Chroniques

Chroniques (703)

Wolcensmen nous propose du Folk mais absolument pas de Metal. Ça se sent très vite que ce style n’apparaîtra à aucun moment de l’album. En tout cas, l’entièreté de l’album est maîtrisée dans son genre, rappelant ou donnant un aspect médiéval. Ceci grâce à l’ambiance générale, mais aussi à la présence de certains instruments ou imitations peu communes comme sur « Hunted » dont certaines notes rappellent le clavecin.

Cependant, bien qu’il n’y ait que onze titres, ce qui est généralement un bon nombre, le disque est un peu lourd. Avec un type de musique peu répandu, les oreilles peu habituées peuvent décrocher, comme les miennes qui ont flanché vers la septième ou huitième chanson. En reprenant par petites doses et en sélectionnant seulement certains titres au début, on passe vraiment un bon moment tout en habituant notre cerveau pour pouvoir apprécier le CD d’une traite.

Les coups de cœur : « Hunted » et « Of Thralls and Throes ».

Autant le dire tout de suite, le premier jet du projet annexe des allemands de Blind Guardian se veut très singulier, tout à fait à part de leur discographie usuelle. Déjà reconnus pour leur style grandiose, leurs paroles conteuses de récits fantastiques et de batailles médiévales et surtout pour leur musicalité à faire saliver les rôlistes, le quatuor a voulu pousser le vice encore plus loin. Des compositions complexes et riches, un côté lyrique assumé à fond et des titres plus orchestraux que jamais forment le sel de cet album… au point d’aliéner peut-être certains métalleux moins sensibles à la musique classique (pauvre d’eux !). Mais si ces traits étaient déjà caractéristiques du groupe, ils prennent ici une essence quasi-cinématographique, devenant pratiquement un conte, un récit partagé au coin du feu. De nombreux interludes ponctuent d’ailleurs l’écoute, se résumant bien souvent à des dialogues servant à nous exposer davantage à l’histoire et aux personnages que le groupe a décidé de mettre en place. Si ce n’est pas rare d’avoir des éléments de fantasy et des guerriers dans le power, c’est ici poussé à son paroxysme. On croirait presque entendre le Naheulband ou la bande-son d’un jeu vidéo sur Tolkien ! Pour ces raisons, il est préférable d’écouter l’album d’une traite, et de ne pas sauter (au moins la première fois) les passages purement parlés. Le tout renfermant vraiment un univers indissociable, qui rend le CD assez difficile d’accès. Difficile d’isoler un morceau, de l’écouter d’une oreille distraite… Même si certaines chansons sont plus « metal » alors que d’autres sont plus « classiques ». Une chose est cependant certaine : Blind Guardian nous prouve que même 35 ans après sa création, on peut toujours se réinventer. Et que leur maitrise du registre « épique » n’est égalée que par très peu.

C’est plutôt rare d’entendre de l’allemand ailleurs que le genre allemano-allemand de la Neue Deutsche Härte. Mais c’est un pari audacieux qu’assume pleinement Die Grüne Welle (La Vague Verte dans la langue de Gojira). Et le résultat se veut plutôt convainquant, changeant grandement de l’aspect martial et brutal souvent associé à cette langue au sein de la scène metal. Niveau du genre, c’est un beau cocktail de plusieurs styles que nous offre le groupe au sein des morceaux. Que ce soit des morceaux plus typés pop-punk des années 2000 comme « Für Die Massen » ou « Kein Problem », un punk rock plus hargneux et véloce comme sur « Hier Im Dreck » ou « Knopfdruck » … et même un peu de ska ! Et bien sûr, l’emploi du saxophone n’y est pas étranger. On regrettera cependant que cela passe davantage pour une excentricité qu’un véritable élément constitutif de leur musique. L’instrument brille dès qu’il apparait, comme sur le bridge de « Bier Gegen Wein » ou l’intro de « Teilzeitchrist » mais on aurait apprécié qu’il soit davantage mis en avant, tant le combo fonctionne surprenamment bien. Cela ne gâche pas les morceaux en soit, tant ils sont complets et maitrisés (on a une bonne basse sur « Knopfdruck » et « One Love », on a des grosses guitares bien lourdes sur « Für Die Massen » et « Hier im Dreck » …), mais si on devait retenir un léger manquement, ce serait certainement ce fichu saxo trop timide ! On retiendra tout de même un album de très bonne facture, pêchu et versatile, qui jongle avec les éléments du punk avec brio.

07.11.19 13:35

KING - "Coldest of Cold"

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Ha l’Australie, superbe pays qui fait tant rêver et qui en matière de Black metal possède quelques solides fleurons (Midnight Odissey, Destroyer 666, Elysian Blaze, Nazxul, Ruins, Drowning the Light,…). En vérité, je vous le dis, voici un jeune groupe avec lequel il faudra compter dans la catégorie du Black Death mélodique. J’ai nommé King, cuvée de Melbourne, d’à peu près 6 ans d’âge, sévissant sous forme de  trio. A son actif, King possède déjà un album sorti en 2016 « Reclaim the Darkness » qui semble avoir récolté un franc succès sur ses terres. Je vous avoue découvrir ce groupe via le nouvel opus.

A l’écoute des 10 morceaux, nous découvrons une véritable puissance dans l’ensemble, vous plongeant dans un climat glacial et austère. Les musiciens sont inspirés, la technique est au rendez-vous et plus encore, la magie d’ensemble qui se dégage de leur Black Death nourri d’heavy Rock boosté. J’attire ici l’attention sur 2 titres qui m’apparaissent être de véritables perles du genre : « One More War » et « Beyond the Exosphere » à la mélodie totalement envoûtante et au refrain rehaussé par des chœurs sobres. Le côté Death sort magistralement sur le très entraînant « My Master, My Sword, My Fire » qui flirte avec la mélodie Nordique avec une quadrature typée western sans que cela soit péjoratif. Avec le titre éponyme, nous sentons toute la profondeur de ce groupe qui semble vouer un culte Déiste au caractère Divin de la Nature. La pochette est somptueuse, elle l’était déjà pour leur premier album. Les autres titres fusent avec grande légèreté et plus encore, fluidité ; le tout portant une bien solide cohérence globale. L’âme de Satyricon, période post mélodique, plane sur nos Australiens. Le growl de Tony Forde est dynamique et engagé. Le jeu de batterie de David Haley se colle à merveille à l’architecture flamboyante des morceaux. Assurément, King monte sur le podium des grands de son Pays et part à la conquête de l’Europe, peut-être ?

Il était une fois un petit groupe de Virginie qui allait se lancer dans une histoire bien compliquée. Pour tenter de faire simple, il faudrait être Docteur es Death metal pour pouvoir citer ce groupe, certainement inconnu dans notre Europe chérie. Bethledeign, c’est comme les Transformers, phase 1 de mutation qui a duré 5 ans pour passer en 2006 à la phase 2 « Xaoc » pour ensuite, en 2016, prendre son envol sous le vocable de « Construct of Lethe ». Plus sérieusement, c’est la faute à Tony Petrocelly, le genre d’homme hyper bosseur que l’on trouve partout en Tout… Je vous passe ses périodes de batterie… (Lord, Affasia, ...) de guitare (Dead Syndicate, …), … Bref, vous aurez compris, une bête de combat. En sus, c’est un individu d’une haute humilité, qui se contente de vivre le sentiment d’étrangeté qu’a causé sa pulsion de sortir un album de son premier groupe officiel, Bethledeign en se permettant le luxe de mettre le même titre de l’unique EP de 2017 qu’il avait sorti avec Xaoc, et, je pense, Dave, son actuel comparse de Construct of Lethe. Vous me suivez toujours là ? Bref, pour en revenir à cet album bouclant son propre triumvirat… Le Tony nous fait découvrir une pure splendeur et là, je pèse encore plus les mots. Les Geeks auront sans doute découvert le superbe titre de 2005 « Domain » sur Youtube. Nous retrouvons ce solide titre ainsi que du matériel de la phase 1 de mutation ; le très mélodique « Besieged by Night » hanté par une inspiration de l’école Suédoise ainsi que le fulgurant « Eight Pointed Star ». De Xaoc, nous retrouvons le plus sobre mais non moins clinquant « Opens/Eviscerates », le très pétulant « Invoking the Apostasy » et le titre éponyme. Ainsi que le très perforant « Prey for Oblivion » que n’aurait pas renié Morbid Angel. Synthétiquement, leur Death transpire le Blackened tout en jouant sur des mélodies efficaces. Ils sont plus rapides que Deicide et tout aussi mordants que Krisiun. Cet album est une pure tuerie qui fera bien des heureux et bien au-delà de la seule Virginie. Top 3 de mes coups de cœur Death 2019.

Il n’est jamais trop tard pour se pencher sur un album et ce constat est d’autant plus vrai qu’il s’agit des Bavarois d’Atlantean Kodex ayant sorti leur 3ème album en une carrière bien riche de 14 années dédiées à un sous-genre dont on peut dire sans fanfaronnerie, qu’ils assurent la principale référence si je me garde d’omettre les Danois d’Altar of Oblivion qui semblent mener une carrière assez parallèle. Pour ce 3ème opus, une nouvelle venue à la barre, Coralie Baier chargée de manier la lead guitare. Au vu de la qualité du groupe déjà connue chez les afficionados, il n’y avait à mon sens que deux paramètres nécessitant la vigilance lors de l’écoute ; le premier étant la plus-value ou non apportée par ce renfort de charme et le second, la capacité de nos cousins Germains à maintenir l’apport d’un résultat qualitativement correct. Ces 10 titres ne déçoivent pas. Si ce n’est déjà fait, il vous faudra plusieurs écoutes pour essayer d’apprivoiser ce nouveau Codex. C’est avec brio que nos musiciens traitent tantôt le côté heavy, « People of the Moon» ou encore « Lion of Chaldea (The Heroes' Journey) » ; heavy assez bien ficelé malgré son essence standardisée. Nos artistes sont aussi capables de subjuguer à l’instar de la perle de plus de 3 minutes qu’est « The Innermost Light » qui parvient à transcender la mélancolie pour en faire une œuvre de pure « Beauté ». Le chant de Markus y contribue fortement. Sur « Chariots (Descending from Zagros) », le caractère épique est mis à l’honneur avec un jeu de guitares assez pétulant et accrocheur. Dans le versant Doomesque, je fus touché par le superbe «  A Secret Byzantium  ». L’album est très bon, c’est indéniable. Quant à Coralie, elle semble fondue dans l’ensemble, en parfaite osmose. Que demander de plus ? Encore…

05.11.19 07:32

MIKHMAKH - "Groovy wonderland"

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Mêler humour et musique n’est pas chose facile et malheureusement, après l’écoute de « Groovy wonderland », mon opinion est claire : Mikhmakh ne réussit pas à m’emballer. Outre le fait que le groupe propose un heavy groove typiquement français, le combo de Marseille pratique un heavy metal progressif bien maitrisé. Mais qui part dans tous les sens. Qui part trop dans tout les sens. Pourtant le groupe peut être tantôt féroce (« 34.12 »), empreint d’un Iron Maiden (« Numentia »), mais sur le long terme, je suis gavé. Heureusement, il y a « Tortuga », morceau acoustique qui fait du bien. Mais le « too much » de cet album et le chant anglais parfois trop limite (exemple le plus flagrant sur « Poor man ») me font déchanter. Alors certes Mikhmakh fonctionnera dans son propre pays. Mais pour le reste…

04.11.19 21:46

REDSPHERE - "Immortal voids"

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Nouméa…Nouvelle-Calédonie…il me faut d’abord aller sur la map pour me souvenir où se situe cette île dans notre monde. Une fois retrouvée, je viens à me demander comment on peut arriver à faire une musique aussi brutale dans un environnement aussi paradisiaque. Bref, Redsphere n’en a que faire. Cependant, l’intro tribale de leur nouvel album ressemble tout droit aux percussions d’alerte à Malibu. On se prend à penser à Pamela Anderson mais heureusement la brutalité sans nom de « Malstrom » nous ramène sur terre et nous plonge dans les viscères de la sphère rouge. Les influences du groupe sont assez reconnaissables à l’écoute des morceaux. « Immortal voids » sonne comme du napalm death teinté de thrash, « Pyre » et sa lourdeur plombante rappelle un certain Kataklysm, tandis que « The stranger » et son thrash groovy et technique nous renvoie vers les premiers albums de Hatesphere. On décelle également un côté old school très Obituary comme sur « Eldritch ». Redsphere peut également pratiquer un death moderne et lourd (« Eyes behind the door ») et parfois très technique à la Arch Enemy (« Morbid nebula »). Le niveau et l’implication des membres n’est en aucun cas à remettre en cause, tant ces morceaux sont bien ficelés. Mais une certaine lassitude s’installe et l’on finit par s’ennuyer, écoutant certains plans utilisés des millions de fois par de multiples formations. On ressent clairement une démarche honnête de la part de Redsphere avec « Immortal voids » mais il en faudra plus pour convaincre le vrai fan de thrash death, voir de musique brutale.

04.11.19 20:31

ELYX - "Annihilation: part 1"

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Qui a dit que le néo metal était mort. Sûrement pas Elyx qui avec son nouvel opus « Annihilation : part 1 » nous prouve que le style a de beaux restes et surtout qu’il est fait pour perdurer dans le temps. Formé en 2003, le combo français aura pris le temps de peaufiner son style, haussant le niveau à chaque changement de line-up, pour proposer aujourd’hui un new metal puissant, teinté de rock, et boosté par de l’électro. De « Annihilation » à « Notre éveil… » en passant par « Six pieds sous terre » ou encore « délivrez-moi », Elyx balance un son puissant et une énergie transcendante. L’alternance de chants mélodique, rap et guttural sur les couplets avec les refrains mélodiques fait son effet. L’usage de l’électro est ici utilisé à la perfection, rendant les morceaux très emballants. Mais le morceau qui frappera le plus sera probablement « Spectacles de pantins », orienté rock et mettant en avant un texte très engagé. Elyx réussit le pari de faire revivre les meilleurs souvenirs aux fans de la première heure de formations telles que Mass Hysteria et Linkin Park. « Annihilation : part 1 » se révèle être une bombe atomique qui fait du bien et qui démontre que la scène néo metal francophone a encore un avenir. Et cet avenir s’appelle ELYX !

Drôle d’expérience en écoutant ce CD. L’écoute est agréable sur les premiers titres. Les morceaux tournent et se laissent écouter lorsqu’on n’y prête pas une oreille trop attentive. C’est sympa mais sans plus. Il y a quelques éléments qui attirent et font sourire comme le début de « Actraiser » qui peut faire penser à des vieux jeux vidéo ou à certains mangas. Mais après trois ou quatre titres – sur dix – ça devient trop et lourd. Ça part dans tous les sens et il y a trop de sons dans les mêmes tons. Parfois, un silence ou un espace pour souffler permet de redescendre un peu, d’entendre autre chose pour s’accrocher à nouveau au reste du disque. Sauf qu’ici, ça n’arrive jamais. On dirait que le groupe a voulu mettre un maximum de choses dans une seule heure. Donc, un ou deux morceaux pris séparément, ça peut convenir mais un album comme celui-ci manque clairement de légèreté.