Ce qui m’a frappé dès la première écoute de ce premier album de Horizon Line intitulé « A Place in Time », c’est la capacité à pouvoir trouver des similitudes avec d’autres groupes. Concernant les Français, il est clair que l’ombre de la face rock de Marilyn Manson plane sur les différents morceaux de l’album. Que ce soit via un rock explosif (« Over and Over »), via de la new wave façon Depeche Mode comme lorsque l’Américain reprenait « Personal Jesus » (« The God Syndrome »). On pense également fortement à Placebo à l'écoute de cet opus, le chant et le riffing de certains morceaux y faisant penser directement (« A Place in Time », « Time of Wonders »). C’est surtout dans le chant, rébarbatif sur la longueur tant il montre ses limites (cinquante-cinq minutes tout de même pour l’album) que toutes ces références viennent nous sauter à la figure. Trois morceaux sortent toutefois du lot : « Astheny » et « A Bullet Behind a Glass » se révèlent être de véritable bombes rock, réussissant à égaler le « The Mephistopheles of Los Angeles » du Monsieur Manson, ainsi que « With Me », compo acoustique mélancolique oh combien efficace. « A Place in Time » mérite que l’on s’y attarde tant les bases d’un groupe à en devenir sont là.
Et de quatorze ! « No Sign Of Life» est le quatorzième album de Unleashed en trente-deux ans ! Les Suédois restent fidèles à leur Death old school parsemé de passages épiques (notamment sur le mystérieux « Midgard Warriors For Life" »). Ils misent tantôt sur de lourds mid-tempos (l’inquiétant « You Are The Warrior»), tantôt sur la furie (l’excellente entrée en matière avec « The King Lost His Crown » ainsi que « Tyr Wields The Sword » et ses blast-beats parsemés) sans jamais oublier de glisser le solo qui collera parfaitement au morceau. Les vocaux, quoique intelligibles, débordent de haine comme il se doit. Les morceaux courts sont souvent aussi simples que accrocheurs, lorgnant de temps à autre vers le thrash (« Did You Struggle With God »). L’atmosphère, de la pochette au texte, reste viking. Rien de neuf sous le marteau de Thor… mais les Géants n’ont qu’à bien se tenir tant cette arme reste efficace !
Déchirant. "Moonflowers", véritable dissection du deuil, est une œuvre bouleversante d’honnêteté. Une mise à nu magnifique de la douleur de Juha Raivio. Le guitariste-compositeur exprime dans ce chef- d'œuvre la souffrance indicible ressentie au décès de sa compagne. La magnifique pochette, des fleurs ramassées par le musicien surplombées d’une lune rouge tracée avec son propre sang, est comme le reflet des chansons : « les écrire m’a fait penser aux fleurs de lune qui fleurissent à l’heure la plus sombre de la nuit », explique-t-il. Ces morceaux traduisent les sentiments qui hantent leur auteur. Les arpèges de guitares, les délicates mélodies et un violon, fil rouge de mélancolie, évoquent une douce nostalgie, le regret des heures heureuses aujourd’hui envolées. La lourdeur des guitares exprime le poids de l’absence et du manque. Les hurlements death, voire black,sur le terrifiant « This House Has No Name», plongée dans les abysses suicidaires de la solitude, transcrivent la colère face à la perte brutale de l’être aimé. Naît ainsi, à l’image de vocaux variés, capables d’une grande délicatesse, un maelstrom de sentiments, une tempête émotionnelle d’où, à travers les mots de Cammie Gilbert (Oceans Of Slumber) sur le sidérant « All Hallow’s Grieve», émerge le fantôme de la disparue : Behind the dark / I still had heart / Hold on to / Behind the lines Where / I’m torn apart. Juha Raivio affirme détester cet album. C’est l’album qui se serait imposé à lui. « Save me ! From myself », implore-t-il ainsi dans « The Void ». Créé, comme seul remède, comme seule issue. Et laisser les vers du « Recueillement » de Baudelaire résonner en écho à ce « Moonflowers » déchirant.
Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici :
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le souci.
Pendant que des mortels la multitude vile,
Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
Va cueillir des remords dans la fête servile,
Ma douleur, donne-moi la main ; viens par ici,
Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années,
Sur les balcons du ciel, en robes surannées ;
Surgir du fond des eaux le Regret souriant ;
Le Soleil moribond s'endormir sous une arche,
Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.
La Belgique ne manque pas de talent et cette sortie le prouve, les bruxellois d'Omnerod (acronyme de Only Men Nice Enough Recycle Organic Debris!) sortent un EP quatre titres reprenant les singles sortis depuis 2020 auquel vous pouvez rajouter trois titres en live de leur performance lors de leur passage au festival online The Progspace. Chacun des membres du groupe avait une approche musicale différente, un processus d'enregistrement et également un personnel différent pour le mixage et le mastering. « Lines (Vocal Version) » était, comme le titre l'indique, une reprise vocale d'un morceau instrumental de « Arteries ». Véritable concept en lui-même, cet EP vous propulsera dans un univers parallèle tellement la musique est puissante et part dans tous les sens. Vous pourrez passer de l'ambient au mode rock à la Muse dans « You Make me feel » avec les excellents Jørgen Munkeby (chanteur dans Shining et saxophoniste), Eerik Maurage (guitariste dans Brutal Sphincter, Dysrancor, Vermin) et Nicolas Draps (violon). Cet EP constitue un petit entracte avant de pouvoir se concentrer sur l'écriture et l'enregistrement de leur troisième album. Celui-ci devrait sortir en 2022.
Nouvelle sortie pour les suisses de Ghost lights seulement deux mois après le très bon « Ghost Stories Chapter 2: Phantasmes ». On pourra constater que le niveau ne décline pas, sorties après sorties, contrairement à beaucoup de groupes qui se sentent dans l’obligation de faire des sorties par obligation et donc bâclent leurs compos pour ne pas se faire oublier. Seize minutes sont suffisantes pour prouver que Ghost lights est une valeur sûre dans son domaine (impossible à classer tellement ils partent dans tous les styles). Il est cependant à noter que certaines tracks sortent du metal (au sens large du terme) « Baba yaga » qui tire plus vers le trip hop et « Lord of the Flies » qui lui aussi est dans un trip électronique. Cet EP est encore tellement bon qu’il m’en vient l’envie de savoir si un Chapitre 4 est prévu dans deux mois mais est-ce que cela n’est pas trop demander au risque d’être le chapitre de trop et qui décevra ? Seul l’avenir nous le dira. En attendant, profitons de ces trois chapitres sortis respectivement en janvier, octobre et décembre 2021 et ne soyons pas trop gourmand au risque d’avoir une indigestion.
Leur élément vocal Rodger Facer est tout simplement incroyable. Dès les premiers cris perçants sur "Contrition", la voix du groupe garde absolument une emprise sur les oreilles de l'auditeur. Des cris stridents et des cris aigus aux soufflets bas, Flesh of the Lotus abrite une démonstration complète de talents vocaux à la hauteur de ce à quoi on pourrait s'attendre d'un projet deathcore en 2021. Redoublé par des guitaristes et un bassiste au top et un batteur (Brent Raudenbush) jouant fort et de manière technique, Flesh of the Lotus est ce que l’on attend d’un groupe de deathcore en 2021 à savoir : du sang, des tripes et du cerveau. Si cela ne suffisait pas, quelques guests sont à compter dans l’album tel que Clayton Meade (chanteur de Condemned ou Umbilical Asphyxia). Pour les fans de Oceano, King Conquer, Bound in Fear.
Entre le Hardcore et le metalcore/ Postrock, Evolutionary Sleeper nous sort un EP trois titres plein de variété et de guests. En effet pour chacune des tracks, un invité se joint à nos anglais pour punir l’auditeur de leur son frais mais féroce. Mettant en vedette les talents de Dan Picknell (vocaliste de session), Alex Hamilton et Laur Lindmae (vocaliste/bassiste/guitariste), qui ajoutent tous leur propre style à la sortie. « Labyrinthian » rend un côté hybride aux compositions et de ce fait une variété époustouflante à cette petite sortie hivernale. Trois titres, c'est certes trop court (comme tous les EP vous me direz) mais cela en dit long sur la puissance dont est capable ce combo (et ses guests).
Une fois de plus la Pologne nous offre ce qu’ils ont de meilleur dans leur stock. Cinq années se sont écoulées depuis la sortie de « We had it coming », ce qui a laissé le temps au combo polonais d’affiner ou de dégrader leurs compositions. Dans le cas présent, leur cuvée ne s’est pas transformée en vinaigre mais bien en ambroisie. Cet opus sera décrit comme un très bon vin, dont les riffs acides et nerveux vous déchirent de l’intérieur et dont le chant gras et lourd se marie très bien avec l’ambiance générale donnant aux dégustateurs que nous sommes, une agréable sensation de plénitude et d’ivresse salvatrice. Un vin sera dit masculin s’il est puissant et charpenté, cet album de Dormant Ordeal est donc un bon mâle bien burné et gonflé aux stéroïdes. Rien de tel pour terminer une année de pauvresse au niveau «concert live» et bonne humeur.
Troisième album pour le quintet d’Osaka en cinq ans. A raison d’une sortie tous les deux ans, on ne peut pas reprocher aux japonais d’être non productifs. Une fois de plus, quel album !!! Un opus « What the fuck » supplémentaire à leur actif comme en peut en attester la track « Libido » contenant un chant gras, quelques cris sortis de nulle part et alors une jouissance féminine en background. Approchant plus du Slamming Death que du Deathcore, Deviloof fait preuve de plus de violence qu’à l’accoutumée et ce n’est pas pour déplaire. En parallèle, nous pouvons découvrir le nouveau logo «Black Metal» conçu par le célèbre artiste Toshihiro Egawa connu pour avoir réalisé la pochette de nombreux albums (Abigail Williams, Annotations of an Autopsy, Ingested, Krisiun, …). Mais revenons au contenu, «Underdog» fait partie de ces tracks dont la violence et le malaise rendent l’écoute indispensable à toute playlist brutale d’autant que le beatdown enfonce le clou plus profondément encore à l’instar de «Peer Pressure».
Groupe talentueux, certes, mais à la carrière parsemée de contrariétés – rapports tendus avec son premier label Chrysalis, allers-retours du chanteur John Bush vers les thrashers d’Anthrax – et de drames (décès d’une leucémie de son guitariste fondateur David Prichard), … Armored Saint a toutefois touché la grâce avec « Symbol Of Salvation », publié en 1991. Le groupe a décidé de célébrer les trente ans de cette pierre angulaire de leur discographie (dixit John Bush) en publiant une version live capturée au Gramercy Theatre de New York en 2018. Cette prestation fait honneur à ce grand disque de Heavy Metal : production solide et équilibrée qui met en valeur tous les instruments, public enthousiaste et audible, musiciens investis à l’image d’un John Bush à la voix splendide. L’auditeur peut donc savourer ces chansons haut de gamme. Dès les riffs tranchants et le solo jouissif de l’inaugural « Reign Of Fire », le ton est donné ! Les mélodies accrocheuses (« Last Train Home ») se conjuguent à la virulence des guitares (« Spineless »), à une section rythmique impeccable, mise en valeur sur le sautillant « Tribal Dance ». Au milieu du show, le bref et bel instrumental « Half Down Bridge » suivi de la ballade « Another Day » permettent de reprendre son souffle avant de rallumer le feu sur l’excellent titre éponyme. Cerise sur ce succulent gâteau : un DVD du concert accompagne cette publication. Quant à la crème chantilly, vous la trouverez sur la version vinyle avec cinq titres inédits, en version démo quatre pistes, tirés des premières sessions de l’album. Les fans seront ravis et émus d’y entendre la guitare du regretté David Prichard.
Jeune groupe français formé en janvier 2001, Above Oceans nous livre un metalcore furieux et puissant. Un morceau comme « A Deadly Atmosphere » pourrait faire réagir la sphère metal dès la première écoute. Une intro calme comme une mer sans orage coupée dans la seconde par un chant furieux déclenchant un raz de marée où même le Kraken ne survivrait pas. Encore une fois, ce n’est pas le groupe qui renouvellera le genre mais l’énergie de leur EP présage le meilleur pour des prestations en live ainsi que les réalisations futures de ce combo antibois. Je vous laisse le plaisir de découvrir à quel point le groupe a faim en écoutant le monstre « The End of Mental Illness » disponible sur YouTube en lyric vidéo ou même selon moi la meilleure « Settle Scores ».
Enchaîné par un chant gras puis clair sorti de nulle part, les cris vous déchirent les intestins dès les premières secondes de « Blue Sky Over Mars ».. Je ne vais pas vous mentir, je ne m’attendais pas à un chant clair sur cet opus, de plus que ce dernier est relativement aigu, frôlant la pincette de testicule. Et que dire du passage en Nintendo-core de cette première track… Et bien c’est sympathique et correctement amené. « Hag of the Mist » suit plus ou moins le même parcours que son prédécesseur sauf que contrairement au précédent, le chant gras passe beaucoup mieux (meilleures conditions ?, chanteur mieux chauffé ?) et que le chant clair a disparu, rendant la chanson beaucoup moins metalcore et à nouveau en raccord avec le thème du Deathcore bourrin. L’évolution à travers cet ep est croissante à croire que tout a été enregistré lors d’une cure de revalidation et que plus le temps passe plus on se sent mieux, mise à part le chant clair qui a toujours l’air de les avoir coincées dans la braguette. Mais je ne peux pas terminer cette review sans vous parler de « Gordon Slamsay » qui est à marquer d’un grand OUI dans ma playlist tant par sa vitesse, son tranchant et ses samples de Gordon Ramsay qui m’ont personnellement beaucoup fait rire. « Xenogenesis » n’est pas un indispensable à proprement parler mais vaut quand même la peine d’être écouté, non pour justifier mon travail (quoique) mais surtout pour certains passages précités dans ce texte. Bonne écoute à tous et faites bien attention en remontant votre tirette.
Hé oui, il y a belle lurette que l’album est sorti. Mais quand Raph prend la peine de m’écrire pour demander d’écouter ce groupe, je ne puis qu’admirer son travail de soutien et ne pouvait que plonger sur son poulain. Bien que plus engagé sur la scène Black, et, à de rares exceptions près, moins passionné par le metal de Finlande, j’avoue que cet album de WRATHRONE m’a rappelé à l’ordre. Dès les premières notes d’ « As the Knife Cuts Deep », c’est un sentiment d’écrasement qui m’a frappé le plexus solaire. C’est gras à souhait sans être plat. Le chant de Mister Vehemas est bien prégnant et offre une belle puissance sur l'air musical. Petit bémol, si j’apprécie le jeu de batterie de Ruocho, je pense qu’on peut améliorer le léger retrait qui suinte sur « Heartless absolute ». Les guitares crachent une bonne mélodie bien groovy et aux racines punkoïdes très typées. Ça décape les neurones. Véritable coup de cœur sur le superbe « Infliction » qui parvient à porter une brutalité infaillible tout en s’ancrant dans la beauté mélodique. C’est à réveiller un mort. Le martial pointe son nez sur le très carré « We feast on fear » et là, je me dis que le groupe possède clairement sa propre griffe… Au diable les comparaisons. Wrathrone joue la diversité, en visant la qualité. Énergétiquement, les artistes apportent du peps.
Douze ans (oui douze vous avez bien lu) que Vomit The Soul n'avait rien sorti. Revenant après "Apostles of Inexpression" sorti en 2009, nos amis italiens sont loin de l'image romantique que le monde se fait. Préférant le brutal aux chants romancés, ils nous en mettent plein la vue dès le départ avec "Cold". Pas d'intro lascive ou de mise en place d'une ambiance, tout vous tombe dessus comme un parpaing bien dur en plein dans votre groin. Après un split, ils se sont reformés en 2020 pour le plus grand plaisir de leurs fans. L'album Cold est un vase rempli à ras bord de riffs chaotiques, de roulements de batterie, de caisse claire et de chants gutturaux et bien gras comme on les aime dans le Slamming Death Metal. Bien que l’album n’invente pas de nouvelles voies, il y a des moments qui montrent leurs influences et rappellent une époque antérieure brute et impitoyable. Avec des lignes de basse qui sonnent comme si elles avaient été extraites d’un album de Necrophagist ou de Cryptopsy et des gutturaux qui conviennent à un album de Dying Fetus, Vomit the Soul même sans être original vous laissera une envie furieuse de violence et de retourner la table sur le premier collègue qui osera avoir un mot plus haut que l'autre à votre égard.