Chroniques

Chroniques (703)

Sur la planète Death metal, il y a eu un album qui en 2021 a tout écrasé sur son passage et il relève des œuvres du groupe Français, Creeping Fear avec son époustouflant «Hategod Triumph». Les passionnés de Death mélodique me parleront d’At The Gates avec son excellent « The Nightmare Of Being ». Et puis, il y a la surprise résultant de la découverte. Je voulais mettre à l’honneur le projet BlightMass, unifiant des Ricains et un Français. J’avais eu l’occasion de les chroniquer sur leur premier album «Severed from Your Soul» de 2019, leur attribuant une cote de 4/5. En cette année spéciale de l’an de disgrâce 2021, revoilà nos artistes pour vous présenter leur nouvel opus, véritable album, celui rassemblant non plus le matériel des travaux des temps jadis mais bien ceux du temps présent. C’est bien là qu’on pouvait les attendre et mesurer l’évolution si tant est qu’il y en ait une. Ben, voyez-vous, cet album est totalement prégnant tant les morceaux nous plongent dans un Death groove tantôt technique, tantôt old-school mais où la griffe du groupe apparaît très clairement. A lui seul, BlightMass véhicule l’art d’un Suffocation croisé avec Deicide. Tout est bon de l’introduction brève jusqu’à l’outro  « The Great Collapse ». Le jeu de basse de Jechael mène la danse littéralement, prenant une liberté rythmique par-delà le cadre déjà bien trempé de la batterie. C’est effectivement doté d’espaces groovy bien agencés comme on pouvait le trouver dans Faith No More. Le chant est aussi harmonisé avec l’ensemble comme nous le voyons sur le titre éponyme, sur le très sombre «SkinCrawl » aux relents de Krisiun. Parfois on monte dans le grave du registre de mon groupe culte, Morbid Angel. Les riffs de guitare de Nattewølf et Jackula sont hypnotisants. Les deux guitaristes se complètent à merveille et jouent avec brio de la passation du leadership… Chacun vous pique, recule, tandis que l’autre avance déjà pour poursuivre. La technicité est là et les artistes cherchent plutôt à soigner l’ensemble plutôt qu’à se lâcher égotiquement. Et c’est là toute la force du groupe, chaque individualité apporte une griffe évolutive, laissant la porte ouverte aux autres. Le tout est bien plus que leur simple somme. L’album passe bien, en affinant l’écoute, parfois des inspirations de Hardcore, de Rock se laisseront capter. Au final, vous vous dites qu’il y à là une entité qui peut lutter sur le même front que celui occupé par les énormes artistes de Pestilence.

J’affirme souvent que tout l’intérêt d’un remaster peut provenir d’une envie de remettre au goût du jour d’anciens classiques, ou parfois d’offrir une seconde chance à un album sous-estimé ou mal-aimé. Dans le cas de Technical Ecstasy, le deuxième scénario est plus probable, tant la réception de l’album fût tiède à l’époque (et personne ne semble vraiment s’être levé pour lui redorer le blason depuis… et ça fait quarante-cinq ans quand même !). On peut le dire : même chez les fans absolus de la légendaire formation, on retient cet album davantage pour son artwork atypique, pondu par le non-moins mythique collectif Hipgnosis, qu’à ses titres. Quid après plus de quatre décennies ?

Il faut bien le dire, les fans avaient toutes les raisons du monde d’être déçus. Exit le doom, le macabre, le pesant, le lugubre : seul un écrin de poésie noire subsiste pour nous rappeler les premières armes du groupe qui a tout débuté et plonger le monde du rock dans la pénombre. Bien sûr, Sabbath ne se limite pas à une sensation de malaise et des textes lugubres, portés par un groove inimitable lors des bridges. La voix caractéristique d’Ozzy et le talent virtuose des trois instrumentistes sont parfaitement préservés, donnant un résultat qualitativement irréprochable. Non, ce qui dérange, c’est bien la forme. Et ça n’a pas tant changé avec le temps hélas.

Les contemporains autant que les pros s’accordent pour dire que la peur aurait gagné le groupe, alors que le punk explosait et que l’incroyable innovation de leurs premiers opus se tassait doucement. Les poussant donc, logiquement, à vouloir se moderniser… Au point de trahir leur son, leur essence, leur fanbase. Le fait d’avoir désormais autant de recul rend l’épisode « Technical Ecstasy » d’autant plus incompréhensible et dénotant avec le reste de leur discographie, pourtant très plurielle et riche en rebondissements. De nombreuses prises de paroles intervenues par la suite font état d’un groupe bien au fait sur la déception liée à cet album en particulier… Après, certains parleront d’excuses ou d’effet de masse. De l’eau à bien coulée sous les ponts depuis en tout cas, en atteste cette ressortie d’ailleurs.

La vérité, comme souvent, se situe un peu dans l’entre-deux. Non, Technical Ecstasy n’est pas un mauvais album ou un album raté. Non il n’est pas dénué d’intérêt, de sens ou de bons moments. En fait, son apparente légèreté est aussi une force, et le groove classique de Sabbath opère toujours bien, rendant le tout à minima sympa à écouter. Les thématiques abordées sont surprenantes et gardent une plume aiguisée. On retiendra même « It’s Alright » chantée par Bill Ward, rare exemple d’une chanson interprétée par un batteur ! Le résultat est loin d’être mauvais ou même médiocre, et pour un fan de Sabbath, c’est déjà une petite raison de retenter une écoute. « Dirty Women » est un autre titre mémorable, avec quelques riffs plutôt cools et un rythme bien péchu et aux relents plus hard. Son bridge est vraiment top !

Que dire encore pour clore cette chronique ? Sans doute rementionner qu’un remaster en 2021 d’un album si mésestimé atteste que le groupe entend faire la paix avec lui-même, ou alors qu’il n’a de toutes façons plus rien à perdre et s’en moque donc éperdument. Peut-être est-ce ainsi qu’il faut l’appréhender ? Avec l’intention d’une (re)découverte qui, comme d’autres après lui, ne laissera pas forcément de souvenirs impérissables, mais nous fera dire que ce n’était finalement pas si mal que cela. À mes yeux, Technical Ecstasy est l’équivalent du Turbo de Judas Priest : souvent justifiés par une sortie trop hâtive ou une envie de changer d’air mal exploitée, on dira plutôt qu’ils ont tenté de faire quelque chose d’autre qui ne leur ressemblait pas. Intéressant pour l’histoire, assez quelconque au sein d’une discographie à la fois si vieille et si fournie.

23.10.21 14:18

ANETTE OLSON - "Strong"

Écrit par

Pas de grâce mais de la graisse. Pas de subtilités mélodiques mais des refrains gavés de sucre. Pas de grandiose mais du grandiloquent ("Roll The Dice") vaguement gothique né de claviers symphoniques assez vulgaires ("I Need To Say"). Pour son deuxième album solo, après un premier effort pop, Anette Olzon, chanteuse de Nightwish sur "Dark Passion Play" et "Imaginaerum", pose sa voix sur des compositions metal besogneuses. Elles sont cosignées et coproduites par Magnus Karlsson, son complice dans The Dark Element. "Strong" est un écrin de pacotille qui abrite les vocalises d’Anette, guère variées, vite lassantes, à quelques exceptions près ("Sad Lullaby"). Des growls, de Johan Husgafvel, époux de la dame, surgissent à la fin de certains morceaux, sans que l’on comprenne bien pourquoi. Pour apporter l’agressivité que les guitares ignorent ?  Pire encore : les touches électroniques de l’horrible "Parasite" qui font penser à l’affreux Amaranthe, tout comme la production signée par l’incontournable Jacob Hansen. Ces chansons sont comme une contrebande de Nightwish, forcément ("Fantastic Fanatic") : elles sont au géant finlandais ce que les cigarettes polonaises sont au Craven A (c’étaient mes préférées). Bref, vous pouvez remplacer par la marque de votre choix !

23.10.21 14:13

ANDREW WK - "God Is Partying"

Écrit par

Il s’en est passé des choses depuis la sortie de « I Get Wet » en 2001, mais beaucoup ont conservé ce souvenir profondément dans leur mémoire, au point d’ériger AWK comme un artiste certes drôle et énergique, mais vite répétitif malgré la patate folle furieuse qu’il nous assénait à l’époque. Mais avec un album intimiste au piano, un album plus grandiose et éthéré et tout un panel d’activités annexes et variées, il serait injuste de limiter le multi-instrumentiste à sa personne de « Party God ». Ce que le titre de ce nouvel opus n’indique pas… à tort. C’est en effet un sacré schisme qui s’opère chez AWK : toujours pleinement maître à bord, il fait péter le t-shirt noir (sacrilège !) pour proposer des titres lorgnant davantage sur des terres « metallisées », honorant son arrivée sur le label Napalm et tranchant nettement avec ses deux premiers albums, plus punks, plus simplistes. Ici les titres sont plus longs, plus sombres et plus hard. C’est un vrai volte-face créatif des plus rafraîchissants qui rappelle que AWK est fort d’une vraie et riche formation musicale, malgré des thématiques souvent légères. “God Is Partying” déplaira aux fans de la première heure, qui devront se faire à l’idée que l’époque « I Get Wet » est finie. Les réfractaires pourront dire que la forme est un peu convenue, donnant un métal sans grand relief malgré une indiscutable grandiloquence. D’autres enfin pourraient s’interroger sur la dimension religieuse de l’album, ou encore sur ses paroles parfois un peu nunuches. Mais tout cela ne peut occulter le simple fait que AWK est un artiste accompli qui prend là un énorme risque. On n’applaudira pas la forme à tout rompre : mais on fera une ovation à l’audace.

Formation espagnole composée de trois membres dont le bassiste d’Opeth Martin Mendez, White Stones sort son deuxième album, un an seulement après “Kuarahy”. Les sujets abordés puisent dans les sentiments que Martin affirme avoir vécu pendant le confinement imposé par la pandémie de Covid-19. Expérience musicale ou voyage dans un univers sombre, l’ambiance générale de « Dancing into Oblivion » est aussi lourde qu’une lente descente dans une mer d’huile. Agrémentée de plusieurs passages mélodiques ou acoustiques contrastant avec le reste, cet album m’a donné une envie de refaire le tour de la filmographie de Robert Rodriguez. L’ambiance me faisait penser à des titres tels que Grindhouse, Machete, Sin City tant le saut musical nous transporte d’une scène calme à une atmosphère lourde et pesante. Des morceaux tels que « Iron Titans » suivi de l’interlude « Woven Dream » ou encore « To Lie or to Die » sont le parfait exemple de cet ascenseur émotionnel. N’étant pas du tout un aficionado de cette scène musicale, je me suis surpris à apprécier le périple et à m’y émerger sans difficultés.

12.09.21 15:16

VRIESS - "Vriess"

Écrit par

Que de brutalité !!! Votre cœur pourrait-il suivre le rythme ? Vriess est un missile ! Que dis-je une bombe atomique. Introduction rapide avec « Chapter I : The Fight » qui vous met en confiance mais vous pulvérise immédiatement après deux minutes tapantes. Profitez-en, c’est tout ce que vous aurez pour vous reposer. Car cela s’enchaîne avec de la violence pure et dure. Construit en cinq chapitres, Vriess est un concentré de brutalité et de tout ce que le Death metal a à nous offrir. Mené par ses membres venant de diverses formations telles que Project for Bastards, Benighted et Alkaloid, l’idée d’avoir un projet relaxant était tuée dans l’œuf. D’une durée de dix-sept minutes, cet EP est court mais suffit pour poser les bases de cette formation qui promet un avenir intéressant et haut en couleurs. Riffs destructeurs, blasts perforateurs, et chants de douleur seront votre lot pour un peu plus d’un quart d’heure. Martyrisez vos tympans, laissez saigner vos orifices et faites-en profiter les voisins tant cette plaque se partage de gré ou de force !

12.09.21 15:12

VADER - "De Profundis"

Écrit par

Deuxième album de Vader, sorti en 1995, "De Profundis" reste l’une des œuvres, si ce n’est l’œuvre, emblématique des Polonais à la discographie prolifique. Toujours influencé par le thrash, à l’image de certaines parties vocales de Peter, qui reste la plupart du temps intelligible, ou de soli slayeresques évoquant une giclée de sang hors d’une gorge fraîchement lacérée, ce recueil regorge d’une quantité hallucinante de riffs mémorables (ah, les débuts de "Sothis" et de "Blood Of Kingu", ou le festival de l’inaugural "Silent Empire") couplée à une atmosphère malsaine ("Revolt"). En 34 minutes de brutalité viscérale, de vitesse maîtrisée et de technique aboutie (quelle prestation de Doc à la batterie, omniprésente et sublime !) le groupe passe de la violence primitive (le brûlot "An Act Of Darkness", leçon de moins de deux minutes) à des compositions plus vicieuses ("Reborn In Flames") qui n’hésitent pas à ralentir le tempo avant de lancer une nouvelle charge ("Sothis"). "De Profundis", modèle d’intensité malfaisante.

12.09.21 15:10

THY CATAFALQUE - "Vadak"

Écrit par

À l’origine œuvrant dans le black metal, la formation magyare s’est depuis élancée sur le chemin de l’expérimentation et ce dixième opus continue dans cette voie que maîtrise avec brio le maître à penser du groupe, Tamás Kátai. « Vadak » est une invitation au voyage et l’on se laisse volontiers emporter par ses multiples sonorités oniriques, alternant passages post-black déterminés, interludes frôlant avec un trip-hop envoûtant et moments ambient rêveurs, le tout dans une cohésion savamment orchestrée. Le nombre d’invités et d’instruments engagés dans l’album illustre bien cette diversité sonore : électronique, cuivres, percussions orientales, cordes, piano ou encore cornemuse. Les morceaux s’enchaînent et ne se ressemblent pas. Autour du noyau metal de la musique gravitent des nuances de styles variés, à l’instar du chant parfois growlé, parfois féminin et cristallin. Le résultat est au rendez-vous, les sonorités s’entremêlent et la magie opère. La mélodicité de la langue hongroise ajoute à l’exotisme de la musique de Thy Catafalque. Pour les curieux d’expérience hors des sentiers battus, l’écoute de cet album se révèlera sûrement une aventure intéressante, voire captivante.

Trois albums en trois années d'existence, on ne peut pas dire que le combo allemand chôme. Troquant le Death old school des deux albums précédents pour un style beaucoup plus fast thrash, Temple of Dread effectue un changement payant. Des tracks comme "Necromanteion" et "Wrath of the Gods (Furor Divinus)" sont une raison suffisante d'aller plus loin dans l’écoute des compos du groupe. Le thème de ce nouvel album est le déchaînement de colère sur le monde du dieu grec des morts et des enfers, j'ai nommé Hadès. Véritable rouleau compresseur, 'Hades Unleashed' est un condensé de violence et de brutalité gratuite. Ce sont quarante minutes réparties en neufs morceaux qui vont vous tomber dessus telle une punition divine. Mélangeant avec habileté des sonorités Death, Thrash et Black Metal, l'ensemble est un régal à entendre et à vivre. On a encore du mal à se dire que ce groupe n'a que trois ans d'expérience tant le niveau est haut. Temple of Dread est un nom à garder en mémoire, ces derniers se retrouveront à n’en pas douter parmi les grands du metal en moins de temps qu'il ne faut pour le dire !

12.09.21 15:05

SILENT OBSESSION - "Countdown"

Écrit par

En guise de mise en situation, « Apocalyptic Manifestation », intro contenant les cris de personnes subissant les affres de la guerre et paniquant suite à des explosions, fait son office. Traitant principalement de la fin du monde et de l’apocalypse finale (devenu un classique dans le Death metal), les Algériens mènent leur guerre d’une main de maître en faisant flamber la poudre. La voix brutale de Danny colle à merveille avec le thème abordé et ses musiciens transmettent le sentiment de ce que l’on peut ressentir lorsque l’on est pris en pleine guerre. Peu de sorties sont à déclarer sur la scène algérienne et celle-ci fait plaisir à entendre. Ces derniers ont encore un long chemin à parcourir, mais cet album est déjà une belle réussite de par la situation géographique du groupe. « Countdown » plaira aux adeptes de Death metal qui jonchent les scènes à travers le monde.