Chroniques

Chroniques (703)

22.05.20 10:51

CAPRA - "Capra"

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Deuxième sortie pour les Américains de Capra qui font leur petit bonhomme de chemin, ayant déjà partagé la scène avec des formations tels que Today is the day ou encore Eyehategod. Ce nouvel ep éponyme rappelle à quel point le bon hardcore est toujours aussi bon à écouter, tant la musique de Capra fait vibrer les entrailles. Emmené par une Crow Lotus en pleine forme, qui scande son chant sans pour autant se déchirer les cordes vocales (donnant une sensation de old school féminin, assez rare dans le style), le quartet du sud de la Louisiane développe un style mélangeant le hardcore direct dans ta face avec un metal groovy, déjanté par instant, et mélodique en d’autres moments. Le duo basse/batterie vient marteler les riffs et donne une sensation de gros bloc compact nous écrasant dans le sol. C’est comme si des membres de Walls of Jericho, Everytime I die et Converge avaient décidé de former un groupe ensemble. Certes, un ep de deux nouveaux titres ne permet pas de définir clairement si le groupe sera toujours aussi intense sur la durée, mais se prendre six minutes et demi de musique quand elle est bonne et puissante, ça se prend. Capra est donc un groupe à découvrir et à suivre.

22.05.20 09:28

UNTITLED WITH DRUMS - "Hollow"

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Après un premier EP “S/T W/D” en 2018, le quintet d’Untitled With Drums s’affirme et nous dévoile son premier album “Hollow” rempli de conviction et de sensibilité. Un Rock Alternatif aux influences diversifiées voguant vers une tendance Post-Rock agrémentée d’éléments progressifs, Grunge et Noise. L’atmosphère principale est la mélancolie, elle sublime chacun des morceaux avec des variances tantôt lancinantes et vigoureuses. “Play With Fire” ouvre l’album avec des sonorités Rock puissantes et aériennes, se poursuivant avec "Passing On”, plus moderne et toujours aussi efficace. Cet album fait preuve de multiples facettes saisissantes, on retrouve la vigueur avec “Heirs” et “Stasis” mise en avant avec un côté grunge voir Post-Hardocre. La mélancolie est omniprésente, elle est sublimée avec le déchirant “Amazed” et la sensibilité de “Silver” rempli d’un tumulte d’émotion forte. Cette sensibilité lumineuse est contrastée par des thèmes sombres comme l’abandon, l’isolement et le deuil écrasant encore plus l’atmosphère des morceaux. Le tout a été enregistré en majorité en live afin de capter toute l’authenticité, l’émotion apportant cet écorché. Également, on peut constater que la basse est omniprésente permettant d’appuyer cette dimension émotive. “Strangers”, morceau d’une lourdeur lumineuse et arienne, monte crescendo pour une magnifique conclusion. Avec “Hollow”, Untitled With Drums nous offre un bijou, un album aux multiples ambiances noyées dans une mélancolie planante et vigoureuse remplie d’émotion et de sincérité.

22.05.20 09:26

NIGHTWISH - "HUMAN. II: NATURE"

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La sortie d’un nouvel album de Nightwish est incontestablement un événement attendu avec impatience. Cinq ans après “Endless Forms Most Beautiful”, Tuomas Holopainen dévoile la nouvelle et dixième œuvre du groupe, "HUMAN. II: NATURE”. Un concept ambitieux composé d’un double opus avec ces deux thématiques respectives évoquant l’humain et la nature. La première partie est dirigée par l’Homme sur laquelle les voix sont mises en avant, tandis que la seconde partie est un voyage au travers de la nature avec une pièce orchestrale grandiose. Un projet ambitieux saisissant et attisant les curiosités par ces subtilités. Maître dans leur genre de Metal Symphonique, Nightwish a repoussé leurs retranchements au-delà de leur genre pour offrir un album varié et grandiose qui va faire voyager les esprits.

Concentrons-nous sur la première partie de l’album qui démarre là où “Endless Forms Beautiful” nous a laissés. “Music” ouvre le bal progressivement entre des cris d’animaux et une délicate épopée symphonique qui prend de la hauteur au fur et à mesure et avec une magnifique interprétation vocale de Floor. Les compositions sont solides et accrocheuses, elles n’ont pas une structure basique, mais plus complexe, originale et recherchée. Ce qui peut rebuter à la première écoute, cependant, il faut prendre du recul et de la hauteur pour en saisir toutes les subtilités. Ce schéma désarticulé se retrouve sur l’efficace et accrocheur single “Noise”, dénonçant l’utilisation abusive des nouvelles technologies. Poursuivant avec “Shoemaker”, divisé en deux parties avec son final saisissant, Floor dévoile des hautes vocalises et exploite sa voix lyrique comme jamais elle ne l’avait fait auparavant dans Nightwish. Un grand moment d’émotion et de frisson. La voix de Floor est, enfin, exploitée à sa juste valeur sur cet album, elle offre toute sa polyvalence avec une aisance remarquable. Les voix de Troy, Floor et Marco sont mises en valeurs et s’harmonisent à leur juste valeur dans les compositions et les chœurs. Troy s’affirme au chant en plus d’accompagner sur les chœurs, il possède sa propre chanson en lead vocal, “Harvest”, marquée d’une touche celtique, joyeuse et entraînante. Tout comme l’air celtique de “How’s The Heart” dans la même veine mais le titre est un peu simplet. Cependant, c’est le single par excellence avec son refrain entêtant qui va nous faire chanter en live. Dans les pépites, il y a “Procession”, cette semi-balade est une véritable douceur, elle décolle dans une intensité crescendo avec une prestation des plus émouvantes de Floor et ne nous laissant pas insensibles. Le point fort, c’est que chacun des membres à son propre morceau sur lequel il est mis en avant et ça se ressent dans l’instrumentalisation des deux pointures de l’album, “Pan” et “Tribal”. Commençons avec “Pan” sur lequel Emppu retrouve sa place et sa virtuosité avec des riffs heavy et incisif comme au bon vieux temps de Nightwish. C’est un des titres les plus aboutis de l’opus, progressif et atmosphérique avec des airs de douce comptine. “Pan” nous plonge dans la pénombre d’un univers décadent aux chœurs et refrains glorieux. Poursuivons avec “Tribal” qui se suffit à lui-même pour se décrire, ici c’est l’agressivité mise en avant par les percussions de Kai avec une section rythmique percutante et saccadée. C’est le titre le plus heavy de l’album, qui met à nouveau les riffs saturés d’Emppu en évidence accompagnés de voix à limite du growls pour Floor. Et concluant sur un final survolté marquant les esprits. Si on se demande où est passé Marco à l’exception des chœurs, on le retrouve ici sur son propre titre “Endlessness” concluant l’album dans une atmosphère sombre au tempo lancinant et pesant convenant à son timbre de voix. Même si le morceau est bon, il est peu convaincant pour fermer un album surtout après la fin saisissante de “Tribal”. "Endlessness” se laisse écouter, mais surtout ça se traîne durant sept minutes dans la même dynamique lente et se concluant sur une légère et subtile mélodie de violons.

La seconde partie de l’album, “All The Works Of Nature Which Adorns The World”, évoque la nature dans toute sa splendeur. Cette composition orchestrale et instrumentale de trente minutes est divisée en huit parties pour saisir les différents passages. Ici, les esprits s’apaisent afin de s’évader dans un voyage autour de notre belle planète bleue. Aucune voix ne règne à l’exception de léger chœur et chuchotement cohabitant en harmonie avec l’instrumentalisation. Dans ce projet ambitieux, on retrouve la virtuosité de Tuomas Holopainen, accompagné de Troy aux instruments celtiques ainsi que des orchestres du The London Session Orchestra et celui de Hans Zimmer à Hollywood. Ces sonorités sont très cinématographiques, nous amenant à fermer les yeux et à nous immerger dans notre propre voyage. Parcourant la nature qui s’émerveille avec les océans, des jungles aux forêts, de la grandeur des aurores boréales et de la douceur des paysages enneigés… Cette symphonie est décrite par Tuomas comme “une lettre d’amour pour la planète”. Elle se clôt avec “'Ad Astra”, délivrant un dernier message percutant avec une célèbre citation ("The Pale Bue Dot") de l'astrophysicien Carl Sagan : “That's here, That’s home, That’s us” résumant parfaitement cette pièce unique décrivant la fragilité et beauté de notre planète. “All The Works Of Nature Which Adorns The World” est une pièce symphonique unique, grandiose et émouvante. 

"HUMAN. II : NATURE” est un album palpitant rempli de multiples facettes difficiles à saisir en une seule écoute. Les compostions sont riches et variées, elles s’harmonisent de plusieurs ambiances entre des morceaux percutants et d’autres, plus singuliers. Certes, il m’est difficile de boucler cette conclusion, l’album m’a saisie, c’est certain. Cependant, il me manque ce soupçon de magie que je ressens avec la plupart des autres albums. Est-ce que c’est en autre dû à l’absence d’un morceau d’une durée d’une dizaine de minutes comme Nightwish nous a habitués depuis longtemps ? Mais, Tuomas Holopainen, la tête pensante du groupe, réussi comme toujours à saisir par sa virtuosité et pour nous délivrer des compositions toujours plus grande et ambitieuse. Ce qui me pose une interrogation sur la splendide pièce “All The Works Of Nature Which Adorns The World” : est-ce que sa place est dans Nightwish ou serait-elle plus adaptée pour un projet solo de Tuomas ? Finalement, cette composition reste indéniablement un magnifique cadeau. "HUMAN. II : NATURE” est un album étonnant et vibrant dans lequel il faut se plonger pour en saisir ces subtilités.

Gérer un label indépendant est sans aucun doute une aventure humaine et artistique merveilleuse : signatures de groupes, liens amicaux, la joie de la première écoute des nouvelles oeuvres de « ses » artistes et plus encore. Mais ça demande aussi un travail titanesque pour la gestion, la promotion, et la motivation des groupes, sans compter les contraintes financières d’un milieu où faire du pognon ne serait-ce que pour en vivre décemment est presque une utopie. Tout ça peut vite devenir épuisant si la passion et l’abnégation ne sont pas au rendez-vous, ça tombe bien, le boss de Xenokorp est habité (sans mauvais jeu de mots) par ça depuis de nombreuses années.

Xenokorp, la suite de feu Kaotoxin, est spécialisé dans le Death Metal et quelques-uns de ses dérivés comme le Grindcore. "Multiverse War Kult II" est une compilation qui présente les groupes du label, et quels groupes ! On y retrouve entre autres Savage Annihilation, Mithridatic, Dehuman, Pestifer, Ad Patres, Mortuary et quelques autres pour un total de 18 morceaux dont deux inédits et pas des moindres : Putrid Offal et Mercyless. Deux formations cultes et pionnières dans leurs styles qui doivent sortir leur nouvelle réalisation courant de l’année. Si effectivement la grande attraction de "Multiverse War Kult II" réside dans ces inédits, il ne faut surtout pas sous-estimer le reste, Xenokorp est un label qui fonctionne non seulement au coup de coeur, mais aussi avec beaucoup de discernement pour emmener avec lui des formations dont la qualité, l’engagement, le talent et l’envie ne sont plus à prouver.

Alors oui, on peut voir "Multiverse War Kult II" comme une « simple compilation », mais c’est bien plus quand on connait l’histoire du label, le travail de dingue réalisé par le boss et surtout la valeur des groupes qui composent l’écurie Xenokorp. Si vous êtes fans de Death Metal aussi bien new school que old school, vous allez passer un moment des plus festifs et probablement découvrir quelques pépites. Sur ce, bonne écoute !

 

À n’en pas douter, Wolf est un groupe honnête, fidèle à un heavy metal de tradition, estampillé années 80.  Née au cœur des années 90, à une époque où ce genre n’était guère populaire, la bande de Niklas Stalvind – seul membre fondateur encore présent, chanteur, guitariste et compositeur – se place dans le sillage des monstres Iron Maiden et Judas Priest… mais sans jamais atteindre l’excellence de ces légendes.

À l’image du logo des Suédois, les morceaux de "Feeding the Machine" sont caricaturaux… comme le laissait craindre son premier extrait, le poussif "Midnight Hour". Même si, parfois, une teinte plus sombre, inquiétante, à la Mercyful Fate, vient colorer certaines de leurs chansons ("The cold emptiness"), les titres finissent par lasser. Les refrains – qui répètent une courte phrase ou un simple mot – se ressemblent, les cavalcades de guitares, monotones, s’enchaînent et les structures des 12 titres, mélodiques et assez courts, sont identiques, solo convenu compris. Bien sûr l’énergie est au rendez-vous, notamment sur les trois morceaux qui lancent les débats, et la voix de Niklas reste un réel atout… mais cela ne suffit pas pour signer un disque mémorable.

17.05.20 08:22

SURVIVAL ZERO - "The Ascension"

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Originaire de Champagne, Survival Zero est constitué d’anciens membres de Embryonic Cells et Shredding Sanity (deux formations orientées extrême), je m’attendais à entendre une énième resucée black-death comme on peut trop souvent voir apparaître dans l’Hexagone. Me voilà berné lors de l’écoute de ce « The Ascension », premier album du groupe. Une fois passée la sempiternelle intro (que tout groupe se sent obligé de mettre sur son album de nos jours et qui ne sert à rien), un metal bien groovy, brutal et mélodique m’éclate à la gueule pour mon plus grand plaisir. Et ce style s’imposera durant toute l’écoute de l’album. Le groupe y incorpore des éléments parfois tribaux (« Ascension »), des breaks plus calmes et qui sont les bienvenus (« Glorious nemesis »). Des éléments tirés de l’indus du début des années 2000 fait son apparition et un morceau tel que « Eternal return » aurait pu limite apparaitre sur un album de Fear Factory.  Après avoir écouté plusieurs fois « The Ascension », on se souvient de cette belle époque où les piliers américains du metalcore et groove metal avec effets faisaient la loi. C’est vers ces groupes que Survival Zero s’est tourné pour composer ce nouvel album. On parle ici de Chimaira, Kill II This, Fear Factory ou encore Downthesun. Le chant atypique fait penser à Randy Blythe et les groovy metalleux de Lamb Of God. Tout cela aurait été parfait si la production n’avait pas été le gros point noir de « The Ascension ». En effet, certaines faiblesses lors de l’enregistrement se font ressentir et au final le mastering explosif de R3myboy (Gojira, Skip the Use) vient écraser certaines compositions, rendant certains passages difficiles à écouter. Et cela s’accentue en montant le volume. Survival Zero propose, en tout cas avec « The Ascension », des morceaux de qualités, bien exécutés, que la production générale vient malheureusement desservir.

17.05.20 08:18

SOULS OF TIDE - "Black Magic"

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Il faut croire qu’il y a un véritable lien entre la Scandinavie et les genres du passé… Si The Night Flight Orchestra épate à chaque nouvelle sortie, Souls of Tide nous prouve qu’ils sont loin d’être les seuls à tirer leur épingle du jeu en termes de hard rock, loin de là. Et plus que de la nostalgie un peu amère, on a davantage l’impression d’être carrément catapulté aux heures de gloire de ces genres, encore aujourd’hui largement représentés… mais parfois avec plus de bons sentiments que de réels talents. Ce n’est pas du tout le cas du sextuor norvégien, dont les bridges forment la plus grande force. Rien d’étonnant à ce que les titres les plus longs que sont « Evening Star » et « The Offering » en soit les meilleurs exemples ! Forcément, plus c’est long, plus c’est bon. Mais que cela ne vous donne pas d’excuse pour zapper d’autres très bons titres tels que le morceau éponyme, qui groove sévère avec une belle énergie. Tandis que « Voodoo Ritual », c’est un peu tout ça… Et bien plus ! Un refrain très efficace, une basse qui nous caresse, de la guitare qui alterne entre riffs puissants et lignes groovy, et bien sûr une batterie des plus efficaces pour donner du corps et de l’impact à tout ça. C’est bien sûr subjectif, mais on le perçoit aisément comme la pépite de l’album. Quoiqu’il en soit, et malgré des thématiques ésotériques qui ferait certainement très plaisir à Blue Öyster Cult, Souls of Tide va au-delà de la pléthore de revival que l’on voit depuis une bonne dizaine d’années maintenant. Et c’est ça qui est bon !

17.05.20 08:11

SOLAR FLARE - "Solar Flare"

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Old-school, tant dans son style de jeu que dans sa production (et promis ce n’est pas péjoratif !), c’est majoritairement pour ses relents Heavy que la musique de Solar Flare fleure bon les débuts du Power. Très mélodique, le combo de riffs et de vocals maitrisées forment un tout non seulement cohérent pour le genre, mais surtout des plus agréables aux moments opportuns. Que ce soit sur l’étonnamment moderne « Nous Sommes » (en français dans le texte, effectivement !), tant dans son bridge que dans le refrain, ou le très complet (et aptement nommé) « Medieval ». D’autres titres mettent plus en avant le côté heavy que power, tout en ne lorgnant jamais totalement d’un bord ou l’autre : on pense notamment à « Born to Burn » et ses vocals dont le caractère entraînant est diablement efficace. Mais le groupe sort véritablement la grosse artillerie sur des titres plus longs comme « Pharaoh » ou « World in my head », montrant avec une certaine maestria ce dont ils sont capables. Seul bémol pour ce jeune groupe très prometteur : la pochette qui laisse penser à un groupe parodique à la Nanowar… Alors que leur musique est on ne peut plus sérieuse…et on ne peut plus sérieusement efficace !

 

17.05.20 07:55

RAZOR BUTCHERS - "Slaughter"

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Que celui qui a envie de se défoncer la nuque se procure l’album de Razor Butchers. Le quintet de Thionville nous balance onze morceaux (plus une intro) d’un thrash metal crossover d’une efficacité redoutable. De « Larry » à « Taulard » le thrash est à l’honneur. Les Français réussissent à maintenir l’auditeur en haleine sans jamais s’essouffler grâce à des compositions de qualité en alternant les riffs, les bons solos, et surtout en variant les tempos. On a affaire ici à un thrash tantôt old school inspiré des plus grands tels que Megadeth, Metallica ou Slayer avec tantôt moderne crossover dont les meilleurs représentants seraient Municipal Waste ou encore Havok. L’alternance de morceaux longs et courts permet également de gagner en puissance et efficacité. L’exécution des morceaux est quant à elle parfaite. Le chant, souvent un problème dans le style, amène un côté death aux morceaux du groupe, mais varie en fonction des riffs, ce qui au final le rend très bon. Quelques morceaux sont à épingler. Tout d’abord « Taulard » qui se révèle être le « Holy war » du groupe. Ensuite « One night in hell » et son bridge atmosphérique à la Megadeth. Également « Razor butchers », véritable « Repentless » des Français. Les courts et efficaces speed thrash « Whispers » et « Hammer’s rage » viennent exploser nos tympans pour notre plus grand plaisir. Enfin, R.Z. se permet de proposer avec « Outro » un instrumental possédant une atmosphère nous ramenant au temps des « Welcome home… » ou « Orion » d’un certain « Master of puppets ». Vous l’aurez compris, « Slaughter » est une pépite proposée par un jeune groupe qui prouve que le Thrash est toujours bien là. Razor Butchers donne envie de ressortir sa veste à patch et headbanguer jusqu’à la rupture des cervicales. Du bon boulot ! 

Ovni musical inclassable, My Own Private Alaska se réactive cette année après un split en 2014. Le groupe en profite pour faire une re-release de son premier album, "Amen", dix ans après sa sortie. Produit par Ross Robinson (Korn, Slipknot, Machine Head), cet album aura permis au groupe non seulement de jouer dans le monde mais également d’assurer la première partie de Metallica aux Arènes de Nîmes. Les instruments utilisés sont chant, basse, keyboard, batterie et piano. En l’absence de guitare, il est légitime de s’interroger sur la pertinence de cette chronique dans cette revue. Il s’avère que la musique créée par le quatuor français transcende les genres et partage avec le metal, la fureur extrême et la puissance musicale. On y retrouve aussi l’énergie désespérée du grunge (est-ce pour cela que se trouve sur cet album la chanson traditionnelle "Where Did You Sleep Last Night" qui fut également reprise par Nirvana ?). Ce genre de musique dont l’écoute est une expérience intense et viscérale se décrit difficilement avec des mots. Tout au long de l’album, piano, batterie et voix s’allient et s’affrontent, se réunissent pour mieux se séparer dans des variations d’intensité hypnotiques et fascinantes. Le contraste entre la douceur du piano et la voix « screams » torturée, le tout emporté par le rythme fou de la batterie, offre un résultat envoûtant qui véhicule sensation de plaisir et comme de douleur. La chanson éponyme, particulièrement belle et intense, avec sa batterie syncopée, ses gammes de piano mélodieuses et sa voix déchirée, telle une rencontre entre Chopin et Sid Vicious, est captivante. Le single « after you » sorti en videoclip offrira aux curieux une bonne introduction à la musique de MOPA. "Amen" est une très belle œuvre, unique et hautement créative, que je recommande à tout mélomane aventureux. Le deuxième album, apparemment en préparation, est attendu avec impatience.