Chroniques

Chroniques (703)

Les covers, c’est rarement mon truc. Non pas qu’elles soient toutes nulles bien sûr, mais simplement parce que l’accès à l’original est désormais si évident par le biais du net et de ses nombreux outils que je n’y vois pas bien d’intérêt. Pour m’appâter dans ce genre d’exercice, il faut une plus-value. Une relecture des paroles par exemple, qu’il s’agisse d’une parodie ou d’une modernisation. Un changement complet de genre éventuellement, transformant le plus bruyant morceau de metal en sympathique chanson de jazz lounge. Ou encore, pourquoi pas, plonger pleinement dans la fracture d’image, en voyant de gros bonshommes plus proches du guerrier viking que de la pop-star reprendre un titre mielleux et dégoulinant de couleur. « Forever Reigning » ne va pas si loin, mais il ne se contente pas non plus du best of du pauvre.

Certains éléments choquent et d’autres non. Tout d’abord, il s’agit du premier projet lancé par « Satyrn Studios », une idée assez saugrenue. Si surfer sur l’aura incassable des maîtres du Thrash paraît pertinent pour se lancer, il paraît étonnant que personne n’ait trouvé à redire là-dessus, et que l’idée ne provienne pas de Nuclear Blast ou autre label ayant travaillé avec la clique à Tom Araya. Puisqu’on évoque ce dernier, on crève l’abcès tout de suite : aucun des groupes présents ne peut se targuer d’arriver à son niveau. Simple question d’habitude ou élitisme toxique, vous en serez juge. On se contentera de parler d’une différence de style, et du simple fait que personne ne peut chanter du Slayer que Slayer lui-même. Dernier élément au rang des surprises : la plupart des groupes présents sont relativement peu connus de la communauté metalleuse. Même avec ma casquette de chroniqueur, seul « Over Enemy » me disait quelque chose, après avoir remis une critique il y a quelque temps sur un album que j’avais trouvé simplement correct. Les sept autres m’étaient totalement inconnus, mais il n’est pas impossible que j’aille y tendre une oreille curieuse. Ce choix de line-up est enthousiasmant, mais ce qui aurait été encore plus formidable aurait été d’être plus international encore, à la manière d’un « Dirt Redux ». La musique de Slayer et leur rôle de fer de lance du genre auraient mérité de laisser leur chance à des groupes talentueux issus de contrées oubliées. Mais je chipote. C’est déjà cool d’avoir opté pour des groupes aussi diversifiés et méritants ce coup de projecteur. D’autant plus que les États-Unis, pays déjà gigantesque, n’ont déjà pas dû faciliter l’entreprise.

Quant aux côtés moins choquants, il y a déjà la setlist : on commence par South Of Heaven, on termine par Raining Blood. L’évidence même donc, mais qu’est-ce qu’on aurait pu inclure d’autres ? Les dix titres du milieu sont plus variés : il y a du connu et du plus obscur. Toujours une bonne idée pour un album « best-of » que j’appelle aussi parfois « album synthèse ». Certes on ne peut faire sans les classiques, mais présenter 2-3 fonds de tiroir permet justement d’ouvrir le grand public (et aussi les fans « de surface » !) à un catalogue plus large. Bon point donc. Le style des différents groupes se marie aussi plutôt bien au thrash de Slayer : il y a un peu d’indus avec Skrog, de sludge avec « Eulogy in Blood », de death avec Disinter et inclassable avec « Slokill ». Et tout fonctionne plutôt bien, sans trancher de trop avec les originaux (pas de jazz lounge au menu donc). Mentions spéciales pour « Spill The Blood », « Divine Intervention », « South Of Heaven » et le somptueux « Delusions of Savior ». Assurément, mes deux pépites à surveiller de l’album sont Skrog et Distal Descent (et par chance, ils reprennent deux et trois morceaux respectivement !) Mais rien n’est honteux, même sur les morceaux plus anecdotiques ou tout simplement « moins bien » (désolé à Skull Fuckers Inc., mais Raining Blood est vraisemblablement intouchable).

Pour finir, à qui s’adresse l’album ? Ôtez-vous l’éventuelle idée d’une compilation du pauvre, on est loin de ça ! La plupart des reprises sont de bonnes factures et permettent la redécouverte, à défaut de se réapproprier pleinement les différents titres. On est dans l’hommage, pas la réinterprétation. Cela devrait donc plaire aux fans absolus de Slayer ayant déjà tout écouté mille fois, autant qu’aux nouveaux venus ne sachant pas trop par où commencer.

14.05.22 17:52

DIAMOND DOGS - "Eye Of The Storm"

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« Les néerlandais, pas les suédois » précise le label. Impossible de savoir s’il y a du David Bowie dans l’air par contre. Quoiqu’il en soit, par pure fainéantise, je pourrai recopier presque entièrement ma critique du premier album de Plizzken, tant le travail des Diamond Dogs m'a charmé de la même façon. Pas besoin de me répéter, vous connaissez mes goûts en matière de punk : un rythme éreintant, un type qui gueule, beaucoup de disto et une durée bien concise permettant à la fois de balancer son propos sans fioritures, de ne pas s'ennuyer et de consommer un titre (ou un album entier) comme une praline enflammée par un tourbillon de grosses patates dans la face. Et les Diamond Dogs cochent toutes ces cases ! Mais au-delà de ce cahier de charges rempli à la perfection, il reste une particularité du groupe assez énigmatique : leur univers basé sur le monde médiéval. Courant dans le metal, rarissime dans le punk, cette thématique se retrouve jusqu'à l'esthétique de leur artwork, représentant un templier ou un croisé brutal au milieu d'une bataille d'envergure. Même certains intitulés des titres de l'album semblent lorgner davantage vers le power ou le heavy que le punk traditionnel ("Crusher Of Souls" ou "Eye Of The Storm" notamment, ce dernier entamant l’album par une drôle de litanie). Mais musicalement, on est loin de la joyeuse troupe de troubadours. Ou alors, elle est constituée de trolls énervés. Sitôt les 30 premières secondes de la galette écoulée, on est partis pour une bonne vingtaine de punk qui décoiffe (ha ha), mais qui garde une charpente souvent hard rock dans ses parties instrumentales, lui conférant un côté certes pêchu, mais aussi facile d’appréhension et tout bonnement agréable à écouter. La voix de « Johnny » est peut-être celle qui s’en écarte le plus, avec son chant rocailleux devant poussé pour être entendu derrière la guitare ! La basse n’est d’ailleurs pas en reste, ne brillant souvent que quelques minuscules secondes sur un titre (souvent en début, pour pas perturber les habitudes), mais leur conférant un petit truc en plus, qui met en jambes et permet de reprendre son souffle avant une nouvelle rafale de deux minutes. Citons cependant aussi Neon Nights, qui se permet des passages plus calmes, avec un leitmotiv assez simple mais qui marche. Ou alors « One Track Mind » et ses effets sur le chant ou encore une basse « sautante » du plus bel effet.

Mais assurément, mes deux chansons préférées sont « Crusher Of Souls » et End In Sight » tant elles transpirent la fête, la bonne humeur, les copains, et la bière renversée sur les cheveux. Mouillés de la crête aux pieds, on manque de se fracasser par terre pendant que la musique nous rend sourds. C’est le genre d’ambiance qui fait l’essence même d’un concert punk, quand bien même le concept s’est exporté à la grande niche metal.

Alors oui, à titre personnel, le seul point qui fâche vraiment c’est bien évidemment cette durée. Même s’il est rude de pogoter pendant une heure (et pour un artiste de tenir une telle cadence !), à peine plus de vingt minutes c’est un peu court pour un LP. On aurait volontiers aimé 3-4 titres de plus. Mais c’est du chipotage. Il n’y a plus qu’à espérer que le groupe nous revienne vite, avec une niaque tout à fait semblable. C’est une pure injection de fun !

"The Long Road North" est un chef-d’œuvre d’une froide beauté, qui brûle d’une flamme gelée. Comme l’indique le titre de l’album, ce disque est un voyage périlleux et merveilleux vers les splendeurs sauvages du Nord, la quête âpre d’une aurore boréale. Les atmosphères glaciales évoquent le meilleur du Black Metal, comme sur le "Cold Burn" inaugural d’une violence somptueuse. Toutefois, Cult Of Luna refuse l’obscurité totale, est toujours en quête d’une lumière qui jaillit ici d’un orgue ("The Long Road North"), là d’une ligne de clavier ou d’un chant clair (le lent "Into The night", ciel nocturne aux mille étoiles, propice à d’étranges rêveries). Dans ce périple aux confins du monde, les Suédois offrent un réconfortant feu de camp avec "Beyond I", chanson épurée sublimée par la voix grave, envoûtante de Mariam Wallentin. La quête, à l’image des vocaux d’une rage désespérée de Persson et des guitares en tension, le plus souvent hypnotiques, reste douloureuse. La marche est incertaine, les monstres tapis dans l’ombre comme sur l’immense "An Offering To The Wild" ou sur "Blood Upon Stone", longues pièces tortueuses, vicieuses, labyrinthiques, qui révèlent une douce clarté pour aussitôt la dissimuler. L’écoute achevée, « Et comme le soleil dans son enfer polaire, Mon cœur ne sera plus qu’un bloc rouge et glacé. » (Baudelaire)

Apolinara, chanteuse et pianiste, est la force créatrice du groupe du même nom, née en Ukraine et désormais installée aux États-Unis. "Shadows And Signs" doit sa réussite à sa modestie. Ce disque n’est pas une démonstration sans âme de vocalises haut perchées à forte technicité ou de prouesses instrumentales boostées par une énorme production pour épater la galerie. 

Apolinara marie à la perfection pop (le doux et beau"You Had it all" final), rythme dansant (les claviers "Wonderful", guitares heavy et piano doux) et énergie métallique, dans les solos, comme celui qui dynamise "You Can’t Get Away With This". Le groupe, qui utilise avec intelligence et mesure son atout symphonique, comme sur un "Intro" éthéré, sait aussi montrer les muscles ("The Smile Of The Demon"). Une voix gutturale (le complexe "Shadows And Signs", avec une batterie ultra rapide) surgit parfois pour s’opposer aux mélodies suaves de la chanteuse. Ces chansons, drapées dans une gothique dentelle noire, sont de précieuses pièces d’orfèvrerie.

Décidément, après King Satan il y a quelques jours, j’ai l’impression de m’acharner sur les noms de groupes faisant appel au Malin. Si on ajoute des morceaux aux titres énigmatiques tels que « Enamoured In The Throes Of Death » ou « Shrines In Cinder », plus encore l’intitulé de l’album et la pochette de celui-ci… J’avoue que je ne pourrai pas vous reprocher si, comme moi, vous vous attendiez à quelque chose d’un peu différent. Plus proche de VR Sex ou de Lebanon Hanover par exemple. Mais exit ici le post-punk, et bonjour le punk tout court ! Assez surprenamment, le groupe déploie ses thématiques occultes sur fond de punk thrashouille plutôt pas dégueu, mais pas toujours très inspiré non plus. Non pas que le clash soit choquant ou inintéressant, au contraire, je suis plutôt client des acoquinements saugrenus, donnant parfois des résultats formidables (nombreux sont les vidéastes autant que les musiciens professionnels en ayant fait une spécialité d’ailleurs). Non, ce qui démange un peu, c’est le fait de ne pas savoir exactement sur quel pied danser. Il s’agira peut-être davantage d’une appréciation subjective qu’une critique pertinente, mais l’album m’aurait bien plus goûté si chaque morceau ressemblait un peu plus à celui d’entrée et celui de clôture (« Ecstasies… » et « Never Ending Night », de leur petit nom). Ils s’insèrent largement plus dans cette atmosphère « death rock », sorte de punk gothico-horrifique à l’atmosphère lugubre. C’était davantage ce que je recherchais ici, mais on ne boudera pas son plaisir face à l’un ou l’autre titre entêtants, comme l’énervé « Acid Black Mass » par exemple. Une chose est certaine en tout cas, le groupe m’a emmené là où je ne l’attendais pas, et rien que cela mérite le détour ! Quant à moi, je ne balaye pas le travail de Devil Master au contraire : ils m’ont intrigué. Et j’espère qu’un éventuel troisième opus viendra s’insérer plus fermement dans l’un ou l’autre genre.

12.05.22 19:53

ANIMALS AS LEADERS - "Parrhesia"

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La musique classique déployait déjà des morceaux colossaux. Longs, grandioses, tout en démesure et alternant judicieusement les rythmes et les sons pour nous faire vivre un récit. Chaque titre devenant alors une microhistoire, s’imbriquant souvent au sein d’un concert entier. Par cette construction, les compositeurs pouvaient alors nous émouvoir sans pour autant faire usage de la parole. Ce drôle de préambule n’apprendra strictement rien aux fans de musiques progressives, de post-rock et autres stoner-ies, mais il paraît important de le rappeler. Notamment pour les quelques mélomanes pensant encore qu’un morceau de plus de cinq minutes est un titre chiant. Ou que toute la musique électronique n’est « que du bruit ».

Fort heureusement, si vous êtes lecteur de Metal’Art, j’ose croire que votre curiosité et votre ouverture d’esprit sont suffisamment grandes que pour balayer ces préconceptions éculées. Car dans ce cas, le nouvel opus d’Animals As Leaders vous attend pour un fabuleux voyage.

Les fans de la première heure ne seront pas dépaysés. Si j’ai eu la « chance » de ne découvrir le groupe qu’il y a quelques mois à peine, les fans auront dû attendre six longues années pour retrouver le trio, pourtant si prolifique à ses débuts (quatre albums en sept ans, c’est propre !). À ce sujet, il y aura sans doute les deux catégories habituelles : celles et ceux ravis de retrouver quelques nouveaux titres à ajouter à leurs playlists. Et les autres, un peu déçus d’avoir attendu si longtemps pour voir une formule presque inchangée. Difficile néanmoins de croire que toute personne amatrice de leur musique restera sur sa faim face à cet album qui s’écoute tout seul.

On y retrouve du pur flex à la basse, source d’admiration autant que de jalousie pour tout bassiste en herbe (dont je fais partie !). C’est de rigueur dans tous les genres instrumentaux « post-quelque chose », mais ça fait toujours plaisir après avoir avalé divers albums plus mainstream où elle est si discrète. AAL ne lésine pas sur la virtuosité et nous régale pleinement. Les différents titres, aux noms évocateurs, ne tranchent pas non plus avec la tradition du groupe. Ne rêvez-vous pas de découvrir ce qui se cache derrière « Monomyth » ? Ou bien l’énigmatique « The Problem of Other Minds » ? Des exemples où l’on verrait bien des longues tirades lorgnant entre la thèse académique et le discours effrayant d’un culte fou. On se contentera ici de faire parler la musique, et elle le fait impeccablement bien. Le non moins surprenant « Asahi » se veut très ambiant, presque réconfortant. Donnant l’impression d’être paisiblement en train de contempler le ciel ou la mer. « Gestaltzerfall » et son nom plutôt inquiétant (« chute de la forme », ou « décrépitude de l’être », si on le traduit de manière approximative) tranche avec son rythme bicéphale. Il s’emballe parfois dans un cataclysme de percussions, pour revenir ensuite à une relative accalmie avec quelques riffs à la fois entêtants et qui groovent.

Alors, comment conclure tout cela ? Sans doute en vous réclamant de vous munir du plus grand confort d’écoute possible, de limiter les distractions au maximum et de simplement vous vider la tête en vous préparant pour ce beau périple. Ce n’est pas trop osé que de parler de la musique d’AAL comme d’une expérience. Ils sont incontournables si le genre vous parle, et ce nouvel album est autant une porte d’entrée impeccable qu’une occasion de replonger dedans.

Composé de neuf titres inédits comprenant des reprises, des acoustiques et des versions live de chansons de Metallica, Kiss, Dead Boys. Les versions acoustiques des morceaux de « Kansas » et « Halfway Down » de CMFT ainsi qu'une interprétation en live de « Home / Zzyxz Rd » de l'album fulgurant Come What (ever) May de Stone Sour, récemment sorti. Taylor a inclus le déjà sorti « On The Dark Side » de John Cafferty & The Beaver Brown Band sur l'EP. J’avoue avoir été conquis par les deux versions acoustiques ainsi que la reprise de Metallica même si celle-ci aurait pu être plus originale dans le sens où Corey Taylor aurait pu la mettre à sa sauce. Cela reste dans les grandes lignes, proche de ce que Corey Taylor fait dans ses compositions en solo, moins metal que Stone Sour et moins rentre-dedans que Slipknot (même si je vous entends dire que Slipknot n’a plus rien à voir avec ses premiers albums). CMFB…Sides est une bonne petite plaque qui permet d’attendre l’arrivée de compositions personnelles de Corey Taylor, … , peu importe le projet (Solo, Stone Sour, Slipknot ou qui sait quoi d’autre).

20.03.22 08:04

NEW FAVORITE - "Chasing Light"

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La sortie du premier EP éponyme de New Favorite en mars 2020 n'est pas tombée dans l'oreille d'une sourde. Leur condensé de Rock Alternatif aux multiples influences addictives et vigoureuses m’avait aisément séduite. Un an et demi après cette sortie, le trio toujours composé de Alex Diaz (The Prestige), Pierre (As We Draw) et Aurélien, exprime à nouveau leur virtuosité avec l'EP “Chasing Light”. Il est composé de cinq titres d'une énergie fougueuse et vogue entre la finesse du Rock aux allures tantôt sombres tantôt groovy. Le titre d'ouverture “Bad Milk” marque la volonté de New Favorite d'explorer des facettes plus percutantes et agressives tout en gardant cette facilité d'écoute déconcertante. Tandis que les morceaux “Fire Sweet Fire” et “Demons” expérimentent des sonorités davantage aériennes. Alors que “Sick For Sleep” et “Goodspeed” frappent direct dans l'efficacité groovy avec des refrains accrocheurs. Avec “Chasing Light”, New Favorite prouve une nouvelle fois leur capacité à mélanger les influences dans un contenu pleinement percutant et additif. Le seul élément qu'on peut reprocher à New Favorite est peut-être un goût de trop peu ? Après deux EP, un format qui colle parfaitement à l'énergie de leurs compositions, un album serait sûrement adéquat afin de partager davantage de leurs influences et expérimentations. Il est certain que peu importe le format, la suite se fait attendre avec impatience !

20.03.22 08:02

KORN - "Requiem"

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Depuis 1994, Korn nous en fait voir de toutes les couleurs. Allant du très bon au moins bon selon les goûts, ils se sont même essayé aux albums concepts comme The Path of Totality qui mêlent leurs compositions à de la dubstep. Mais que dire de Requiem ? Eh bien, merci. Oui Merci de revenir aux sources de ce que vous étiez, au bon son de la basse et au chant si doux à nos oreilles de Jonathan Davis. « Forgotten » est le parfait exemple de ce retour aux origines, nous n’avons jamais eu l’impression de quitter les premiers albums que sont Life is Peachy ou Follow the leader. Le seul point négatif de ce dernier album est sa longueur, notre combo américain nous a habitué à de longues sorties avoisinant une heure tandis que celle-ci ne dure que trente-trois petites minutes. Certes c’est court mais qu’est-ce que c’est bon d’entendre des morceaux comme « Disconnect » avec ses mélodies lancinantes ou « Penance To Sorrow » qui nous rappelle vaguement que Jonathan Davis avait participé à la bande originale de La reine des damnés il y a vingt petites années.  Si vous voulez revivre le Korn de vos débuts, Requiem est le saint Graal tant attendu.

20.03.22 07:58

JaCOB - "Metamorphosis"

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Ce nom étrange est en fait l’acronyme de Jaypee & the Cannibal Orgasmic Band, groupe de Jaypee-Jaypar qui s’essaie pour la première fois au travail en bande. Avec "Metamorphosis", nous naviguons loin des mers metal pour aborder les rivages ténébreux d’un folk rock, d’un blues sombre. Porté par une voix magnifique, rocailleuse et profonde, qui oscille entre Nick Cave et Tom Waits, hanté par l’esprit de Leonard Cohen, ce disque invite à franchir les portes d’un bar mal famé, au fin fond d’une campagne américaine, en Louisiane ? Un grand gaillard accoudé au bar, plus très net, raconte avec intensité ses malheurs et ses misères, parfois menaçant ("Son Of A Bitch"), parfois touchant ("Prayer"), tantôt mélancolique ("Rain"), tantôt colérique ("I’m Coming For You") – dans ces rades, un coup de poing est vite parti. Ambiance western ("John The Revelator") pour ce disque typiquement américain enregistré au Texas.

Les morceaux, diablement bien écrits, contiennent tous un petit quelque chose qui les rend mémorables, là un passage à l’harmonica ("Lonesome Bastard"), ici un motif de guitare imparable ("The Loser Song"), là encore du violoncelle ("Another Summer Day In France", "Rain"). "Metamorphosis" s’achève sur un chef d’œuvre, le long "In My Realm", conclusion magistrale d’un disque qui l’est tout autant.