tyrant Fest, Heimoth, l’âme de Seth, et Saint Vincent, le chanteur, nous accordent une interview. L’entretien se déroule dans le studio d’enregistrement du site 9-9 bis d’Oignies.

Comment s’est passé votre concert d’hier soir ? Heimoth: C’était plutôt pas mal… Saint Vincent: C’était génial ! La scène était superbe, le public excellent ! Un très grand moment ! Heimoth: C’est vrai que cette salle est impressionnante, avec un son d’excellente qualité.

Vous donnez des concerts au compte-goutte… Heimoth: nos dates sont espacées. Comme nous tournons pour l’anniversaire des "Blessures de l’âme", nous voulons que chaque concert soit un événement. Nous jouons donc dans le cadre de festivals ; l’idée n’est pas de faire 35 dates. Pour chaque concert, nous avons pas mal de choses à gérer, pour la technique, le décorum. Saint Vincent: Nous avons effectivement beaucoup de préparation… et besoin de temps pour tout ranger !

D’où vient cette volonté d’une tournée anniversaire ? Heimoth: C’est lui qui a poussé pour le faire pour donner un nouveau souffle, un nouvel élan. Saint Vincent: Il me semblait essentiel de se diriger vers l’esprit des Blessures de l’âme. Je suis heureux que les autres aient été d’accord, mais ce fut un travail de longue haleine… car il y a de fortes personnalités dans le groupe. Mais j’ai réussi… et j’en suis très, très fier ! Heimoth: Moi aussi !

Votre album live, "Les blessures de l’âme – XX ans de blasphème", vient de sortir. Saint Vincent: Les Acteurs de l’Ombre ont réalisé une captation de notre prestation à leur festival, Les Feux de Beltran, en mai dernier. Ils nous ont proposé de la sortir en disque. Heimoth: Nous avons écouté… et nous nous sommes dit "pourquoi pas", après avoir dialogué entre nous. L’ingénieur son qui a fait le mixage a bien travaillé… et nous sommes contents d’avoir suivi l’initiative du label. Saint Vincent: C’était une bonne date. Nous n’avons pas eu l’idée du live mais nous sommes ravis du résultat, qui donne un aperçu global de cette série de concerts. Heimoth: Les photos de l’artwork proviennent en effet de différents shows. Au fait, il sortira en vinyl très bientôt… Et vient de ressortir, sur un label de Singapour, notre mini "By Fire, Power shall be".

Quels sont les live qui vous ont marqués ? Heimoth: Slayer ! "Decade of Aggression" ! Saint Vincent: Pareil ! Une réussite ! Parfait !  Une apothéose ! Heimoth: Il y a aussi des bootlegs de Sepultura, qui a une autre approche en boostant les tempos. D’ailleurs nous avons, nous, opté pour une approche fidèle à l’enregistrement sur disque, en gardant l’esprit. Nous n’avons pas dopé les morceaux : nous proposons l’album avec juste un autre son car nous n’étions pas satisfaits de celui du disque, très, trop compressé. Notre live, c’est l’album, mais avec une autre approche. D’ailleurs si j’avais les bandes – en DAT à l’époque – j’aurais fait remixer Les blessures de l’âme.

La suite ? Saint Vincent: nous serons au StellFest, le 15 mai 2020, en Finlande. Heimoth: nous donnerons quelques shows pour cet anniversaire jusqu’en septembre 2020.

Et après ? Heimoth: Nous ne chômons pas ! Nous composons de nouveaux morceaux pour un nouvel album, qui sera un retour aux sources. Nous espérons une sortie fin 2020. Saint Vincent: Nous sommes dans cette optique de revenir au black metal des années 90, ce qui coïncide avec l’anniversaire des "Blessures de l’âme". C’est une étape de la vie : avec les années qui passent, nous voulons voir d’où nous venons, voir qui nous sommes. C’est le côté circulaire de la vie… Revenir au départ, c’est une expérience. Heimoth: Chaque album de Seth a son identité, il existe de grandes différences entre eux. Saint Vincent: En tout cas, rester à l’écoute ! Des annonces vont arriver !

 

 

03.12.19 04:09

Betraying The Martyrs

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Betraying The Martyrs s’impose depuis dix ans sur les devants de la scène Metalcore français et bien au-delà à l’international. Le groupe nous dévoile le 13 septembre sont quatrième album “Rapture”, Victor Guillet, claviériste et chant, nous en révèle plus à son sujet.

Comment s’est déroulée la phase de promotion pour votre album “The Resilient” ? On a toujours voulu mettre le même niveau de promotion pour chacun de nos albums et je pense que c’est de mieux en mieux, pour The Resilient” on a eu beaucoup plus de promotion en France comparé aux autres albums. Quand on a fini notre premier album “Breathe in Life” sur un label américain en 2011, tout de suite on a été très excité d’aller aux États-Unis et de jouer dans le monde entier. Et c’est vrai qu’on nous a reproché de ne pas accorder autant d’importance au marché français au début de notre carrière. On était beaucoup demandé à l’étranger et on y répondait sans forcément prendre le temps de chouchouter notre premier public qui sont les Français. Je pense que c’est à partir de “The Resilient” qu’on a remis un point d’honneur à travailler avec le marché français tout autant que le reste, notamment grâce à notre collaboration avec Charles Provost chez Him Media. Il nous a organisé de grosses journées d’interviews au Hellfest où nous avons rencontré toute la presse. On avait fait une journée dans les bureaux de Warner où on a reçu des interviews pour tous les magazines. On a pris plus de temps à partir de “The Resilient” pour faire de la promotion en France.

Est-ce que le résultat de cette promotion s’est senti ? Le résultat c’est totalement senti! “The Resilient” a beaucoup marché en France, on a pu faire une belle tournée avec Dagoba. Je pense qu’à nous deux on faisait une bonne affiche, on était content de la proposer au public français qui nous l'a bien rendu parce que les dates se sont bien remplies et on a fait plusieurs sold out notamment à Nîmes. On peut dire que le pari était réussi: on a redoré notre blason ici en France et cela me fait vraiment plaisir de faire des interviews avec les médias.

Avec Gojira, vous êtes le deuxième plus américain des groupes français, comment vous êtes perçus dans la scène française à cause de ça ? Au début de notre carrière, il avait une confusion, on faisait des concerts en France et des personnes venaient nous parler anglais parce qu’ils pensaient qu’on était étranger. Notre chanteur est Anglais, mais il vit en France avec nous notre depuis le premier album, il s’est complètement installé ici, il s'exprime en français couramment, il est bien intégré dans le pays. On recevait beaucoup de messages de Français qui nous abordaient en anglais. C’est vrai maintenant je me rappelle qu’il y avait une grosse confusion au début et que beaucoup de notre public français pensaient qu’on était américain à cause de notre signature avec un label américain et notre chanteur anglais. Je ne m’en plains pas, car c’est quelque chose qui nous a permis de nous internationaliser, mais il y a eu ce petit revers de médaille en France où les gens se sentaient moins en proximité avec nous.

Vous avez un nouvel album “Rapture”, tu peux m’en dire plus à son sujet, comment peux-tu le présenter pour quelqu’un qui ne connait pas le groupe ou la scène Metalcore ? On est ancré dans le style Metalcore qui est un genre de Metal où on essaye d’alterner les parties plus Metal voir Death Metal et on échange ça avec des refrains plus ouverts, avec du chant clair. C’est la formule de base du Metalcore et c’est pour ça qu’il y a deux chanteurs. Le principal Aaron qui est donc d’origine anglaise qui va assurer le chant saturé et moi (Victor) je suis claviériste et chanteur, j’interviens avec un chant plus clair sur les refrains. C’est comme si tu prenais du Linkin Park et que tu enlevais le Rap et que tu mettais du gros Metal à la place en gardant les refrains de Chester. On est très content de cet album, avant avec nos premiers, on essayait d’en mettre beaucoup dans chaque chanson c’est-à-dire qu’il avait beaucoup de riffs, beaucoup d’éléments et d’informations. On avait tout à prouver, car on était jeune et on voulait montrer tout ce que l’on savait faire. On pouvait retrouver du blast, des éléments très lourds et rapides, du piano, du refrain… Il y avait de tout dans chaque morceau. Alors qu’aujourd’hui on va essayer de faire des chansons qui sont plus efficaces, qui ont une identité et une âme. Je pense qu’il faut que cela raconte quelque chose et qu’il y ait une ambiance différente. Parce que dans le groupe on a des influences très variées et c’est important qu’on reflète tout ça, mais au lieu de faire ressortir toutes ces influences dans un seul titre, on va les répartir pour que cela soit digeste avec un sens du début à la fin.

La pochette est assez surprenante, c’est juste par choix esthétique ou elle a un lien avec l’album ? La pochette raconte toujours quelque chose bien évidemment. Le message est autour de cette fleur très blanche et pure qui nous représente, car depuis le début de Betraying The Martyrs on a mis un point d’honneur à se revendiquer comme un groupe qui fait passer un message positif. On a toujours voulu s’écarter du discours classique du Metal dans lequel il y a beaucoup de violence, de mort… D’ailleurs on nous a souvent catégorisé de White Metal et je pense qu’aujourd’hui avec “Rapture” on a appris a assumer notre dark side et à l’utiliser pour en faire une force. Cette fleur blanche qui commence à être gangrenée et parasitée vers le bas, fait à notre titre “Parasite”: c’est nous qui acceptons notre dark side.

Votre son a beaucoup évolué et vous démarquez de la scène Metalcore qui est trop stéréotypée où il y a trop de groupes qui commencent à se ressembler et vous commencez à avoir votre propre identité. C’est quelque chose qu’on travaille album après album: si une personne entend une chanson, qu'elle puisse tout de suite se dire que c’est du Betraying The Martyrs et qu’elle ne puisse pas se tromper sur un autre groupe. On n’a pas envie de sonner comme les autres et on a veut avoir notre propre son. Pour donner un exemple, je pense que c’est quelque chose qui est propre à Gojira et ça fait quelques albums qu’on ne peut pas se tromper: quand tu écoutes une chanson tu es sûr que c’est du Gojira et j’espère que petit à petit on arrivera aussi à ce résultat-là.

Est-ce que tu n’as pas peur d’avoir des groupes qui vont copier votre son et donc de devenir une sorte de leader ? Si on peut influencer une scène derrière nous tant mieux. Nous, quand on a commencé à faire du Metalcore en France personne n’en faisait et on était un peu les seuls au début, maintenant il y a de plus en plus de groupes qui débarquent et qui ont leur propre son comme Novelist et Lavmakrs. Je suis content que derrière on ait ouvert des portes pour les groupes français et que la scène internationale ait posé un œil sur la France. Les premières tournées internationales quand on disait qu’on était Français on nous regardait étrangement, c’est comme dire qu’on est des Français dans un combat de sumo et qu’on nous demande ce qu’on fait ici, c’était un peu comme ça au début. Donc je suis heureux qu’aujourd’hui il y ait de plus en plus de groupes qui fleurissent et qui partent sur les routes du monde.

Est-ce qu’en ayant ouvert ces portes ça vous a permis d’avoir des opportunités pour le nouvel album ? Bien sûr, car en chemin on rencontre des gens. L’album “Rapture” a été enregistré chez Tomáš Raclavský qui joue dans un groupe tchèque Modern Day Babylon. On a tourné avec lui en Europe et il nous a dit : “les gars, j’ai un studio ça me ferrait hyper plaisir que vous y veniez”. C’est ce qu’on a fait, on est parti en République-Tchèque enregistrer là-bas, on ne regrette pas du tout surtout que le studio était impressionnant. Il y avait une pièce batterie qui était à couper le souffle, je suis vraiment très content du son de batterie qu’on a pu avoir sur “Rapture”.

Pour finir, je te laisse le mot de la fin ? J’espère que “Rapture” vous plaira, c’est un album au final qui reste du Betraying The Martyrs, mais avec quelques surprises et prises de risque. J’espère que ça plaira à tout le monde et puis on se voit sur les routes de France et de Belgique dès la rentrée.

30.11.19 07:03

Shaârghot

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En cette heure matinale au Hellfest sous la Temple, il y avait de l’affluence pour accueillir et découvrir Shaârghot. Le groupe français débarque d’un autre monde inspiré du Cyber Punk et a tout dévasté sur leur passage avec son Electro Metal Industriel. Après leur performance, le monstre Shaârghot lui-même (Étienne de son vrai prénom) a répondu à nos questions concernant leur univers, ses influences, leur nouvel album “The Advent Of Shadows” et bien plus encore…

Pour commencer, Shaârghot a joué ce matin sur la scène du Temple au Hellfest, comment s’est passé le concert ? C’était paradoxal, peu importe qu’il ait 200 ou 200 000 personnes, on fera toujours le concert de la même façon cela ne change pas grand-chose, en revanche, j’avoue que je ne m’attendais pas du tout à ce qu’il ait autant de monde. Je me suis dit, il va avoir maximum 2000, 4000 personnes, car c’est le matin et la Temple a une capacité de 10 000, mais c’était blindé ! Donc en tant que Shaârghot, je suis rentré et je me suis dit “allez”, mais le Étienne qui est en moi a été vraiment surpris et il y a un petit hic sur le moment et ensuite c’était parti ! Je ne suis même pas certain d’avoir réellement ré atterri. Je suis quand même heureux et terriblement étonné, parce que je ne m’attendais pas un tel engouement de la part du public du Hellfest.

Qu’est ce qui se cache derrière le monstre Shaârghot, tu peux me raconter son histoire ? Shaârghot était initialement un humain et un opposant politique du Great Eye, la force politique industrielle qui gère la cité ruche dans laquelle le sous-monde existe. C’est un monde dystopique à mi-chemin entre du cyber punk et du post apocalyptique. Cet opposant était torturé et possédait déjà un trouble de la personnalité.  Des expériences scientifiques ont été réalisées sur lui: le projet Second Skin, permettant de régénérer la peau afin que les élites de la cité puissent vivre plus longtemps, plus jeunes, avec plus de force et en meilleure santé.

Malheureusement au cours de l’expérience ou heureusement, je ne sais pas, le sujet a vécu une expérience de mort cérébrale et la partie “saine” est décédée ne laissant place qu’à son côté dément se nommant elle-même Shaârghot. À la suite de ça, le produit qui recouvrait le corps a viré au noir, la créature s’est réveillée brusquement pendant cette expérience et a strictement massacré tout le monde. Elle s’est enfuie et s’est laissé oublier pendant un ou deux ans dans les sous-sols de la cité ruche. Elle a réapparu à moitié morcelée et elle a commencé à se refaire de nouveaux amis: les Shadows. Ce sont des personnes à qui elle inocule son sang, elle les choisit avec soin et ils deviennent à leur tour des créatures à la force surhumaine à la capacité régénératrice, mais qui sont liées comme un esprit de la ruche. En résumé, dans la fourmilière tu as la reine et tout le reste gravite autour.

Donc le Shaârghot est une espèce de monstre issu d’une expérience scientifique ratée et qui va de plus en plus à envahir les sous-sols de la cité ruche et ça commence véritablement à foutre le bordel. Le Great Eye a commencé à s’en rende compte et essaye de réparer ses erreurs en tentant de les supprimer, mais les choses ne se passe pas du tout comme prévu. Car les Shadows résistent aux balles, ils se relèvent énervés et c’est comme ça que débute l’album “The Advent Of Shadows “ : Les Shadows ont décidé de remonter à la surface et on en est là.

C’est donc une histoire qui va évoluer dans le temps ? Le récit a été écrit sur plus de six albums à l’heure actuelle. Je n’ai pas fait plus parce que tout simplement je m’accorde le bénéfice de faire quelques variantes et si possible peut être dans mon expérience personnelle il y a des choses qui feront que j’aurai envie de le réorienter.

En dehors de l’histoire, tu peux me présenter le groupe Shaârghot ? Hors de l’histoire, je vais te donner les vrais noms des musiciens : Bruno, Clémence, Oliver et Aliaume, qui sont les principaux. Ensuite il y a beaucoup de personnes qui nous entourent comme Lian qui est l’artiste qui fait tous nos artworks. Oliver est le premier à rejoindre la formation live, il était batteur studio et il était intéressé par le projet. Bruno cela fait environ dix ans, on se fréquente lors de soirée goth. Et Clémence, c’est la dernière à être arrivée dans la formation live en tant que bassiste. Elle était à la base notre backlineuse pour le live et quand j’ai eu besoin de remix, j’ai appris qu’elle était ingénieur du son, on a commencé à travailler vraiment ensemble sur le deuxième album.

Enfin pour Monsieur Scar Skin (Aliaume), c’est une erreur de casting involontaire, c’est un accident. C’était juste un ami qui devait filmer notre premier concert et on lui a demandé de se peindre en noir, car on ne voulait pas de gens en “blanc” avec nous sur scène. Il a foutu un merdier monstre. Il a tout fait : il a marché sur des pédaliers, il a débranché des câbles, il a désaccordé la guitare, il prenait trop de place… On en avait marre de lui, on l’a jeté dans le public, parce qu’on en pouvait plus, on n’arrivait pas à faire notre concert tellement il était envahissant. On est sorti de là énervé et les gens nous ont dit : “c’était génial quand vous avez tabassé le gars c’était vraiment cool”. Du coup Aliaume a été puni, mais pour au moins quelques années, donc il a continué à subir et pendant longtemps (rire). (Ndlr : Les chemins d’Aliaume et de Shaârghot se sont séparés début juillet, cependant le personnage Scar Skin existera toujours dans l’univers du groupe)

On peut dire que c’est devenu votre souffre-douleur ? Oui c’est devenu notre souffre-douleur, mais pas que, il apporte une dimension burlesque c’est un peu un jeu de pantomime qui rend le projet moins sérieux et moins au premier degré, en général on est les méchants qui vont casser des gueules. Il est le côté léger un peu plus bouffon, plus drôle et je pense que l’humour mine de rien est quelque chose qui manque souvent dans le milieu metal et on est très attaché à cette notion de second degré. On fait les choses consciencieusement, mais sans trop se prendre au sérieux.

Est-ce que tu peux m’en dire plus la production du nouvel album “The Advent Of Shadows” ? L’album a été co-composé principalement avec ClemX de la même façon que le premier : j’arrive avec l’intégralité de mes idées qu’on met à plat e, ensuite on en rediscute et je demande à Clem si elle n’a rien d’autre à ajouter. On pose les choses et on décide, je dis oui ou non... Il n’a pas de soucis d’égo là-dedans. Shaârghot ça a toujours été un projet de musique pour s’amuser. Si jamais un de mes musiciens compose un riff par exemple de guitare que je trouve mieux que mon idée initiale. Je lui dirai que, même si la mienne est bien, la sienne est carrément meilleure. Après on retransmet le morceau fini à Bruno qui parfois n’a rien à dire et parfois il faut revoir des choses.  Ensuite une dernière étape de production avec Godfather qui est l’ingénieur du son et le producteur du groupe et là on repense le titre de A à Z: il y a un œil neuf sur le morceau et cela permet de remanier certaines petites choses, enlever des éléments qui peuvent l’alourdir. C’était plus collaboratif et je crois que sur le troisième album qui viendra ce le sera encore plus. Le processus reste mon concept, mais je laisse intervenir les gens en qui j’ai vraiment confiance et dont j’apprécie véritablement le travail.

Cet album semble plus sombre, mais il s’en dégage une ambiance malaise et un côté joyeux en même temps. Comment tu décrirais ta musique ? Pour le côté plus agressif est simple, c’est dû au concept historique que je t’ai expliqué. Cela commence avec “Break Your Body” , le Great Eye arrive à énerver les Shadows et il y a une ébauche de guerre civile dans la cité ruche où les opposants politiques se montrent de plus en plus hargneux. Les Shadows profitent pour mettre la pagaille afin de pouvoir sortir des sous-sols et faire obstacle au Great Eye. Donc il y a vraiment cet aspect plus violent. Clémence a aussi beaucoup apporté, elle a quelque chose de plus lourd dans son jeu de guitare. Mais Shaârghot a toujours eu un côté nihiliste et très joyeux au final, car tout est perdu et fichu, donc si on n’a plus rien à espérer autant faire la fête sur les ruines de ce monde. C’est un peu comme ça que je vois les choses, c’est perdu d’avance, mais on s’en fout, alors prenons une bière, asseyons-nous sur la caisse de TNT qu’on va faire exploser dans deux minutes et ça va être drôle. Il y a ce côté festif qu’on a tenu à garder, qui était déjà très présent au premier album et qu’on veut vraiment communiquer dans l’ensemble de nos compositions.

Est-ce que tu peux m’en dire plus sur votre clip “Break Your Body” il a été signalé comme “choquant”, il s’est passé quoi ? C’est une polémique et une non-polémique en réalité. La censure est principalement due aux scènes de gens qui se tiraient dessus avec des armes à feu. C’est ce qu’on voit dans 95% des films hollywoodiens, “c’est terrible”. Et ici, pareil pour notre dernier clip “Z//B”, on a fait quelque chose de plus érotique et on a approché quelque chose de plus nu artistique. On s’est retrouvé au final à mettre notre clip sur porn hub parce qu’il y avait des tétons féminins visibles donc voilà c’est consternant. Certains groupes mettent des filles dénudées pour dire “on est trop rebelle”, mais nous, on était vraiment dans une démarche artistique de jouer avec le corps, la lumière, les textures, l’eau et on se retrouve dans la même catégorie que ceux qui font de la pornographie, je ne comprends pas. Il y a comme un retour au puritanisme.

Par rapport à ton groupe et d’autres qui proposent des choses plus expérimentales. Tu penses que cela peut être un frein cette censure des clips dans l’avenir ? Ce n’est pas la volonté que les clips soient censurés, car à l’heure actuelle la société est comme telle et pour moi à titre personnel je n’y vois rien de choquant, je serais même particulièrement heureux que Facebook et YouTube non plus et que je puisse les sponsoriser comme il me semble. Je ne suis pas l’optique du faire du trash pour du trash, du gore pour du gore, du sexuel pour du sexuel. Non je veux vraiment réaliser un univers artistique qui soit en accord avec celui qu’on a créé. On n’est pas là pour faire du scandaleux et de la provocation … Tout ça été fait de long en large et en travers, cela ne choque plus personne et c’est ennuyeux, ce sont des choses qui fonctionnaient encore dans les années 90, début 2000 avec Manson…  Tout le monde a fait ça et il n’a pas de volonté d’être choquant. Je fais les choses telles que je les entends en fonction de mon point de vue purement artistique donc la suite on verra comment cela se passera.

Est-ce qu’il y a des films, des livres qui t’inspirent pour l’histoire de Shaârghot ? Il y a énormément de films comme “Mad Max”, “Soylent Green", des comics comme “Transmetropolitan” ou la BD “Neige”. J’ai baigné un peu dans ces univers post apocalyptiques, cyber punk même avant de savoir lire. Je n’ai jamais eu la volonté d’imiter, mais plutôt d’essayer d’ingurgiter le concept et d’y mettre ma touche personnelle. J’ai voulu créer mon propre monde et me dire ici c’est chez moi. Si tu me dis, je suis inspiré de telle chose et il n’a pas de problème je le reconnais. Mais j’ai mis plein de choses dans un shaker, je l’ai secoué très fort et j’ai obtenu l’univers que je désirais et avec lequel je me sentais à l’aise. Je suis conscient ce n’est pas ce qu’il y a de plus original, mais c’est sincère et authentique.

Qu’est-ce que tu penses de la scène Metal Industriel en France ? Pour moi il y a deux grands courants il y a le Metal industriel et l’électro industriel. Les deux sont très sous-estimés malheureusement. Ils sont très souvent comparés comme des “Rammstein” alors qu’il suffit de se pencher sur le sujet pour voir qu’il y a de plein de groupes de qualité. Je te conseille de jeter un œil au label français AudioTrauma, qui fait principalement de l’électro industriel dans lequel tu peux retrouver des groupes comme Horskh, Moaan Exis et Machinalis Tarantulae. Il y a, à chaque fois, des projets sincères, profonds et très bien faits qui pourraient parler à beaucoup, mais l’étiquette industrielle ramène ça aux deux trois choses que les gens connaissent c’est-à-dire Marilyn Manson, Rammstein… Je pense que cette scène souffre énormément des clichés fin 90’ et début 2000. Quand on voit des groupes comme Horskh qui son capable de jouer dans festivals où la programmation peut passer du Rock, du Reggae, du Ska, du Punk, et qui ont parfaitement leur place, pourtant si on dit que c’est de l’industriel, les gens vont être sur la réserve. Ils ne savent pas vraiment ce que c’est et c’est dommage, car c’est une scène qui mérite vraiment d’être reconnue.

Pour finir quels sont les plans futurs du groupe ? Et comment va évoluer le monstre Shaârghot, on peut imaginer que le prochain album sera encore plus sombre ? Je ne peux pas faire de commentaires à ce sujet, car ça serait du spoil.  Je peux juste dire que le troisième album est déjà en composition, mais ce n’est pas pour tout de suite, on va laisser le temps à “The Advent Of Shadows” de vivre. On ne l’a joué pour l’instant que quatre fois sur scène. On aura plein de choses pour vous occuper entre temps avec de nouveaux clips, peut-être du court métrage et de la BD. Nous sommes des personnes qui ne s’arrêtent jamais parce qu’on adore ça.

28.11.19 16:13

Sabaton

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Depuis vingt ans, Sabaton évoque les conflits, batailles et guerres qui ont marqué notre histoire. Leur nouvel album “The Great War” est un album lourd de conséquences, sombre et épique, retraçant un sujet important de notre histoire : la Première Guerre mondiale.  Joakim Brodén nous en dit plus : il nous parle de la promotion à Verdun ainsi que sa passion pour l’histoire :

Pour commencer, revenons à cette aventure étonnante et un peu folle entre Knotfest et Hellfest. Quels souvenirs en gardez-vous? C’était inattendu pour toutes les personnes présentes et pour nous. Mais on y a pris beaucoup de plaisir. Lors de la seconde soirée, j’étais vraiment honteux de ma voix : en effet, on fait cela depuis vingt ans et je ne l’avais jamais perdue comme ça.  Cela m’a surpris, d’habitude, même si je ne peux pas parler, je peux encore chanter.  Je ne sais pas ce qui n’a pas fonctionné cette fois. Néanmoins, je suis heureux et fier d’être avec des gars comme Tommy et Chris qui ont assuré au chant. À l’heure actuelle, je suis toujours déçu de n’avoir pas vu Manowar, car je le voulais vraiment.

Comment expliquer le fait que Sabaton ait été choisi pour remplacer ManowarJe pense que c’était parce que nous étions sur place et comme nous sommes le groupe qui se rapproche le plus musicalement de Manowar… Toutefois, je n’en suis pas certain et je ne peux donc rien affirmer. En plus, les autres groupes qui étaient à l’affiche étaient déjà tous partis. Nous, nous avions prévu de rester un jour de plus au Hellfest pour les médias et aussi pour regarder Manowar, forcément nous étions encore là. On a dû faire vite, car nous devions nous rendre au Graspop et il fallait que nous rechargions nos batteries.

Pendant certains festivals tels que le Knotfest et Hellfest, vous avez joué avec le chœur du “Great War”, cela devait être une expérience vraiment incroyable pour vous et pour le public. Est-ce que ce chœur sera présent durant votre prochaine tournéeIls ne seront pas présents pour la tournée à venir, mais pour le Wacken c’est sûr. Nous verrons ce que le futur nous amènera. Nous aimons beaucoup travailler avec ces gars. Ils ne viendront probablement pas dans tout ce qu’on va faire pour des raisons évidentes : ces gars ont plus de vie que nous en avons (rires). Ils n’aimeraient pas être dans un bus de tournée ou dans un aéroport deux cents jours sur l’année. Je ne pense donc pas qu’on puisse les avoir avec nous lors de tous nos concerts. Travailler avec eux, c’est vraiment bien, et j’aimerais encore faire quelque chose avec eux dans le futur. Mais comme dit précédemment, nous n’avons pas d’autres plans avec eux pour le moment à part le Wacken.

Parlons maintenant du nouvel album “The Great War! Cet album évoque la Première Guerre mondiale, pourquoi avoir choisi ce sujet? Est-ce parce que cette guerre a célébré son centième anniversaire l’année dernière ou y a-t-il d’autres raisonsLa Première Guerre mondiale est avec nous depuis l’école. Nous avons commencé à faire des recherches pour ''Art Of War'' en 2008, lors de la création de l’album. Pär et moi, on a lu tellement d’histoires à propos de cette guerre. Nous avons pensé que nous devions faire un album complet qui ne parlerait que d'elle, car il y a tellement de choses à dire. Toutefois, à ce moment-là, cela n’avait pas beaucoup de sens de choisir ce thème pour ''Art Of War'', puisque nous recherchions un conflit ou une bataille précise. C’était toujours dans ma tête depuis un long moment et encore plus en 2014, où cela faisait cent ans que la guerre avait débuté, et en 2018, où l’on célébrait les cent ans de la fin de la bataille. Il y a un an et demi, nous avons décidé qu’il était temps de faire cet album et on a commencé l’enregistrement le 11 Novembre !

Si je ne me trompe pas, c’est donc la première fois que vous faites un album concept pour parler de la même guerre sur un album entierNous avons fait “Carolus Rex” qui parle de l’Empire de Suède sur cent ans. Mais ça ne parlait pas d’une guerre unique. Il s’agissait de conflits différents. Ce n’est donc pas un album concept, c’est plutôt une suite chronologique. Du coup, tu as raison, ce n’est pas la même guerre sur tout un album.

Vous avez fait la promotion de l’album à Verdun même, c’était important pour vous d’y aller? Et quels souvenirs et expériences en gardes-tuPour nous Verdun c’est une bataille importante de la Première Guerre mondiale et peu importe tout ce qu’on a lu sur le sujet nous devions y aller. Pour diverses raisons, nous n’avions jamais eu l’occasion de nous y rendre. Du coup, on y est allé et nous avons voulu le montrer aux journalistes du monde entier. Il y avait même des personnes qui sont venues d’Inde pour ça. Nous trouvions, d’un point de vue logistique, que Verdun était un très bon endroit, car il y avait plein de possibilités. Nous avons pu avoir des hôtels pour que tout le monde puisse dormir et il y avait plein de lieux que nous pouvions visiter. Nous voulions en montrer le plus possible, mais surtout découvrir tout cela pour nous. Nous sommes donc arrivés trois jours avant les journalistes. Des personnes ont ensuite écouté l’album et on a fait des interviews. D’autres journalistes se sont rendus dans les musées, les mémoriaux, les champs de bataille… On désirait qu’ils découvrent tous ces endroits. De mon point de vue, Verdun était un choix parfait.

Cet album est disponible en trois versions : ''Normal'', Historyet ''soundtrack édition''. Pourquoi avez-vous fait ce choix plutôt original ? La version normale, c’est juste du Heavy Metal et c’est logique. La seconde c’est l’édition “History”, je recommande à tout le monde de l’écouter en premier, car elle permet de planter le décor. Si tu n’as pas encore écouté l’album écoute l’édition “History”,  une voix va te guider et te donner des informations et faire la narration. Cette voix met en scène chaque morceau et te permet de connaître quels conflits et quelles batailles sont évoqués. Grâce à cela, tu n’as pas besoin de lire les paroles et de te focaliser dessus pour savoir ce qu’il se passe. Je trouve que cette édition est l’idéale pour écouter l’album. A contrario, si tu es dans une soirée avec des amis, que tu fais un barbecue et que tu ne veux pas entendre ce que je dis, il faut choisir la version normale. La version soundtrack est orchestrale, un peu comme une bande-son de film. Si tu es plutôt fatigué, choisis cette édition.

Je pense qu’il est important pour toi que les auditeurs sachent ce que les paroles évoquent… Oui, mais je pense que c’est différent pour chacun. Certaines personnes écoutent Sabaton vraiment pour le côté historique, ce qui est une bonne chose, car j’adore ça. Nous passons beaucoup de temps sur l’écriture des paroles. Pour d’autres, c’est pour écouter la musique, boire des bières et chanter en même temps. Je ne vois pas quelle alternative est meilleure que l’autre. Si tu te préoccupes de la musique et des paroles, c’est clair que j’adore ça, car on le fait aussi. Mais si tu es plutôt du style à juste écouter la musique et à chanter en même temps, c’est aussi très bien. C’est juste que tu manques ta chance d’écouter un extra de Sabaton.

Est-ce que la version “History” rejoint le concept de votre chaîne YouTube Sabaton HistoryLa chaîne Sabaton History c’est un rêve qui est enfin devenu une réalité. Pär et moi, on en parlait depuis dix ou quinze ans, on se disait que ce serait génial de faire des documentaires sur chacune de nos chansons. Ce que nous faisons, c’est d’essayer de couvrir un conflit en un album d’Heavy Metal d’une quarantaine de minutes. Essayer de couvrir ''The Great War'' en 40 minutes, ce n’est pas faisable. Verdun, c’est neuf mois et vingt-sept jours de bataille et j’essaye de raconter tout ça en trois ou quatre minutes, ce n’est pas possible non plus. Notre musique ne peut être plus qu’un teaser, comme une bande-annonce de film. Ce que nous faisons sur notre chaîne ''Sabaton History'', c’est donner des informations sur comment sont créées les chansons. Ce sont des épisodes qui durent environ dix à quinze minutes avec généralement une petite introduction comprenant des anecdotes de studio, des souvenirs ou une histoire drôle. Ensuite, c’est dix minutes d’Histoire pure narrée par des Historiens, par des chercheurs. Nous adorons l’Histoire, mais nous ne sommes pas des professeurs. Nous sommes passionnés, nous ne sommes pas des experts. Grâce à cette aide, à chaque épisode, j’en apprends encore beaucoup. Peu importe les recherches, les livres qu’on a lus, les vidéos et documentaires visionnés, c’est à chaque fois du nouveau pour nous lors de la création des épisodes. Et j’adore ça ...

Je trouve que “The Great War” est plus épique. Est-ce dû à ce conceptEn choisissant le sujet de la Première Guerre mondiale, il nous a semblé plus évident que cet album devait être plus sombre, plus atmosphérique et épique. Surtout que cette guerre est pour moi, un moment très sombre dans l’histoire humaine. Donc, cela devait se ressentir dans la musique et dans l’atmosphère de l’album : depuis la composition des chansons, des paroles, de la production jusqu’au son en studio. Un titre comme l’avant-dernier de l’album ‘' The End Of The War To End All Wars''est une chanson qui parle d’un moment important donc cela la rend épique et je pense que l’édition ''History'' rend cela encore plus important.

Sabaton célèbre son vingtième anniversaire, qu’en pensez-vous rétrospectivement? On peut considérer Sabaton comme un pionnier du genre Heavy Power MetalC’est une bonne question (rires), je n’en ai aucune idée. Pour notre vingtième anniversaire, on ne savait pas ce que nous voulions faire, en fait. On a essayé de se mettre à la place des fans de notre groupe en se disant : qu’est-ce qu’on attendrait de notre groupe préféré pour ses vingt ans ? Nous voulions en parler en musique. Donc, nous avons pensé à faire une chanson et de trouver un moyen de la rendre gratuite. Nous nous sommes demandé quel sujet devait être abordé. Nous avons demandé à nos fans de nous soumettre des idées d’histoire. Nous avons choisi le sujet le plus demandé, c’était sur Bismarck. Nous avons ensuite écrit la chanson et créé un clip. Nous l’avons mise en ligne sur YouTube pour qu’elle soit accessible à tous. C’est donc cela que nous avons fait pour notre anniversaire. Mais je pense que ça n’a pas plu à tout le monde. Les gens étaient énervés, car ils ne pouvaient pas l’écouter sur Spotify, Apple Music ou Deezer. Mais c’était offert ! Nous avons donné une chanson et une vidéo. Nous avons ensuite changé cela et maintenant, ce titre est aussi disponible sur les plateformes.

Et le fait que je vous demande si vous êtes un pionnier du Heavy Power Metal, car je ne pense pas qu’un autre groupe fasse la même chose que Sabaton de parler d’histoire dans l’ensemble de vos chansons. Oui, pour nous, c’est tellement évident. À l’époque, il y a vingt ans lorsque nous étions un petit groupe et que nous écrivions des paroles, on ne trouvait pas ça amusant alors qu’il était nécessaire de le faire. Mais quand nous avons commencé à chanter au sujet de l’histoire militaire, ça a pris du sens, c’était logique et c’était intéressant pour nous. L’écriture signifiait quelque chose, car il y a tellement d’histoires incroyables dans le passé, que ce soit au niveau de la Suède, de l’Amérique, de la France, de l’Allemagne… Il y a tellement de faits historiques passionnants dans le monde entier qui ont été oubliés. Nous nous sommes dit : et pourquoi ne pas être le groupe qui chante sur ces sujets plutôt que de chanter sur des thèmes comme la bière, la moto, la drogue, le sexe ou des choses comme ça ?

Pourquoi avoir choisi de parler d’Histoire ? C’est une passion pour toi ? Oui c’est vraiment une passion. Comme je l’ai dit, nous ne sommes pas du tout des experts, nous avons juste de bonnes connaissances sur les sujets que nous évoquons dans nos chansons.  Et bien sûr un peu plus sinon nous ne pourrions pas faire ça. Mais j’adore lire sur le sujet de l’Histoire et pas uniquement sur l’Histoire militaire. C’est tellement logique de mélanger l’Histoire militaire à du Heavy Metal pour des raisons évidentes. Donc oui, l’histoire est une passion, mais je ne suis pas un expert.

Pour conclure, vous serez en tournée en Europe l’année prochaine, qu’est-ce que nous pouvons attendre? Les décors de scène que vous nous aviez proposés durant les festivals vont changer ? Les décors vont être les mêmes, mais nous allons les améliorer et les développer. Nous allons élaborer une maquette que nous pourrons amener dans les grands festivals et dans les salles de taille moyenne également. Nous allons avoir un champ de bataille de la Première Guerre mondiale sur scène. Nous serons limités par les contraintes de la scène telles que : quelle taille, quel poids et surtout combien d’énergie pouvons-nous consommer. C’est la première fois que nous avons un budget pour faire cela. Mais si nous sommes fauchés, ça va aussi, on peut le faire aussi (rires)