Chroniques

Chroniques (703)

Nile est incontestablement l’un des groupes de Death Metal les plus connu et respecté de la planète. Leur carrière faite d’opus puissants, de concerts dantesques, et surtout d’une régularité dans l’excellence ne peut qu’épater du reste. Quatre ans après « What Should Not Be Unearthed », les Américains reviennent avec « Vile Nilotic Rites », qui une fois encore conjugue à merveille la brutalité et la technique pour un rendu détonnant. C’est un tabassage dans les règles qui s’opère au travers de rythmiques violentes et effrénées comme sur « Snake Pit Mating Frenzy » ou « Oxford Handbook of Savage Genocidal Warfare », du Nile autant sur le fond que la forme : solos de guitares, vocaux ultras gutturaux, blasts en tout genre, la palette est large et tout en maitrise. Nile est également vicieux, malsain, en ralentissant le tempo, « Seven Horns of War » prouve qu’ils sont aussi monstrueux sans jouer la carte de la vitesse. Si à cela on ajoute des atmosphères dont eux seuls ont le secret ainsi qu’une production en béton, on obtient l’un des albums de l’année dans le genre.

26.11.19 15:19

IRON AGE - "The Sleeping Eye"

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Une réédition en bonne et due forme pour célébrer le dixième anniversaire, il faut dire aussi que le quintette n’a plus sorti grand-chose depuis. Qu’importe, l’occasion est trop belle pour redécouvrir la musique d’Iron Age. C’est d’ailleurs sans aucune volonté péjorative que l’on pourrait synthétiser leur style comme du « thrash plus élaboré ». Non pas qu’il n’y ait aucune technique ou recherche dans un thrash plus agressif et rapide, mais le rythme plus mesuré semble rajouter de la force d’impact aux morceaux, et leur donne une atmosphère plus écrasante que sur un morceau de thrash brut. Ce n’est pas tant du terreau à pogo qu’une volonté d’expérimenter et de complexifier un peu l’ensemble, donnant un aspect presque post-apo à l’album. Le thème lovecraftien, si cher au doom, trouve ici pleinement sa place. Notamment sur des titres tels que « A Younger Earth », qui ne s’emballe qu’à la toute fin et surtout « Materia Prima », morceau dénué de paroles qui se révèle être une pause des plus angoissantes en plein milieu de l’album. Difficile aussi d’ignorer « Arcana pt.1 et 2 » tant ils s’emboîtent : le premier plus rageur et le deuxième plus lourd. Un peu de moins de colère, ça fait du bien !

 

Bingo, voilà mon album favori de Death metal de l’année 2019. À l’écoute du second opus de la carrière de ces artistes de Thionville cumulant déjà 10 ans d’expérience, le constat est sans appel. J’ai bien eu le temps d’enchaîner les écoutes pour prendre le recul et objectiver au mieux les critères qui seraient mes références pour déterminer la cotation finale.  Le quintet a pris soin de créer 11 morceaux qui possèdent tous leur propre singularité. Aucune redondance. La composition musicale est soignée, dans un seul et même morceau, nous alternons les rythmes et les images se démultiplient en notre esprit. L’ensemble est doté d’une solide puissance teintée d’une magistrale pétulance. Deux joyaux démontrent aisément que Nihilism rivalise aisément, oui, j’ose le dire, avec Six Feet Under et parvient même à le surclasser… j’ai ciblé ici les superbes « A Wall » et « Akatheeb ». Lorsque nos musiciens prennent un tempo plus lent, ils n’en demeurent pas moins efficaces. « Slaves Of The Sacred Rites » bien ancré dans une agréable mélodie, nous offre une démonstration d’orfèvrerie en matière d’aptitude à créer un tube technique ayant aussi une facette d’apparente simplicité. Dans ce beau morceau, plane l’âme de Tiamat sur « Whatever That Hurtsplane ». « RIP » prend le même chemin en dévoilant un tout autre visage ô combien sombre, mais totalement prégnant. Le titre éponyme quant à lui, s’inscrit davantage dans une certaine linéarité, mais que ne renierait pas Pestilence. L’esprit Rock n’roll hante le très groovy « The Sin's Cost ». Deux autres perles vous happent littéralement : « A Bunch Of Bones » et « Custom Of Shame » qui trace sans freiner. Nihilism a amplement démontré tout son talent et s’est hissé au mérite au panthéon du Death français. Vivement le 3e album.

23.11.19 05:54

MUR - "Brutalism"

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Après un premier EP sorti chez Dooweet en 2014, Mur nous revient avec son premier album « Brutalism », qui porte très bien son nom. À peine avoir pressé le bouton play, on se retrouve dans un chaos total avec « Sound of a dead skin » et « I am the forest ». D’emblée, on perçoit un mélange malsain et brutal de Hardcore et de post-black. Ce mélange rend cet album sombre à souhait. Les chants gutturaux aigus font d’emblée penser à Kickback. La découverte continue avec des compositions dans lesquelles les Français démontrent un certain groove et un usage de samples/ambiances placés à la perfection comme sur « Nenuphar ». Mur continue de nous dérouter et nous faire naviguer dans les méandres d’une apocalypse terrifiante avec le crust/black « Third » véritable mélange de Trap them et Emperor, mais également avec un côté totalement déjanté (« My iconic self ») et d’une brutalité primaire (« Livity »). Le groupe se déjoue parfaitement de l’ennui sur la longueur grâce à l’alternance de rythmiques superbement exécutées (l’ultra lourd « I see through stones »). Enfin, les ambiances créées font vibrer le palier émotionnel constamment, de la mélancolie et de la haine, via des instrumentaux malsain, triste, laissant présager le pire (« Die kinder tanzen um das feuer desjeningen, der das licht bringt » et « Bwv721 »). Vous l’aurez compris, Mur m’a touché au plus profond. « Brutalism » est un album novateur, moderne, puissant, glacial, et brutal. À mettre entre toutes les mains de fan de Black, blackened hardcore, sludge, crust… Une TUERIE !

Doit-on encore présenter ce bon vieux Phil ? Voilà trente ans qu’il plane comme un titan sur le monde du rock avec Motörhead et avec ses Bastard Sons. Mais c’est cette fois en solo qu’il nous revient. Et que cet album est bon. Désireux de nous balancer un bon album de rock influencé de ses racines, Phil ressort sa Gibson des années quarante et le revoilà nous proposant un album au titre au combien invocateur « Old lions still roar ». Ce qui ressort après l’écoute de ce nouvel opus, c’est le plaisir transmis par le maître. Ensuite, la qualité et la variété des compositions. Enfin, la liste prestigieuse des invités qui viennent pousser la chansonnette ou jammer avec le Phil. Sur « Old lions still roar », vous aurez droit à une ballade blues rock avec Léon Stanford, du bon heavy rock en compagnie de Rob Halford et Dee Snider, du headbang rock avec Alice Cooper, un morceau de métal moderne lourd et rythmé avec Nick Oliveri, un rock moderne atypique sublimé par Whitfield Crane, et enfin un instrumental guitare/piano sublime, durant lequel Phil Campbell et Joe Satriani s’en donnent à cœur joie.

« Old lions still roar » confirme que Phil Campbell est toujours au top de se forme et que les vieux lions rugissent toujours autant, voir même encore plus fort que la jeune génération.

Un testament. Voilà ce que Slayer nous offre avec ce dernier album live. Bien sûr, il met en avant le dernier album du groupe « Repentless » avec pas moins de cinq morceaux tels que « Repentless », « Cast the first stone » ou encore « You against you ». Mais les seigneurs du thrash ont essayé de piocher dans un maximum de leurs précédentes sorties afin de proposer un véritable best of. Le triptyque « Raining blood », « South of heaven » et « Seasons in the abyss » font bien sûr la part belle de la set list avec les classiques « Postmortem », « War ensemble », « South of heaven », « Angel of death », « Born of fire » … les débuts du groupe sont représentés avec « Hell awaits », « The antichrist » et « Hallowed point », « Chemichal warfare ». Des morceaux plus récents tels que « Hate worldwide », « Disciple » et « Bloodline » viennent compléter cette communion entre Slayer et son public. La force de cet album live, c’est également le fait que le groupe ne l’ait pas surproduit, créant ce son live typique des années nonante, proposant un album à leur image, vrai et honnête. Alors oui, on pourra entendre certaines critiques telles que le chant de Tom Araya qui est en déclin ou encore que certains albums ont été oubliés (« Christ illusion », « Diabolus in musica », « Divine intervention »). Mais on s’en cogne totalement. Le fait est que le plus grand groupe de thrash de tous les temps baisse le rideau de la plus belle des manières. Il ne reste plus qu’à remercier Slayer pour ces presque quarante années de services et pour tout ce qu’ils nous ont procuré. Slayer is dead… Long live Slayer !

  

23.11.19 05:08

UNE MISERE - "Sermon"

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Que se passe-t-il lorsque vous venez du fin fond d’un pays glacial (Islande) et que vous remportez le Wacken battle, êtes invité au célèbre Roadburn festival et que vous faites la première partie de Slayer, tout cela en à peine trois ans d’existence ? Et bien vous vous retrouvez à être propulsé chez Nuclear Blast pour la sortie de votre premier full album. Cela peut paraître un rêve et c’est pourtant ce que les Islandais de Une Misère sont parvenus à faire. Imaginez un hardcore teinté d’une noirceur profonde, un mélange de riffs ultra-lourd et de doubles pédales, le tout sublimé par des nappes d’ambiances chaotiques, mais sublimes ainsi que des sonorités perturbatrices et oppressantes. C’est tout ce condensé que l’on retrouve sur « Sermon », album pouvant paraître basique, mais qui se révèle ultra ficelé. Doté d’une production énorme, Une Misère nous explose à la figure tel l’uppercut d’un géant du Grand Nord. « Sermon » est un album aussi glacial que les terres natales de ses créateurs, mais également plus brûlant qu’un geyser. Un délice pour nos oreilles sanglantes.

20.11.19 10:06

ENTRAILS - "Rise of the reaper"

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Ce qu’il y a de bien avec la dénomination d’un style et l’origine d’un groupe, c’est que l’on peut parfois savoir ce à quoi on va être dévoré. Fort de près de vingt années de carrière, Entrails nous envoie son nouvel opus « Rise of the reaper », dans la plus pure tradition de la scène death metal suédoise. La vraie… du old school death metal. Ce death metal puissant et huileux, gras à souhait et lourd quand il le faut. Celui des Entombed et Dismember. Impossible de se tromper. L’incorporation d’éléments thrash old school à la Slayer (« Gravekeeper ») ainsi que certains éléments de mélodies mêlés aux nappes de synthés (« Miscreation » ou encore « The Pyre ») viennent enrichir les compositions des Suédois. Mais la base reste la même. Et ça fait mal. Et forcément, on n’est pas étonné de retrouver Monsieur Dan Swanö au mix/mastering (Hail of bullets, Entombed, Dismember, …). Entrails vise clairement son public avec un « Rise of the reaper » fidèle au style et d’une grande qualité.

Tout d’abord, précisons que l’album ne contient que des instrumentales pendant 53 minutes. Certains titres sont très courts, une ou deux minutes comme « 26 Days » ou long comme « Shigir ». Mais les transitions sont telles que tous les morceaux semblent plus ou moins liés. Ça donne, par moment, une sensation un peu étrange : il n’y a plus de repères, on enchaîne les notes. Et quelque part, c’est cette sensation qui m’a fait tenir jusqu’au bout. C’est le genre de disque qui passe très bien lorsqu’on n’y prête pas attention et qu’il tourne en bruit de fond. Mais sinon, le disque semble long et par moment, un peu vide. En écoutant avec une oreille attentive, on se rend compte que les riffs, les rythmes et la mélodie sont presque pareils. Il n’y a donc rien qui relance l’envie ou qui accroche. Bref, pour moi, c’est un avis mitigé qui ressort à la fin. Une fois rangé, je suis sûre qu’il y a peu de chance pour que je le reprenne.

20.11.19 09:35

MOTORJESUS - "Live Resurrection"

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Enregistré lors des deux derniers concerts de la tournée « Race to Resurrection », on retrouve néanmoins un généreux et malin cocktail de titres issus de toute la discographie du groupe. À la fois des classiques intemporels et d’une efficacité sans équivoque (normal pour le genre !) et des nouveautés bien amenées et fracassantes. Avec un lexique forcément attrait au champ lexical du road trip et de la mécanique… Toujours en accord avec les thèmes chers à ce style purement américain. Ce serait cependant manquer de respect au quintet de les limiter à une simple contrefaçon de ce que produisent nos voisins outre-Atlantique, tant l’amour et la maitrise du genre se font ressentir tout au long des dix-neuf morceaux que compte l’album. Alors certes, on regrettera quelques constructions un peu convenues pour des morceaux toujours assez similaires. Mais parfois, la simplicité à AUSSI du bon. Surtout sur des titres tels que « Dirty Pounding Gasoline » (rien que ces trois mots font un refrain de malade !), « Fuel the Warmachine » ou encore « A new War ». C’est badass, c’est dansant et on y croit pleinement. L’énergie de Lars Lemke est communicative à fond et est parfaitement retranscrite dans cet album live. On s’y croirait presque… La bière renversée en moins ! Pas besoin de parler allemand pour jubiler dès que le chanteur beugle le nom du morceau. C’est aussi ça l’esprit rock. Et le tout forme une sympathique porte d’entrée pour tous ceux qui ne sont pas encore familiers avec ce groupe, délicieusement rétro.