Chroniques

Chroniques (703)

25.01.20 13:14

HELLYEAH - "Welcome Home"

Écrit par

“Hellyeah” ! Voilà ce qu’on a envie de lâcher en découvrant le nouvel album du supergroupe. Alors qu’arriver au sixième album pour ce genre de formation est déjà plutôt surprenant, voir cet album sortir malgré l’immense et tragique perte que représente le décès de Vinnie Paul force le respect.  Et avec une telle qualité, ça paraitrait presque insolent... Si cela n’en faisait pas l’hommage ultime. C’est que Hellyeah s’est grandement bonifié avec les années, et que les cloisonner au seul genre du Heavy serait infiniment réducteur. Injectant une bonne dose de groove, avec quelques pincées de thrash ou de nu par-ci, par-là, il y a une richesse bienvenue dans les quelque dix morceaux proposés : c’est sage, mais intense. L’album démarre en furie, avec le single “333” : il illustre parfaitement ce mix heavy et groovy... avec une bonne grosse patate bien agressive. “At Wick’s End” illustre mieux ce côté nu-metal tout droit sorti de la charnière 90s-2000s... Lourd, impactant avec une voix tantôt éraillée, tantôt plus mélodique (lors du refrain). Idem pour “Boy”, en plus enragé encore. On dirait presque du rap-rock !  Que dire de “Perfect”, pour le coup hyper dansant, donnant envie de sauter partout tant par son bridge aux riffs des plus délicieux que par son chorus simple et efficace. Même le morceau de clôture, à défaut d’être original (une balade acoustique), est plutôt joli et apporte une accalmie sympathique à un album qui nous hurle au visage pendant la demi-heure qui précède. Malgré un début de carrière plutôt décevant qui aura sans doute refroidi les fans les plus assidus, ce nouvel opus (et le précédent) démontre que Hellyeah mérite à être réhabilité. À voir si l’aventure continuera sans Vinnie, et s’ils pourront reproduire ce coup de maître sans ses talents...

25.01.20 13:11

LEE EVANS - "Mississippi flood"

Écrit par

Amateurs d’american rock, venez découvrir Lee Evans, prodige de vingt-quatre ans, qui propose sa nouvelle offrande « Mississippi flood ». On parle ici du rock dans tous ses états : du pur American rock bien dirty à la Jared James Nichols (« Always in a hurry »), mélangé à du Led Zep ou du Black Sabbath (« Ain’t no beggar man »), empreint de bluesy rock psyché (« Song of inspiration »), le tout est un feeling Johnny Cash et Foo Fighers (« Foreign girl »). Ajoutez à cela un superbe instrumental acoustique empreint de mélancolie (« Ballad of the Mississippi flood ») et vous obtenez un putain d’album de rock composé de morceaux courts, captivant, réalisé à la perfection par un Lee Evans surprenant et efficace. Une excellente découverte !

En voilà un nom d’album pas du tout à rallonge ! Blague à part, la Suède nous prouve une fois encore qu’elle dispose de nombreux atouts pour séduire le mélomane, et ce dans tous les genres. On a ici droit à du bon rock à l’ancienne, dans le registre pêchu et hyper-catchy qui fait de chaque morceau une dose de puissance absolument jouissive. Pour un premier album, c’est déjà très peaufiné, très efficace. Le genre de morceaux qui accompagnent un road trip, ou qu’on apprécie en savourant un burger en chemise à carreaux… Même la voix d’Erik Linder semble tout droit sortie d’un jukebox ! Tandis que la gratte de ce dernier, adjointe à celle de Kristian Rigo groove sévère et propose de jolies prouesses tant mélodiques que simplement classes et énergiques. Parce que c’est surtout ça : leur musique est COOL. Même leur logo l’est, même leur dégaine… Et leurs prestations lives semblent l’être tout autant. Et ça se ressent parfaitement sur des titres comme « Rock’n’Roll Degenerate », « The Tourist » ou encore « Dog on a Leash » (dont l’intro vous rappellera peut-être quelque chose…). On regrettera peut-être, et c’est le plus dommage que les morceaux restent somme toute assez similaires, fonctionnant sur un même schéma. Ils sont tous très sympathiques, mais pas vraiment uniques… Rendant difficile la sélection d’un ou deux morceaux vraiment excellents. Mais on ne boudera pas son plaisir : certes, il s’agit là d’un énième groupe voulant faire du neuf avec du vieux, mais leur fougue est tellement communicative qu’on est tout simplement happé pendant tout l’album et sa patate. L’album se clôt d’ailleurs par « Frenetic Magnetic », l’un des premiers singles du groupe, au bridge délicieux qui clôt en beauté un album qui ne s’arrête jamais. Et avec un nouvel LP déjà prévu pour février 2020, on attend le quatuor au tournant !

C’est lourd, c’est gras : c’est Grave, c’est Obituary ? Non, c’est Creeping Death qui arrive avec son premier album, "Wretched Illusions". Derrière une pochette réussie se trouve un album classique de death metal, saupoudré d’une touche thrash (comme sur le morceau éponyme) qui mise avant tout sur la lourdeur, incarnée par une basse très présente, mixée en avant, et la puissance, issue de riffs simples, mais efficaces. La bestialité du genre jaillit de growls convaincants et de quelques blasts, disséminés çà et là.

Malgré ces ingrédients de plutôt bonne qualité, le plat final ne convainc pas totalement. Les titres se ressemblent tous, noyés dans une sauce de réverbération : toujours la même saveur, le même goût, même si «World Decay" et son final heavy ou "Consumed" donnent un peu de piquant à l’ensemble.

24.01.20 13:06

KINGS NEVER DIE - "Raise A Glass"

Écrit par

S’il serait très tentant de gonfler la note du groupe pour la simple audace de faire du punk rock à l’ancienne à une époque où le côté pop, plus commercial, est venu se greffer dans la musique des anciens porteurs d’iroquoises, on ne sera guère étonné de retrouver des vétérans de Mucky Pup ou Murphy’s Law derrière ce premier EP. Pourtant, il est difficile de ne pas s’avouer quelque peu déçu par cette première offrande affublée du nom « Kings Never Die ». Si les quatre morceaux se suivent et ne se ressemblent pas, on pourrait même être désarçonné par ce manque de liant entre les titres qui composent la galette. « Before my Time » s’inscrit dans un style plutôt Thrash, manquant un peu de peps, mais clairement pas d’impact et de force. « Never Know What You Might Find » est certainement leur meilleur titre, puisque rajoutant cette hargne, cette adrénaline manquant au morceau précédent. « Raise A Glass », donnant son titre à l’EP, est un curieux patchwork entre un titre punk rock et une chanson à boire, qui s’intensifie progressivement. Dommage cependant que le refrain fasse totalement retomber le soufflé… Gageons que les mêmes vocals, chantées plus vite auraient donné un résultat nettement plus appréciable. Enfin, « The Juice » combine les qualités et les défauts des deux titres précédents : à la fois costaud et explosif, il devient par moment mollasson et sans reliefs. Il suffit de voir ces deux derniers tiers, pratiquement dénués de paroles : c’est long…très long. Difficile donc, de pleinement recommander cette première prod des Kings qui est tout juste sympathique, mais très rapidement oubliée.

23.01.20 17:58

POINT MORT - "R(h)ope"

Écrit par

Après “Look At The Sky” (2017), Point Mort nous livre un second EP “R(h)ope” encré dans leur style Lovecore qui ne nous laissera pas indifférents. Enregistré dans les conditions du live, le côté brut et authentique est mis en valeur et nous livre un concentré de Post Hardcore aux multiples facettes des plus saisissantes et émouvantes. Les ambiances et tonalités se succèdent et permettent de capter notre attention face à cette musique désarticulée et pourtant très bien ficelée. Les sonorités s’expriment entre un Hardcore rempli de rage et de violence s’assemblant avec des passages éthérés et sensibles. Ces tonalités se complètent, livrant un rendu bourré de conviction et d’émotion, le tout effectué avec une grande maîtrise. On explore un chemin entre ombre et lumière, entre une intensité prenante et déstabilisante dans une atmosphère particulière remplie de riffs lourds, oppressants, condensés avec des extraits mélodieux. Ce fracas sonore est mis en valeur avec la voix de Sam qui nous dévoile tout son potentiel en enchaînant le chant clair et le chant hurlé avec technicité. On retrouve la rage et la violence avec “Christopher” et “White And Viole(n)t” court et intense à souhait. Le titre d’ouverture “Wiara” désarticulé de brutalité et de douceur envoie tout valser sur son passage. “Contre Addiction” nous surprend avec son mélange de français et anglais exécuté avec brio. Le titre final, “Précision Chaos” commence avec une longue introspection et nous transcende durant dix minutes pour se terminer sur des derniers cris d’espoir (ou de désespoir) avant que la corde ne lâche. Point Mort s’affirme avec “R(h)ope” grâce à cinq titres percutants donnant l’impulsion face à des sonorités marquées de brutalité et de subtilité.

La carrière de Blaze of Perdition est marquée par l’accident survenu au groupe en novembre 2013, sur les routes autrichiennes : décès du bassiste 23, graves blessures pour l’ancien batteur Vizun et période de coma pour le chanteur Sonneillon qui, s’il n’apparaît plus sur scène, reste le parolier attitré des compositions signées XCIII, le guitariste originel.

"Transmutation of Sins" est un deux titres, sorti pour accompagner la tournée The Void Dancers MMXIX tour (novembre - décembre 2019) et pour annoncer le nouvel album "The Harrowing of Heart", prévu pour février 2020.

Ambiance occulte, voire gothique, et black mélodique, porté par une batterie omniprésente et des guitares bien loin des tronçonneuses « trve black », sont au rendez-vous de cette production. La deuxième piste, une riche reprise du « Moonchild" des Sisters of Mercy, est une réussite aux vocaux particulièrement travaillés.

Même si ce petit quart d’heure manque d’un soupçon de hargne, il donne envie de jeter une oreille sur "The Harrowing of Heart".

 

21.01.20 17:45

MADSEN - "Lichtjahre Live"

Écrit par

Si la longue histoire du rock et du metal nous a prouvé que faire de la musique en famille, c’est fantastique, il est cependant toujours délicat de juger des morceaux chantés dans une langue que l’on ne comprend pas. Il reste les instrus donc, et ça tombe bien : ce live de Madsen se montre plutôt généreux avec ses vingt-deux titres (sans l’intro). Si le sentiment général vis-à-vis de l’album donne envie de les ranger dans la vaste famille des groupes rock jeunes, dynamiques et un peu pop ayant pullulé depuis le début des années 2000, ce serait se montrer bien snob et réfractaire à ce côté justement très pêchu et communicatif de la musique de ces mêmes groupes. Madsen n’est pas en reste : ils jouent avec leur public et le font très bien. Chaque titre transpire le peps et l’énergie : « Lass die Musik an » et son refrain aussi simple à retenir qu’efficace, le côté plus heavy de « Rückenwind » ou encore le côté lancinant de « Kompass », on peut reprocher aux frères Madsen un chant peut-être moins agréable pour les non-germanophones, mais clairement pas leur versatilité au niveau de leur répertoire. Que dire encore de « Goodbye Logik », avec sa longue intro instrumentale ? Ou « Nachtbaden », encore et toujours d’une patate exemplaire ? On ne peut pas dire que Madsen réinvente le rock, ou qu’il en a la prétention. Mais ce qu’il fait, il le fait bien. Et si cet album live n’apportera sans doute pas énormément à ceux ayant déjà entendu « Lichtjahre », le simple fait d’avoir le groupe au plus près de leur public, qui galvanise avec force des artistes toujours aussi fougueux quinze ans après leurs débuts, rend l’album très appréciable.

Ce qui est magnifique dans le monde du Black, c’est qu’il ne faut pas forcément nous trouver face à un groupe composé d’au moins 5 membres pour découvrir un résultat phénoménal. Tel est le cas avec le duo mystérieux constituant l’entité « Expostulation ». Ils viennent tous deux d’Europe ; l’un est batteur et l’autre chante et gratte. La démo qui me préoccupe ici n’est pas neuve puisqu’une première édition eut lieu en 2016 sous forme de cassettes tirées en 33 exemplaires sous le label « Abstruse Eerie Radiance ». Vous l’aurez compris, nous avons affaire ici à des puristes respectant l’esprit du Black orthodoxe. Mais voilà, lorsqu’un duo de cette qualité offre un univers intéressant, ce serait un crime de lèse-majesté que de nous priver d’une telle découverte. Et c’est donc via Rempart Immortel que la réédition allait être organisée toujours sous le même format, cette fois en 100 exemplaires. Au risque de brusquer cet art subtil voulant conserver l’esprit d’origine du monde de l’art noir, je voulais attirer votre attention sur le travail des musiciens. Cette démo, vous l’aurez compris, nous plonge dans la mythologie grecque avec son focus sur deux créatures marines légendaires du détroit de Messine. Charybde, fille de Gaia et Poséidon, allait voler dans les abysses en raison d’un appétit trop prononcé. C’est qu’il ne fut pas très inspiré de manger le bétail d’un fils de Zeus. Quant à Scylla, superbe nymphe transformée en monstre hideux suite à un sort issu de la jalousie de la magicienne Circé. Derrière ce récit du fond des âges se trouve un sens assez peu reluisant, vous en conviendrez… « Aller de mal en pis ». Ce qui est génial dans l’atmosphère du duo, c’est leur propension à nous plonger dans les abysses, dans la forte déliquescence. Nous tanguons sur l’océan pour ensuite entreprendre une plongée, non sans une certaine angoisse que le riffing de guitare vous restitue à merveille. La batterie donne le rythme des jambes pour vous forcer à palmer avec vigueur. Cette eau ne permet aucune visibilité… elle est presque poisseuse et vous ralentit.  « Movement I - Between Kharybdis and Scylla » comporte un black assez atmosphérique tout à fait captivant et doté d’une faculté à vous faire suffoquer… ça monte crescendo… tout à coup, brutalement, vous aurez la sensation que des tentacules surgis de nulle part, vous enserrent le tronc. Nous sommes happés inexorablement. Sur « Movement II - Strait of Messina », la messe est dite, cette seconde rencontre vous sera fatale. Le son râpeux transcende si bien cette bien lourde atmosphère… vous luttez, mais en vain. Expostulation offre une démo convaincante. Le potentiel est énorme et il y a fort à parier que leur musique plaira tant aux Trves qu’aux amateurs de Blut Aus Nord, de Kosmos, ainsi qu’à ceux de The Great Old Ones. Même si je préfère le son propre, force est de constater que le côté raw se prête bien mieux à l’essence de ce duo mystérieux.

21.01.20 17:41

CB3 - "Aeons"

Écrit par

Cinq titres pour un LP, c’est dans la norme. Mais quand on parle de rock psyché, on se doute qu’on va avoir de la matière à se mettre sous la dent malgré tout… Et pas qu’à cause de la longueur des morceaux ! Si les vocals sont généralement en retrait dans le genre, le trio de Malmö choisit carrément de les occulter. Pour mieux se focaliser sur la musique ? On peut en tout cas le croire ! Le cosmique et onirique « Zodiac » parait court et intense pour du psyché, mais donne déjà le ton de la claque à venir, notamment par ses cordes hypergraves qui offrent un sacré impact ! Les deux titres suivants, « Sonic Blaze » et « Acid Haze » forment véritablement l’épine dorsale du LP : le premier offre un travail hallucinant sur les percus et donne une atmosphère qui groove tout en ayant beaucoup de corps et de versatilité. Le second commence de manière très cinématographique, voire guerrière. Il est beaucoup plus lent, mais beaucoup plus dense aussi : les riffs déchirant le lointain jusqu’à s’emballer au milieu du morceau et enfin revenir à une cadence plus musclée, plus rythmée. Les riffs stridents laissant leur place à des accords plus rapides et graves. Avec un peu plus de neuf minutes, ce titre est d’une versatilité exemplaire. Les deux titres suivants sont également très bons, mais moins mémorables que ces deux joyaux incroyables. Rappelant quelques titres de Death in Vegas par moment, Pink Floyd évidemment, mais clairement dans leur propre niche, on ne saurait que trop recommandé l’écoute de cette petite bombe suédoise !