Chroniques

Chroniques (703)

07.11.21 17:24

MONTSERRAT - "Plymouth under ashes"

Écrit par

Le groupe Montserrat tient son nom d’un territoire britannique d’outre-mer. L’envie de nommer le groupe avec ce nom vient d’un souvenir d’enfance qui était l’entrée en éruption du Volcan de ladite île qui tua dix-neuf personnes et ravagea la capitale Plymouth. D’où le titre de ce ep : « Plymouth under ashes ». Musicalement, le groupe se présente comme pratiquant un « Extreme Carribean metal ». A l’écoute du premier morceau « Plymouth under ashes », on comprend le côté caraïbe avec une intro digne du « Ecuador » de Dj Sash… avant qu’un death metal extrême avec un chant ultra guttural ne vienne nous exploser les tympans. Me voilà assez décontenancé. Et cela continue avec « The tidal wave » et des breaks et des sons complètement bizarres rendant la track incompréhensible. Finalement, « Ov hearthquakes and hurricanes » viendra clôturer cette torture auditive, mélange de mosh deathcore et de death épique et mélodique. La démarche est donc ici difficile à cerner, les mélanges des genres sont grossiers, sonnant comme du « happy death metal » rythmiquement. Malheureusement, cet ep est un pétard mouillé et totalement dispensable. Faire du déjanté et du bizarre, ok, mais alors le faire de manière réfléchie et complètement barrée. N’est pas Carnival In Coal qui veut… 

Voilà le parfait exemple de groupe ayant un album exceptionnel mais qui, à mon avis, est entaché par un enregistrement trop « eighties ». Je peux comprendre que certaines personnes aiment ce son très « roots » et gras typiquement « old school » mais je ne pense pas que cela rende hommage au talent des musiciens. Cela dit, ne nous lançons pas dans le débat et parlons de cet album. Dès le départ, Molis Sepulcrum te prépare la peau avant une lacération profonde et douloureuse. « The Prey » est rapide et lourd, « Impaled By Fear » encore plus rapide et plus lourd et « The First Insection » … et bien non, celui-là commence lentement avec un riff en quatre temps donnant l'image d'un boucher affûtant son couteau avant de partir dans une frénésie meurtrière. Bref, « Left For the Worms » est très bon mais aurait mérité un meilleur enregistrement, même si je sais que certains vont dire : « Non, le son roots est meilleur ». Le débat est ouvert.

07.11.21 17:17

IRON FLESH - "Summoning the putrid"

Écrit par

Il y a des groupes que l’on est content de retrouver. Formé au début des années nonantes, Iron Flesh ressort d’outre-tombe pour nous proposer une torture auditive jouissive avec « Summoning the putrid ». On a bien toujours affaire à un bon old school death metal au son typique de cette bonne vieille pédale HM-2. Des morceaux tels que « Servants of Oblivion », «Relinquished flesh» et «Incursion of evil» sont là pour nous confirmer que ça va défourailler sec et nous rappellent que les alternances rythmiques sont toujours aussi efficaces. Ce qui a toujours marqué sur un album de Iron Flesh, c’est cette capacité à incorporer des mélodies malsaines et empreintes de tristesse, rendant les compositions épiques tout en demeurant de véritables rouleaux-compresseurs. « Demonic Enn », « Purify through blasphemy » ou encore le redoutable « Cursed beyond death (me rappelant même un certain Type O Negative dans le duo basse/chant) » en sont les meilleurs exemples. Qui dit old school death metal ne dit pas forcément riffs fast riffing. « Death and the reaper’s scythe », pavé de plus de huit minutes, vient nous le prouver avec sa rythmique pachydermique, véritable marche des morts-vivants. Enfin, cet album ne pouvait mieux se terminer qu’avec « Convicted faith », six minutes et vingt secondes d’agonie sublimées par des mélodies à en faire pâlir un certain Paradise Lost. « Summoning the putrid » est tout bonnement un retour gagnant pour Iron Flesh qui propose là une future pierre angulaire du style. Pour tous ceux qui aiment Asphyx, Bolt Thrower, Hail of Bullets, Paradise Lost et qui recherchent encore mieux. Succulent ! 

07.11.21 17:14

INSOMNIUM - "Argent Moon"

Écrit par

Après le succès de "Heart Like A Grave" sorti en 2019, Insomnium a dû interrompre, covid oblige, la tournée de soutien à ce disque. Les Finlandais ont remplacé la scène par le studio pour signer le premier EP de leur carrière. Sorties d’abord en numérique, accompagnées de clips, les quatre chansons écrites ont été réunies sur "Argent Moon". Ce disque, pourvu de voix claires et de guitares acoustiques, est une œuvre mélancolique, contemplative, même si la langueur nostalgique disparaît quand surgissent growls intelligibles et riffs lourds gorgés de désespoir. Ce passage d’une ambiance à l’autre est particulièrement réussi sur "The Wanderer". Les mélodies ont une beauté automnale, rehaussée tantôt d’un solo tantôt de claviers atmosphériques ("The Conjurer", sept minutes limpides, cristallines). "Argent Moon", bande-son parfaite du mois d’octobre, à écouter en regardant les feuilles mortes peu à peu recouvrir un bonheur enfui...

07.11.21 17:11

INFERI - "Vile Genesis"

Écrit par

Référence incontournable de la scène death technique, Inferi tire son inspiration de groupes tels que The Black Dahlia Murder, Obscura et Fleshgod Apocalypse,… et cela se ressent ! Quelle technique et quelle puissance ! Mature et super lourd, « Vile Genesis » est une pépite de quarante-quatre minutes (rien d’aussi long n’était sorti depuis 2018 avec leur album « Revenant »). L’album contient de nombreuses références à Lovecraft et d’autres histoires d’horreur voire même des références lyriques au manga Full Metal Alchemist comme dans les tracks « Mesmeric Horror », « No Gods But Our Flesh » « Heris of Descent » et « From Exile to Exaltation ». Produit par Dave Otero (Cattle Decapitation, Archspire), Vile Genesis est un des meilleurs pour ne pas dire le meilleur album à ce jour du combo américain. Parsemé de soli de guitare plus raffinés les uns que les autres, ces huit morceaux pourront donner envie aux plus assidus désireux de reproduire ces compositions de nombreuses heures d'entraînement ainsi que de crampes aux doigts.

Après un EP déjà remarqué en 2020, Indigo Raven signe un premier album de haute tenue. Le trio toulousain, le bassiste Jean Green a rejoint le duo initial composé de Julie Docteur (qui signe aussi l’artwork) et Benoît Sango, inscrit son doom dans la lignée du Big Three du Peaceville de la grande époque… mais s’affranchit de ses modèles. "Looking For Transcendance", riche des pesantes lenteurs des riffs et de la batterie, animé d’une tension que ne renierait pas Amenra ("The White Knight Syndrome"), anime ses compositions d’une ambiance rituelle, occulte, quasi shamanique. Cette atmosphère naît du chant puissant et grave, parfois suave (le sublime "Nightshade Winds"), de Julie, enchanteresse qui passe de l’incantation ("Our Sacred Soil") à la narration, de l’appel au murmure. Est-elle consciente que « la mort triomphait en cette voix étrange ? », comme sur "Where Lies Our Heart", pure mélopée qui se pose comme un soleil d’automne, comme une lumière douce et apaisée, sur la tombe d’un être cher, quand la colère disparaît, quand la peine, toujours présente, brûle moins ? Cette sensation se retrouve sur la reprise du "Into Dust" de Mazzy Star, belle et fragile avant de se faire happer par la noire puissance du doom.

07.11.21 16:59

ILLT - "Urhat"

Écrit par

Premier album de Illt, projet de Roy Westad (guitariste et compositeur de film) et quel album !!! Lauréat d’un Emmy norvégien de la meilleure musique originale de film en 2014, il a toujours été un adepte de musique extrême et a donc décidé de joindre son attachement musical en faisant « Urhat » (Ancienne haine en norvégien), une bombe qui devrait plaire aux plus difficiles d’entre nous. Accompagné d’artistes de renommée mondiale comme Dirk Verbeuren (Megadeth), Speed Strid (Soilwork) ainsi que Karl Sanders (Nile) et Mr.Damage ( Chrome Division), il se lance dans un mélange éclectique de death/thrash/doom/rock groovy et putain qu’est-ce que c’est bon. « Sons of the Northern Lights », avec son speed black metal, est l’un des titres mêlant tous ces styles brutaux, au même titre que « Every Tree a Gallow ». Comment mieux décrire Illt que par Illt lui-même : « J'ai un goût musical assez schizophrène, je m'ennuie vite, et je déteste les règles et les limites. Cet album a été écrit par pur instinct selon mes propres termes, et le résultat est une chevauchée émotionnelle et défiant les genres à travers un métal intense basé sur des riffs. Les thèmes lyriques sont centrés sur la colère, le désespoir et le mépris pour la race humaine, et traitent des côtés les plus sombres de la religion, de la politique et de la dé-évolution. La musique de « Urhat » se détache des couches pourries du monde piste par piste ». Un album à posséder absolument dans sa discographie.

07.11.21 16:55

FOR THE SIN - "The Human Beast"

Écrit par

Les Français de For The Sin nous proposent leur premier album « The Human Beast » qui fait suite à leur premier Ep « Sweet Suffering ». Comme tout groupe de hardcore, les musiciens balancent toute leur rage et haine via un chant typique pour le style ainsi que via une musique énergique et lourde pourvue de beatdown ravageurs. Ajoutez à leurs compositions des relents de slam death, créant ainsi de bonnes variations rythmiques et vous obtenez « The Human Beast ». Certains « pigsqueals » sont également à noter. Les compos sont maîtrisées et on sent que les membres du groupe donnent tout ce qu’ils ont. Malheureusement, cela ne suffira pas à me faire bondir de ma chaise ou me rendre complètement fou. La faute à une production trop plate ? Peut-être. Ou bien ce serait le chant devenu trop rébarbatif ? Peut-être également. Quoiqu’il en soit, la sauce ne prend pas. Ma note peut paraître sévère mais c’est mon ressenti. Par contre, je suis également certain que dès que le groupe se mettra en marche sur scène, la note remontera. Comme je le dis souvent : « le hardcore se vit en live sur scène et non sur cd dans son salon ».

Les géniaux Bataves de Fluisteraars nous reviennent avec leur quatrième opus d’une déjà belle carrière et d’un public acquis à sa cause musicale défendue avec vigueur depuis 12 ans. Les connaisseurs se souviennent encore de l’album enchanteur qu’était « Bloem » sorti en 2020. Pour cette nouvelle cuvée, 3 titres en forment l’ossature. Le duo éthéré démontre aisément qu’il garde toute sa puissance ainsi que sa capacité à créer un black allant se camper aux frontières du Black atmosphérique et du Post Black. Le 1er titre, « Het overvleugelen der meute », est assez exceptionnel tant il vous accroche d’emblée par son atmosphère très prégnante où le chant de B. Mollema semble venir de très loin, d’un autre lui dans le style des maîtres du Grind de Macabre. Le son est excellent et l’auditeur est invité à un véritable voyage dans le large univers couvert par nos joyeux sires. S’enchaîne à merveille « Brand woedt in mijn graf » qui prend une dimension brumeuse, portée par des claviers à la mélodie totalement envoûtante. Le chant redevient matière, plus mordant, plus black. La basse titille vos tympans avec douceur et la batterie se laisse guider avec bon aloi. Qu’on se le dise, M. Koops apporte énormément avec brio. C’est une véritable cohésion qui amène une force de frappe, » doucerette » mais bien efficace. Puis vient le monstrueux troisième morceau « Verscheuring in de schemering » de plus de 20 minutes qui nous hisse dans un post-black de très haute volée avec des riffings qui drainent la moindre parcelle de votre attention. Mister B. se lance dans un chant très rythmé et habité, poussant les aigus dans la lignée du DSBM. Le morceau reste très abordable, loin de la brutalité habituelle du Black. C’est quasiment à une danse frénétique que vous invitent les artistes. Le final explose tout… les cuivres fondent tant la chaleur s’est dégagée de ce mouvement en spirale infinie… Passé l’écoute, vous serez en manque, vous vous dites, déjà…vous en voudrez encore. C’est là le signe d’un véritable chef d’œuvre qui vient couronner la très belle évolution de ce groupe. En un mot, Fluisteraars, ce sont des magiciens de la nature et qui sont dotés de l’art de vous envoûter sans retour possible.

Né de l’amour du métal, Emissary of Suffering est fondé par Matthias Rasmusson (Ancre, Painted Wolves, …) et Nils Groth (King Apathy, Heretoir, …). Leur ordre de mission était de rendre hommage aux groupes qu’ils ont aimé et qui leur ont fait aimer la musique à savoir Iron Maiden, Death, Dismember. Nous pouvons constater que c’est mission accomplie. La thématique se révèle être leur vision du monde. Et celle-ci fait émerger un monstre aux politiques inhumaines et aux récits de droite (auraient-ils mal vécu le confinement mondial ? Probable). Certes, « Mournful Sights » est un râtelier de huit armes vous permettant de lutter contre cette bête immonde de la plus belle des manières. Métaphoriquement parlant, c’est un peu comme si on vous demandait d’aller affronter un petit lapin blanc au missile Stinger. Groovy, lent, lourd, etc… Tous les adjectifs sont bons pour décrire les compositions de nos deux compères passant du thrash (« Rope ») à du death voir du doom avec (« Abbatoir ») et parfois en mélangeant les deux.