Chroniques

Chroniques (703)

Sixième album du combo américain, toujours au top de l’actualité deathcore depuis 2003. Au cours de ces années d’activité, Born of Osiris n’a jamais changé d’un iota et ils auraient tort de ne pas en profiter davantage. Célèbres et ayant une fanbase de plus en plus importante, les cinq membres restent fidèles à eux même. « Angel or Alien » est une réussite. La nouveauté survient via le rajout du saxophone et une augmentation de l’usage des claviers de Joe Buras, comme par exemple dans leur morceau « Poster Child ». Une nouvelle corde à leur arc qui pourrait bien aboutir sur de belles surprises. Subtil mélange de chant clair ainsi que crié à la Architects, le ratio ne choque pas et est même très agréable tant l’exécution musicale est bonne. Le transfert de Nick Rossi de la basse au poste de deuxième guitare est l’une des meilleures idées des Américains. On peut sentir que Born Of Osiris a encore les crocs et cela n’augure que du positif pour l’avenir du groupe. Une progression lente et prudente est parfois mieux contrôlée et appréciée du public qu’un revirement brusque tel que Suicide Silence l’avait fait… Born Of Osiris continue sa quête du trône du deathcore progressif. « Angel or Alien » devrait leur permettre de devenir un sérieux prétendant. 

04.09.21 11:15

BLACK SWAMP WATER - "Awakening"

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Il est assez amusant que la promo de l’album semble se moquer des groupes inventant un « nouveau » genre de toutes pièces, presque par prétention et désir de se forger une identité propre. Ceux-ci défendent alors la musique du quintet danois en expliquant que malgré une apparente simplicité, elle rend des hommages assumés à des groupes comme Black Sabbath ou Corrosion of Conformity, le tout formant un mix de hard rock et de heavy à l’ancienne. Sauf qu’à titre personnel, c’est précisément cela qui me gave bien plus que les groupes essayant bien trop ardemment de se créer un style unique. On pourrait alors pointer une certaine hypocrisie de ma part, sachant que mes chroniques font généralement l’éloge de l’hommage bien fichu et des retours aux sources des groupes punks ou gothiques par exemple. Sauf qu’il faut bien dire ce qui est : ces genres demeurent marginaux et leur âge d’or est loin derrière. Le hard rock comprend toujours nombreux de ses pionniers (dont on jure qu’ils joueront même un pied dans la tombe), mais surtout l’offre était déjà surnuméraire à l’époque et continue à l’être. L’offre de groupes s’inspirant de ces glorieuses années ou des groupes qui les ont fait grandir est également astronomique, et de fait : on finit par s’en lasser quelque peu. Alors même si Black Swamp Water porte ses références à bras le corps, l’enthousiasme n’y est pas : les thèmes, les sons, les titres mêmes sont du vu et revu. Alors oui, il y a bien des notes de Thrash et de Rock Sudiste pour faire varier les plaisirs, tout comme les influences ne s’arrêtent pas à la bande à Ozzy, mais lorgne également du côté d’Alice Cooper et même un brin chez Metallica par exemple. Mais cela ne suffit pas à sauver un album décidément terriblement générique. On ne pourrait pas le qualifier de mauvais, car il est musicalement clean et efficace mais il peine à transcender, à se rendre mémorable. Vite écouté, vite oublié.

04.09.21 11:13

STÖNER - "Stoners Rule"

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Brant Bjork et Nick Oliveri réunis et, déjà, nous voulons être éblouis par un soleil rouge… que tentent de faire revivre les guitares arrondies et craquantes de "Stoners Rule", album au titre qui claque comme un manifeste. Ce disque, pourtant, ne dégage pas la lumière éblouissante des œuvres de Kyuss. Stöner se place dans l’ombre de cet immense groupe (le trop long "Tribe/Fly Girl") sans jamais parvenir à ressusciter sa magie perdue, même s’il la frôle parfois ("Own Yer Blues", beau blues du désert, "Rad Stays Rad"). Chaton ronronnant ("The Older Kids"), qui parfois tente de griffer ("Evel Never Dies", morceau court et punky réussi, chanté par Oliveri), le trio (Ryan Güt tient une batterie à la sobriété bienvenue) semble se faire plaisir. Ceux-ci jouent ces titres groovy qui sentent bon la jam en toute quiétude, sans se préoccuper de ce que le monde en pensera. Huit jours à peine se sont écoulés entre les premières répétitions et l’enregistrement. Authentique, spontané et désinvolte.

Voilà un produit original et parfait témoin de l’époque formidable dans laquelle nous vivons : après les albums live parus en 2020 et début 2021 pour rappeler à notre bon souvenir la fureur et la sueur des concerts en présentiel (un mot qu’on aurait bien aimé ne jamais employer quotidiennement), ceux-ci paraissent maintenant pour des disques témoignant de concerts donnés sans public et diffusés en streaming. Ce « Live from the Apocalypse » des italiens de Lacuna Coil appartient à cette catégorie. Sa tracklist est constituée de l’intégralité du dernier album « Black anima » (paru en octobre 2019), ainsi que de ses morceaux bonus car il était censé, à sa diffusion le 11 septembre 2020, promouvoir le dernier rejeton de la formation metal moderne. Très bon album, mais une question se pose tout de même : quel est l’intérêt de publier la version audio de ce concert puisqu’il contient tout un album studio fatalement reproduit à l’identique puisque tout récent ? L’ordre des titres a beau être différent, la valeur ajoutée reste limitée. La pochette ne trompe d’ailleurs pas son monde, car elle reproduit le même visuel que celui de leur dernier opus. Comme sur l’œuvre susdite, on retiendra l’intro dramatique « Anima nera » enchaînée avec l’hymne « Sword of anger », les chœurs opératiques de « Veneficium », la puissance sauvage de « Now or never », le groove néo-metal du single « Reckless », les soli inspirés du guitariste Diego Cavallotti et bien-sûr les échanges « Belle et la Bête » des vocalistes Cristina Scabbia et Andrea Ferro.

Les titres bonus s’incluent parfaitement dans l’ensemble, à l’image du lent et intense « Through the flames ». Au final, l’interprétation pêchue des cinq protagonistes (assistés par des bandes qui prennent beaucoup de place) met en exergue les qualités indéniables de leur dernière livraison, mais reste réservée aux fans jusqu’au-boutistes qui voudraient garder un souvenir du « concert » auquel ils ont « assisté » à distance … ou à ceux qui ne posséderaient pas encore « Black anima ».

Voici le deuxième volet des Devolution series, et il prend le contre-pied du précédent parce qu’après le live acoustique, on est dans le metal dur, avec des emprunts nombreux à Strapping Young Lad et Ziltoid, soit la frange la plus heavy et agressive de l’œuvre du divin canadien. Le concept est original : ce faux live publié en stream le 5 septembre 2020 a été enregistré avec des musiciens sortis du chapeau (Wes Hauch à la guitare, Liam Wilson de feu-Dillinger Escape Plan à la basse et Samus Paulicelli à la batterie), et avec une setlist choisie par les fans qui pouvaient voter avant les concerts des festivals européens de Bloodstock, Tuska et Hellfest. Cette tournée « By request » était censée être la deuxième partie du Empath tour, se plongeant dans le passé après la redéfinition musicale documentée sur le live « Order of Magnitude - Empath live vol.1 ». Ce disque sert donc à faire patienter avant que ces concerts aient réellement lieu en 2022, et on y trouve avec plaisir une moitié de morceaux de Strapping Young Lad plus joués depuis quinze ans, mêlés à du récent. L’ensemble des titres est parfaitement mis en son et interprété par les quatre musiciens, avec une performance vocale saisissante de Mr. Townsend. Ce qui ressort de cet échantillon de quinze chansons, c’est le côté planant jusqu’à la transe, autant que pesant et ultra heavy, ainsi que le caractère emphatique des lignes de chant, épiques et fortes (Epicloud !). Le disque parvient à rendre homogène cette sélection piochée dans 25 ans de carrière, de la furieuse entrée « All hail the hew flesh » à la grandiloquence de « Supercrush ! » et « Stormbending », en passant par le foutraque « By your command », le frénétique « Detox » et le rayonnant « Spirits will collide ». Hurlements et blast-beats sont au programme, mais la froideur de SYL a disparu, et toute cette heure et quelques de musique dégage une émotion toujours palpable. La quarantaine subie a permis de faire émerger cet inattendu best of metal de Devin Townsend, dont les morceaux intenses n’avaient jamais aussi bien sonné.

17.07.21 14:13

CIRCLE OF SIGHS - "Narci"

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Voilà encore un groupe qui a choisi la carte de l’anonymat pour porter son bien mystérieux projet. L’originalité est sans doute un peu passée maintenant, mais c’est raccord avec ce que le « collectif » entend proposer. Et pour le coup, que ce soit sur son premier ou sur ce nouvel album, Circle of Sighs étonne totalement en nous transposant dans de multiples réalités, façonnées par des sonorités multiples et des plus surprenantes. Narci apparaît cependant un peu plus lumineux, peut-être un peu plus triste aussi que Salo, qui était largement plus enfoncé dans un Doom poisseux, collant et lugubre. Narci accentue les nappes de synthé, avec même un peu de piano et de cuivres pour agrémenter le tout. Les titres sont parfois un peu plus verbeux aussi, comme « Roses Blue », atmosphérique à souhait, se voulant à la fois mélancolique et trippant. Le titre d’ouverture « Spectral Arms », étonne déjà par sa longueur (avec dix minutes, c’est le morceau le plus long de l’album), mais aussi par sa dualité entre ce piano vanté plus haut, lui conférant une certaine douceur, pour ensuite mieux nous frapper par ses riffs lourds et lents. Rajoutons-y quelques enregistrements vocaux pour agrémenter certains titres, et on se retrouve avec un album plutôt frais, plutôt audacieux et surtout versatile. Une bonne raison de suivre ces mystérieux musiciens masqués de près.

À l’exercice de la cover, il y a généralement deux écoles : celle qui préfère préserver toute l’aura de l’artiste originel en ne touchant pas trop à leur style. Et celle qui, au contraire, choisit un titre pour mieux le tordre et se le réapproprier (il existe une troisième école qui dit que les covers sont pour les groupes fainéants en panne d’inspiration mais il ne faut pas les écouter). Grande chance : cet album-hommage propose les deux, et pour cause : ce sont quinze artistes différents qui se sont essayés à l’exercice, proposant des approches très différentes au sein du domaine particulier de la reprise. Tout ne se vaut pas forcément, mais aucun titre n’est foncièrement mauvais ou inintéressant. Disons plutôt que certains hommages sont plus audacieux et créatifs alors que d’autres sont plus convenus, tout en parvenant à bluffer, sonnant fortement comme le groupe d’origine (évoquons par exemple « Marian » par Columbia Obstruction Box » ou « Lucretia My Reflection » par Dan Swanö). Non, les deux seuls vrais bémols, bien que minimes, sont plutôt la présence de plusieurs titres en doublon comme le mythique « Temple of Love », « More » ou « This Corrosion ». Bien sûr, le résultat n’a rien de totalement comparable, mais on aurait apprécié un projet à la « Dirt Redux », sorti l’année dernière pour commémorer Alice in Chains, où chacun des groupes invités avait proposé un titre unique, ou encore le tout aussi fameux « For The Masses » célébrant Depeche Mode. Ce qui nous amène au deuxième défaut de la galette : presque tous les titres existent depuis plusieurs années (exceptions notables pour Columbia Obstruction Box et Cadaverous Condition & Kara Cephe). Mais là aussi, bien malintentionné sera celui qui se détournera de l’album pour ces raisons : à moins d’être fan absolu du groupe et d’avoir sillonné les tréfonds de YouTube, la plupart des reprises faisaient office de rareté. Et pas seulement parce qu’il est rare qu’une reprise fasse grand bruit, loin de là : entre les titres jamais sortis, ceux de groupes moins reconnus ou tout simplement passés sous les radars, il y a certainement des vieilleries inconnues qui vous attendent. En soit, plus que de plébisciter l’un des groupes les plus célèbres de la scène gothique, ou même de redécouvrir certaines chansons moins connues de leur catalogue, l’idée est plutôt de regrouper sur un même disque ces nombreux hommages, et aussi de sécher nos larmes en nous rendant compte que, si le groupe est bien vivant et actif sur la scène live, il reste silencieux aux prières de fans désireux d’un nouvel album depuis trente longues années. Tant pis… Il faudra encore se rendre en live pour espérer grappiller quelques nouveaux sons. Et pour les autres, « Black Waves Of Adrenochrome » devrait et devra satisfaire votre soif de Sisters of Mercy. Comme quoi, la vie n’est que trop rarement bien faite !

« Quitte à ressortir "Dark Medieval Times" et "The Shadowthrone" , autant leur apporter quelques améliorations – mais sans bafouer l’esprit de l’époque. Satyr a voulu les remasteriser, mais aussi refaire une pochette. “Nous n’étions pas vraiment satisfaits de ce qui avait été fait à l’époque ”. En quelques mots, Frost résume l’esprit de la réédition de ces deux albums légendaires, pierres angulaires du black metal, et même des musiques extrêmes en général. Introuvables en vinyle, sauf à des prix exorbitants, ces deux perles noires sont désormais disponibles au format double LP gatefold, en plusieurs couleurs. Un coffret regroupe même ces deux chefs-d'œuvre. 

Dark Medieval Times", sorti en 1993, est le fruit du cerveau génial de Satyr, alors âgé de 17 ans. Ce disque hanté, à la beauté sauvage, comme jailli des entrailles d’une montagne ancestrale, mêle la haine de riffs malsains et hypnotiques, la rage de vocaux tourmentés, la férocité de la batterie et les sonorités épiques et menaçantes des claviers ("The Dark Castle In The Deep Forest", monument d’angoisse difficile à oublier).  Entre deux salves de fureur, entre deux éclairs de furie, s’insinuent des bribes d’apaisement mélancolique, nées d’un grattement de guitare sèche, d’un souffle de flûte (l’éponyme "Dark Medieval Times"). Ces titres brillent d’une honnêteté, d’une pureté absolue, incarnée dans l’acoustique "Min Hyllest Til Vinterland", nimbé des échos d’un vent lointain. Si la version 2021 ôte de l’âpreté à ce disque, ancré dans les paysages norvégiens majestueux et inquiétants, elle ne défigure pas cette version sonore du Cri d’Edvard Munch.

Huit mois après, Satyr et Frost, aidés de Samoth, publient "The Shadowthrone". Ce deuxième album se place dans la lignée de son prédécesseur, à l’image de "Woods To Eternity", mais s’aventure aussi en de nouveaux territoires, en terres viking ("Vikingland"), ou ambient ("I En Svart Kiste"). Il garde l’atmosphère médiévale ténébreuse de "Dark Medieval Times" mais la propage à travers des compositions plus complexes, riches en breaks et changement de rythmes. Des blast-beats de Frost aux compositions plus lentes, de la grandiloquence des claviers ("Hvite Krits Dod") aux pulsions guerrières ("Dominions Of Satyricon"), "The Shadowthrone" plonge l’auditeur dans les paysages tourmentés d’une Norvège mythique, entre légendes de sang et rêve soufre.

En substance, cet album-hommage n’est « rien d’autre » qu’un bon album punk. Mais mieux que cela, il accomplit tout ce que demande un opus de reprises réussit : mélange de morceaux iconiques et plus méconnus, alternance de reprises touchant à peine aux originales et d’autres s’emparant de ces chansons pour mieux les tordre, alternance de titres bourrins et d’autres plus posés… Et on peut en plus rajouter qu’avec un tel panel de noms (un par titre), on nous gratine en plus d’une synthèse de multiples genres de punk, avec les innombrables affreux petits rejetons qu’on lui connaît. Héritiers de la première vague, déconneurs adulescents du pop-punk et même un peu de ska… Nul doute que les plus ronchons trouveront quand même l’une ou l’autre reprise valant bien l’originale par sa créativité ou son énergie. On pourrait s’étonner qu’un groupe n’ayant eu « que » quinze ans de carrière, et ne paraissant pas être une institution punk ni franco-française, ni internationale, se dote de tels éloges en (au moins) deux albums. Mais pour les plus « américains des punks français », j’ai presque envie de dire : justement. Quel intérêt de sortir un best-of d’un groupe mythique dont la réputation n’est plus à faire ? Dès l’instant où l’on peut au contraire afficher à la face du monde ce qu’il a pu rater et qui, alors que la seconde vague américaine avait déjà débuté, jouait un hybride très sympa de vieux et de nouveau punk. Puis bon… Quinze ans dans le punk… C’est pratiquement une carrière entière !

En clair, cet opus n’est pas tant un incontournable qu’une porte d’entrée formidable à la discographie du groupe… même si ce n’est pas lui qui joue dessus ! Les plus fanatiques trouveront quant à eux des versions alternatives de très bonnes factures, dont beaucoup ont été enregistrées par des groupes français en plus ! Comme quoi il est bon de rappeler que même en 2021 : « punk’s not dead » … et ce, pas même en France. Ce n’est là que le premier volume ?? Mais sortez-donc vite le deuxième bon sang !

17.07.21 11:31

OVERDRIVERS - "Rock out!"

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Trois morceaux… En l’espace de trois morceaux, Overdrivers nous met une patate d’enfer avec leur « Rock out ! » qui fait un bien fou. Les morceaux font headbanguer, donnent envie de bouger, de baiser et de boire une putain de bière. Musicalement, les Français pratiquent un rock parfois heavy mais surtout à tendance rock n’roll. Que ce soit plus Motörhead (« You cheated on me ») ou bien AC/DC (« Factory »), les compositions sont ultra bien foutues et mélodiques à souhait, le tout avec les « Balls ». Enfin « Forever Young » sera là pour nous rappeler que rien n’est aussi bon qu’un morceau de rock n’roll. Alors oui, trois morceaux, c’est peu… trop peu. Car à peine la tête se met à bouger que le player s’arrête. Mais cela ne fait rien car on appuiera juste sur la touche repeat et l’on ne quittera plus ce « Rock out ! » qui va coller tout fan du style pendant plusieurs mois. Vite l’album putain !