“Plus c’est long, plus c’est bon » ? Dans tous les cas, ce sont dans les extrêmes que je prends mon pied dernièrement ! Entre titres Garage Rock/Punk bien abrasifs dépassant rarement la minute et grosse épopée contemplative en trois actes comme sur du post-rock, du psyché ou du stoner… Mon petit cœur balance et flanche ! Inutile de préciser que c’est du second cas que l’on va parler aujourd’hui.
D’emblée, le groupe interpelle par son nom qui n’a rien d’un cadavre exquis : il illustre le contraste entre les pirates des temps modernes et les super-riches qui se dorent la pilule dans leurs forteresses aquatiques. Pas besoin de chercher beaucoup plus loin dans les revendications ou symboles du groupe : les textes sont simples et le chant sporadique, usés généralement comme d’un élément supplémentaire, rajoutant de la couleur au son, que comme vecteur d’une histoire. Non pas que le trio ukrainien n’ait rien à dire bien sûr, seulement il faudra aller plus loin que les énigmatiques titres de leurs six chansons, se résumant à un « Gold », « Silver » ou « Obscurum » pour guider nos pensées.
En comparaison à d’autres groupes œuvrant dans la musique atmosphérique et majoritairement instrumentale, Somali Yacht Club ne bascule pratiquement jamais dans l’angoisse, dans le très lourd ou même l’emballement de rythme. Le tout est assez doux, reposant même, et semble hors du temps… et hors du monde aussi (peut-être l’origine du nom de l’album finalement !). J’utilise souvent ce terme « introspectif » en abordant ces genres plus posés et déployant leurs atouts sur le long terme, mais « The Space » est peut-être l’un de ceux illustrant le mieux ce que je veux dire par là : il invite à se déconnecter, à se vider la tête et à simplement savourer. Les voix caverneuses sont douces, les guitares invitent au voyage, et même la batterie nous berce plus qu’elle nous réveille… C’est un pur nuage de rondeur, qui n’a pas ce côté « feel-good » d’un album plus dynamique, mais bien l’effet apaisant d’un voyage initiatique offert par des chansons qui prennent bien leur temps. Le dernier titre, « Momentum », en est le distillat parfait. Douze minutes trente alternant entre quatre rythmiques très différentes : un début lent et impactant, une suite plus en douceur et luminosité, un troisième quart minimaliste au possible… Avant une dernière montée d’adrénaline pour mieux clore l’album, et le triptyque constitué au préalable de « The Sun » et « The Sea ».
Comme souvent pour le style, en disant peu, ils racontent en fait énormément. Et même pour le genre, on est sur une formule d’une sérénité rarement acquise. Mais entamer une écoute doit être un investissement… Écoutez le d’une traite et avec un bon son ! Nul doute que « The Space » sera une parenthèse des plus bienveillantes et bienvenues dans votre journée de métalleux !
Les grands anciens ont toujours la pêche ! Auteur du référentiel "Court In The Act" en 1983, au cœur de l’âge d’or du heavy metal, SATAN, revenu aux affaires en 2013, a sorti trois albums de qualité, avec le line-up des années quatre-vingt considéré comme classique. "Earth Infernal" est ainsi un feu d’artifice de guitares, une explosion de riffs diaboliques couplée à des soli fabuleux - joués parfois à l’unisson comme sur le formidable "Burning Portrait". Il se dégage de ces notes une grande sensibilité, une réelle émotion, fruits de la complicité des deux six-cordistes. Comme les refrains sont souvent percutants ("From Second Sight"), et comme la voix de Brian Ross, malgré un tout léger manque de puissance, reste remarquable ("Earth We Bequeath"), "Earth Infernal" ne connaît aucun temps mort. Le disque offre un instrumental concis, sans bavardage inutile ("Mercury’s Shadow") et colore l’intro de "A Sorrow Unspent" de teintes originales. La production à l’ancienne, brute et sans artifice, est parfaitement adaptée aux compositions millésimées des Anglais, qui enchaînent les temps élevés (la bombe "Twelve Infernal Lords", parmi de nombreux autres) sans jamais faiblir : SATAN garde un rythme d’enfer !
Oubliez la finesse et la subtilité, Midnight est dans la place ! Le one-man-band d’Athenar, multi instrumentiste cagoulé, est de retour tout en sauvagerie. Le gaillard avale un Motörhead ("In Sinful Secrecy", "Snake Obsession") au petit-déjeuner, un Venom ("Let There Be Sodomy") à midi et un Discharge ("Telepathic Nightmare") au souper… et, après digestion, nous pond un album crade et rugueux, une sorte de Thrash‘N’Roll avec un feeling Black qui évoque les années quatre-vingt. Voix rugueuse, soli en pagaille, rythme d’enfer – à l’exception du mid-tempo "Villainy Wretched Villainy " – les chansons, quatre minutes maxi au compteur, s’enchaînent comme les scènes de cul dans un porno amateur allemand enrichi de passages horrifiques ; une histoire de serial killer qui violerait ses victimes avant de les massacrer – ou qui les massacrerait avant de les violer, chacun ses goûts ! - filmée avec le souci obscène de tout montrer, de ne rien cacher. Athenar décrit d’ailleurs ses paroles comme étant d’une « animalité sauvage non filtrée ». Ne vous avais-je pas dit d’oublier finesse et subtilité ?
C’est dans un style complètement hors-piste que les italiens d’If I Die Today officient. Après une écoute de l’album, le sentiment est mitigé. The Abyss In Silence n’est pas mauvais mais donne une impression de bizarrerie, est-ce mal me direz-vous ? En soi, non ce n’est pas mauvais mais il faut arriver à rentrer dans ce pot-pourri musical mélangeant autant de sonorités différentes. Du chant avoisinant le Tom Araya (Slayer) sur First Day (Denial) accompagné de rythmes hardcore ou même des sons rock n roll, sludge voire des riffs guitare ambiant sur le titre « White Noise ». Si vous aimez vous perdre dans les méandres musicaux, cet album est fait pour vous. Comme je l’ai signalé juste avant, c'est une combinaison curieuse et j’ai personnellement eu du mal à rentrer dedans sans pour autant trouver cela mal fait. Je suis sûr que l’album trouvera son public et que le groupe ne se formalisera pas de la note que j’ai dû y mettre car cela m’est propre et ne lui constitue en rien une offense. Il s’agit plutôt d’une note moyenne à défaut de pouvoir y mettre un point d’interrogation tellement je suis indécis.
C’est dans la moiteur d’un MCP Apache à Fontaine l'Evêque (Live Report Stillbirth-Hurakan-Kanine) à découvrir dans le MA14) et la candeur de mon salon que j’ai pu découvrir le nouvel album d’Hurakan. Les deux situations se posant bien pour profiter à fond de ce nouvel opus proposé par les Français. D’un côté, le deathcore était percutant et le son était bien profitable sur scène et d’un autre, la mélodie ou la symphonie présente se mariait bien avec la tranquillité de mon canapé. Changement radical de style et prise de risque gagnante pour le combo car ce nouvel album est un véritable enchantement tant par son appartenance à la nouvelle vague Blackened Deathcore dans laquelle on retrouve des groupes tels que Lorna Shore ou Worm Shepherd, que par leurs invités pour le moins importants (Kyle Anderson de Brand of Sacrifice, Filip Danielsson de Humanity’s Last Breath ou Raphaël Verguin de Psygnosis). Profiter de leurs nouvelles compositions empreintes de mélodies planantes et de breakdowns assassins comme dans « Imperium » ou d’une « ballade » stéroïdée comme « Via Aeterna » a été pour moi telle une plongée en plein océan tantôt dans une eau calme tantôt en plein maelström.
Cela faisait longtemps qu’une création turque n’était pas tombée dans mes mains et c’est dommage car la qualité y est. Contrairement à beaucoup de groupes qui entrent dans la catégorie Brutal Death, Devoured Elysium ne se contente pas de faire le stricte nécessaire et tape dur mais avec finesse. Loin d’être bourrin pour le plaisir, les turques mêlent la violence à la technique, preuves en sont, des morceaux comme « Green Screen Failure » qui pourront vous convaincre de mes dires. Même si le retour aux sources d’un Slam plus traditionnel est présent sur « Spinderer » le plaisir ne s’en trouve pas troublé. Void Grave bénéficie d’une guest non négligeable en la personne de Kirill Zarubin (Traumatomy) sur « Slam Panzer » qui fait exploser les baffles et déchire vos cervicales. Si un défaut était à constater sur ce bijou slammistique, c’est sa longueur. Malheureusement aussi bon soit-il, il faudra se contenter de vingt-six minutes de prouesses musicales jusqu’au jour de la sortie d’un autre album.
C’est dans un sentiment infernal que nous explorons cet album de Beyond Mortal Dreams. Rien qu’au visuel de la cover, cela donne envie. Débutons par « Abomination of the Flames » qui nous envoie un son lourd et plombant tel qu’on peut l’imaginer dans les profondeurs de l’enfer. Le chant correspond parfaitement à l’idée qu’on peut se faire du lieu vanté par la pochette. Près de dix ans après leur EP Dreaming Death, BMD nous prouve qu’ils n’ont rien perdu de leur qualité. Malsain et brutal à souhait, nous n’avons pas de mal à nous mettre dans le bain (de sang). Une difficulté a cependant été difficile à encaisser : le chant électronique et le solo digne d’une chanson heavy metal présents sur « They are seven » . Ce qui est bien avec cet album c’est que quelques imperfections sont présentes dans l’enregistrement et permettent de ce fait de profiter d’un son pas trop propre et de rester en adéquation avec le thème abordé dans leur musique. Il y a en effet, à l’heure actuelle, beaucoup trop de productions survitaminées, lissées et trop « parfaites » et justement Abomination Of The Flames apporte cette petite imperfection qui montre la réalité du monde musical et qui reste plus proche de ce que le groupe sera capable d’égaler en live.
Honnêtement, l’idée de réentendre un jour un album de Massive Charge s’était quelque peu fait oublier. En effet, si 2011 avait vu la sortie de la véritable claque que représentait « Charge This World », et qu’on vous le conseille toujours ardemment, le groupe a été forcé de faire face à bon nombre de déconvenues (voir interview sur le site). Mais quand on a du caractère, laisser tomber n’est pas envisageable. Avec un line-up remanié, Massive Charge semble donc de retour avec sous le bras un « For Those We Hate » (sorti fin 2021, ne me jugez pas) qui reprend les choses là où « Charge This World » les avait laissées. Le quatuor délivre un grindcore sans aucune concession au travers de 17 titres à la furie aisément comparable à celle d’un Blockheads. Tout ce que l’auditeur est en droit d’attendre d’un album de ce style s’y trouve. Les riffs de Gino (guitare) se montrent inspirés malgré une dimension urgente, se voient gonflés par la basse ronflante et percutante d’Emy, et relevé par la batterie encore plus carrée qu’avant d’un Matthieu qui semble avoir mis à profit ces 10 dernières années pour travailler différents aspects de son instrument. Et que dire des voix ? Jérémy se montre toujours aussi vindicatif, mais est appuyé ici par des passages parfois hallucinants en backing (assurés par Emy) donnant un relief bienvenu. Sans habillage inutile, « For Those We Hate » annonce la couleur d’entrée de jeu avec « Listen Or Get The Fuck Out » avant d’enchaîner sur un « Swallow The People » aux accents de punk lourd qu’on retrouvera également sur « Teeth Breaking ». L’entièreté de « For Those We Hate » joue sur ces alternances grind-death-punk old school aux relents des anciens Misery Index ou Terrorizer pour se terminer sur un « This is not The End » au titre porteur de signification. Encore une fois, une claque et un album aux accents de nouveau départ, du moins c’est ce qu’on est en droit d’espérer.
En septembre dernier, le quintet Uncomfortable Knowledge dévoilait son tout premier album “Black Queen”. Celui-ci se compose de huit morceaux qui révèlent un univers artistique dense et sombre voguant entre des nuances de Post Metal, Sludge, Stoner et Hardcore. Les mélodies sont subtiles, tantôt gracieuses et lumineuses, tantôt sombres et pesantes. Le tout se complète aisément avec des lignes de chants profondes et vigoureuses avec une pointe aérienne qui vient sublimer le tout. La qualité de cet album réside dans sa diversité, les morceaux nous font voyager dans différents horizons sans nous perdre dans sa densité. La technicité nous percute dès le titre d’ouverture “Mirror” et se retrouve aussi sur “Only War”. Tandis que les teintes Hardcore nuancées d’émotion nous font vibrer avec “Colors”. Les morceaux “Purgatory”, “Poison” ou encore “Guzzlers” qui frappent frénétiquement avec des influences subtiles de Punk. En une trentaine de minutes, Uncomfortable Knowledge réussit avec brio de nous transporter dans son univers artistique et cinématographique avec son tout premier album. “Black Queen” se veut percutant tout en restant accessible avec une beauté sensible et instable. Un album qui s’écoute les yeux fermés même s'il est conseillé d’ouvrir les yeux quelques instants afin de savourer les détails de la splendide pochette qui l’accompagne.
À bien des égards, cet album ne devrait pas me toucher autant. Je ne peux pas dire être gros client de ce type de rock introspectif, triste et déprimant. Non pas que ce genre de texte soit chiant, inintéressant ou manquant de richesse, loin de là. Simplement, je préfère voir ces émotions gueulées par un crêteux, ou noyées sous les nappes d’un synthé bien froid et gothique. En matière de rock, je dois bien le dire, ce qui m’émoustille c’est plutôt des rythmiques qui donnent envie de tout casser, des bridges pompeux et de la disto exagérée. Tout le contraire de la douceur désenchantée de Kory Gregory, chanteur et tête pensante du projet. Et pourtant…
Si stylistiquement, on reste sur quelque chose de plutôt sobre et classique, tout l’apparat autour de l’album est assez singulier. La pochette est une photo du cousin du chanteur, ce genre d'images innocentes qui pourtant effraie. Ce noir et blanc semblant faire perdre l’image dans les limbes du temps, et ce déguisement de clown faisant frémir bien des gens à la simple idée de découvrir ce visage maquillé dans un magasin de disque (ou une miniature YouTube, on reste en 2022 hein). La durée des morceaux est très variable : cela va d’une petite minute et demie à plus de huit minutes, en passant par des durées plus usuelles. Les textes sont tantôt crus et outranciers, en atteste un « Jesus Fucking Christ » par exemple. Tantôt, ils font preuve d’une candeur presque juvénile, d’une fragilité émouvante. Mais la vaste majorité de la galette lorgne plutôt du côté du rock léger, un peu punky et ensoleillé du début des années 2000. Ou bien vers ce « rock à road trip et barbecues » que j’évoquais pour le dernier-né des Skeggs. Une description très floue, mais qui signifie, à peu de choses près, que les chansons mettent du baume au cœur, rappelle des jours meilleurs passés entre amis, et quelques souvenirs pas forcément grandioses, mais juste très agréables.
Il est maintenant temps de parler du gros événement ayant influencé la gestation de ce projet : l’accident du chanteur. Un carambolage routier dans lequel il a failli mourir. La source de bien des tourments et d’une fameuse remise en question. Les plus cyniques pourraient questionner le besoin de mentionner un tel trauma dans la promo d’un album, s’il s’agit d’une façon de jouer sur la corde sensible pour mieux le vendre. J’ai envie de croire le contraire, qu’il s’agit plutôt d’une clé de compréhension, d’une mise en perspective. Et surtout : d’une profonde mise à nu. Si l’on peut se demander si un intitulé comme « In Just One Piece » est une touche d’humour noir ou une thématique toute différente, le trio final ne laisse que peu de place au doute : minimalistes, intimistes et tristes, ils ferment l’album de fort belle manière. À la première écoute, je me suis vu froncé les sourcils en découvrant « Baby Blue » après « Black Mold », tant ce dernier et ses presque NEUF minutes m’ont charmée de leur puissance évocatrice. Mais le choix de setlist paraît plus judicieux si l’on perçoit « Baby Blue » comme un épilogue, et « Discount Assisted Living » comme le prélude de cette fin en apothéose. Mais que vous choisissiez de croire que Black Mold est la vraie fin ou non, j’imagine que beaucoup seront d’accord pour dire qu’il s’agit du titre le plus impressionnant, fort et travaillé de l’opus. Une merveille, et sans doute celui que je retiendrai le plus une fois cette chronique refermée.
Alors certes, tout le monde n’est pas client de « journaux intimes musicaux », moi le premier. Et si la plupart des titres sont bons, avec une bonne petite patate et la perspective de souvenirs d’insouciance… Leur sincérité est peut-être aussi leur point faible, car un peu trop lisse dans leur construction. Mais c’est un album touchant, et rien que pour « Black Mold » en clôture, le périple vaut grave la peine d’être parcouru une fois.
Vingt-cinquième album studio en cinquante-quatre ans de carrière, "Surviving The Law" se place dans la droite ligne de son prédécesseur, "Tattooed On My Brain". Le line-up n’a pas changé entre ces deux productions, avec notamment le brillant chanteur Carl Sentance qui a remplacé Dan McCafferty à la voix unique. Sa santé déclinant, l’emblématique vocaliste a dû quitter son groupe… après avoir adoubé son successeur. Nazareth reste fidèle à son Hard-Rock classique ancré dans les seventies et aux sonorités bluesy, illustrées par le magnifique "You made me" qui clôt le disque. Si les vétérans savent faire parler la poudre, comme sur les excellents "Runaway" et "Sinner", ils parviennent à varier les ambiances. "Psycho Skies" baigne dans les ténèbres quand "Let The Whisky Flow" défile sur un tempo plus lent. Compositeurs chevronnés, les Écossais ont placé en ouverture le percutant "Strange Days". Si les autres titres ne sont pas, loin de là, mauvais, "Surviving The Law" aurait sans doute gagné à être plus compact, à ne pas s’étendre sur quatorze chansons. L’écoute paraît parfois un peu longuette...
Si la Finlande arbore souvent une étiquette de « pays du metal », avec son quota de groupes par nombre d’habitants largement plus élevé que la moyenne, et surtout des noms n’ayant plus aucune preuve à fournir en termes de black et de death (c’est que, contrairement à leurs lointains cousins suédois et danois, le heavy et le power ne sont pas trop les styles de la maison). Le genre de l’indus lui reste plus nébuleux, ne comptant généralement que quelques groupes peu connus, en dehors des viviers américains et allemands. À titre personnel par exemple, le seul nom finlandais me parlant au sein de ce style est « Turmion Katilot », qui a déjà eu l’occasion d’apparaître entre nos pages. Et même si je considère leurs deux premiers albums comme des monuments sous-estimés, le reste de leur discographie s’est embourbée dans un classicisme des plus ennuyeux. Dommage.
Autant dire qu’à la réception du troisième opus de King Satan, j’étais bien tiraillé entre deux réflexions préliminaires opposées. D’une part, l’envie réelle et enthousiaste de découvrir un groupe plutôt jeune, pas encore bien connu et provenant d’un milieu peut-être moins susceptible de s’autocannibaliser. Et de l’autre, la peur vraisemblablement partagée par bien des chroniqueurs de tomber sur du désespérément classique, surtout avec un nom comme « King Satan ».
Fort heureusement, le résultat s’apparente davantage à un mélange des deux. Certes, les influences de King Satan sont indéniables (des confrères évoquent Rob Zombie et Ministry de la grande époque, et j’y adhère plutôt fortement), mais c’est un style d’indus qui est sous-représenté de nos jours, tout en restant toujours plutôt cool. On retrouvera moins le côté froid, mécanique et expérimental des artistes les plus fous, mais à l’inverse ils ne lésinent pas sur les instruments plus classiques, notamment de la grosse guitare bien saturée et lourde. Parfois même, on a l’impression de se retrouver face à du power bien musclé et au chant hargneux plutôt que clair. C’est le cas sur « This Is Where The Magic Happens » ou encore le somptueux « The Faces Of The Devil », dansant à souhait, avec un bridge surprenant et où le synthé s’emballe totalement ! Ce dernier est la continuation du morceau d’ouverture, « The Left Hand Path », qui possède des qualités similaires et redonne tout son sens au genre que l’on a parfois baptisé « Dance Metal » (ou « Tanzmetal », tant ces attributs se retrouvent en majorité dans la NDH). « Spiritual Anarchy ‘22 » est encore plus loufoque : il semble tout droit sorti du milieu des années 2000, comme une version plus metal d’un titre de Pendulum. C’est pêchu à l’extrême et n’aurait pas renier sa place dans un jeu de sport de la même période (voire un party game urbain bien obscur sorti qu’au Japon… pour celleux qui voient de quoi je parle)
En bref, j’attendais bien pire de King Satan en préparant cette critique. Les échos de leurs albums précédents faisaient état de chansons déjà entendues ailleurs. Impossible en l’état de vous corroborer ces impressions, le reste de leur discographie me faisant défaut. Mais sur ce « Occult Spiritual Anarchy » en tout cas, j’avoue être conquis. C’est varié, c’est rythmé, et ça ne part pas dans quelque chose de trop edgy ou larmoyant. C’est une pure barre vitaminée distillée sur quarante minutes de fracas. Ne vous arrêtez donc pas au nom… Il y a du bon !
La formation française fait son grand retour après un sans-faute sur les trois premières sorties, avec un Meyhnach au chant (« Légions Noires », « Mütiilation »), ce dernier ayant quitté la formation s’est fait remplacer par RSDX (« Weltbrand », « Funeral Winds »). LSK manque à l’appel après que Satan l’a rappelé à ses côtés. Torturer d’« Arkhon Infaustus » n’est plus non plus dans le groupe. Il est donc assez légitime de se demander si cette formation n’est pas tombée en morceaux après les affres du temps et de la vie ? Eh bien non ! Tout ce beau monde réuni, il était grand temps de les retrouver, car ils jouent ensemble depuis un moment déjà sans avoir enregistré de pistes. L’ensemble de l’album vous mettra à mal et dans vos derniers retranchements, il n’y a aucune pitié, miséricorde ou humanité là-dedans ! Tout est fait pour vous faire mal, vous faire suinter de terreur et de haine… Ils vous délivreront les flammes de l’enfer tout au long de ces neufs tracks ! Les riffs sont bouillants, pensants et parfois une mélodie à peine audible vient apaiser ce déchaînement de violence comme sur « Genesis Undone ». « Hell Militia » c’est un bloc qui vient t’écraser la face sous une montagne ! En revanche ce bloc n’est pas franchement digeste, et les écoutes ne s’imbriquent pas d’elles-mêmes. C’est lourd, c’est puissant, mais ça se digère.
Crée en 2008 à Ottawa au Canada, Fumigation nous sort ici un tout nouvel album « Structural Extermination ». Ayant eu la chance de jouer avec des groupes tel que Vital Remains, Napalm death, Révocation ou encore Immolation, nous ressentons clairement quelques influences, notamment dans certaines structures de morceaux. Composé de 10 morceaux, ce nouvel album ravira les fans du genre. On parle bien ici de bon gros death metal, batterie groovée et lourde, guitare technique avec des rythmiques tantôt cassés tantôt mélodiques. Certains morceaux, notamment comme sur « The Barren Hive », un featuring est à signaler avec le chanteur de Bleeding Spawn, Dominic Vorster, pour ne citer que lui car l’album regorge d’invités en tout genre. Le morceau « Botfly Incision » quant à lui propose ici un passage lourd et vénère qui fait plaisir à entendre. Les fans d’Immolation ou encore Cephalic Carnage trouveront clairement leur compte. Les Canadiens dépeignent comme sur beaucoup de leurs albums précédents, un univers tournant autour des insectes, rongeurs et autres produits chimiques ou sur la phobie de certaines personnes mais le tout teinté de beaucoup d’humour. Ce nouvel album ne déroge pas à la règle avec cette nouvelle salve de morceaux. En résumé groove death metal insectes et humour sont les maitres mots de « Structural Extermination » !!!!