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Le moins que l’on puisse dire, c’est que Drown in Sulphur ne fait pas dans la dentelle. « Essence » commence dans le calme avec une petite mélodie digne d’un film d’épouvante mais se poursuit avec un son lourd et nous ensevelit sous un growl aussi gras qu’un snack d’après soirée. Si l’on espère pouvoir se reposer par la suite, c’est raté. En effet, les trente-sept minutes de « Sulphur Cvlt » sont un massacre auditif (au bon sens du terme) car en plus de la musique pesante due aux riffs lents, lourds et martiaux, se rajoutent un chant du même acabit et des mélodies (« The Crawling Chaos » et « Sulphur Cvlt ») leur permettant de figurer dans la sphère du Blackened Deathcore comprenant déjà des monstres tels que Lorna Shore ou Carnifex. Deux eps et maintenant un album font de Drown In Sulphur une valeur sûre de la scène Deathcore actuelle et ce n’est par leur petit dernier qui nous fera dire le contraire car c’est une tuerie qui ne demande qu’à être écoutée. Je vous laisse seul juge mais c’est à vos risques et périls.

15.12.21 19:54

COFFIN CREEP - "Voids"

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Je sais déjà ce que vous allez me dire : « Encore un groupe de death metal suédois qui sort un album, ce sera le même que tous les autres sans originalité aucune » Et bien que nenni ! Certes, cela reste dans le thème du death old school passant accessoirement par le thrash ou le black metal, mais pas que. Si vous aimez les tracks lentes et puissantes comme Cannibal Corpse l’avait fait avec « Scourge of Iron », vous ne pourrez qu’aimer cet album. Ce dernier est lourd, que ce soit dans son ambiance, le son, ou encore dans son thème. Il colle parfaitement avec une apocalypse zombiesque où les cauchemars et les massacres emplissent votre quotidien : le « rêve noir » si je peux l’appeler ainsi. Ne se contentant pas du seul rythme vanté ci-dessus, Coffin Creep nous gratifie également de riffs speed et pleins d’énergie comme par exemple sur "Sepulcher Enigma", "Puking Necrophilia II" et "Nekropolis". Du bon gros death metal qui sort un peu des « vus et revus » de ces derniers temps.

Dirigé par leur leader, Doug Heiser a utilisé le temps et le confinement à la maison pour écrire plusieurs chansons ancrées dans le genre Post-Hardcore qui combinent des éléments de Pop-Punk, de Rock alternatif et d'Emo. Les personnes impliquées dans ce disque viennent de tous les horizons, de différentes scènes musicales mais partagent l'objectif commun de faire de la bonne musique. Au lieu de chercher un chanteur permanent, l'idée est devenue d'élargir les horizons en recrutant un chanteur / invité pour chaque morceau. « Vol I : Maybe Next Year » s’apparente presque plus à une compilation ou à un collaboratif plutôt qu’à un album à proprement parler. Il n’est en aucun cas à douter qu’il n’y aura jamais de concert de Coe Hill, à moins qu’ils arrivent à rassembler l’intégralité des guests présents sur ce skeud. Personnellement, « Edge of Collapse » est le meilleur morceau de l’album, s’apparentant très fort à un metalcore à la We Came As Romans. Il a le mérite de donner envie de pratiquer le two-step et de donner la pêche. Enchaîné directement par un « Deadweight » plus calme, « Vol I : Maybe Next Year » évolue en dents de scie dans l’énergie et l’ambiance. La curiosité me pousse à me demander jusqu’où le projet Coe Hill va-t-il aller ?

15.12.21 19:49

BAILER - "Disposable Youth"

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Hardcore irlandais avec une grosse paire de … moyens, Bailer débarque en nos contrées avec un album plein de promesses et d'énergie comme on les aime. Pour une fois changer, nous allons parler de la batterie plutôt que de la guitare car il faut l'avouer, Sean Conway (batteur) connait son métier sur le bout des doigts et tient à nous le faire ressentir. Comment ne pas avoir envie de détruire tout le monde après un album contenant tant d'intensité et de puissance. De plus, Alex O'Leary n'est pas en reste avec son chant sortant de manière viscérale et agressive loin d'une mélopée antique (chant lent et monotone, ndlr). Des titres comme "Strung Out", "Scourge" ou "No Apologies" ne sont pas faits pour vous permettre d'aimer votre prochain dans des journées difficiles (ah ouaiiiiiiis, c'est un peu le principe du hardcore). Fan de Cancer Bats, Converge ou Coilguns, foncez car cette plaque vous est destinée.

Pourquoi te caresser dans le sens du poil quand on peut te traiter avec une machine d'extraction de peau de vache ? Existentia ne prend même pas la peine de te mettre en condition car «Planned Obsolescence » te maltraite d'entrée de jeu. Voix grave et profonde, riffs et batterie ne sont pas là pour la décoration mais plutôt pour attendrir la viande. Le message de notre trio de Philadelphie est clair : ils sont là pour faire de l'abattage massif sans laisser de survivant. Débutant leur carrière, ils empruntent le meilleur chemin pour gravir les échelons. Ils font preuve d'une telle technicité musicale et d'une telle lourdeur de tonalité que tout public écoutant du Brutal Death ne pourra qu'apprécier ces quatre titres à leur juste valeur. Un massacre à en devenir…

24.11.21 13:10

LUCIFER - "IV"

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La reprise vintage de "Gone With The Wind Is My Love" par Lucifer, accompagné d’Elin Larsson de Blues Pills, a confirmé que ces deux groupes étaient les faces opposées d’une même créature. A l’un la nuit et la lune, à l’autre le jour et le soleil. Sur son quatrième disque, le groupe mené par le couple infernal Johanna Platow (chant) / Nicke Andersson (batterie), cette fois-ci épaulé par le guitariste Linus Björlund à la composition, poursuit son exploration des temples obscurs. Si les textes et la pochette restent sombres, la musique, entre rock et hard rock, toujours très seventies (le lancinant "Cold As A Tombstone"), elle, ne fréquente toutefois plus les recoins les plus mystérieux des édifices en ruines. Rassurez-vous, l’atmosphère occulte demeure (l’orgue inaugural de "Mausoleum", le menaçant "Wild Hearses", l’envoûtant "Nightmare"...). La lourdeur sabbathienne est toujours présente, la batterie aussi sobre qu’efficace et les soli bien troussés. Surtout, surtout, persiste cette capacité à signer de petits délices mélodiques ; comment résister à l’enchaînement "Crucifix"/"Bring Me His Head"/"Mausoleum", qui précède "Funeral Pyre" la brève pause acoustique placée en milieu d’album, comme s’il fallait reprendre son souffle après ce triptyque efficace en diable ? Autre originalité, le très sudiste, mais pas déplaisant, "Louise". Et, bien sûr, l'âme de Lucifer, la voix suave de Johanna, enveloppe cet album de son doux suaire.

24.11.21 13:08

SPIRITBOX - "Eternal Blue"

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Vous n'êtes sûrement pas passés à côté du nouveau phénomène du moment nommé Spiritbox. La libération de leurs singles a attiré l'attention par leurs dualités entre l'explosive « Holy Roller », la douceur de « Constance » ou encore l'addictive « Circle With Me ». Après la sortie de deux EP, le trio américain, composé de Courtney La Plante, Michael Stringer et Bill Crook, a pris le temps de préparer un premier album percutant nommé « Eternal Blue ». Cet enregistrement est une tornade avec ses impulsions de Metalcore mélangeant une multitude d'influences tantôt progressives, électroniques, djents ou encore alternatives.

Le titre d'ouverture « Sun Killer » appuie les premières dualités avec sa douce entrée en matière qui se brise dans la seconde partie avec une intensité profonde et puissante. Le tout accentué par des influences électroniques qu'on retrouve parfaitement sur l'addictive « Hurt You » ou encore sur la fougue de « Yellowjacket » en duo avec Sam Carter (Architects). Ces premiers morceaux propulsent un Metalcore de qualité qui va s'équilibrer avec les suivants « The Summit » et « Secret Garden » dans un registre plus doux et émotionnel tout en gardant une technicité solide. Le charme se retrouve dans les dualités des mélodies et surtout dans la voix de Courtney, elle est un élément central de l'album. Elle fait preuve d'une véritable aisance entre un chant aérien rempli d'émotion avec un côté pop qui se nuance avec ses screams puissants typiques du hardcore. Les morceaux se poursuivent avec les plus heavy et redoutables « Silk The Strings » et « Holy Roller » qui retournent tout sur leurs passages.

Néanmoins, si cet album apparaît comme un subtil mélange de dualité entre des morceaux explosifs et d’autres plus adoucis, ce n’est pas homogène. Après le déluge de « Holy Roller », l’autre moitié de l’album est un concentré de titres davantage calmes qui rompt cette solide dynamique. Toutefois la technicité est toujours autant présente sur des morceaux comme « Halcyon » ou encore « Eternal Blue » mais avec une rythmique attendrie. Malgré cela on retrouve une puissance timidement comme sur le final du captivant et aérien « Circle With Me ». Le côté fougueux est délaissé ce qui peut alors décevoir par ce manque d’équilibre et qui me rend dubitative. En effet, les morceaux sont tout aussi percutants par leur fraîcheur comme sur « We Live In A Stranger World » mais cela n’apporte pas une véritable valeur ajoutée sur le reste de l’album. L’album se conclut avec « Constante » une balade vive d’émotion mais qui laisse un goût de trop peu. Si la conclusion se fait en douceur, le manque d’équilibre d’« Eternal Blue » transparaît.

Spiritbox apporte un vent de fraîcheur dans la scène du Metal Moderne et ravivera les fans du genre, il est certain. Les morceaux sont bien ficelés et s’enchaînent avec aisance. Néanmoins, je reste partagée en m’attendant à davantage de morceaux dans la veine fougueuse de « Holy Roller ». Même si « Eternal Blue » séduit par sa facilité d’écoute, j’ose espérer que le groupe ne se contentera pas de se relâcher davantage pour les prochaines sorties. Je conseille une écoute des premiers EP qui sont davantage enrichissants et vigoureux pour prendre conscience du potentiel du trio.

« Eternal Blue » est un début prometteur qui permettra au groupe de décoller. Spiritbox nous séduit dans un tour de montagnes russes voguant avec aisance entre des morceaux tantôt explosifs tantôt émotionnels.

24.11.21 12:48

NEMESIS H.P. - "Lion"

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Composé d’ex-membres de Reign Of Light et Sharx, Nemesis H.P. nous balance son premier opus « Lion ». Le terme balance peut paraître primaire mais c’est comme cela que pourrait se traduire le style de musique du groupe : ça envoie, ça balance la sauce. Le combo Lillois développe un Hard rock résolument « eighties » mais survitaminé. On pense à des groupes tels que Mötley Crüe, Steel Panther, Motörhead ou encore Mädhouse pour les morceaux les plus festifs et bombastiques. Les Français savent également se transformer en serial lover et faire exploser les cerveaux à la Kiss comme sur les morceaux « Don’t Play The Lover For Me » et « Not Enough ». Enfin des éléments psyche rock façon Blue Öyster Cult sont à notifier comme sur « I’ll Be Waiting ». Touche finale prouvant la qualité du groupe, Nemesis H.P. a réussi le luxe d’un guest prestigieux en la personne de Chris Holmes (Wasp). Rien que ça ! Dans tous les cas, à défaut de réinventer la poudre, « Lion » sera un bon coup de pied au cul pour ceux qui n’arrivent pas à se réveiller, une dose de vitamine pour ceux qui veulent passer un bon moment, et un putain de rail de coke pour tous ceux qui veulent faire la fête jusqu’à pas d’heure.  

21.11.21 17:49

ÜLTRA RAPTÖR - "Tyrants"

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Après un premier EP qui m’était totalement inconnu, Ültra Raptör revient avec son premier vrai album qui propose plus de … tout en fait. Plus fou, plus beau, plus épique, plus déconneur. Avec un nom pareil, on s’attendait déjà à un délire assumé, tandis que la pochette (nettement plus belle que celle de l’EP éponyme, il faut bien le dire) donne le ton : ce sera de la bonne grosse référence à la pop-culture des années 80 comme elle a été mille fois parodiée au cours de la dernière décennie. Il n’y a rien de plus cool que des cyber-dinosaures, si ce n’est des guerrières peu vêtues et les vaisseaux spatiaux. Au risque de vous spoiler encore plus, les titres se présentent à peu près comme suit : « Cybörg-Rex », « Nightslasher », ou encore « Caustic Shower ». Autant de combinaisons de mots des plus évocateurs, façonnant immédiatement une image mentale forte à celui qui s’apprête à les découvrir.

Pour autant, ce « Tyrants » m’a surpris par ce processus que j’ai tendance à appeler « l’élastique », qui est une variante de la trajectoire « en cloche » : dans ce dernier cas, la sauce grimpe progressivement jusqu’à culminer pour ensuite doucement redescendre. Dans le cas de l’élastique, cela signifie plutôt que le début de l’album m’a un peu ennuyé. Certes, c’est de la grosse réf’ présentée comme telle. OK, ça va très vite et ça pète de partout. OK, ça joue un peu plus dans la cour du speed/power que du speed/heavy à la Judas Priest (époque Painkiller), et ça confère un aspect épique à la moindre ânerie que pourrait balancer le chanteur. Mais il faut bien le dire… Même si c’est bon délire et pêchu, cela manque d’un petit je-ne-sais-quoi pour que vraiment les morceaux nous accrochent. C’est marrant tout en étant bon. C’est bien foutu tout en étant drôle… Alors qu’est-ce qui dérange ?

Et bam ! «Gale Runner» se met à jouer et là, l’élastique part ! On croirait que le niveau final ou qu’une boss fight s’est enclenchée. Le chant de Phil T. Lung paraît soudainement un brin plus grave, un peu plus éraillé, et son refrain semble parler non plus d’un supervilain comme sur «Nightslasher» mais au contraire plutôt d’un anti-héros sorti de l’imaginaire détraqué d’un dessinateur anglais des 90s. Au côté épique et fou-fou se rajoute des éléments plus incisifs, un ensemble plus lourd. Le heavy tant promis ? Peut-être ! La guitare semble « moins propre » et plus audacieuse. Même chose sur le titre qui suit : « The Quest for Relics », qui semble presque former un diptyque. Une guitare plus crasseuse encore, un rythme toujours plus fou…Il passe enfin le nitro pour continuer leur course ! La guitare de «Winds of Vengeance» fait presque orientale, tandis que le chant prend presque des airs d’opéra. Son bridge, plus long que les autres, fait aussi belle figure. « Caustic Shower » devient pratiquement Thrash ! C’est furieux, inarrêtable. On attend fébrilement que le dixième et dernier titre se lance, sans trop savoir à quoi nous attendre. Malheureusement, il peine à aller encore un cran au-dessus dans le registre de la surenchère… Il revient même un peu à ce côté un peu ringard, mais touchant d’adulescence du début de l’album : c’est là où l’élastique pète. Mais pas sans avoir encore quelques belles vocalises et un chouette bridge passant un peu par toutes les émotions. De la cavalcade de riffs survoltés à une rythmique plus doucerette et annonciatrice de la fin approchante. Il ne rehausse pas le niveau, certes… Et peut-être fait-il bien pour ne pas nous laisser sur notre faim avec un plaisir à son apex sans possibilité de retrouver ses esprits. En tout cas, il reste sympa ce Spacefighter, on espère qu’il reviendra dans notre système solaire.

Alors oui, toute cette review se base beaucoup sur le ressenti. Sans doute plus encore que d’habitude alors que c’est déjà le cœur de mon style de chronique, la technique me faisant parfois défaut. Mais qu’on se le dise : les québécois nous proposent bien davantage qu’une blague ou un énième hommage. L’album met un peu de temps à démarrer, mais il ne nous lâche plus du tout dans sa seconde moitié, et ça laisse déjà présager de belles choses. Et venant de quelqu’un qui en a un peu sa dose… Cela devrait vous donner matière à creuser ! Poussez le délire encore plus loin les gars : même humour, avec plus de férocité encore… Cela ne peut que donner des merveilles.

Argonauta prouve encore son talent inégalable pour dénicher des vraies petites perles. Le label s’écarte pourtant de son catalogue usuel, fait de sludge, de doom et de stoner pour nous présenter un projet blues bien groovy qui n’a pas peur non plus de faire grimper les décibels. Rien que les trois premiers titres, en plus de débuter l’album avec fracas, se montrent plutôt variés et aptes à faire une première bonne impression réussie. « Right On My Level » propose une guitare bondissante, qui vient nous caresser l’échine entre les puissants refrains. « Five Finger Disco » met davantage en avant la batterie et la basse pour nous faire rouler des épaules, avec un chorus lui aussi très efficace. Certainement mon titre préféré de l’album. « Explain » est plus doux, presque langoureux même. On croirait presque voir apparaître un nuage de fumée de cigares et quelques verres de whisky oubliés sur une table défraîchie… au moins jusqu’à la seconde moitié du morceau, où la chanteuse explose, comme incapable de préserver sa façade plus longtemps ! On ne va pas tous les faire, mais citons aussi brièvement « A One Time Investment », aux percussions plus minimalistes (pour ne pas dire tribales). Ou encore « Another Page », dans la lignée « d’Explain » au niveau de l’ambiance… mais qui réussit à ne pas nous lasser malgré des ficelles très similaires. Son bridge phénoménal vient sans doute nous préserver d’une totale redite, et rend le titre presque plus marquant que son grand frère. Est-ce parce que le monde du blues m’est moins familier que celui du hard rock que je me montre plus clément ? Ou bien est-ce parce que les Lucid Furs ont vraiment frappé une corde sensible, une sensation simple de morceau bien fichu et qu’il est agréable d’écouter tout en ayant une bonne dose de peps ? À vous de me le dire ! En tout cas ici, c’est totalement approuvé.