Le groupe Montserrat tient son nom d’un territoire britannique d’outre-mer. L’envie de nommer le groupe avec ce nom vient d’un souvenir d’enfance qui était l’entrée en éruption du Volcan de ladite île qui tua dix-neuf personnes et ravagea la capitale Plymouth. D’où le titre de ce ep : « Plymouth under ashes ». Musicalement, le groupe se présente comme pratiquant un « Extreme Carribean metal ». A l’écoute du premier morceau « Plymouth under ashes », on comprend le côté caraïbe avec une intro digne du « Ecuador » de Dj Sash… avant qu’un death metal extrême avec un chant ultra guttural ne vienne nous exploser les tympans. Me voilà assez décontenancé. Et cela continue avec « The tidal wave » et des breaks et des sons complètement bizarres rendant la track incompréhensible. Finalement, « Ov hearthquakes and hurricanes » viendra clôturer cette torture auditive, mélange de mosh deathcore et de death épique et mélodique. La démarche est donc ici difficile à cerner, les mélanges des genres sont grossiers, sonnant comme du « happy death metal » rythmiquement. Malheureusement, cet ep est un pétard mouillé et totalement dispensable. Faire du déjanté et du bizarre, ok, mais alors le faire de manière réfléchie et complètement barrée. N’est pas Carnival In Coal qui veut…
Voilà le parfait exemple de groupe ayant un album exceptionnel mais qui, à mon avis, est entaché par un enregistrement trop « eighties ». Je peux comprendre que certaines personnes aiment ce son très « roots » et gras typiquement « old school » mais je ne pense pas que cela rende hommage au talent des musiciens. Cela dit, ne nous lançons pas dans le débat et parlons de cet album. Dès le départ, Molis Sepulcrum te prépare la peau avant une lacération profonde et douloureuse. « The Prey » est rapide et lourd, « Impaled By Fear » encore plus rapide et plus lourd et « The First Insection » … et bien non, celui-là commence lentement avec un riff en quatre temps donnant l'image d'un boucher affûtant son couteau avant de partir dans une frénésie meurtrière. Bref, « Left For the Worms » est très bon mais aurait mérité un meilleur enregistrement, même si je sais que certains vont dire : « Non, le son roots est meilleur ». Le débat est ouvert.
Il y a des groupes que l’on est content de retrouver. Formé au début des années nonantes, Iron Flesh ressort d’outre-tombe pour nous proposer une torture auditive jouissive avec « Summoning the putrid ». On a bien toujours affaire à un bon old school death metal au son typique de cette bonne vieille pédale HM-2. Des morceaux tels que « Servants of Oblivion », «Relinquished flesh» et «Incursion of evil» sont là pour nous confirmer que ça va défourailler sec et nous rappellent que les alternances rythmiques sont toujours aussi efficaces. Ce qui a toujours marqué sur un album de Iron Flesh, c’est cette capacité à incorporer des mélodies malsaines et empreintes de tristesse, rendant les compositions épiques tout en demeurant de véritables rouleaux-compresseurs. « Demonic Enn », « Purify through blasphemy » ou encore le redoutable « Cursed beyond death (me rappelant même un certain Type O Negative dans le duo basse/chant) » en sont les meilleurs exemples. Qui dit old school death metal ne dit pas forcément riffs fast riffing. « Death and the reaper’s scythe », pavé de plus de huit minutes, vient nous le prouver avec sa rythmique pachydermique, véritable marche des morts-vivants. Enfin, cet album ne pouvait mieux se terminer qu’avec « Convicted faith », six minutes et vingt secondes d’agonie sublimées par des mélodies à en faire pâlir un certain Paradise Lost. « Summoning the putrid » est tout bonnement un retour gagnant pour Iron Flesh qui propose là une future pierre angulaire du style. Pour tous ceux qui aiment Asphyx, Bolt Thrower, Hail of Bullets, Paradise Lost et qui recherchent encore mieux. Succulent !
Après le succès de "Heart Like A Grave" sorti en 2019, Insomnium a dû interrompre, covid oblige, la tournée de soutien à ce disque. Les Finlandais ont remplacé la scène par le studio pour signer le premier EP de leur carrière. Sorties d’abord en numérique, accompagnées de clips, les quatre chansons écrites ont été réunies sur "Argent Moon". Ce disque, pourvu de voix claires et de guitares acoustiques, est une œuvre mélancolique, contemplative, même si la langueur nostalgique disparaît quand surgissent growls intelligibles et riffs lourds gorgés de désespoir. Ce passage d’une ambiance à l’autre est particulièrement réussi sur "The Wanderer". Les mélodies ont une beauté automnale, rehaussée tantôt d’un solo tantôt de claviers atmosphériques ("The Conjurer", sept minutes limpides, cristallines). "Argent Moon", bande-son parfaite du mois d’octobre, à écouter en regardant les feuilles mortes peu à peu recouvrir un bonheur enfui...
Référence incontournable de la scène death technique, Inferi tire son inspiration de groupes tels que The Black Dahlia Murder, Obscura et Fleshgod Apocalypse,… et cela se ressent ! Quelle technique et quelle puissance ! Mature et super lourd, « Vile Genesis » est une pépite de quarante-quatre minutes (rien d’aussi long n’était sorti depuis 2018 avec leur album « Revenant »). L’album contient de nombreuses références à Lovecraft et d’autres histoires d’horreur voire même des références lyriques au manga Full Metal Alchemist comme dans les tracks « Mesmeric Horror », « No Gods But Our Flesh » « Heris of Descent » et « From Exile to Exaltation ». Produit par Dave Otero (Cattle Decapitation, Archspire), Vile Genesis est un des meilleurs pour ne pas dire le meilleur album à ce jour du combo américain. Parsemé de soli de guitare plus raffinés les uns que les autres, ces huit morceaux pourront donner envie aux plus assidus désireux de reproduire ces compositions de nombreuses heures d'entraînement ainsi que de crampes aux doigts.
Après un EP déjà remarqué en 2020, Indigo Raven signe un premier album de haute tenue. Le trio toulousain, le bassiste Jean Green a rejoint le duo initial composé de Julie Docteur (qui signe aussi l’artwork) et Benoît Sango, inscrit son doom dans la lignée du Big Three du Peaceville de la grande époque… mais s’affranchit de ses modèles. "Looking For Transcendance", riche des pesantes lenteurs des riffs et de la batterie, animé d’une tension que ne renierait pas Amenra ("The White Knight Syndrome"), anime ses compositions d’une ambiance rituelle, occulte, quasi shamanique. Cette atmosphère naît du chant puissant et grave, parfois suave (le sublime "Nightshade Winds"), de Julie, enchanteresse qui passe de l’incantation ("Our Sacred Soil") à la narration, de l’appel au murmure. Est-elle consciente que « la mort triomphait en cette voix étrange ? », comme sur "Where Lies Our Heart", pure mélopée qui se pose comme un soleil d’automne, comme une lumière douce et apaisée, sur la tombe d’un être cher, quand la colère disparaît, quand la peine, toujours présente, brûle moins ? Cette sensation se retrouve sur la reprise du "Into Dust" de Mazzy Star, belle et fragile avant de se faire happer par la noire puissance du doom.
Premier album de Illt, projet de Roy Westad (guitariste et compositeur de film) et quel album !!! Lauréat d’un Emmy norvégien de la meilleure musique originale de film en 2014, il a toujours été un adepte de musique extrême et a donc décidé de joindre son attachement musical en faisant « Urhat » (Ancienne haine en norvégien), une bombe qui devrait plaire aux plus difficiles d’entre nous. Accompagné d’artistes de renommée mondiale comme Dirk Verbeuren (Megadeth), Speed Strid (Soilwork) ainsi que Karl Sanders (Nile) et Mr.Damage ( Chrome Division), il se lance dans un mélange éclectique de death/thrash/doom/rock groovy et putain qu’est-ce que c’est bon. « Sons of the Northern Lights », avec son speed black metal, est l’un des titres mêlant tous ces styles brutaux, au même titre que « Every Tree a Gallow ». Comment mieux décrire Illt que par Illt lui-même : « J'ai un goût musical assez schizophrène, je m'ennuie vite, et je déteste les règles et les limites. Cet album a été écrit par pur instinct selon mes propres termes, et le résultat est une chevauchée émotionnelle et défiant les genres à travers un métal intense basé sur des riffs. Les thèmes lyriques sont centrés sur la colère, le désespoir et le mépris pour la race humaine, et traitent des côtés les plus sombres de la religion, de la politique et de la dé-évolution. La musique de « Urhat » se détache des couches pourries du monde piste par piste ». Un album à posséder absolument dans sa discographie.
Les Français de For The Sin nous proposent leur premier album « The Human Beast » qui fait suite à leur premier Ep « Sweet Suffering ». Comme tout groupe de hardcore, les musiciens balancent toute leur rage et haine via un chant typique pour le style ainsi que via une musique énergique et lourde pourvue de beatdown ravageurs. Ajoutez à leurs compositions des relents de slam death, créant ainsi de bonnes variations rythmiques et vous obtenez « The Human Beast ». Certains « pigsqueals » sont également à noter. Les compos sont maîtrisées et on sent que les membres du groupe donnent tout ce qu’ils ont. Malheureusement, cela ne suffira pas à me faire bondir de ma chaise ou me rendre complètement fou. La faute à une production trop plate ? Peut-être. Ou bien ce serait le chant devenu trop rébarbatif ? Peut-être également. Quoiqu’il en soit, la sauce ne prend pas. Ma note peut paraître sévère mais c’est mon ressenti. Par contre, je suis également certain que dès que le groupe se mettra en marche sur scène, la note remontera. Comme je le dis souvent : « le hardcore se vit en live sur scène et non sur cd dans son salon ».
Les géniaux Bataves de Fluisteraars nous reviennent avec leur quatrième opus d’une déjà belle carrière et d’un public acquis à sa cause musicale défendue avec vigueur depuis 12 ans. Les connaisseurs se souviennent encore de l’album enchanteur qu’était « Bloem » sorti en 2020. Pour cette nouvelle cuvée, 3 titres en forment l’ossature. Le duo éthéré démontre aisément qu’il garde toute sa puissance ainsi que sa capacité à créer un black allant se camper aux frontières du Black atmosphérique et du Post Black. Le 1er titre, « Het overvleugelen der meute », est assez exceptionnel tant il vous accroche d’emblée par son atmosphère très prégnante où le chant de B. Mollema semble venir de très loin, d’un autre lui dans le style des maîtres du Grind de Macabre. Le son est excellent et l’auditeur est invité à un véritable voyage dans le large univers couvert par nos joyeux sires. S’enchaîne à merveille « Brand woedt in mijn graf » qui prend une dimension brumeuse, portée par des claviers à la mélodie totalement envoûtante. Le chant redevient matière, plus mordant, plus black. La basse titille vos tympans avec douceur et la batterie se laisse guider avec bon aloi. Qu’on se le dise, M. Koops apporte énormément avec brio. C’est une véritable cohésion qui amène une force de frappe, » doucerette » mais bien efficace. Puis vient le monstrueux troisième morceau « Verscheuring in de schemering » de plus de 20 minutes qui nous hisse dans un post-black de très haute volée avec des riffings qui drainent la moindre parcelle de votre attention. Mister B. se lance dans un chant très rythmé et habité, poussant les aigus dans la lignée du DSBM. Le morceau reste très abordable, loin de la brutalité habituelle du Black. C’est quasiment à une danse frénétique que vous invitent les artistes. Le final explose tout… les cuivres fondent tant la chaleur s’est dégagée de ce mouvement en spirale infinie… Passé l’écoute, vous serez en manque, vous vous dites, déjà…vous en voudrez encore. C’est là le signe d’un véritable chef d’œuvre qui vient couronner la très belle évolution de ce groupe. En un mot, Fluisteraars, ce sont des magiciens de la nature et qui sont dotés de l’art de vous envoûter sans retour possible.
Né de l’amour du métal, Emissary of Suffering est fondé par Matthias Rasmusson (Ancre, Painted Wolves, …) et Nils Groth (King Apathy, Heretoir, …). Leur ordre de mission était de rendre hommage aux groupes qu’ils ont aimé et qui leur ont fait aimer la musique à savoir Iron Maiden, Death, Dismember. Nous pouvons constater que c’est mission accomplie. La thématique se révèle être leur vision du monde. Et celle-ci fait émerger un monstre aux politiques inhumaines et aux récits de droite (auraient-ils mal vécu le confinement mondial ? Probable). Certes, « Mournful Sights » est un râtelier de huit armes vous permettant de lutter contre cette bête immonde de la plus belle des manières. Métaphoriquement parlant, c’est un peu comme si on vous demandait d’aller affronter un petit lapin blanc au missile Stinger. Groovy, lent, lourd, etc… Tous les adjectifs sont bons pour décrire les compositions de nos deux compères passant du thrash (« Rope ») à du death voir du doom avec (« Abbatoir ») et parfois en mélangeant les deux.
Je vais tenter d’être aussi « Open » que cet album. Sincèrement, je me suis ennuyé en écoutant «Warring Elements». Même si ce groupe a du potentiel, ici il est loin d’être mis en avant. La chanteuse possède une voix qui pourrait s’apparenter à celle de Sharon den Adel (Within Temptation) mais faiblarde. Elle manque cependant cruellement d’émotions, de punchs. Sa prestation est soporifique et bouffée par les performances du chanteur comme par exemple sur le morceau «Deviate» où l’on entend à peine sa partenaire. De plus, ils ne s’accordent pas au rythme musical, ils chantent faux… Quelle cacophonie ! À l’écoute pénible de cet album, j’ai été, comme l’indique le nom du groupe, DISCONNECTED!
Première sortie de ce groupe suédois et je dois avouer que ces musiciens nordiques ont du talent. Du Death metal à la vitesse prodigieuse et au chant équivalent à des coups de hache en pleine jugulaire, Death Reich pratique le Death old school à la perfection. Poussant le vice jusqu’à la reprise de « Fight Fire with Fire » de Metallica à leur sauce, ils ne se contentent pas bêtement de la reprendre mais bien de l’adapter à leur style : adieu le thrash. Ces cinq barbus (comme c’est étonnant pour des death métalleux suédois) font partie d’une vague émergente très prometteuse de nouveaux groupes nordiques jouant du O.S.D.M. Il y a donc de l’espoir dans un avenir de ténèbres !
Daemonicus propose avec « Eschaton » neuf morceaux tranchants et fulgurants, présentant un mélange écrasant de death metal moderne et old school, tout en restant fidèle aux racines du groupe, progressant à la fois en tant que musiciens et en tant que groupe. Cependant, est-ce la lassitude ? Une petite envie personnelle de changement ? En écoutant l’album de Daemonicus, je ne pouvais m’ôter ce sentiment d’ennui. Loin d’être mauvais car façonné comme un très bon album du style, mon impression constante était que l’album de neuf tracks durant au total trente-six minutes n’était composé que d’une seule piste basée sur le même rythme. Difficile donc pour moi de noter cet album qui, à défaut de ne pas avoir de qualités, n’a pas forcément de défauts non plus. Les appréciations de la plèbe en seront sûrement tout autres mais Alea Jacta Est : mon estimation est que cet album est neutre, un peu comme du tofu : pas mauvais mais pas terrible non plus.
Argonauta nous a déjà prouvé être un bel incubateur à projets intéressants, et je n’ai de cesse de promouvoir la scène musicale italienne dans plusieurs de mes reviews… On commençait donc déjà très bien pour Cripta Blue. On y ajoute quelques beaux passages à la basse et des titres qui groovent bien, et clairement il n’en faut pas beaucoup plus pour me charmer. L’épisode « Magickal Ride » qui débute avec un enregistrement semblant promouvoir l’idée d’une formidable expérience post-mortem, s’illustre par une guitare musclée, un court mais sympathique passage à la basse et un bridge délicieux, avec en plus des paroles dans une lignée nihiliste, comme son intro. « Creepy Eyes » s’illustre de son côté par sa gratte et son groove, qui s’énerve après son premier tiers, pour devenir plus lourd et lent, plus percutant… Presque industriel même ! « Spectral Highway », portant décidément bien son nom, et plus atmosphérique et lugubre… Mais chill aussi. Il est doucereux et noir, porté par un chant qui l’est tout autant. Et puis, de temps à autre, une pointe de puissance vient arracher nos tympans et nous sortir de notre torpeur ! « Death Wheelers » fait augmenter encore d’un cran l’épouvante au son des « hell’s bells » et d’une guitare plus distordue que jamais. Le tout pour un titre plein de patates. Enfin, « A Space Tale », portant elle aussi bien son nom, ajoute un peu de cosmique à cet album fleurant déjà très bon toute la vibe rétro des années 60 et 70. Là on se tape un son plus caverneux, mais toujours porté par ce feeling duel entre la bonne gratte qui fait secouer la tête et cette basse qui nous caresse l’échine, donnant malgré tout beaucoup de rondeur à l’ensemble. Pour le bassiste que j’incarne, la voir à la fois plus présente et en même temps en harmonie avec l’ensemble sans qu’aucun instrument ne se fasse écraser…C’est un plaisir total ! Cela résumerait plutôt bien ce premier album je pense : un vrai plaisir d’écoute, qui même s’il n’invente pas trop, retrace plusieurs influences s’étalant sur près de deux décennies. Avec sa fort belle pochette qui lorgne du côté du bon vieux psyché/prog avec une pointe d’horrorpunk en plus, impossible de ne pas reconnaître un travail jusqu’au-boutiste dans leur démarche de proposer du neuf avec du vieux. Cripta Blue offre un opus très sympathique qui donne envie d’en avoir plus de leur part.