Chroniques

Chroniques (703)

21.08.20 14:26

TURTLE SKULL - "Monoliths"

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Faire vivre une expérience immersive et transformatrice aux auditeurs ? C’est l’objectif visé par Turtle Skull, groupe qui avant même de se faire connaître, avait déjà publié son premier album éponyme. Le processus d’enregistrement de ce dernier a provoqué un passage spirituel pour les membres du groupe, et a donné naissance à leur actuel et très respecté live show. Je vous propose de s’intéresser au titre de cet album qui désigne un monolithe ; bloc de pierre massif monumental de grande dimension, constitué d'un seul élément, naturel ou taillé, éventuellement déplacé. Il symbolise le principe de verticalité qui mène à l’homme, à la conscience. Je vous propose de nous diriger vers l’essentiel : leur musique. Les membres du groupe ont l’art de rendre leurs riffs presque tendres, tout en étant secs et pointus. La voix du chanteur quant à elle, a cette beauté cristalline capable de nous faire oublier que nous ne sommes pas dans un paradis imaginaire. « Monoliths » est le faisceau d’éclaircies dans un ciel couvert ou autrement dit : une caresse auditive.

21.08.20 14:02

TUPLE - "Wooden Box"

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C’est à 50 ans que Tommi Salmela alias TUPLE prend la grande décision de produire son premier album solo. Ce dernier est conceptuel et résulte de l’initiative du protagoniste à y faire participer ses amis musiciens. Il y parle de sa vie, les chansons sont semblables à une séance de projection de flashbacks. Après avoir fait partie intégrante de groupes comme Tarot, Lazy Bonez et Raskasta Joulua, c’est du haut de ses cinquante ans que ce finnois décide de sortir « Wooden Box ». C’est une sorte de quête spirituelle envers lui-même qu’il effectue en nous présentant les 11 titres qui s’y trouvent. Le point qui m’apparaît le plus décevant est la « sobriété » des morceaux, si je puis dire. Ils sont tous construits de la même façon, et racontent à peu près tous la même histoire. C’est nostalgique en étant vivant, mais on peut malheureusement très vite se lasser, car il n’y a pas réellement de surprises. Heureusement, la voix du chanteur est malgré tout indéniablement mélodieuse, en plus de sa maîtrise instrumentale.

21.08.20 13:53

TREPALIUM - "From the Ground"

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Trepalium, qui signifie littéralement “travail” en latin, n’a en effet pas ménager ses efforts depuis le départ de KK, leur précédent chanteur; et offre un très bon nouvel opus, huit ans après leur dernier album “H.N.P.” sorti en 2012. C’est donc “From the Ground” qui signe le grand retour du groupe... Ce cinquième album propose alors des mélodies qui sont la subtile rencontre entre le groove et le death metal, le tout avec la voix très rock bluesy de Renato (arrivé dans le line-up en 2017) qui plaira aux fans de Pantera et Clutch réunis. Mais c’est “Feelin Cold” qui a le plus retenu mon attention, en effet puisque la chanson apparaît certainement comme celle qui se détache le plus des origines du groupe; ou encore le magnifique solo au bottleneck d’Harun sur “...To the Sun”. L’album entier nous plonge dans une ambiance jazz/swing de la Nouvelle-Orléans, cigare à la bouche et whiskey à la main; où les bretelles et les vestons sont de rigueur. En tout cas, une chose est sûre: Trepalium continue de faire groover les morts!

The Vice, trio suédois formé en 2012, nous livre avec son deuxième EP enregistré aux studios B.A.M. par Andy Bauman (Candelmass, Dissection, Hellacopters) un rock n’roll sombre et sinistre porté par du chant black. Bon point : le groupe maitrise à l’évidence leur style musical et possède un son et une ambiance qui leur est propre. Une fois passée l’intro peu intéressante, l’album commence en beauté avec « A Barren Land » et son riff lancinant et captivant puis enchaîne avec la chanson éponyme (et sortie en single) tout aussi réussie. Par la suite, l’intensité retombe à cause de la redondance du son et de l’atmosphère, cela malgré la sixième chanson « Cradle And To Ease » bien inspirée. Une certaine monotonie s’installe et il devient alors plus difficile de rester attentif au fil de l’écoute. La qualité est pourtant toujours au rendez-vous et d’aucuns parmi nous y trouveront leur compte. Il sera dans tous les cas intéressant de suivre les prochains opus de ce groupe au potentiel évolutif certain.

Une nouvelle sortie du trio est toujours une petite révolution dans le genre aujourd’hui teinté de nostalgie juvénile qu’est la pop-punk. En effet, ils aiment prendre leur temps entre chaque album et chacun ira de sa petite théorie pour l’expliquer : faire languir les fans, prendre le temps de peaufiner leur travail… Ou simplement l’envie de se reposer et de prendre le temps de faire les choses bien. Peu importe au final. L’idée reste que même en arrivant un peu sur le tard, The Lawrence Arms demeure un groupe représentant dignement le deuxième âge d’or du punk, plus commercial certes, mais toujours aussi pêchu et énergique. Et plutôt que de réinventer le genre, c’est presque sous des allures de best-of que « Skeleton Coast » débarque dans nos tympans. On croirait parfois entendre plusieurs chanteurs selon les morceaux ! Et c’est cette versatilité qui fait tout le sel de cette nouvelle mouture. Difficile de dresser des comparaisons entre « Ghostwriter », « Last Last Words » ou encore « Lose Control ». Le groupe nous transporte au sein de plusieurs atmosphères, plusieurs émotions. Et si on peut regretter un manque de grosse colère, ce qui se répercute aussi sur les thèmes de l’opus (plus poétiques que réellement revendicatifs), ça donne aussi un formidable contrepied à un genre qui gueulait tantôt sur l’oppression, tantôt sur les problèmes de l’adolescence… C’est que les punks aussi, peuvent faire preuve de lyrisme !

Formé en 2018, année durant laquelle il a sorti son EP « Universal Hate Speech » déjà chez Shadow Records, le duo polonais Terrestrial Hospice revient cette fois avec son premier véritable album sous le bras. Bien sûr, l’épreuve n’est qu’une formalité au vu du CV des 2 bougres puisque le batteur n’est autre qu’Inferno, cogneur chez Behemoth, et celui qui se charge du reste est Skyggen, apparu dans bon nombre de formations et notamment pour assurer des lives pour Gorgoroth, Aeternus ou encore Dead To This World. Autant dire que les camarades savent de quoi est fait un album de black metal et qu’ils appliquent la recette avec maîtrise. Seulement voilà, ils ne font que cela et n’apportent pas grand-chose de plus à un style déjà surchargé en albums de ce type. Musicalement, les 7 titres s’écoutent sans déplaisir et représentent un hommage de fort bonne facture à la seconde vague du black metal du milieu des années 90 mais il semble clair que cet opus serait peut-être passé bien en dessous des radars s’il n’avait pas pu capitaliser autant sur les noms des musiciens qui lui ont donné vie.

21.08.20 07:41

STONEFLOWER - "Finally"

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Délicieuse mise en bouche avec ce premier titre : « Gonna Let You Go », qui commence par un solo guitare idyllique à la Pearl Jam. À la première écoute, on se rend vite compte des racines 70’S-80’S telles qu’ACDC, Foreigner, ou encore Metallica. Vous remarquerez comme moi que ce boys band norvégien aime ajouter des touches électroniques à leurs morceaux. L’expertise des musiciens dans leurs instruments nous met la puce à l’oreille : le Rock n’est pas mort. Ces artistes nous font divaguer, au cours de 11 chansons, vers un petit bout de paradis qu’ils ont créé grâce à des sonorités ayant le don d’être délicates… Sans être fades ni ennuyeuses. Je vous propose qu’on s’attarde sur ce 4e titre plutôt (positivement) intrigant : assez rythmé, notamment par des riffs de guitare rapides, mais articulé subtilement pour concorder avec des sons artificiels par moments. Stoneflower, c’est typiquement le genre de groupe qu’on pourrait mettre dans une playlist pour les fins de soirées d’été, histoire de se détendre en faisant du bien à nos tympans.

Rituals, avec son deuxième EP, confirme son attrait pour la scène suédoise des années 90 ; c’est d’ailleurs le mythique Dan Swano qui a masterisé le disque. Dès lors, nulle surprise, mais une efficacité totale avec des mélodies bien trouvées, parfois mélancoliques, menacées par une voix d’outre-tombe, posées sur des riffs qui lorgnent vers le black, dans l’esprit d‘un Dissection.

Reste maintenant à confirmer sur la durée d’un album et à s’éloigner des références évidentes - Edge Of Sanity, At The Gates - pour afficher une personnalité plus marquée.

S’il fallait décerner un prix qui récompensait la vélocité, la technicité ou le nombre de riffs joués à la minute, les Canadiens de Protosequence tiendraient très probablement le haut du panier pour cette année tant le quatuor exécute son death ultra technique avec une facilité déconcertante, voire écoeurante, pour plus d’un musicien. Formé en 2014, le groupe propose ici son 3e EP via Lacerated Enemy Records. Il y a évidemment bien des choses à dire sur cette nouvelle pièce tant le savoir-faire transpire de chaque note exécutée avec une précision presque plus que chirurgicale et servie par une production presque trop propre pour être vraie. Tout d’abord, les 4 compères, s’ils se complaisent dans un style virtuose, ne semblent pas avoir oublié d’intégrer de la musicalité dans ce « A Blunt Description of Something Obscene » grâce à quelques parties plus aérées. Ensuite, bien que cela soit étrange, on a l’impression de palper l’amusement d’une bande de musiciens hors pair qui prennent un véritable pied à jouer leurs parties hyper chiadées. Enfin, le côté « plus carré que ça, tu meurs » absolument nécessaire dans le style est forcément bien présent et joue un rôle prépondérant dans la claque que se prend l’auditeur. Mais si l’œuvre en elle-même impressionne par la maîtrise dont font preuve les musiciens, il faut bien avouer qu’un tel déluge technique incessant donne très rapidement l’impression que l’album est interminable… Et qu’il se répète. Car non, malgré ses 8 titres et sa durée qui avoisine les 45 minutes, « A Blunt…. » n’est pas un album, mais bien un EP 4 titres (comme leurs 2 précédents sortis en 2016 et 2017) à la différence qu’ici, figurent les morceaux ainsi que leurs versions instrumentales. Avouons que la démarche est peu banale et que la question de son utilité se pose inévitablement, car ce n’est pas non plus comme si Protosequence offrait un style musical propice au karaoké. Le genre d’opus à ranger probablement dans la case des sorties réservées uniquement aux musiciens les plus aguerris.

Avec certains groupes, je ne sais pas quoi dire. Beaucoup gèrent le côté technique et il n’y a rien à redire là-dessus. Ici, c’est pareil. Pour la mélodie, c’est aussi souvent cohérent et bien mené. Pour celui-ci, c’est plus ou moins le cas : ça sonnait un peu brouillon par moment et parfois, le groupe donnait l’impression de ne pas savoir où aller. Reste un troisième point qui peut poser problème plus régulièrement : une personnalité ou identité qui fait ressortir la formation. Pour Paralydium, cet élément m’a complètement empêché d’accrocher. Je ne sens pas de patte propre et l’ensemble est assez cliché comme la voix du chanteur qui pourrait être échangée avec celle d’un autre du même type sans que ça se ressente vraiment. Précisons que c’est leur premier album et que le groupe va peut-être changer de cap ou cherche encore ce qu’il veut faire ressortir. Mais en l’état, « Worlds Beyond » est loin d’être indispensable, car on trouvera un genre similaire sur d’autres disques. Bref, la sauce ne prend pas, je trouve le tout trop plat.