Quelle praline ! Avec un nom pareil, on aurait pu s’attendre à du power classique (et le groupe lui-même s’inclut dans une mouvance black), mais il n’en est rien : on a droit à du speed, et d’excellente facture ! Et c’est une bouffée d’air frais, étant donné qu’une bonne partie des sorties récentes du genre ressemblent plus à du Thrash mal assumé qu’à du bon speed typé 90s. Bewitcher vient changer ça, tout en respectant les codes heavy des pionniers. On retiendra surtout les bridges de ces dix titres : ils sont tous très bons et énergiques, pour certain même plutôt mémorables (celui de « Electric Phantoms » par exemple, ou le très groovy « Valley of the Ravens »). On saluera aussi une certaine mythologie déployée par le groupe, souvent un peu nanardesque, mais portée par des refrains impeccables (« Metal Burner » ! Ou « Mystifier ») Quand ce n’est pas tout simplement de la maestria en barre avec un titre bondissant et frénétique comme « The Widow’s Blade » ! En vérité, le seul reproche que l’on pourrait formuler ce serait une tromperie pour les fans de black, qui n’ont sans doute plus grand-chose à attendre de Bewitcher (malgré quelques touches timides, mais toujours bienvenues). Les autres découvriront des bridges somptueux et du speed comme on n’en fait que trop peu. Une gourmandise, vous dis-je !
Pour son troisième album, et accessoirement celui qui marque les débuts de la collaboration avec Lifeforce Records, Age of Woe accouche d’un album pour le moins bien équilibré. Officiant toujours dans un mélange de death, de crust-punk, de doom et de sludge, le quintette nous sert ici un album qui se veut direct tout en étant subtil. Si les gravats sont toujours au rendez-vous aussi bien dans le son de guitare que dans la voix éraillée de Sonny Stark (ndlr : seul membre originel restant), le sens de la mélodie n’est pas en reste comme en témoignent, par exemple, les interludes « Avgrunden » et « Förbittringen » ou encore le titre « Storm ». Un album à l’écoute duquel il semble difficile de s’ennuyer tant le groupe agence ses morceaux avec le relief nécessaire pour ne pas perdre l’auditeur en cours de route. Ce n’est pas parce qu’un titre saucé au punk démarre tambour battant qu’il ne peut pas s’octroyer un certain souffle au tempo modéré pour repartir de plus belle. « Envenom » développe un savoir-faire musical qui s’aventure dans des eaux peu habituelles. L’arrivée au poste de guitariste en 2019 de Keijo Niinimaa (chanteur de Rotten Sound) y est sans doute pour beaucoup puisqu’en plus de jouer, le bougre s’est chargé de la majorité de la production de l’album. Excepté l’enregistrement du chant, les prises de son et le mixage ont en effet été effectués par ses soins dans ses Chaotic Doom Cave Studios de Turku en Finlande. Au vu du résultat, on ne peut que saluer ce recrutement et vous conseiller vivement de vous plonger dans ce qui représente déjà l’une des toutes bonnes sorties de ce début d’année.
Il y a des artistes qui parviennent à traverser les épreuves du temps en montrant d’excellentes facultés de résilience. Tel est le cas avec nos Français de Suicidal Madness qui, en toute intelligence constructive, ont décidé de sortir un EP pour fêter leurs 10 années d’existence, histoire d’imprégner les membres qui ont rejoint le trio de base de l’âme de cette sombre entité. Quelques titres phares des 2 premiers albums « Les larmes du passé » et « illusions funestes » ont été regroupés et joués sur base des structures pensées à l’époque en y intégrant le jeu d’un véritable batteur, Frakkr ainsi que les lignes de basse légèrement groovées de Nekros. L’expérience est plus qu’intéressante, car les titres écrits jadis sonnent désormais avec une solide différence. En effet, sur les superbes « Mort » et « Coma », l’essence originelle de Suicidal Madness est préservée, mais se trouve sublimée par un chant qui a transmuté ses souffrances passées ainsi que par une profondeur musicale apportée par une basse légèrement plus extravertie et le martèlement bien contrôlé de véritables fûts. Les morceaux défilent, vous happent littéralement, mais pour vous plonger dans un univers vibrant d’une énergie plus dynamique qu’incapacitante. L’auditeur s’en trouve encore plus ancré dans une belle prégnance dépassant le cadre du recueillement passif. Le tout montre une forte aptitude du groupe à occuper une digne place parmi les meilleurs ambassadeurs du sous-genre, ceux qui parviennent à détacher la souffrance humaine pour la transformer en une forme d’extase. Vivement le 4e album.
Formé en 2018 par deux membres issus de scènes diamétralement opposées, Murphy propose son premier album éponyme. Le subtil mélange des genres, électro pour l’un et métal pour le second, donne naissance à un dark synthwave des plus étonnants. Sur la trame électronique vient se poser un chant screamo et rap typique du neo-métal. Le duo nantais rend son style unique en incorporant des éléments tirés de films d’horreur des années nonante. On pense à "Scream", "Vendredi 13" ou encore "Halloween" durant l’écoute de cet album. Les huit morceaux racontent d’ailleurs l’histoire d’un mystérieux tueur en série sur le campus d'AbbyRoad, petite ville de l’ouest des États-Unis. Ayant été adolescent à cette époque, il va sans dire que cet album dans son intégralité m’a renvoyé vers mes souvenirs de films d’horreur et des ambiances de l’époque, pour mon plus grand plaisir. Murphy réussit à capter l’essence même de la synthwave et la propose dans sa partie la plus sombre, tout en étant accessible à tous. « Murphy » est un album subtil, une expérience unique, du « Slasher audio ». Cet opus est à conseiller à tout fan de films d’horreur, aux aficionados des bandes-son telles que « Stranger things » ou encore au public de Perturbator ou encore Gost. Une pure TUERIE !!!
Alors que leur dernier album fête à peine ses 2 ans, les Anglais de While She Sleeps reviennent avec leur cinquième album « Sleeps Society ». Tandis que « SO WHAT? » était un condensé de puissance, mais également un manifeste de la détermination et de la confiance en soi (qui lui a d'ailleurs valu d'être déclaré meilleur album aux Heavy Music Awards); ce nouvel opus quant à lui, concentre l'essentiel des inspirations personnelles de chaque membre du groupe. Aussi bien que d'après son leader Lawrence 'Loz' Taylor, ce disque représente fidèlement le son de While She Sleeps. Cependant, la surprise réside sur les invités inattendus comme Deryck Whibley de Sum 41 sur « No Defeat for the Brave » ou encore Simon Neil de Biffy Clyro sur « Nervous ». Cette dernière traite d'un sujet sérieux, tel que la santé mentale et de la souffrance générées; elle incite son auditeur à partager ses peurs et ses angoisses afin de parvenir à une compréhension universelle. Mais elle évoque également la recherche d'un moyen de s'en sortir, ce qui fait de ce titre, le message le plus fort qu'ils délivrent dans cet album. Alors que cet opus semble mettre en avant les émotions (et particulièrement sur l'instrumentale « Pyai » et le dernier tiers de l'album); on retrouve quand même la puissance à laquelle la bande nous avez habitué. Une chose est sûre, le groupe sait surprendre en bousculant les acquis et c'est notamment ce qui fait leur carrière depuis plus de 15 ans...
Nom spirituel, en lien avec la nature. Check. Titre d’album cryptique, basé sur un mot assez polysémique. Check. Morceaux plutôt longs et misant gros sur leur atmosphère. Check aussi ! Ouaip pas de doutes possibles, on est sur du post-rock de chez Antigony. Nous venant cette fois de Suisse, le quatuor semble habitué aux idées parfois abstraites et étonnantes (leur précédent album s’appelait « Sediment » et une de ses pistes s’appelait « [ ] » pour… « Square » !) Bref, comme souvent avec le post-rock, ça expérimente, ça part dans les concepts et ça va souvent là où on ne l’attend pas forcément pour nous proposer une véritable balade aussi sonore que mentale. Et ce n’est pas le bien engageant diamant/mandala de l’artwork qui viendra nous contredire. Première surprise à l’écoute du premier morceau « Ashes » : ça parle ! Rien de très verbeux bien sûr, et que sur une partie des albums, mais ça reste un parti pris plus rare que coutumier dans le genre. L’idée n’a rien d’idiote, elle est bien exploitée et elle reste bien dosée : les instruments gardent une part des plus importantes et nous bercent magnifiquement. Il est vrai qu’à titre personnel, ce sont ces derniers qui priment au sein des compos post-rock et l’absence de chant permet généralement de pleinement se laisser divaguer. Du tout-instrumental n’aurait donc pas déplu, mais ça ne gâche pas le plaisir. Ce qui déplaît peut-être un peu plus c’est peut-être justement des bridges parfois étirés un peu en longueur et manquant un brin d’imagination. C’est efficace, surtout au casque, mais ça manque de ce petit quelque chose d’unique qui rendrait vraiment l’album pleinement mémorable. Qu’importe finalement. L’avantage du genre sur bon nombre de ces petits camarades, c’est précisément qu’il fera toujours voyager et rêver. Parfois en terres inconnues ou en terrains connus. Mais toujours avec cette brise porteuse de liberté qui rend amère la minute où l’album se clôt.
Nous retrouvons Jim, notre cher Limbourgeois, pour sa 4e œuvre en 6 années dédiées à son projet solo « Ande ». Le titre de l’opus est sans équivoque sur l’hommage rendu envers la « Nature » dans tout ce qu’elle possède de mystérieux et de fabuleux. Là où Ande se démarque, ce n’est pas par l’apport d’une prophétie, mais par l’atmosphère solide et puissante que l’artiste pose dans son travail. En effet, sur « Ransuilen », nous pouvons ressentir une lourdeur écrasante, à l’image de la capacité de cette même nature à se déchaîner inexorablement. Jim use avec parcimonie des accords mélodiques pour camper davantage dans cette aire plus noire propre au Black qui se respecte. Son chant implacable entre dans ses espaces musicaux sobres et, étrangement, parvient à échapper à toute forme de sentiment comme le ferait un observateur neutre posant un regard objectivant. Ce post black présente une forme de majesté et « Vogelvlucht » en est une illustration parfaite. « Het broek » parvient à nous emmener dans un black atmosphérique plus épique presque industriel par l’usage judicieux des saturations. « De bierteller » est superbe tant dans sa vitesse d’exécution avec ce riffing engagé que dans le cadre mélodique balisant un solide caractère. Ande tente même de pénétrer la matière obscure sur son excellent « Achter de bomen ». En conclusion, nos sens sont communs, mais leur rendu diffère selon nos âmes et cette observation offerte par Jim a le mérite de nous sortir de la contemplation béate pour revenir davantage dans le principe de réalité qui échappe à nos fixations affectives.
Dozer, mythique groupe de stoner suédois, a disparu des radars depuis un passage au Hellfest en 2014, dans le sillage de la sortie de "Vultures", en 2013… EP qui est aujourd’hui réédité avec, en bonus, "Vinegar Fly", reprise des Finlandais de Sunride.
Les six titres proposés sont des démos de préproduction – est-ce de là que vient ce son si gras, si épais qui colle à merveille au propos ? – du génial "Through The Eyes Of Heathen", album phare des Suédois et, n’ayons pas peur des mots, de la scène stoner. La basse se fait entendre et offre un groove d’enfer aux morceaux, la batterie claque, les guitares aiment insister à l’infini sur un riff, comme pour nous emprisonner dans une spirale démoniaque ("Head Ghosts" et "The Impostor"). La voix, tantôt scandée, tantôt chantée, voire faussement charmeuse ("Last Prediction"), semble se contenir, sur un fil, pour parfois, brièvement, exploser. "Vultures", souvent jouissif, à l’image de la déflagration initiale, "The Blood Is Cold", est autant une source de joie que de regrets : pourquoi donc Dozer n’est-il plus actif ?
La France est un pays qui a beaucoup de défauts, les énumérer serait très fastidieux et très ennuyeux à lire, surtout si vous êtes Français. Son histoire est glorieuse, c’est vrai, cependant son présent est une blague et son avenir ne s’annonce pas franchement radieux. Par contre, le pays possède pléthore de bons groupes, dans tous les styles de l’extrême, notamment dans le Black Metal avec une scène très active, inventive, et particulièrement élargie. Dans la catégorie Black « traditionnel », Les Chants de Nihil occupe une jolie place, leur style à la fois brut et raffiné n’a cessé de se peaufiner au fil des albums même s’il est vrai que leur carrière n’a pas été un long fleuve tranquille. Avec "Le Tyran et l'Esthète", Les Chants de Nihil emmène l’auditeur dans une aventure où « le protagoniste passe du pouvoir à l’exil, puis à la vengeance et au sacrifice ». Un concept épique porté par un Black Metal haut de gamme, à la fois violent et mélodique, moderne et vieille école qui met en valeur la langue française grâce à des textes très travaillés. Parce que oui, les textes, ça compte, ils ne sont pas simplement là pour faire beau. Dans son ensemble, "Le Tyran et l'Esthète" s’avère être une bête hargneuse, parfois hystérique, qui ne laisse aucun répit, mais qui en même temps offre de somptueuses mélodies, des variations de tempos dingues, et fait la part belle à l’audace ! Il aura fallu du temps aux Français pour revenir sur le devant de la scène, mais soit, le résultat est fabuleux, autant dans la musique que dans les paroles vengeresses, à ce jour la France n’a que peu de raisons pour bomber le torse, mais elle peut le faire pour son Black Metal. Parole de Français.
Au même titre que la peinture, la sculpture, l’écriture ou encore le cinéma, la musique est un excellent moyen de faire ressortir de nous toutes les émotions qui nous habitent. Qu’elles soient positives ou négatives, il y a un moment où elles doivent impérativement sortir, prendre forme, pour ne pas détériorer encore plus notre corps et notre esprit. Blurr Thrower est avant tout un projet qui a la vocation de matérialiser les sentiments d’un homme, de leur donner une autre forme de vie, et quelque part, pourquoi pas, les exorciser, mais pour avoir la réponse, il faudrait directement lui poser la question. Quoiqu’il en soit, "Les Voûtes" se révèle être un album parfois difficile à écouter tant il prend aux tripes, un Black Metal tantôt violent, tantôt atmosphérique, mais qui transpire toujours le vrai. Poussé par des ambiances hypnotiques et mélancoliques, on constate sans peine que "Les Voûtes" ne triche pas, qu’il exprime des sentiments humains souvent durs, amers, torturés, mais réels et c’est ça qui compte. Plonger dans l’univers de Blurr Thrower, c’est oser une expérience dangereuse, qui met votre moral à rude épreuve, mais c’est également pénétrer dans l’intimité d’une âme tourmentée dont les démons ont pris une forme musicale qui s’étale sur quatre longs titres.
Asphodèle n’est plus, qu’importe puisque Jours Pâles est né. La vie est faite de désillusions, d’aléas, c’est vrai, mais l’essentiel est de toujours se relever, de trouver le courage d’avancer pour ne pas gâcher le temps qui nous est imparti. Spellbound, leader de Jours Pâles l’a bien compris et à peine Asphodèle terminé, le gaillard est reparti là où il s’est arrêté pour créer ce projet très intime dont le premier album surprend (ou pas vraiment) par sa qualité. Difficile de poser une étiquette sur "Éclosion" tellement celui-ci regorge d’influences diverses, emprunte diverses routes et multiplie les émotions. Pour sûr, "Éclosion" possède un vrai aspect Black Metal avec des rythmiques soutenues, une violence viscérale où se mêle des sentiments comme la haine et la frustration, mais pas seulement puisqu’il explore également un côté Rock avec des lignes de basses et de guitares absolument admirables. Le spectaculaire intervient dans la manière où Jours Pâles fait cohabiter tous ces éléments, "Éclosion" peut se révéler très dur, tout comme il peut être une véritable source de beauté extrêmement touchante. Aux grosses guitares et blasts en tout genre s’opposent des sons plus cristallins, réverbérés qui imposent en un quart de seconde un climat apaisant, presque rayonnant. L’autre grande force d’"Éclosion" est cette cohérence de chaque instant qui fait de lui un album qui une fois lancé ne peut être stoppé, il n’y a pas de titres plus réussis que d’autres, l’ensemble est un bloc que rien ne peut désunir. Quand on prend du recul, on constate simplement qu’avec "Éclosion", Jours Pâles lâche un petit bijou à l’essence mélancolique, certes, mais rempli d’espoir et de lumière grâce à une musique et des textes de très haute qualité. Un dernier mot pour souligner qu’une fois de plus le travail de Frédéric Gervais du Studio Henosis, et du label Les Acteurs de l'Ombre font qu’un bon album devient un superbe album.
Philm est un trio de Los Angeles qui s’est fait connaître comme le refuge de Dave Lombardo hors Slayer, pratiquant un rock énervé (très) expérimental. « Time burner » a été long à venir, car le batteur star a acté la fin du groupe sans demander leur avis aux autres. Ils n’étaient pas d’accord, et voilà donc la troisième offrande du combo, rejoint par le frappeur expérimenté Anderson Quintero. On retrouve l’exploration tous azimuts et le laboratoire d’idées des œuvres précédentes, poussés encore plus loin : le disque navigue entre rock nerveux aux ambiances horrifiques qui peut faire penser ponctuellement à Blue Öyster Cult (belle référence), doom sabbathien, funk metal, ballade psyché recueillie et surtout impros jazz piano / basse / batterie instrumentales qui deviennent la norme dans la deuxième moitié de l’album. Et c’est là que le bât blesse : l’énergie disparaît pour laisser place à une musique plus cérébrale, plus sage aussi. Au final, l’album est bancal : le groupe ne fusionne pas les genres variés qu’il aborde, mais semble faire l’exposé de ses capacités sans affirmer de réelle identité propre. Et puis, Gerry Nestler est un pianiste inventif, un guitariste explosif, mais un chanteur rébarbatif. Il semble que M. Lombardo n’ait finalement pas été étranger à la réussite des épisodes précédents ! Une curiosité sympathique, à défaut d’être le retour gagnant de l’année.
Mirizon a bien compris qu’il ne servait plus à rien de nos jours de se lancer avec des démos, mais qu’il était préférable de proposer directement un full album. C’est ce qu’ils font deux ans à peine leur création avec « Shrinking Violet ». Tout d’abord, venons-en au style annoncé : Metalcore « hybride ». Si cela est dû au fait que la formation compte parmi ses membres un violoniste à plein temps, alors oui, c’est hybride et surtout réussi. L’apport du violon est clairement un plus pour les Nantais. Pour le reste, on est en plein dans du metalcore. On pense principalement à Bring Me The Horizon et Architects tant les rythmiques et les samples font référence à ces deux groupes. C’est brutal et très bien exécuté. Les mélodies nous renvoient vers I Prevail et sont très bien placées. Les breaks quant à eux sortent du carcan habituel du style metalcore et font plutôt penser à Gojira, devenu référence ultime de la scène extrême hexagonale. Toutefois, on a l’impression de tourner en rond au fur et à mesure de l’écoute. Cela est probablement dû à un chant qui est éreintant sur la durée. Je mentionnerai le mélancolique et déchirant « Small war » ainsi que le superbe « Eternal disillusion » ou encore la ballade triste et magnifique « À la cendre et la neige » comme coups de cœur. Au final, ce « Shrinking violet » laisse un sentiment mitigé, car parfaitement exécuté, mais qui malgré ce plus amené par le violon, se révèle trop peu original pour sortir du lot.
Découvert il y a cinq ans avec leur premier album « Wasted years », Nawather revient nous envouter avec leur nouvel opus « Kenz illusion ». Le metal progressif proposé par les Tunisiens évolue pour être plus efficace et plus facile à écouter. Les compositions parfaitement exécutées ainsi que le chant en tunisien de Ryma et de Wajdi sont sublimés par les consonances et instrumentations purement orientales, donnant au final un metal des plus original, conférant une identité unique au groupe. Principalement progressif (« Breath of Jasmin », « Treasure chest »), Nawather peut se révéler lourd et puissant (« Immortal grid » sonnant limite heavy et power metal) ou très planant (« The wind of death » »). « Kenz Illusion » marque clairement une étape pour Nawather qui, avec ce nouvel opus, nous propose un voyage magistral entre Carthage, Kelibia et Tunis. Superbe.